Acteurs & partenaires A cteurs & partenaires Étude STAR : moins de nouveaux cas de diabète à un an de suivi avec l’association trandolapril + vérapamil LP chez des hypertendus avec syndrome métabolique et fonction rénale normale IP J.P. Madiou* L’ étude STAR (Study of Trandolapril/verapamil-LP And insulin Resistance) [1] est une étude multicentrique, prospective, randomisée, menée en ouvert et avec un schéma de type PROBE. Elle a comparé chez 240 patients présentant une hypertension artérielle (HTA), un syndrome métabolique (SM) et une fonction rénale normale, après une période de wash-out de quatre semaines, l’administration d’une association fixe comportant soit trandolapril + vérapamil LP (Tarka® LP), soit losartan + hydrochlorothiazide (HCTZ) [Hyzaar®] sur une période de suivi de un an. Les résultats montrent une aggravation (significative par rapport au bras trandolapril + vérapamil LP) du contrôle glycémique (tolérance orale au glucose et insulinémie en fin d’étude, résistance à l’insuline à S12) dans le bras losartan + HCTZ. L’incidence des nouveaux cas de diabètes est plus élevée dès S12 dans ce même bras, ainsi que le pourcentage de patients présentant une HbA1c > 7 %. Les résultats de l’étude STAR montrent que le blocage du système rénine-angiotensine ne suffit pas à contrebalancer les effets métaboliques délétères associés à l’administration d’un diurétique thiazidique chez des patients présentant un SM et une fonction rénale normale. L’utilisation précoce de ces derniers dans ce type de population, connue comme étant à haut risque de développer un diabète, doit par conséquent être envisagée avec précaution. MéThODOLOgIE – CRITèRES D’INCLuSION DES pATIENTS CRITèRES pRINCIpAuX ET SECONDAIRES D’évALuATION Ont été inclus des patients présentant une HTA contrôlée (PAS < 140 mmHg en cas de bithérapie ; PAS entre 130 et 160 mmHg en cas de monothérapie) et un syndrome métabolique défini par une glycémie à jeun entre 1 et 1,25 g/l, et au moins un des critères suivants : HDL-c < 0,4 g/l (hommes) ou 0,5 g/l (femmes), des triglycérides ≥ 1,5 g/l et un tour de taille > 102 cm (hommes) ou 89 cm (femmes). Les diabétiques, les patients traités par une polythérapie antihypertensive (> 2) et les insuffisants rénaux ont été exclus de l’étude. Après la période de wash-out de quatre semaines, les patients ont été randomisés pour recevoir une association fixe de trandolapril + vérapamil LP 2/180 mg ou de losartan + HCTZ 50/12,5 mg avec possibilité de titrage (respectivement 4/240 et 100/25 mg), si l’objectif de PAS < 130 mmHg n’était pas atteint à quatre semaines. Le critère principal d’évaluation a analysé les variations (entre le moment de l’inclusion et la fin de la période de suivi [un an]) des valeurs de la glycémie, mesurée à deux heures au cours de la réalisation d’un test oral (75 g) de tolérance au glucose (HGPO). Les critères secondaires ont apprécié l’évolution de la sensibilité à l’insuline, de la pression artérielle (PA) [classique + MAPA], du bilan lipidique et des marqueurs de l’inflammation, ainsi que l’incidence de l’apparition de nouveaux cas de diabète. éTuDE STAR : pRINCIpAuX RéSuLTATS Les caractéristiques des patients étaient comparables dans les deux bras à l’inclusion. Les résultats (tableau) montrent une aggravation (significative par rapport Tableau. Résultats de l’étude STAR sur le critère principal d’évaluation et l’insulinémie. Trandolapril + vérapamil LP (n = 119) Losartan + HCTZ (n = 121) p Variation de la glycémie (mmol/l) mesurée à 2 h au cours de l’HGPO : S12 S52 Fin de la période d’étude – 0,29 ± 0,22 – 0,11 ± 0,36 – 0,21 ± 0,36 0,72 ± 0,22 1,49 ± 0,35 1,44 ± 0,35 < 0,001 < 0,001 < 0,001 Variation de l’insulinémie (pmol/l) mesurée à 2 h au cours de l’HGPO : S12 S52 Fin de la période d’étude 33,92 ± 42,48 – 52,14 ± 44,79 – 30,13 ± 38,38 147,67 ± 41,18 90,15 ± 42,88 84,86 ± 38,33 0,037 0,014 0,025 * Centre Saint-Victor, Paris. 30 La Lettre du Cardiologue - n° 405 - mai 2007 au bras trandolapril + vérapamil LP) du contrôle glycémique (tolérance orale au glucose, insulinémie) dans le bras losartan + HCTZ. Une aggravation de la résistance à l’insuline a été constatée à S12 dans ce même bras (– 0,005 ± 0,001 versus 0,000 ± 0,001 ; p = 0,016), mais la différence n’est pas significative à la fin de l’étude. L’incidence des cas de nouveaux diabètes à un an est plus élevée en cas d’association fixe ARA II (antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II)-diurétique (26,6 % versus 11 % pour le bras trandolapril + vérapamil LP ; p = 0,002) avec une différence interbras qui est significative dès S12 (respectivement 21,5 % versus 7 % ; p = 0,007). Le pourcentage de patients présentant une HbA1c > 7 % en fin d’étude est plus élevé dans le bras losartan + HCTZ (9,6 % versus 2,6 % ; p = 0,05). Concernant l’efficacité antihypertensive, il n’y a pas eu de différence significative sur la PA entre les groupes à l’instauration et à la fin du traitement. Le pourcentage de patients ayant nécessité un titrage du traitement antihypertenseur est également comparable dans les deux bras. Il n’a pas été constaté de différence entre les groupes en ce qui concerne le bilan lipidique et les marqueurs inflammatoires à la fin de la période de suivi. DISCuSSION L’étude STAR est la première étude multicentrique à avoir comparé les effets métaboliques d’un antagoniste des canaux calciques versus un diurétique thiazidique en association avec un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) ou un ARA II à dose efficace chez des patients hypertendus présentant un syndrome métabolique. Les résultats suggèrent que, dans cette population particulière de patients dont l’incidence ne cesse de croître chez les hypertendus, l’administration d’un diurétique thiazidique augmente le risque d’apparition de nouveaux cas de diabète. Un des autres résultats importants de cette étude concerne l’impact de l’administration de faibles doses de diurétiques avec un ARA II alors que l’on pensait que les effets indésirables métaboliques dosedépendants des diurétiques thiazidiques pouvaient être contrebalancés par l’inhibition du système rénine-angiotensine. Une analyse complémentaire de l’étude STAR a comparé l’administration de doses plus faibles (vérapamil LP/trandolapril 180/2 mg ou losartan/HCTZ 50/12,5 mg) versus des doses plus élevées (vérapamil LP/trandolapril 240/4 mg ou losartan/HCTZ 100/25 mg) : un risque significativement plus élevé de développer un diabète est également retrouvé pour les 21 % de patients ayant continué à recevoir une faible dose de losartan/ HCTZ. Plusieurs mécanismes peuvent être invoqués pour expliquer ces résultats : aggravation de la résistance à l’insuline liée à l’administration de diurétiques thiazidiques (2-5), à mettre en balance avec un effet métabolique favorable connu des IEC et des antagonistes des canaux calciques (2) et/ou augmentation de la réponse inflammatoire (protéine C réactive [CRP]) sous diurétiques thiazidiques, alors que l’on sait que les antagonistes des canaux calciques diminuent cette même CRP lorsqu’ils ne sont pas associés à des diurétiques (6). ■ RéféRenceS bibliogRaphiqueS 1. Bakris G, Molitch M, Hewkin A et al. Diffe- rences in glucose tolerance between fixed-dose antihypertensive drug combinations in people with metabolic syndrome. Diabetes Care 2006; 29(12):2592-7. Acteurs & partenaires A cteurs & partenaires 2. Sarafidis P, Bakris GL. Antihypertensive therapy and the risk of new onset diabetes. Diabetes Care 2006;29(5):1167-9. 3. Verdecchia P, Reboldi G, Angeli F et al. Ad- verse prognostic significance of new diabetes in treated hypertensive subjects. Hypertension 2004; 43(5):963-9. 4. Lithell HO. Effect of antihypertensive drugs on in- sulin, glucose, and lipid metabolism. Diabetes Care 1991;14(3):203-9. 5. Pollare T, Lithell H, Berne C. A comparison of the effects of hydrochlorothiazide and captopril on glucose and lipid metabolism in patients with hypertension. N Engl J Med 1989;321(13): 868-73. 6. Ridker PM, Danielson E, Rifai N et al., for the Val-MARC Investigators. Valsartan, blood pressure reduction, and C-reactive protein. Primary report of the Val-MARC Trial. Hypertension 2006;48:1-7. Les articles publiés dans “La Lettre du Cardiologue” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. EDIMARK SAS © mai 1983 - Imprimé en France - DIFFERDANGE SAS - 95110 Sannois - Dépôt-légal : à parution Ce numéro est routé avec un Infos Poster de La Lettre du Cardiologue “Insuffisance cardiaque à fonction systolique préservée (IC-FSP) : enquêtes de perception sur les pratiques de prise en charge par les cardiologues hospitaliers et libéraux” (4 pages). La Lettre du Cardiologue - n° 405 - mai 2007 31