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Professions Santé Infirmier Infirmière - No27-28 - juin-juillet-août 2001
compenser l’écart par des bois-
sons à hauteur de 294 à 346 ml.
L’enfant de 5 ans, hospitalisé la
veille de l’intervention dans le ser-
vice, y est à jeun depuis minuit. Il
sera perfusé à partir de 8 heures du
matin (au mieux) en per-opéra-
toire, à 50 ml/h, puis en post-opé-
ratoire au même débit de perfu-
sion. Il sera donc perfusé pendant
16 heures (de 8 h à minuit ce
même jour), ce qui lui fait un ap-
port de 800 ml.
Opéré d’une amygdalectomie, l’en-
fant mange généralement le soir.
Ce repas consiste en une glace de
100 g qui lui apporte 88 ml d’eau
et un verre de 50 ml d’eau.
L’apport hydrique cumulé de la
perfusion et de l’alimentation se
porte à 938 ml d’eau alors que ses
besoins s’élèvent à 1 500 ml, le
déficit est donc de 562 ml.
La veille de l’intervention, le stress
occasionné par l’opération limite
l’appétit des patients, diminuant
ainsi leur apport hydrique. Le len-
demain, ce sont les difficultés à ava-
ler liées à la douleur (malgré les cal-
mants) qui freinent l’alimentation.
Partant de ce constat, c’est bien
pendant 2 à 3 jours que l’équilibre
liquidien de l’enfant est perturbé.
Ces deux exemples montrent que
la perfusion et/ou l’alimentation
ne suffisent pas à l’enfant pour ré-
pondre efficacement à son besoin
en eau. Nous devons donc veiller
à ce que les enfants boivent en
cours de journée.
Quelques questions
Avant de mettre en place un pro-
jet d’action garantissant à l’en-
fant un apport hydrique satis-
faisant, il semble important de
répondre à quelques questions
d’ordre pratique :
–Où trouve-t-on l’eau ?
–Comment reconnaître un en-
fant qui a soif ?
–Quand peut-on proposer de
l’eau à un enfant ?
–L’eau est-elle formellement
prohibée durant le jeûne pré-
opératoire ?
Où trouve-t-on de l’eau ? La source
en eau la plus connue est l’eau de
boisson. L’alimentation au lait ma-
ternel apporte la totalité des be-
soins hydriques du nouveau-né
et du nourrisson jusqu’à l’âge de
3ou 4 mois.
L’alimentation au biberon contient
88 % d’eau. Les bouillies, purées
et viandes contiennent 80 % d’eau.
Les légumes et les fruits comptent
jusqu’à 80 à 90 % d’eau. Le pain
se compose de 35 % d’eau.
Comment reconnaître un enfant qui
a soif ? En fonction de son âge,
l’enfant peut manifester sa soif
par différents comportements.
Parmi ceux-ci, les plus souvent
retrouvés sont les suivants :
–il pleure sans raison apparente,
est grognon, insatisfait de tout ce
qu’on lui propose ;
–il arrête de jouer ou de faire ce
qu’il avait en cours ;
–il reste dans un coin, ne bouge
pas ou au contraire vient subite-
ment près de vous ;
–il tourne en rond près d’un
point d’eau ;
–il refuse de manger.
Dans la situation idéale, la moins
fréquente cependant, il vient ré-
clamer de l’eau.
Quand peut-on proposer de l’eau
àl’enfant ? Pour les nourrissons
dont l’alimentation est dispensée
essentiellement au biberon, il faut
leur donner de l’eau entre deux
repas. Un apport d’eau à distance
trop courte d’un biberon de lait
serait un choix peu judicieux.
Pour les enfants, l’eau peut se pro-
poser à tout moment de la journée
au cours des repas et entre ceux-
ci. Il est cependant nécessaire, en
milieu hospitalier, de veiller à
adapter ces informations en fonc-
tion de la pathologie de l’enfant et
des prescriptions médicales.
L’eau et le jeûne pré-opératoire sont-
ils incompatibles ? Le jeûne pré-
opératoire a pour but de dimi-
nuer le risque d’inhalation du
contenu gastrique au cours de
l’anesthésie. Actuellement, le dé-
partement d’anesthésie de l’hôpi-
tal applique, pour la majorité des
interventions programmées sous
anesthésie générale, un jeûne de
8heures pour les aliments solides
et liquides.
La durée de ce jeûne peut être de
4 à 6 heures avant l’intervention,
pour les enfants qui ont une ali-
mentation exclusivement lactée.
S’agissant d’une prescription mé-
dicale, il ne nous appartient pas
d’en discuter les termes à partir de
l’instant où celle-ci ne nous semble
pas dangereuse pour le patient.
Cependant, depuis quelques an-
nées, des publications médicales
tendent à démontrer :
–que le jeûne prolongé ne garan-
tit pas la vacuité gastrique au mo-
ment de l’induction anesthésique ;
–que la réduction de la durée du
jeûne liquidien, par l’autorisation
de boissons “claires” (eau, sirop à
l’eau, jus de pomme, thé et café)
2à 3 heures avant l’intervention
chirurgicale (à raison de 10 ml/kg),
ne modifierait pas le contenu gas-
trique, et donc n’augmenterait pas
le risque d’inhalation (1995, étude
du département d’anesthésie-ré-
animation pédiatrique de l’hôpital
de la Timone de Marseille).
Le raccourcissement du jeûne li-
quidien a pour effet de diminuer
la sensation de soif, rendant ainsi
les enfants moins irritables. Par là
même, il soulage parents et soi-
gnants qui trouvent de plus en plus
difficilement des parades pour faire
oublier la soif aux enfants.
Le projet, qui avait pour objectif
d’assurer aux enfants hospitalisés
un apport hydrique satisfaisant au
regard de leurs besoins en eau, a
reposé sur une enquête menée au
sein du service et sur l’analyse ci-
tée précédemment. Tout projet
hospitalier trouve son utilité s’il re-
présente une valeur ajoutée pour
le patient et sa famille. C’était le
but de cette étude.
D’après les travaux menés par le
service ORL de l’hôpital Robert-Debré,
rapportés par
Jean-Christophe Crusson,
cadre supérieur infirmier.
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