RÉSUMÉ
Les difficultés de comportement des élèves qui reçoivent des services complémentaires pour
ces problèmes dès l’école primaire sont reconnues pour leur risque élevé de persistance et pour
leurs conséquences négatives à court et à long terme, incluant les difficultés d’apprentissage,
un faible taux d’intégration en classe ordinaire, le décrochage scolaire et les problèmes
d’insertion sur le marché du travail. Si la stabilité de ces difficultés témoigne du succès mitigé
des interventions réalisées en milieu scolaire, il est clair aussi qu’en dépit de difficultés
comportementales au primaire, des élèves parviendront à une adaptation scolaire et
socioprofessionnelle comparable à celle des élèves ordinaires.
Afin d’identifier des facteurs liés à l’adaptation variable des élèves en difficulté de
comportement et de dégager des pistes pour différencier l’intervention, cette étude
longitudinale s’est intéressée à la contribution individuelle et interactive de trois importants
facteurs de persistance de ces difficultés : leur sévérité, la cooccurrence d’un trouble
déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et celle de traits antisociaux. Le principal
objectif de l’étude est de déterminer jusqu’à quel point ces facteurs contribuent à identifier des
sous-groupes d’élèves distincts par leur trajectoire évolutive, leurs caractéristiques cognitives,
sociales et familiales et leur adaptation scolaire et socioprofessionnelle. Ce faisant, l’étude vise
également à décrire la nature des difficultés de comportement détectées au primaire chez les
garçons et les filles et d’examiner les services scolaires, éventuellement sociaux, reçus par ces
élèves en relation avec l'évolution de leurs difficultés.
L’étude longitudinale entreprise opte pour un devis à mesures répétées tous les deux ans, sur
une période de six ans. Trois échantillons ont été recrutés dans l’étude. Le premier, recruté
entre 1999 et 2001, comprend 324 élèves (260 garçons et 64 filles) des trois cycles du primaire
qui, à l’entrée dans l’étude, recevaient tous des services scolaires complémentaires pour des
difficultés de comportement. Un deuxième échantillon composé exclusivement de filles en
difficulté de comportement (n = 38) a été recruté en 2004 pour avoir un meilleur aperçu de la
nature des difficultés présentées par les filles. Ces deux échantillons proviennent d’écoles de
six Commissions scolaires situées en Estrie et en Montérégie. Ils sont représentatifs de la
population initiale quant à la provenance des élèves et leur répartition dans chaque niveau
scolaire, le taux d'élèves scolarisés en classe spéciale (26 %) et, pour le premier échantillon, le
ratio garçons-filles (5:1). Enfin, le troisième échantillon est un groupe témoin composé de 101
élèves n’ayant pas de difficultés de comportement. Ce groupe, recruté en 2000, a permis de
comparer les caractéristiques cognitives, sociales et familiales des élèves à l’entrée dans
l’étude ainsi que l’adaptation scolaire et socioprofessionnelle aux derniers temps de mesure.
Les difficultés de comportement, la concomitance du TDAH et les traits antisociaux des élèves
ont été évalués par une stratégie multi-informateurs (parent, enseignant) à l'aide d'instruments
standardisés. Les difficultés comportementales qui répondaient aux critères diagnostiques du
DSM-IV-TR pour un trouble oppositionnel ou un trouble des conduites (TO/TC) ont été
considérées comme sévères. Les mesures des autres caractéristiques des élèves incluent, entre
autres, une batterie de tests cognitifs, des questionnaires sur les caractéristiques du milieu
familial et des pratiques parentales, des indicateurs de l’adaptation scolaire (performance en
français et en mathématiques, placement scolaire) et des indicateurs de l’adaptation
socioprofessionnelle (emploi, réseau social, consommation de psychotropes).