COMMENT TRAITER UNE CAPSULITE RÉTRACTILE
COMMENT TRAITONS-NOUS
LES CAPSULITES RÉTRACTILES ?
Depuis 2000, le protocole thérapeutique comprend pour tous les
patients, au cours d’une hospitalisation de quatre semaines, la prise
en charge suivante :
–pendant la première semaine : prise en charge masso-kinési-
thérapique par rééducation active et passive, deux fois deux heures
par jour ; physiothérapie quotidienne par ultrasons, une séance le
matin pendant 20 minutes ;
–puis, à une semaine d’intervalle, trois fois de suite : réalisation,
par un radiologue interventionnel, d’une arthrodistension par un
produit opaque, xylocaïne couplée à une infiltration de dérivé
retard corticoïde en fin de distension et à une infiltration de l’espace
sous-acromial. Dès la réalisation des arthrodistensions, la rééduca-
tion passive, autopassive et active est poursuivie selon les mêmes
modalités que la première semaine.
RÉSULTATS
Trente-six patients (19 femmes et 17 hommes ; âge moyen de
52,6 + 8,6 ans) souffrant d’une capsulite (39 épaules) ont été éva-
lués : 16 avaient une capsulite post-traumatique, 13 une capsulite
après chirurgie de la coiffe et 7 une capsulite primitive.
L’élévation active était significativement plus importante à l’admis-
sion chez les patients ayant eu une ou plusieurs infiltrations (n = 10)
que chez ceux qui n’en avaient pas eu (n = 29) (p < 0,03) ; cependant,
il n’existait aucune différence en élévation entre les patients ayant
eu de la masso-kinésithérapie (n = 30) et ceux qui n’en avaient pas
eu (n = 9).
Le gain moyen d’amplitude en élévation active a été de
37,5 + 14,9 degrés et de 13,6 + 16,4 degrés en RE1. L’intensité
douloureuse a diminué en moyenne de 19,1 + 20 mm à l’EVA,
mais elle a progressé dans un cas (+ 15 mm). Le gain moyen des
aires fonctionnelles en ergothérapie a été de 5,4 points, ce qui cor-
respond à une progression moyenne de 19 % des scores.
La récupération dans l’élévation a été significativement rapide dès
la fin de la première semaine (tableau). Comparativement à l’admis-
sion, la récupération de la RE1 n’était significative qu’à partir de
la fin de la deuxième semaine (p < 0,02), puis entre la fin de la
troisième semaine et la fin de la deuxième semaine (p < 0,03).
Les valeurs initiales et l’amplitude de la récupération ne différaient
pas de façon significative entre les trois groupes étiologiques.
Parmi les 35 patients revus en consultations de révision, 17 étaient
initialement en arrêt de travail avant la prise en charge ; 7 avaient
pu reprendre une activité professionnelle, 2 avaient été mis au
chômage, 10 étaient toujours en arrêt de travail, 3 avaient pris leur
retraite. Tous les autres étaient inactifs (dont un en invalidité pour
lombalgies).
COMMENTAIRES
L’impact de la prise en charge rééducative est appréciable dans
notre étude au vu du gain de mobilité obtenu après la première
semaine. À ce stade, le gain de mobilité moyen en élévation était
prédictif de la récupération à la fin du programme.
Les arthrodistensions couplées aux infiltrations ont eu un impact
évident sur les phénomènes douloureux et, sans doute, sur la pour-
suite de la récupération d’amplitude.
Dans l’étude de Piotte (12),chez 15 patients ayant eu une capsu-
lite idiopathique et trois arthrodistensions à trois semaines d’écart
chacune, l’évolution a été plus efficace après les deux premières
arthrodistensions, mais l’a peu été après la troisième. Dans la série
de 60 patients ayant une capsulite primitive de Callinan (9),la récu-
pération d’amplitude a été de 28 ° en élévation et de 26 ° en rota-
tion externe, sans que soit observée de différence entre les patients
diabétiques et les autres, pas plus qu’en fonction de la durée
d’évolution, supérieure ou inférieure à six mois. Dans la série de
Rizk (13),l’amélioration des amplitudes a été comprise entre
49,4 % et 71,4 % à deux semaines, entre 55,9 % et 88,2 % à quatre
semaines et entre 63,7 % et 89,4 % à deux mois.
Nos résultats sont meilleurs que ceux de la série de 22 patients
de Vad (14) ; la récupération après une seule arthrodistension, suivie
de sept séances de rééducation réparties sur quatre semaines, a été
de 112,3° pour l’élévation contre 92° avant la prise en charge, et
de 31,3° pour la rotation externe contre 17,3° avant.
Globalement, la réponse au traitement peut être observée quelle
que soit la durée d’évolution. Cela est à souligner, car la majorité
des études publiées concernent des capsulites dont la durée d’évo-
lution est courte, en moyenne de six mois le plus souvent (15).
Dans la série de Bell de 109 patients ayant une capsulite primitive
ou associée à un diabète dans 15 cas, l’amplitude de l’élévation
La Lettre du Rhumatologue - n° 316 - novembre 2005
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Tableau. Protocole d’arthrodistension et rééducation des capsulites de l’épaule. Évolution des amplitudes articulaires et de la douleur.
Paramètres Admission Semaine 1 Semaine 2 Semaine 3 Semaine 4 Révision*
Élévation (degrés) 108 ± 16,9 133 ± 21 140 ± 19 144 ± 21 146 ± 17 148 ± 22
*** ***
RE1 (degrés) 26,7 ± 13,8 30,3 ± 16,1 33,3 ± 14,7 36,4 ± 16,9 41,1 ± 16,7 37,6 ± 20,2
**
EVA douleur (mm) 30,4 ± 24,3 21,8 ± 21,6 21,2 ± 20,7 14,4 ± 13,9 9,3 ± 11,3 8,3 ± 13,7
***
Aires fonctionnelles 31,4 ± 6,2 36,7 ± 6,2
Score/45
* 27 patients ; ** signification statistique par rapport à l’admission (p < 0,02) ; *** signification statistique par rapport à la semaine précédente (p < 0,001).