Concours National Commun - Session 2002
Corrigé de l’épreuve de mathématiques I
Filière MP
Quelques propriétés des fonctions presque-périodiques
Corrigé par M.TARQI
I. VALEUR MOYENNE DUNE FONCTION
1. Valeur moyenne d’une fonction périodique
(a) Nous avons ZA
A
cos tdt = [sin t]A
A=2 sin A, d’où lim
A+
1
2AZA
A
cos tdt = 0 et
donc µ(C1) = 0.
De même µ(S2) = 0 et µ(C0) = lim
A+
1
2AZA
A
dt = 1.
(b) En utilisant la relation de Chasles, on obtient, pour tout nNl’égalité
un=1
nZ
0
f(t)dt =1
n
n1
X
k=0 Z(k+1)ω
f(t)dt
et par le changement de variable t=u+kω, on obtient :
un=1
n
n1
X
k=0 Zω
0
f(u+kω)du =Zω
0
f(u)du,
donc pour tout nN,un=Zω
0
f(t)du.
(c) Soit Aun réel strictement positif, notons n=E(A
ω), donc A < (n+ 1)ω. (E(x)
désigne la partie entière de x). D’autre part :
ZA
A
f(t)dt =Z
A
f(t)dt +Z
f(t)dt +ZA
f(t)dt
=Z
A
f(t)dt + 2nZω
0
f(t)dt +ZA
f(t)dt
fétant continue sur Ret ω-périodique, donc il est bornée sur Ret pour tout tR,
|f(t)| ≤ M, avec M= sup
t[0]|f(t)|, donc :
¯¯¯¯
1
2AZA
A
f(t)1
ωZω
0
f(t)dt¯¯¯¯
=¯¯¯¯
1
2AZ
A
f(t)dt +µn
A1
ωZω
0
f(t)dt +1
2AZA
f(t)dt¯¯¯¯
.
Or ¯¯¯¯
1
2AZ
A
f(t)dt¯¯¯¯M(A)
2AMω
2A,
et ¯¯¯¯
1
2AZA
f(t)dt¯¯¯¯M(A)
2AMω
2A,
et comme lim
A+µn
A1
ω= 0, car ¯¯¯¯
A
¯¯¯¯1
A, donc fadmet une valeur
moyenne et
µ(f) = lim
A+
1
2AZA
A
f(t)dt =1
ωZω
0
f(t)dt.
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2. Transformations
(a) Soit E={f∈ C0(R)(f)existe}. Il est clair que la fonction nulle est un élément de
E, et si fet gsont dans E, alors pour tout λR,
1
2AZA
A
(f+λg)(t)dt =1
2AZA
A
f(t)dt +λ
2AZA
A
g(t)dt,
donc f+λg admet une valeur moyenne, c’est-à-dire f+λg Eet µ(f+λg) =
µ(f) + λµ(g).Donc Eest un sous-espace vectoriel de C0(R)et l’application µest une
forme linéaire sur E.
(b) Soient aRfixé et A > 0, alors
1
2AZA
A
τaf(t)dt =1
2AZA
A
f(t+a)dt =1
2AZa+A
aA
f(t)dt
=1
2AZA
aA
f(t)dt +1
2AZA
A
f(t)dt +1
2AZa+A
A
f(t)dt.
Mais ¯¯¯¯
1
2AZA
aA
f(t)dt¯¯¯¯M|a|
2A
et ¯¯¯¯
1
2AZa+A
A
f(t)dt¯¯¯¯M|a|
2A,
avec M= sup
tR|f(t)|, donc τa(f)admet une valeur moyenne et µ(τa(f)) = µ(f).
(c) Soit A > 0, alors pour tout a6= 0, on a :
1
2AZA
A
f(at)dt =1
2aA ZaA
aA
f(t)dt =1
2BZB
B
f(t)dt
Avec B=aA, donc si a > 0Na(f)admet une valeur moyenne et µ(Na(f)) = µ(f).
De même , si a < 0
1
2AZA
A
f(at)dt =1
2(a)AZaA
aA
f(t)dt =1
2BZB
B
f(t)dt
Avec B=aA, donc dans ce cas aussi Na(f)admet une valeur moyenne et µ(Na(f)) =
µ(f).
Si a= 0,µ(N0(f)) = µ(f) = f(0).
(d) Si fest une fonction impaire, alors pour tout A > 0,ZA
A
f(t)dt = 0 et donc µ(f) = 0.
(e) Pour une fonction paire, on a, pour tout A > 0,ZA
A
f(t)dt = 2 ZA
0
f(t)dt, et par
conséquent µ(f) = lim
A+
1
AZA
0
f(t)dt.
3. Valeur moyenne d’une fonction convergente
(a) Soit A > 0, comme gest paire, alors :
ZA
A
g(t)dt = 2 ZA
0
dt
1 + tdt = [ln(1 + t)]A
0= ln(1 + A),
donc µ(g) = lim
A→∞
ln(1 + A)
A= 0.
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(b) Soit ε > 0. Puisque lim
t→±∞ f(t) = 0, alors il existe A0>0tel que AA0,|f(t)| ≤ ε.
Soit maintenant AA0, alors
1
2A¯¯¯¯ZA
A
f(t)dt¯¯¯¯1
2AZA0
A|f(t)|dt +1
2A¯¯¯¯ZA0
A0
f(t)dt¯¯¯¯
+1
2AZA
A0|f(t)|dt
AA0
Aε+1
2A¯¯¯¯ZA0
A0
f(t)dt¯¯¯¯
Donc µ(f)existe et vaut 0.
(c) La fonction g=flvérifie la condition de la question précédente, et donc µ(g) =
µ(f)l= 0, c’est-à-dire µ(f) = l.
(d) On a f=ϕ+φavec tR,ϕ(t) = f(t) + f(t)
2et φ(t) = f(t)f(t)
2. La fonction
ϕest paire de limite l+l+
2en +et φest impaire, donc
µ(f) = µ(ϕ+φ) = l+l+
2.
4. Valeur moyenne d’une fonction intégrable
Si fest intégrable sur R, alors lim
A+ZA
A
f(t)dt existe et finie, et par conséquent µ(f)
existe et µ(f) = lim
A+
1
2AZA
A
f(t)dt = 0.
5. Valeur moyenne et fonctions bornées
(a) Notons f(t) = p|t|cos t. La suite (2)nNtend vers +et la suite (f(2))nN
tend vers +, donc fne peut pas être bornée sur R.
Soit A > 0,
1
AZA
A
f(t)dt = 2 ZA
0
f(t)dt =1
A[tsin t]A
01
AZA
0
sin t
2tdt =sin A
A1
AZA
0
sin t
2tdt
On a lim
A+
sin A
A= 0, puisque ¯¯¯¯
sin A
A¯¯¯¯1
Aet l’inégalité
1
A¯¯¯¯ZA
0
sin t
2tdt¯¯¯¯1
AZA
0
dt
2t=1
A,
montre que lim
A+
1
AZA
0
sin t
2tdt = 0. Donc fadmet une valeur moyenne et µ(f) = 0.
(b) Soit nun entier naturel non nul, alors on a :
Z32n
0
χ(t)dt =
n1
X
p=0 Z32p+1
32p
χ(t)dt =
n1
X
p=0
(32p+1 32p)
= 2
n1
X
p=0
32p=1
4(32n1).
et donc lim
n→∞
1
32nZ32n
0
χ(t)dt =1
4.
De même
Z32n+1
0
χ(t)dt =Z32n
0
χ(t)dt +Z32n+1
32n
χ(t)dt
=1
4(32n1) + (32n+1 32n)
= 32n+1 3
432n,
CNM2002IMPC.tex - page 3
et donc lim
n→∞
1
32n+1 Z32n+1
0
χ(t)dt =3
4. Donc χn’a pas de valeur moyenne.
II. UN PRODUIT SCALAIRE
1. Exemples
(a) Nous avons CαCβ=1
2(Cαβ+Cα+β), d’où :
Si α6= 0 ou β6= 0, alors (Cα|Cβ) = µ(CαCβ) = (0,si α6=β
1
2,si α=β
Si α=β= 0,(Cα|Cβ) = 1.
(b) (Sα|Sβ) = (0,si α6=β
1
2,si α=βet (Cα|Sβ) = 0
2. Sommes finies de fonctions périodiques
(a) Supposons qu’il existe T > 0tel que h(t) = h(t+T)pour tout tR, alors en parti-
culier 2 = h(0) = h(T) = cos T+ cos(πT ), donc nécessairement cos T= cos(πT )=1
et par suite il existe des entiers relatifs ket k0tel que T= 2kπ et πT = 2k0π, ceci est
absurde puisque π /Q.
(b) h=C1+Cπ, donc h∈ F.
Puisque tR,¯¯2ncos(3nt)¯¯µ1
2n
, alors la fonction f(t) =
X
n=1
2ncos(3nt)
est bien définie sur R. Les éléments de Fsont de classes C, en particulier ils sont
dérivables sur R. On va montrer que fn’est pas dérivable en π
2, ce qui permet de
conclure que f6∈ F. En effet, supposons que fest dérivable en π
2, alors pour tout
ε > 0, il existe α > 0tel que
tiπ
2α, π
2+αh, l εf(t)
tπ
2l+ε,
donc
tiπ
2α, π
2+αh, l εlim
n→∞
n
X
k=1
2kcos(3kt)
tπ
2l+ε.
Donc il existe un entier naturel n0tel que
tiπ
2α, π
2+αh,nn0, l ε
n
X
k=1
2kcos(3kt)
tπ
2l+ε,
et comme lim
tπ
2
cos ¡3kt¢
tπ
2
=3nsin ³3nπ
2´=3n, alors quand ttend vers π
2, on
obtient l’inégalité
nn0, l ε≤ −
n
X
k=1 µ3
2k
l+ε,
inégalité qui montre que la série X
nNµ3
2n
est convergente, ce qui est absurde. En
conclusion, la fonction f6∈ F
(c) Il est clair que l’application (f, g)7−(f|g)est une forme bilinéaire symétrique et
positive ( propriétés de l’intégrale ). Soit maintenant f=α0+
p
P
i=1
αiCωi+
q
P
j=1
βjSηj
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un élément de Ftel que µ(f2) = 0, où les αi,βisont non nuls.
Mais
µ(f2) = α2
0+1
2
p
X
i=1
α2
i+1
2
q
X
j=1
β2
j,
donc αi=βj= 0 pour tout iet j, donc fest la fonction nulle. D’où le résultat.
3. Continuité
On a pour tout nNet pour tout A > 0,
1
2AZA
A
f2
n(t)dt ≤ kfnk2
,
donc
µ(f2
n)≤ kfnk2
,
et par conséquent lim
n→∞(fn|fn) = lim
n→∞ µ(f2
n) = 0.
En utilisant l’inégalité de Caucyh-Schwarz |(fn|g)| ≤ p(fn|fn)p(g|g), en déduit que si
lim
n→∞(fn|fn) = 0, alors lim
n→∞(fn|g) = 0.
4. Limites uniformes
(a) Les suites (fn)nNet (gn)nNsont bornées dans (F,k.k); soit M > 0tel que pour
tout nN,kfnkMet kgnkM.
D’autre part, les deux suites sont de Cauchy dans (F,k.k), donc pour tout ε > 0, il
existe n0tel que pour tout n, m n0, on a :
kfnfmkεet kgngmkε
Nous avons pour tout nN,
(fn|gn)(fm|gm) = (fnfm|gn) + (fm|gngm)
Donc pour tout n, m n0, on a
|(fn|gn)(fm|gm)|≤kfnfmkkgnk+kfmkkgngmk
2Mε.
Donc la suite (fn|gn)nNest de Cauchy dans (R,|.|), donc elle est convergente et par
conséquent lim
n→∞(fn|gn)existe.
(b) THÉORÈME DE WEIRSTRASS : Soit fune fonction numérique et ω-périodique sur R.
Alors quel que soit le nombre ε > 0donné, il existe un polynôme trigonométrique
Pε=a0+
n
X
k=0 µakcos 2π
ωx+bksin 2π
ωxvérifiant |f(x)Pε(x)| ≤ εpour tout xR.
5. Une extension de (.|.)
(a) D’après ce qui précède ( Théorème de Weirstrass et la question 4.(a) ) lim
n→∞(fn|gn)
existe. Maintenant soient (hn)nNet (kn)nNd’autres suites qui convergent unifor-
mément vers fet grespectivement, alors les suites (fnhn)nNet (gnkn)nN
convergent uniformément vers 0, et donc l’inégalité
|(fn|gn)(hn|kn)|=|(fnhn|gn)+(hn|gnkn)|
≤ kfnhnkkgnk+kgnknkkhnk
montre que lim
n→∞[(fn|gn)(hn|kn)] = 0, car (gn)nNet (hn)nNsont bornées pour la
norme k.k. Donc lim
n→∞(fn|gn)ne depend pas du choix des suites (fn)nNet (gn)nN,
autrement dit l’application (f, g)7−(f|g)est bien définie dans l’ensemble des fonc-
tions continues périodiques.
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