La Lettre du Neurologue - n° 6 - vol. II - décembre 1998 309
prendre en compte les données anatomiques et les images
lésionnelles éventuelles (artériographie et IRM en condition sté-
réotaxique). Le nombre d’électrodes varie de 8 à 15 en moyen-
ne. Chaque électrode, d’un diamètre de 0,8 mm, comporte 5, 10,
15, ou 18 plots d’enregistrement espacés de 1,5 mm.
LA MISE EN PLACE DES ÉLECTRODES
La mise en place des électrodes est effectuée au bloc opératoi-
re, sous anesthésie générale, selon la méthodologie stéréotaxique
(1, 2). L’introduction des électrodes est effectuée par des orifices
cutanéo-osseux d’un diamètre limité au passage de celles-ci. Le
trajet des électrodes est choisi en fonction de la vascularisation
et des aires corticales à atteindre, soit orthogonal soit oblique. En
respectant ainsi la vascularisation, cette technique d’implanta-
tion permet d’écarter au maximun les risques hémorragiques.
Bien que restant une méthode invasive, les autres complications
(infectieuses par exemple) sont exceptionnelles (1, 2).
LES ENREGISTREMENTS VIDÉO-SEEG
Les enregistrements vidéo-SEEG (figure 2) sont effectués, dès
le réveil du patient, au bloc opératoire. Lors de la semaine pré-
cédant la mise en place des électrodes, le patient est sevré (par-
tiellement ou complètement) de son traitement antiépileptique,
afin d’obtenir le plus rapidement possible une crise spontanée.
Dans certains cas, en particulier chez les enfants, la SEEG peut
se dérouler sur une seule journée. Dans la plupart des cas, les
enregistrements se poursuivent les jours suivants au laboratoire.
En moyenne 5 à 10 jours sont nécessaires pour analyser les ano-
malies des tracés intercritiques, enregistrer des crises et effec-
tuer les stimulations électriques intracérébrales.
LES STIMULATIONS ÉLECTRIQUES INTRACÉRÉBRALES
Les stimulations intracérébrales, de faible intensité (< 5 mA), sont
appliquées entre deux plots contigus de chaque électrode. On pra-
tique soit des chocs de 1c/s durant 1 à 3 ms, soit un train de 50 c/s
durant 1 à 5 secondes. Le but de ces stimulations est d’établir une
cartographie fonctionnelle (repérage des aires motrices, sensitives
et sensorielles) mais aussi de déclencher des crises, au sein du
réseau épileptogène, que l’on compare aux crises spontanées (3).
CONCLUSION
Au terme d’une SEEG :
• L’analyse des tracés intercritiques et critiques permet de définir :
- la zone “lésionnelle”, au sens physiologique du terme, siège
des ondes lentes,
- la zone irritative, aire de projection des pointes,
- la zone épileptogène à partir de l’origine, de l’organisation
spatio-temporelle et de la propagation immédiate des décharges
critiques.
•Cette analyse est confrontée aux images lésionnelles (en IRM)
et aux données de l’imagerie fonctionnelle (en IRM, SPECT et
PET scan).
Ainsi, la SEEG permet de proposer, pour chaque patient, une exé-
rèse corticale “à la carte”, d’en évaluer les risques fonctionnels et
le pronostic à long terme. Cependant, cet examen peut aboutir à
une contre-indication en raison des risques fonctionnels et/ou du
faible bénéfice attendu sur l’incidence des crises. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Bancaud J., Talairach J. et coll. La stéréo-électroencéphalographie dans l’épi-
lepsie. Paris, Masson, 1965.
2. Munari C. Depht electrode implantation at hospital Sainte-Anne, Paris. In : Engel
J. Jr. Surgical treatment of the epilepsies. Raven Press, New York 1987 : 583-8.
3. Chauvel P., Landré E. et coll. Electrical stimulation with intracerebral elec-
trodes to evoke seizures. In : Electrical and magnetic stimulation of the brain and
spinal cord. O. Devinsky, B., Aleskandar, M. Dogali (eds). Raven Press, New York
1993 : 115-21.
Figure 2. Enregistrement
d’une crise spontanée.
Tracé SEEG : Décharge
inaugurale à droite en A1
(noyau amygdalien),
B1 (corne d’Ammon
antérieure),
C1 (corne d’Ammon
postérieure), propagée en
20 secondes au gyrus temporal
moyen, en frontal, puis à
gauche (A’1).