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urétrale, donc un effet d'obstruction. RI C H A R D S O N
[78], puis ROSENZWEIG [82, 83] ont montré une aug-
mentation significative de la pression de cloture
urétrale au remplissage de la vessie et aux change-
ments de position des patientes présentant des pro-
lapsus antérieurs. Pour BE R G M A N [9], la pression
endoluminale est en partie "détournée" vers la por-
tion prolabée de la vessie.
• En principe l'examen physique, en refoulant le pro-
lapsus et demandant à la patiente de tousser doit
permettre le diagnostic d'incontinence urinaire
potentielle dans au moins 1 cas sur 2 [98]. En cas
de test négatif en position couchée et à vessie plei-
ne, il doit être répété debout. Afin de sensibiliser
l'examen physique, certains ont proposé la réalisa-
tion d'un test au pessaire, clinique puis urodyna-
mique [13, 15, 78]. FIANU [34] retrouve ainsi 15%
de femmes incontinentes potentielles en plus de
l'examen clinique, ce que confirme BERGMAN [9] :
dans une population de 67 femmes présentant une
cystocèle, 17 patientes ont une incontinence révélée
à l'examen clinique et 7 autres par le test urodyna-
mique avec pessaire. Toutefois dans cette étude, le
critère est le taux de transmission dont on a discuté,
par ailleurs, la relative valeur prédictive. D'autres
s'appuient sur des épreuves vidéo-urodynamiques
mesurant essentiellement la pression de cloture, à la
recherche d'une insuffisance sphinctérienne asso-
ciée [16, 35, 58, 61]. GH O N I E M [36] utilise deux
compresses intravaginales dans les culs de sac pour
réaliser l'épreuve vidéo urodynamique : sur 16
patientes ayant un prolapsus de degré 3, il dépiste
69 % d'incontinence potentielle dont 50 % d'insuffi-
sance sphinctérienne. D'autres enfin, ne réalisent un
bilan urodynamique qu'à titre indicatif et eff e c t u e-
ront quel qu'en soit le résultat, un geste préventif
[42, 43, 66, 74, 75, 98]. Cette dernière attitude tient
compte du caractère aléatoire, pour une patiente
donnée, du résultat anatomique post-opératoire
après correction d'un prolapsus, paramètre difficile
à mesurer de façon fiable en pré-opératoire.
• Ainsi, deux attitudes se dégagent :
- Soit au cours de l'évaluation on cherche à "révéler"
l'incontinence : un geste spécifique de prévention n'est
alors réalisé que chez des patientes ayant un test posi-
tif et pas chez les autres afin de leur éviter la morbidité
éventuellement liée à ce geste [9, 34, 35].
- Soit la technique choisie pour le traitement du pro-
lapsus inclut de façon systématique une cure chirur-
gicale d'incontinence ce qui est de loin l'attitude la
plus répandue [24, 42, 43, 66, 74, 75, 84, 98].
5. Traitement chirurgical des prolapsus
1. Remarques générales
Le traitement curatif des prolapsus génito-urinaires
est chirurgical. L'association hormonothérapie-réédu-
cation s'adresse aux patientes présentant des prolapsus
très modérés ou désirant différer l'intervention et
représente au mieux une préparation à la chirurgie. La
rééducation agit essentiellement sur la composante
urinaire des symptômes mais d'autant moins que le
prolapsus est prononcé, traduisant une grave altéra-
tion des structures ligamentaires servant de relais aux
contractions musculaires (cf. page 764).
Le pessaire constitue au mieux un test préopératoire,
sinon un palliatif que parfois quelques patientes ne
veulent plus abandonner, s' exposant à des risques
infectieux à long terme à moins d'une surveillance
très régulière [63, 101]. Dans le cadre d'un traitement
palliatif, il faut rappeler l'intérêt des interventions de
colpocleisis type Le Fort qui peuvent garder des indi-
cations chez des patientes très âgées et handicapées
[3, 63].
Le traitement chirurgical des prolapsus génito-uri-
naires peut s'effectuer par voie haute abdominale ou
par voie basse vaginale ou par voie mixte. Le choix
stratégique dépend du bilan des lésions élémentaires,
du terrain et des convictions sinon des habitudes des
équipes chirurgicales. Chacune des voies hautes ou
basses permet de traiter toutes les lésions élémen-
taires composant les prolapsus pelviens et, dans le
contexte de prolapsus multi-élémentaires, la seule
prise en compte du traitement de l'incontinence uri-
naire d'effort serait une erreur stratégique : réaliser
une urétrocervicopexie sans traiter un prolapsus utérin
avéré comporte un risque majeur d'aggravation de
l'hystéroptose pouvant transformer une incontinence
en syndrome obstructif [78]. De plus, associer les trai-
tements des lésions élémentaires revient à potentiali-
ser leurs effets respectifs : par exemple, NI C H O L S e t
RANDALL [67] ont bien démontré que l'un des princi-
paux effets d'une colpopérinéorraphie postérieure est
de renforcer le support vaginal lui-même étant un élé-
ment de soutien essentiel pour l'ensemble vésico-uré-
tral.
Ainsi la conception globale du traitement importe
plus que le choix de la voie d'abord.
2. Traitement des prolapsus par voie basse
a) Le temps antérieur
Le temps antérieur est diversement approché dans la