Act. Méd. Int. - Angiologie (15) n° 7, septembre 1999 120
de perfusion implanté, 94 patients
(6 %) ont eu de la fièvre associée à des
hémocultures positives (16).
Parmi eux, 18 (19 %) ont eu une infec-
tion liée à la chambre.
Les caractéristiques de ces sepsis reliés
au cathéter ont pu être mieux précisés
dans une étude prospective multicen-
trique de cohorte réalisée dans douze
hôpitaux de l’Assistance publique hôpi-
taux de Paris. Dans cette étude, l’inci-
dence et les facteurs de risque ont été
évalués chez les patients atteints de
cancer et comparés à ceux de patients
immunodéprimés (VIH). Deux cent
cinquante-huit cathéters veineux, reliés
ou non à des chambres implantables,
ont été disposés chez 250 patients
atteints de cancer et 209 mis en place
chez 201 patients immunodéprimés. Un
suivi de la maintenance de ces cathéters
et de leurs complications a été réalisé
dans les six mois suivant leur pose. Les
patients étaient atteints de tumeur du
sein (35 %), des bronches (16 %), du
côlon (16 %), ORL (6 %) et avaient, en
majorité (94 %), une maladie très évo-
luée. Une neutropénie d’une durée
médiane de quinze jours a été observée
chez 24 % d’entre eux. Un sepsis relié
au cathéter, défini sur des critères cli-
niques et microbiologiques a été observé
chez 5 % de patients atteints de cancer
contre 31,6 % des patients immunodé-
primés. Les principaux germes isolés
consistaient en staphylocoques coagu-
lase négative (n = 45), Staphylococcus
aureus (n = 14), bacille gram négatif
(n = 22). Cette incidence de sepsis pour
1000 jours d’implantation était huit
fois moins fréquente chez les patients
atteints de cancer que chez les patients
immunodéprimés. Chez les patients
atteints de cancer, le risque infectieux
était plus élevé chez les patients ayant
un indice de Karnofsky bas (p = 0,001)
et chez les patients ayant eu une infec-
tion bactérienne dans le mois précédant
l’implantation du cathéter. Enfin, le
risque de complications est identique
dans les cathéters et les chambres
implantables (p = 0,63) (18). Dans ces
cas, en plus de l’antibiothérapie systé-
mique, l’ablation du cathéter est bien
entendu indiquée.
D’autres complications ont pu être
rapportées dans quelques cas, heureu-
sement rares
L’arythmie cardiaque est en général
consécutive à une malposition du cathéter
descendu trop bas au niveau de
l’oreillette.
Le déplacement du cathéter peut se
faire soit spontanément lors des mouve-
ments, soit dans le cadre d’un syndro-
me de Twidler ; le cathéter est alors
déplacé lors de palpations et de mas-
sages répétés de la zone du boîtier
implantable et du cathéter à la suite de
la gêne créée par ce corps étranger. En
cas de rupture du cathéter, une migra-
tion de celui-ci peut nécessiter son
extraction par des équipes de radiolo-
gistes interventionnels, voire par une
intervention chirurgicale. Une malposition
initiale peut être source de pneumothorax
et hémothorax, voire d’extravasation de
produit plus ou moins vésicant dans la
plèvre ou le médiastin lorsqu’elle passe
inaperçue avant l’utilisation de l’abord
veineux. Les complications cependant
sont relativement rares, eu égard à l’uti-
lisation de plus en plus répandue. Le
taux de complications des chambres
implantables est ainsi évalué dans une
étude récente à 0,23 pour 1 000 jours
d’utilisation. Ces accès périphériques
par chambres implantables semblent
diminuer l’anxiété et la douleur reliées
à l’accès veineux même si elles ne per-
mettent pas d’enregistrer une améliora-
tion significative de la qualité de vie
évaluée par le questionnaire du
Functional Living index Cancer (19).
Conclusion
La mise en place de procédés de perfu-
sion de longue durée apporte un
meilleur confort au patient sous chimio-
thérapie pour un cancer avancé. Une
vigilance constante de l’équipe soi-
gnante est cependant nécessaire pour
éviter la “banalisation” de l’abord vei-
neux afin de minimiser le risque de
complication.
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Angiologie et cancer (III)