La Lettre du Pharmacologue - Volume 17 - n° 2 - mars-avril 2003
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THÉRAPEUTIQUE
déterminants de la régulation de la pression artérielle, tels que
le système rénine-angiotensine-aldostérone, le système sym-
pathique ou la balance hydrosodée, et/ou d’agir simultanément
sur certains régulateurs locaux de la vasomotricité tels que le
système endothéline, le monoxyde d’azote, les prostanoïdes ou
le stress oxydant. Il en résultera un renforcement de l’effica-
cité du traitement antihypertenseur, l’effet cumulé de deux com-
posés actifs correspondant généralement à la somme des baisses
de PA observées avec chacun des deux composés pris séparé-
ment, c’est-à-dire à une synergie de type additif (1).
La seconde justification repose sur l’existence possible de phé-
nomènes de contrerégulation liés à la mise en jeu d’un système
presseur lorsqu’une monothérapie est administrée, comme par
exemple l’activation du système rénine-angiotensine en pré-
sence d’un vasodilatateur ou d’un diurétique, ou l’activation du
système sympathique en présence d’un vasodilatateur.
Dans cette optique, le concept d’associations fixes d’anti-
hypertenseurs s’est considérablement développé. Outre une
diminution plus importante des chiffres tensionnels, de telles
associations doivent permettre une diminution des effets indé-
sirables et donc, a priori, une amélioration de l’observance du
traitement. Par ailleurs, ces associations fixes nécessitent le plus
souvent une prise unique par 24 heures, ce qui participe égale-
ment à la bonne observance. Enfin, elles permettent une dimi-
nution du coût du traitement, inférieur à la prescription des deux
constituants de l’association. Ces associations fixes fortement
dosées doivent donc être utilisées après échec du traitement
antihypertenseur de première ligne (monothérapie ou associa-
tion fixe faiblement dosée).
COMPOSITION DES ASSOCIATIONS FIXES
D’ANTIHYPERTENSEURS : LES PRÉREQUIS
Avant d’envisager de développer une association fixe d’anti-
hypertenseurs, un certain nombre d’éléments doivent être pris
en considération afin de l’optimiser :
!les deux composés doivent avoir prouvé leur efficacité anti-
hypertensive ;
!leur effet sur la pression artérielle devra être obtenu par la
mise en jeu de cibles différentes ;
!l’un des deux composés pourra neutraliser un éventuel phé-
nomène de contrerégulation ;
!leurs propriétés pharmacocinétiques devront être compa-
rables, afin d’assurer une réelle synergie des deux composés
actifs pendant la totalité de la durée de leurs effets respectifs ;
!d’éventuelles interactions pharmacocinétiques entre les deux
substances auront fait l’objet de recherches approfondies.
En tenant compte de ces critères, parmi les associations déve-
loppées, des combinaisons d’un diurétique (hydrochlorothia-
zide ou indapamide) avec un inhibiteur de l’enzyme de conver-
sion de l’angiotensine I (IEC) ou avec un antagoniste des
récepteurs AT1 de l’angiotensine ont été largement dévelop-
pées (2-4). En effet, l’IEC permet en particulier de limiter les
mécanismes de contrerégulation induits par le diurétique (acti-
vation des systèmes rénine-angiotensine-aldostérone et sym-
pathique). D’autres choix logiques consistent soit à associer un
bêtabloquant à un antagoniste calcique à tropisme vasculaire
(dihydropyridine), ce qui permet de combiner les effets car-
diaques du premier et les effets vasodilatateurs périphériques
du second, le bêtabloquant prévenant les effets potentiellement
délétères de la stimulation sympathique induite par les
dihydropyridines, soit à associer un bêtabloquant à un diuré-
tique, le bêtabloquant prévenant, là aussi, les effets de la sti-
mulation sympathique induite par le diurétique.
Enfin, une dernière association logique consiste en une com-
binaison entre un IEC, tel que le trandolapril, et un antagoniste
calcique à tropisme mixte (cardiaque et vasculaire), tel que le
vérapamil (5).
L’ASSOCIATION DU TRANDOLAPRIL ET DU VÉRAPAMIL :
COMPLÉMENTARITÉS DES MÉCANISMES D’ACTION
DES DEUX MOLÉCULES
Il s’agit de l’association de deux vasodilatateurs de mécanismes
d’action différents, l’IEC permettant par ailleurs de limiter
d’éventuels phénomènes de contrerégulation mis en jeu par
l’inhibition calcique, en particulier l’activation du système
rénine-angiotensine-aldostérone.
Le vérapamil (6) exerce ses effets pharmacologiques par blo-
cage des canaux calciques lents de type L. En se fixant sur le
canal calcique au niveau d’un site spécifique, différent de ceux
des dihydropyridines et du diltiazem, il diminue les mouve-
ments transmembranaires du calcium et, par voie de consé-
quence, la disponibilité intracellulaire en calcium, et exerce in
vitro des effets chronotropes, dromotropes et inotropes néga-
tifs, ainsi qu’une relaxation du muscle lisse vasculaire.
Chez l’homme, le vérapamil provoque, contrairement aux dihy-
dropyridines, un effet chronotrope négatif. Il possède égale-
ment des propriétés inotropes négatives, qui – pour l’essentiel
ou en totalité – sont contrebalancées in vivo par la baisse des
résistances. La conséquence majeure de ces effets cardiaques
est une baisse de la consommation myocardique d’oxygène, à
laquelle participe également la diminution de la postcharge. Par
ailleurs, la baisse de fréquence cardiaque améliore la perfusion
diastolique du myocarde, en particulier dans un contexte d’hy-
pertrophie ventriculaire gauche associée à l’hypertension arté-
rielle. Au plan vasculaire, le vérapamil provoque une baisse des
résistances périphériques et une baisse de la pression artérielle,
ainsi qu’une augmentation du débit sanguin rénal et une vaso-
dilatation coronaire sans effet de vol.
De par son tropisme mixte, le vérapamil possède donc des
propriétés antihypertensives, anti-ischémiques et protectrices
myocardiques, ces dernières ayant été particulièrement mises
en évidence à la dose de 360 mg/j dans le post-infarctus par les
études DAVIT I et II (7).
Le trandolapril (8) est un inhibiteur de l’enzyme de conver-
sion de l’angiotensine I. Son mécanisme principal d’action est