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Correspondances en Onco-hématologie - Vol. IV - n° 2 - avril-mai-juin 2009
Les lymphomes cérébraux primitifs chez le sujet immunocompétent
thérapie seule (13) par voie systémique. Une étude
de l’Anocef dédiée aux sujets jeunes (< 60 ans)
suggère une diminution de l’intervalle libre de
progression par rapport à ce qui est rapporté avec
les traitements combinés, mais avec une survie
globale comparable, ce qui suggère une effi cacité
des traitements de rattrapage, et en particulier de
la chimiothérapie intensive, fréquemment utilisée
lors de la rechute (14).
D’autres équipes pratiquent des chimiothéra-
pies intra-artérielles avec ouverture de la BHE par
injection intra-artérielle de mannitol et obtiennent
des résultats qui semblent comparables à ceux
des traitements combinés. Cette technique néces-
site néanmoins des équipes spécialisées.
Rituximab
Par analogie avec les LNH systémiques à cellules B,
le rituximab est en cours d’essai dans les LNH
encéphaliques. La taille (145 kD) de cet anticorps
monoclonal est un obstacle théorique à son pas-
sage à travers la BHE, peut-être contourné par sa
longue demi-vie. L’injection intraveineuse de rituxi-
mab s’est montrée effi cace dans un modèle de LNH
encéphalique murin (15). Une étude américaine
de phase II associant du rituximab à une chimio-
thérapie comportant du MTX à haute dose rap-
porte des résultats thérapeutiques à court terme
encourageants, mais l’adjonction de rituximab,
utilisé à la dose de 500 mg/m2, semble augmenter
l’incidence et la profondeur des neutropénies (16).
Les injections intrathécales de rituximab (10-40 mg)
sont faisables et bien tolérées en cas d’atteinte
méningée, avec un taux de réponse objective
encourageant sur de très petites séries (17).
Chimiothérapie intensive avec support
hématopoïétique
Plusieurs études ont évalué la chimiothérapie
intensive (CI) avec support hématopoïétique dans
les LCP en première ligne, en utilisant soit une CI
de type BEAM (BCNU, étoposide, cytarabine, mel-
phalan), soit du thiotépa associé à du busulfan
ou à du BCNU. Il semble que les CI comportant
du thiotépa soient supérieures au BEAM (10, 18).
Cependant, le rôle propre de la CI reste diffi cile à
évaluer car, dans la quasi-totalité de ces études
de phase II, la CI était suivie d’une irradiation
encéphalique.
Traitement de deuxième ligne ✔
Environ un tiers des patients restent réfractaires au
traitement de première ligne, et environ la moitié
des patients en rémission complète ont un risque
de rechute. Des résultats encourageants en situa-
tion d’échec primaire ou de rechute ont été obtenus
avec une chimiothérapie intensive avec support
hématopoïétique (19), avec une survie sans pro-
gression et une survie globale respectivement
de 41 et 58 mois après la CI. Les chimiothérapies
conventionnelles avec témozolomide, topotécan,
carboplatine intra-artériel, cytarabine à haute dose
et ifosfamide (10) sont potentiellement actives
dans les LCP en rechute, avec un taux de réponse
objective allant de 26 à 37 %, et une survie sans
progression à un an comprise entre 13 et 22 %.
Chez les patients non antérieurement irradiés,
la radiothérapie de l’encéphale au moment de la
rechute permet d’obtenir un taux de réponse de
70 %, mais avec une médiane de survie entre 11
et 16 mois (10). L’effi cacité de la radio-immuno-
thérapie, avec un anti-CD20 couplé à l’indium-111
ou à l’yttrium-90, est très limitée.
Évolution
L’évolution des LCP est principalement loco-
régionale, avec des rechutes confi nées dans le
parenchyme cérébral, les méninges et l’œil. Des
rechutes systémiques sont observées dans 7 à
10 % des séries.
Le problème de la toxicité neurologique
des traitements des LCP
La complication la plus redoutée du traitement
des LCP est la neurotoxicité centrale retardée. Elle
peut se manifester dès le troisième mois après
la fi n des traitements. Elle se caractérise par des
troubles de l’attention, de la mémoire, une ataxie
et des troubles urinaires, et peut évoluer dans ses
formes graves vers une démence pouvant être
fatale. Cette démence se différencie des démences
de type Alzheimer par son atteinte de type sous-
cortical, identifiée par une batterie de tests
neuropsychologiques adaptés et plus complets
que le MiniMental Status Examination (MMSE),
pratique mais très insuffi sant, car sous-évaluant
les troubles sous-corticaux. Le risque de neu-
rotoxicité retardée augmente signifi cativement
avec l’âge des patients, atteignant, dans l’ex-
périence du MSKCC après un suivi médian de
115 mois, 75 % des patients de plus de 60 ans
et 26 % des patients plus jeunes (20). En réalité,
ces chiffres ne représentent que les atteintes les
plus graves, sous-estimant, en l’absence d’études
neuro psychologiques prospectives, les troubles
cognitifs moins sévères mais pouvant gêner l’acti-
vité quotidienne et la qualité de vie des patients.
Il semble que les domaines risquant le plus d’être