8 | La Lettre du Rhumatologue Suppl. au no 395 - octobre 2013
CAS CLINIQUE
Mots-clés
Capsulite de l’épaule en IRM
A. Cotten*, S. Jousse-Joulin**
* Service de radiologie et imagerie musculo-squelettique,
Centre de consultation et d’imagerie de l’appareil loco moteur,
CHRU de Lille.
** Service de rhumatologie, hôpital de la Cavale-Blanche,
CHU de Brest.
Mots-clés
IRM – Épaule – Capsulite rétractile
Observation
Une femme âgée de 47 ans, sans antécédent particulier, est adressée par son généraliste
pour une IRM de l’épaule gauche en raison de douleurs diurnes et nocturnes progressi-
vement croissantes et insomniantes depuis plus de 1 mois. Elle se plaint également d’un
enraidissement débutant de l’épaule. Les radiographies et le bilan biologique sont sans
particularités. En IRM, on observe un œdème sous-chondral focal de la tête humérale
et un épaississement discrètement hyperintense de la capsule du récessus axillaire en
pondération T2 (figure 1), ainsi qu’un épaississement du ligament coracohuméral et un
aspect infiltré et discrètement hyperintense en T2 du triangle graisseux sous-coracoïdien
(figures 2a et 2b). Après injection de gadolinium, on note un rehaussement intense
capsulosynovial et des tissus mous immédiatement adjacents (figures 3a et 3b). La
raideur articulaire de la patiente se majore de façon nette dans le mois qui suit l’examen.
Le diagnostic de capsulite rétractile suspecté en IRM est confirmé cliniquement. Le trai-
tement consiste en la prise d’AINS, d’antalgiques et en des infiltrations intra-articulaires
de corticoïdes afin de faciliter la kinésithérapie.
Discussion
Le diagnostic de capsulite rétractile repose sur les données cliniques mais, au début de
l’évolution, la symptomatologie peut être trompeuse, les douleurs prédominant sur
l’enraidissement. Des radiographies sont habituellement réalisées dans le but d’éliminer
d’autres causes d’épaule douloureuse et/ou enraidie (tendinose calcifiante, omarthrose,
arthrite, etc.). Elles sont le plus souvent normales ou révèlent parfois une hypertranspa-
rence osseuse hétérogène de la tête humérale, souvent à prédominance sous-chondrale.
Lorsqu’une IRM est demandée, la sémiologie, souvent discrète, peut être méconnue en
l’absence d’injection de gadolinium, ce qui est volontiers le cas lorsque le diagnostic
clinique n’est pas évoqué au début de l’évolution de l’affection. L’analyse IRM systé-
matique de certaines structures permet cependant volontiers d’évoquer le diagnostic.
On peut observer :
un épaississement capsulosynovial du récessus axillaire (> 3 ou 4 mm selon les
séries et pondérations), à rechercher sur les coupes frontales. Sa pertinence demeure
controversée en l’absence de distension articulaire (arthro-IRM) ;
un hypersignal T2 modéré de ce même récessus, à confronter à une autre structure
normalement hypo-intense en T2 (tendon bicipital, labrum, etc.). La présence d’anomalies
de signal de la graisse adjacente serait également évocatrice ;
un épaississement du ligament coracohuméral “trop bien visible” et une oblitéra-
tion partielle ou complète du triangle graisseux sous-coracoïdien, à rechercher sur les
coupes sagittales. Ce triangle est délimité en haut par le ligament coracohuméral, en
avant par le processus coracoïde et en arrière par la capsule articulaire de l’intervalle des
rotateurs. La pondération T1 est primordiale pour l’analyse de la graisse, les anomalies
étant souvent plus discrètes en T2 ;
des anomalies de signal non spécifiques de la moelle osseuse de la tête humérale,
souvent focales et à prédominance sous-chondrale ;
un rehaussement capsulosynovial glénohuméral volontiers intense après injection
de gadolinium (en particulier au début de l’évolution de la capsulite). Les tissus mous
adjacents, notamment en regard de l’intervalle des rotateurs et du récessus axillaire, se
rehaussent également volontiers. Cette sémiologie est particulièrement bien objectivée
lorsqu’une suppression du signal de la graisse est associée.
Le but de cette observation est d’insister sur certains signes IRM évocateurs de capsulite
rétractile à un stade précoce, dans le cadre d’un protocole IRM standard de l’épaule sans
injection de gadolinium.
Légendes
Figure 1.
Coupe frontale T2 Fat Sat : épais-
sissement discrètement hyperintense de la
capsule du récessus axillaire (flèche), probable
hypersignal de la graisse en regard et de celle
située en regard du labrum supérieur (flèche
blanche), œdème sous-chondral focal de la
tête humérale.
Figures 2. Coupes sagittales T1 (a) et T2
Fat Sat (b) : épaississement du ligament
coracohuméral (flèche) mieux visible en T1,
et infiltration hypo-intense en T1 et discrè-
tement hyperintense en T2 du triangle grais-
seux sous-coracoïdien (*). C : processus
coracoïde.
Figures 3. Coupes frontale (a) et sagit-
tale (b) T1 Fat Sat après injection de gado-
linium : rehaussement capsulosynovial et des
tissus mous adjacents intense.
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
1
2a
C *
2b
3b
3a
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