cament dans les voies aériennes inférieures. Il est possible de
s’approcher un peu plus de la situation clinique en faisant varier le
débit d’aspiration pour simuler le cycle respiratoire, en utilisant
différents volumes d’aspiration représentant alors le volume courant
ou en intercalant un appareil, simulant les deux poumons et relié
à un respirateur. Le fait d’interposer un filtre entre le système de
délivrance et la bouche du patient détermine ex vivo la dose filtrée.
MOYENS D’ÉVALUATION
PAR SCINTIGRAPHIE PULMONAIRE
L’étude scintigraphique pulmonaire est la méthode la plus intéres-
sante pour l’étude de la déposition pulmonaire (5). Elle est fondée
sur l’émission de radiations gamma facilement comptables à
l’extérieur de l’organisme. L’isotope répondant le mieux aux cri-
tères d’émission gamma, avec la plus faible émission bêta possible,
est le technétium 99m (99mTc). Plusieurs techniques de marquage
des médicaments inhalés au 99mTc sont possibles (marquage du médi-
cament uniquement ou, le plus souvent, marquage de l’aérosol
dans son ensemble), mais seul un système de délivrance produisant
des doses stables, avec moins de 10 % de variation dans la mesure
de la radioactivité émise et une granulométrie superposable à
celle obtenue sans marquage, est utilisable pour les études.
La mesure de la radioactivité se réalise par gamma-caméra. Les
images sont construites à partir d’une matrice de pixels et les résul-
tats exprimés en pourcentage de la dose délivrée. La scintigraphie
plane permet de diviser les champs pulmonaires en zones centrale,
intermédiaire, périphérique (correspondant aux voies aériennes larges,
moyennes, petites). Cela permet le calcul d’un index de déposi-
tion (zone périphérique sur zone centrale, par exemple). La SPECT
(Single PhotoEmission Computed Tomography)-scintigraphie
permet la construction d’un index de pénétration volumétrique de
l’aérosol (figure 3). Couplée à la tomodensitométrie thoracique,
la détermination de surfaces concentriques hémisphériques, allant
du centre des poumons vers la périphérie, autorise l’étude de la
densité de la déposition et de l’activité totale déposée. Cette nou-
velle technique semble prometteuse, mais elle nécessite une irra-
diation trois fois plus importante que la scintigraphie plane.
Chez les enfants, en particulier chez les plus jeunes, les études
scintigraphiques de déposition pulmonaire sont rares. Par exemple,
seules deux études de ce type sont disponibles en pédiatrie avec
un corticoïde inhalé (Autohaler®et dipropionate de béclométa-
sone HFA [6], Turbuhaler®et budésonide [7]). Ces études ne se
justifient en fait que pour répondre à des questions essentielles dont
la réponse ne peut être obtenue autrement. Le problème de l’irra-
diation, de l’ordre de 14 à 30 % de l’irradiation annuelle naturelle,
représente un frein éthique. En outre, la déposition pulmonaire est
plus difficile à étudier car, du fait de l’irradiation, de faibles quan-
tités de médicament doivent être délivrées ; c’est pourquoi des
modèles animaux ont été développés. Il s’agit le plus souvent de
lapins adultes trachéotomisés, puis sacrifiés. Les limites d’un tel
modèle sont évidentes, puisque le lapin adulte a, en principe, des
poumons normaux et un système de bifurcations bronchiques dif-
férent des voies aériennes humaines, et qu’il est ventilé. Le maintien
en respiration spontanée de l’animal est déjà un peu plus physio-
logique. Parfois, une pathologie respiratoire, préalable à l’étude
de la déposition pulmonaire, peut être induite par lavages broncho-
alvéolaires itératifs ou ventilation assistée agressive.
ÉTUDES PHARMACOCINÉTIQUES
Elles mesurent ce qui est absorbé par la surface pulmonaire (8).
Elles sont habituellement fondées sur la détermination de la con-
centration de médicaments dans le plasma ou les urines. Elles sont
souvent menées chez des volontaires sains, parfois chez des patients
âgés de 18 à 60 ans présentant un asthme modéré et, exceptionnel-
lement, chez l’enfant.
L’écueil majeur de ces études est de mesurer tout le médicament
absorbé par le poumon, mais aussi par l’appareil respiratoire supé-
rieur et le tractus gastro-intestinal. Cela peut, en partie, être évité
en standardisant au maximum la technique d’inhalation et en con-
trôlant la variabilité de l’excrétion urinaire des sujets. Pour la terbu-
taline ou le budésonide, la prise orale de charbon permet de bloquer
l’absorption digestive de la fraction d’aérosol déglutie. Les concen-
trations plasmatiques ou urinaires du cromoglycate disodique
reflètent bien l’absorption pulmonaire, puisque celui-ci n’est pas
absorbé par le tractus digestif. Il en est de même pour la tobramycine.
L’excrétion urinaire du salbutamol et de son métabolite (ester de
sulfate conjugué), dans les 24 heures suivant l’inhalation, est repré-
sentative de la quantité totale de médicament absorbée, reflétant
la biodisponibilité relative du salbutamol au niveau du poumon.
Cependant, chez l’enfant, où la déposition oropharyngée est plus
importante que chez l’adulte et où la parfaite reproduction de la
technique d’inhalation est plus hasardeuse, les études pharmaco-
cinétiques surestiment le plus souvent la déposition pulmonaire.
D’autres approches pharmacocinétiques sont parfois possibles,
comme le lavage de bouche ou le lavage bronchoalvéolaire, ou
encore la détermination de la déposition totale dans l’organisme,
en soustrayant la quantité d’aérosol retrouvée dans l’air exhalé de
celle de l’air inhalé.
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La Lettre du Pneumologue - Volume VIII - no2 - mars-avril 2005
Figure 3. Illustration de l’intérêt de la SPECT-scintigraphie, qui per-
met d’obtenir des données en trois dimensions du poumon, de le diviser
ensuite selon le principe des “poupées russes” et, enfin, de connaître
l’expression de la radioactivité par unité de volume du centre du pou-
mon vers la périphérie.