TRAITEMENT HORMONAL SUBSTITUTIF (THS)
Les travaux sur les avantages et les inconvénients du THS sont
toujours très nombreux et ne peuvent être détaillés ici. Seuls
ceux qui font part d’une donnée originale sont rapportés.
Chen CL et al. Hormone replacement therapy in relation to
breast cancer. JAMA 2002 ; 287 : 734.
Cet article rapporte, comme d’autres antérieurement, une dis-
crète augmentation du nombre de cancers du sein trouvés chez
les femmes ménopausées traitées par estrogènes (risque relatif :
1,7 à 57 mois ou plus). À noter que cette élévation du risque
disparaît après cessation du traitement et qu’aucune étude n’a
mis en évidence d’augmentation de la mortalité. L’originalité
de ce travail est de révéler une différence entre les groupes
histologiques “lobulaire” et “non lobulaire” : augmentation
de risque plus importante pour les cancers lobulaires (risque
relatif : 3) que pour les canalaires (RR : 1,52).
Rutter CM et al. Changes in breast density associated with
initiation, discontinuation, and continuing use of hormone
replacement therapy. JAMA 2001 ; 285 : 171.
Étude de la densité mammaire chez des patientes ayant eu au
minimum deux séries de mammographies de dépistage en fonc-
tion de l’initiation ou de l’interruption d’un THS. Par comparai-
son avec les femmes jamais traitées, celles qui débutent un
THS ont une densité accrue ; la densité de celles qui le stoppent
décroît ; celles qui le poursuivent ont à la fois une accentuation
de densité et le maintien d’une densité plus élevée.
Le Blanc ES et al. Hormone replacement therapy and cogni-
tion. Systematic review and meta-analysis. JAMA 2001 ;
285 : 1489.
Revue systématique des publications sur les THS concernant
leur rôle dans la protection des fonctions cognitives et la dimi-
nution du risque de démence. Bien que des biais soient pos-
sibles et que les méthodologies employées ne soient pas toutes
correctes, il semble que, sur ces points, le THS soit bénéfique.
Magnin G. Traitement hormonal substitutif. Rev Praticien
Médecine Générale 2002 ; 565 : 305.
Dossier aussi complet que possible sur les modalités de pres-
cription d’un THS avec rappel des indications et des contre-
indications vraies ou relatives. Les contre-indications des
estrogènes d’un THS ne sont pas les mêmes que celles de la
pilule contraceptive estroprogestative. Bonne analyse des
avantages et des inconvénients. En particulier, le risque de
cancer du côlon serait diminué. Bonne étude des différentes
séquences thérapeutiques proposées, sans oublier que les
conseils de bonnes règles hygiéno-diététiques sont aussi
importants que la prescription médicamenteuse avec équilibre
alimentaire et activité musculaire suffisante.
Clemons M, Goss P. Estrogen and the risk of breast cancer.
N Engl J Med 2001 ; 344 : 276.
De nombreux facteurs interfèrent, qu’ils soient génétiques ou
environnementaux, pour concourir à l’homéostasie des estro-
gènes en général et à l’exposition d’un tissu périphérique en
particulier. En ce qui concerne le risque de cancer du sein, le rôle
des estrogènes garde une part prépondérante dans sa promotion
et peut-être son initiation. Les diverses données expérimentales,
biologiques, cliniques ou épidémiologiques qui supportent
cette hypothèse sont analysées. Mais, si des sous-groupes à
risque peuvent être identifiés en fonction du taux d’estradiol
plasmatique, de la densité mammographique ou de la densité
minérale osseuse, le risque ne peut être prédit à titre individuel.
PRÉDISPOSITION GÉNÉTIQUE, BRCA1, BRCA2
Il faut différencier le risque familial lié à une prédisposition
génétique, qui ne touche que 5 à 8 % de la population, et le
risque lié aux antécédents familiaux, qui n’a absolument pas la
même valeur péjorative.
Lasset C, Bonadona V. Prise en charge des femmes à risque
héréditaire de cancer du sein : indications et modalités du
dépistage par mammographie. Bull Cancer 2001 ; 88 : 677.
Le point sur les données actuelles concernant le risque de pré-
disposition génétique : rapport de l’expertise collective
FNCLCC INSERM. Quand demander une consultation géné-
tique ? Quand proposer la recherche d’une mutation des gènes
BRCA1 et BRCA2 ? Si la recherche génétique est négative, sur
quels critères épidémiologiques appuie-t-on l’hypothèse d’une
mutation non détectée ? Une fois le risque déterminé et ana-
lysé en fonction de l’âge de la patiente, que proposer comme
surveillance ? Mammographie annuelle à partir de 30 ans, chi-
rurgie prophylactique ? À l’avenir, le dépistage complété par
IRM et la chimioprévention – tamoxifène ou SERMs – auront-
ils une place ?
Meijers-Heijboer H et al. Breast cancer after prophylactic
bilateral mastectomy in women with a BRCA1 or BRCA2
mutation. N Engl J Med 2001 ; 345 : 159.
Après mastectomie bilatérale prophylactique chez des
patientes porteuses d’un risque de prédisposition génétique,
aucun cancer n’est survenu alors qu’il y en a eu 8 dans le
groupe témoin surveillé ; mais le recul n’est que de 2,9 ans.
Cet article a entraîné une volumineuse correspondance : en
effet, cette option radicale paraît insupportable pour de nom-
breux praticiens et de nombreuses patientes et les attitudes
adoptées à travers le monde sont très variables. Les autres
moyens de prévention médicamenteuse et de détection sont
discutés, comme par exemple l’intérêt de l’IRM.
Hatcher MB et al. The psychosocial impact of bilateral pro-
phylactic mastectomy : prospective study using questionnaires
and semistructured interviews. Br Med J 2001 ; 322 : 16.
Les auteurs ont cherché à évaluer le retentissement d’une
mammectomie bilatérale prophylactique, sur le plan psycholo-
gique et sexuel, en comparant deux groupes de femmes à
risque à qui l’on a proposé cette intervention radicale : celles
qui l’ont acceptée et celles qui l’ont refusée ou qui ont
demandé un délai de réflexion. Chez celles qui ont été opérées,
La Lettre du Sénologue - n° 16 - avril/mai/juin 2002
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