
12 | La Lettre du Sénologue ̐ n° 53 - juillet-août-septembre 2011
DOSSIER THÉMATIQUE Les petits cancers du sein
Tableau VII. Incidence de l’envahissement ganglionnaire selon la taille tumorale dans la littérature.
Séries N+/pT1a (%) N+/pT1b (%) n
Mann
(14)
8 13 311
Rivadeneira
(15)
16 18 919
Mincey
(16)
0 11,3 163
Mustafa
(17)
11 17 2185
Port
(18)
7,4 14 ,5 247
que les tumeurs HER2 et basal-like atteignent des
taux faibles (environ 5 %). Les taux habituellement
rapportés dans le cancer du sein sont respectivement
de 75 % (luminales) et 10 à 15 % pour HER2 et les
tumeurs triple-négatives. Concernant les petites
tumeurs, les données publiées sont peu nombreuses
et les définitions, qui ont changé avec le temps, font
qu’il est difficile de les comparer. La fréquence des
formes luminales rapportée dans la littérature est
un peu plus faible qu’ici, entre 79 % et 83 % (9, 22).
Un taux aussi faible pour les tumeurs HER2+ et les
tumeurs triple-négatives s’observe également dans
les séries du dépistage (22). Il n’existe que peu de
variations de la classe HER2 qui correspond aux
tumeurs RH– et HER2+, alors que la classe luminale
HER2 (tumeurs RH+ et HER2+) augmente avec la
taille. De même pour les tumeurs triple-négatives
(RE–, RP–, HER2–), dont l’incidence double.
Que déduire aujourd’hui ?
➤
Que ces tumeurs de petite taille, comme l’en-
semble des cancers infiltrants du sein, sont hétéro-
gènes, constituées de lésions de type et d’agressivité
variés. Elles sont majoritairement représentées par
des lésions avec d’excellents facteurs pronostiques,
qu’ils soient morphologiques (type histologique bien
différencié ou faible grade histopronostique SBR ou
fondés sur l’extension locorégionale [absence de
métastase ganglionnaire]) ou biologiques (faible taux
de prolifération, expression intense pour les récep-
teurs hormonaux, forme luminale, etc.). À l’inverse,
les formes agressives, bien que présentes, ont ici leur
plus faible taux d’incidence, quel que soit le critère
retenu. On peut en déduire certaines conséquences
sur la croissance tumorale :
➤
Un faible nombre de tumeurs sont initialement agres-
sives et il n’est pas certain que leur détection précoce
améliore leur évolution. Cela est montré pour les tumeurs
pT1 HER2+ (22). À l’inverse, nombre de lésions sont
initialement peu agressives et certaines vont le rester,
le dépistage n’apportant pas de bénéfice, à l’exception
du traitement local plus limité. Enfin, certaines tumeurs
vont devenir de plus en plus agressives en se développant,
formant un groupe à part. Ce sont elles qui bénéficient
principalement du dépistage qui permet de les découvrir
à un moment où elles sont encore peu agressives.
Comment s’effectue cette progression tumorale ?
Quelques données issues du dépistage apportent des
éléments de réponse (tableau XII). La progression
tumorale se manifeste d’abord par une modification
du grade histopronostique, avant celle de la taille (2).
Tableau IX. Incidence de l’expression des récepteurs hormonaux évaluée par immunohistochimie
selon la taille histologique sur la série de l'hôpital René-Huguenin.
Population Toutes tailles (%) 0 à 20 mm (%) 0 à 10 mm (%)
Récepteurs aux estrogènes :
négatifs (< 10 %)
positif s
15,3
84,7
11,8
88,2
8,9
91,1
Récepteurs à la progestérone :
négatifs (< 10 %)
positifs
35,5
64,5
31,1
68,9
35,8
64,2
Récepteurs hormonaux :
RE– et RP–
RE+ ou RP+
13,3
86,7
9,7
90,3
6,7
93,3
Tableau VIII. Répartition du marqueur de prolifération Ki67 évalué par immunohistochimie
selon la taille tumorale sur la série de l'hôpital René-Huguenin.
Population Toutes tailles (%) 0 à 20 mm (%) 0 à 10 mm (%)
≤ 5 % 32,4 36,6 45,0
6 à 10 % 20,6 22,2 24,0
11 à 20 % 24,4 22,5 17,6
> 20 % 25,6 18,7 13,4
Classes moléculaires
Cette nouvelle classification des tumeurs est fondée
sur l’homologie d’expression génique entre tumeurs,
dont l’analyse a été rendue possible grâce au progrès
des techniques de biologie moléculaire, particu-
lièrement le microarray, qui permet une analyse
simultanée de milliers de gènes différents (19, 20).
Initialement, 4 grandes classes ont été identifiées :
luminal, HER2, normal-like et basal-like. Progressive-
ment, certaines catégories se sont enrichies de sous-
types, comme les luminal A, B et HER2 ; d’autres ont
disparu, comme normal-like. D’autres, enfin, sont
apparues, mais elles concernent des catégories de
plus en plus faibles de tumeurs. Évaluables encore
aujourd’hui uniquement sur fragments congelés,
les microarrays ne font l'objet d'aucune donnée
publiées sur les tumeurs de moins de 10 mm. Il est
toutefois possible, en utilisant les données immuno-
histochimiques, de l’évaluer selon certaines recom-
mandations (21) [tableau XI]. Les classes luminales
sont les plus représentées (dépassant 90 %), alors
Références
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