RÉSULTATS DE LA RETRANSPLANTATION
HÉPATIQUE
Les résultats de la retransplantation hépa-
tique sont moins bons que ceux de la TH
primaire. La survie du greffon après
deuxième TH était ainsi de 53 % à un an
versus 75 % en cas de TH primaire, de
42 % à cinq ans versus 63 %, et de 35 %
à dix ans versus 55 %, dans le registre
européen (figure 1) (1). Dans la majorité
des séries, on retrouve cette différence de
20% environ de survie du greffon en cas
de retransplantation par rapport aux
résultats obtenus en cas de première TH.
L’analyse des causes d’échec après
retransplantation indique que deux prin-
cipaux phénomènes expliquent les résul-
tats plus péjoratifs après retransplanta-
tion : l’incidence élevée de décès par
sepsis (plus de 40 % des cas), quelle que
soit la cause de la retransplantation et
l’étiologie primaire de la TH (5, 6), et une
incidence probablement plus élevée de
récidive virale C conduisant à la perte du
greffon ou au décès du patient, chez les
patients transplantés pour maladie
virale C (5).
Chez l’enfant, des taux de survie du gref-
fon comparables à ceux rapportés chez
l’adulte (65,6 %, 56,7 %, et 56,7 % à 1,
3 et 5 ans, respectivement) ont été consta-
tés après retransplantation, de 15 à 20 %
inférieurs à ceux obtenus après TH pri-
maire (7).
FACTEURS PRÉDICTIFS D’ÉCHEC
DE LA RETRANSPLANTATION
Les paramètres prédictifs de décès après
retransplantation ne sont pas différents de
ceux constatés après TH primaire : l’âge
du receveur, la gravité de la maladie hépa-
tique, appréciée par exemple sous forme
de temps de prothrombine (5) ou sous
forme de score de Child-Pugh (6), ainsi
que la fonction rénale, en termes de créa-
tininémie (5), ont un poids important
dans la mortalité postretransplantation.
Par exemple, la présence d’un score de
Child-Pugh supérieur/égal à 10 avant
retransplantation s’est accompagnée
d’une survie des patients ne dépassant pas
40 % à cinq ans, versus près de 100 %
chez les patients dont le score était infé-
rieur à 10 (p = 0,0006) (figure 2) (6). Le
score MELD (Model for End-stage Liver
Disease), qui est utilisé aux États-Unis
pour l’attribution des greffons, est égale-
ment prédictif de la mortalité post-
retransplantation. Cependant, ce score ne
semble pas être meilleur que le score de
Child-Pugh pour prédire la mortalité
postretransplantation : il a été constaté
que l’aire sous la courbe de la courbe
ROC (Receiver Operating Characteris-
tic), qui reflète la valeur explicative d’un
paramètre, était respectivement de 0,82
pour le score de Child et de 0,68 pour le
score MELD (p = 0,11) (6). L’urgence de
la retransplantation est un des autres para-
mètres prédictifs de la mortalité post-
retransplantation : la survie à trois ans
était de 90 % pour les patients retrans-
plantés de façon programmée versus
40 % pour les patients retransplantés en
urgence (p = 0,06) dans une série cali-
fornienne (figure 3) (8).
D’autres paramètres n’apparaissent que
dans certaines études (tableau II) : c’est
le cas en particulier de l’indication (pro-
nostic moins bon en cas de retransplan-
Le Courrier de la Transplantation - Volume IV - no3 - juillet-août-sept. 2004
145
DOSSIER
thématique
80
100
40
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Années
Pourcentage
20
60
1re transplantation hépatique (n = 39 416)
2e transplantation hépatique (n = 4 216)
3e transplantation hépatique (n = 521)
55
63
35
42
26
37
75
53
47
Figure 1. Survie du greffon après retransplantation hépatique (registre européen).
Tableau I. Retransplantations hépatiques après 6 mois (registre européen).
ReTH Décès
Complications chirurgicales 548 217
Sepsis 32 1 158
Rejet 584 295
Récidive de la maladie initiale
– tumorale 12 929
– non tumorale 257 541
Complications cardio- et cérébrovasculaires 565
Divers 188 1 790
Total 1 621 3 808
ReTH : retransplantation hépatique.