Source : Le Figaro du 4/6/14

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Source : Le Figaro du 4/6/14
Jeûne œcuménique pour défendre le climat
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Par Marc Cherki
Publié le 04/06/2014 à 18:17
Des organisations religieuses et laïques organisent un jeûne, le 1er de chaque mois, jusqu'à
décembre 2015, pour peser sur les négociations sur le réchauffement climatique.
La France est le vingt-deuxième pays à suivre l'initiative d'une journée de jeûne mensuelle, le
premier jour de chaque mois, lancée par Yeb Sano, délégué des Philippines pour les
négociations sur le climat à l'ONU. Ce dernier avait initié le mouvement en novembre dernier,
à Varsovie, lors de la grande réunion annuelle sur le climat. Son pays avait alors été victime
du typhon dévastateur Haiyan, qui a fait au moins 7000 morts, Yeb Sano avait donc décidé de
jeûner pour montrer sa solidarité avec ses compatriotes et pour peser sur les négociations sur
le climat.
A Paris, il a présenté, le 4 juin, sur une péniche, amarrée face à l'Assemblée nationale, son
engagement: «Jeûner pour le climat est une lutte pour notre avenir. Nous manifestons avec
des millions de personnes pour demander des actions urgentes. L'année prochaine, à Paris,
lors de la 21ème conférence climat, nous déciderons de l'avenir du monde. Nous avons deux
options: mettre un terme au changement climatique, ou le laisser devenir une menace
incontrôlable». Yeb Sano ne prêche pas dans le désert. Ce mercredi matin, la Fédération
protestante de France, la Conférence des évêques de France et l'Assemblée des évêques
orthodoxes ont annoncé vouloir suivre le mouvement, soutenu par des associations laïques
comme le Réseau action climat-France et même par Nicolas Hulot, envoyé spécial du
président pour la protection de la planète.
L'aspect œcuménique de l'initiative sera renforcé dans l'Hexagone. La possibilité de rejoindre
le mouvement sera proposée «dans les prochaines semaines aux représentants nationaux de
l'islam, du judaïsme et du bouddhisme», a précisé François Clavairoly, président de la
Fédération protestante de France. Déjà, Tareq Oubrou, recteur de la grande mosquée de
Bordeaux, a répondu à cet appel de même que le rabbin Gabriel Hagaï et Matthieu Ricard,
moine bouddhiste tibétain.
6000 paroisses de France
Lors de la présentation de cette initiative, les représentants des religions ont rappelé
l'importance symbolique, spirituelle, morale et sociale du jeûne. Il s'agit d'un «geste spirituel
et corporel. La fédération protestante de France prépare une déclaration pour le 1er juillet», a
expliqué François Clavairoly qui souligne: «la force du message» et espère que «la petite idée
de la sobriété et du jeûne sera porteuse de fruits». Mgr Marc Stenger quant à lui, représentant
de la Conférence des évêques de France, a souligné que le dernier rapport du GIEC (Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) envisageait une forte hausse de la
température à la fin du siècle si rien n'est décidé pour lutter contre les émissions de gaz à effet
de serre.
«Les plus pauvres sont les plus touchés par la hausse du niveau des mers et l'insécurité
alimentaire», a insisté le prélat. Ainsi, «l'Eglise appelle-t-elle l'Etat et les collectivités locales,
malgré la crise économique, à prendre des mesures pour réduire la dépendance aux énergies
fossiles». En conséquence, il est nécessaire de modifier nos modes de vie et de consommation.
Pour sensibiliser les catholiques, la Commission Justice et paix de l'Eglise va transmettre
«d'ici à la fin de l'année, aux 6000 paroisses de France des informations sur le réchauffement
climatique et le jeûne».
Un fonds vert dans les limbes
Morgane Créach, directrice du Réseau action climat-France, a souhaité un sursaut du monde
politique, y compris en France, où la «transition énergétique n'a toujours pas été engagée»,
afin de modifier les modes de consommation. Pour démontrer la torpeur des gouvernements,
elle a rappelé que «la création d'un fonds vert pour aider les pays les plus pauvres à engager la
transition énergétique, décidée il y a plus de cinq ans», reste toujours au stade de promesse.
Nicolas Hulot, président de l'association qui porte son nom, s'est dit «réjoui par cette
initiative». Il a souligné qu'il avait auparavant «appelé de ses vœux des actions œcuméniques».
Il s'agit «d'une manifestation de solidarité» envers les personnes victimes du réchauffement,
«d'un acte positif de liberté pour rompre avec nos comportements», en particulier pour se
préparer à la «modération, la sobriété ou la frugalité».
Toutefois, le jeûne ne sera pas forcément une action contraignante et lourde, telle l'absence de
nourriture et de boisson pendant vingt-quatre heures. La forme du jeûne est laissée au choix
de chacun. Même le «jeûne carbone» est suggéré. Il s'agirait alors de réduire simplement sa
consommation d'énergie, «en décidant, par exemple, le 1er de chaque mois, de circuler à
vélo», précise Laura Morosini, coprésidente des Chrétiens unis pour la terre, une association
fondée il y a deux ans.
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