Dossier thématique
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007
La carcinogenèse serait liée à la formation, lors de la cuisson,
d’amines hétérocycliques (HAC) dont les métabolites actifs
pourraient se lier à l’ADN et être responsables de mutations.
Le PhIP (2-amino-1-méthyl-6-phénylimidazopyridine), la plus
abondante des HAC, agit à la fois comme initiateur et comme
promoteur de la carcinogenèse dans des modèles expérimen-
taux animaux.
BIOMARQUEURS DIAGNOSTIQUES SÉRIQUES
ÉMERGENTS : EPCA2, ISOFORMES DE PSA,
AUTOANTICORPS
(présentation de R. Getzenberg, Johns Hopkins, Baltimore)
Les deux principales limites du PSA dans le cancer de la pros-
tate tiennent à son absence de spécifi cité et à son inaptitude à
distinguer les formes agressives des formes ne menaçant pas le
pronostic vital, ce qui justifi e la recherche et le développement
de nouveaux marqueurs diagnostiques. À côté des isoformes du
PSA, du rapport du PSA libre sur PSA total et des profi ls d’auto-
anticorps récemment publiés (2), R. Getzenberg a surtout mis
en exergue le développement d’immuno-essais pour détecter
dans le sérum
EPCA-2, une protéine de la matrice nucléaire
associée au cancer de la prostate
(trois régions diff érentes
fi xant des anticorps).
Dans une étude menée chez plus de 400 sujets, celle-ci a été
retrouvée dans le sérum des patients avec cancer de la pros-
tate, excepté chez les survivants sans récidive, mais pas en cas
d’hypertrophie bénigne de la prostate, d’autres cancers ou de
pathologies bénignes, avec une sensibilité de 94 % et une spéci-
fi cité de 97 %.
Des taux élevés peuvent aussi être détectés en cas de taux
normaux de PSA et pourraient aider à distinguer des autres
tumeurs celles confi nées à la prostate.
Des études sont en cours concernant la poursuite des caracté-
ristiques dans le plasma, la cinétique, la vélocité, le temps de
doublement, la relation avec l’agressivité des cancers de la pros-
tate, notamment une étude concernant des tumeurs Gleason 8-
10 et une étude séparée des tumeurs Gleason 7 progressives et
non progressives.
PCA3 URINAIRE ET DIAGNOSTIC PRÉCOCE
(Marks LS, abstract 4)
De nombreux groupes s’intéressent à la recherche de marqueurs
urinaires. Le laboratoire de W. Isaacs a le premier identifi é la
présence d’ARN non codant (DD-3) comme marqueur du cancer
de la prostate dans les urines. Le test actuellement appliqué
utilise un ratio de niveau d’ARNm PCA-3/DD-3 sur le taux
d’ARNm de PSA.
L.S. Marks et al. (abstract 4) se sont intéressés à ce marqueur
PCA-3 (prostate cancer gene 3) dans les urines pour la détec-
tion d’un cancer de la prostate chez des patients avec biopsies
négatives dans une étude menée chez 233 patients présentant
un PSA supérieur ou égal à 2,5 ng/ml et au moins une série de
biopsies négatives. Les urines étaient collectées après toucher
rectal (3 “massages” par lobe) et les niveaux d’ARNm de PCA-3
étaient quantifi és selon une méthode d’amplifi cation générant
un score PCA-3. Soixante cancers ont été retrouvés sur des
biopsies répétées chez 226 patients (27 %).
En utilisant un cut off de 35 pour le score PCA-3, la sensibilité
était de 58 % et la spécifi cité de 72 %. Pour un score inférieur
à 5 seulement, il y avait uniquement 12 % de cancers, alors que,
pour un score supérieur à 100, il y en avait 50 %.
VÉLOCITÉ DU PSA POUR UN TAUX DE PSA
INFÉRIEUR À 4 NG/ML
(présentation de S. Loeb, Washington)
Pour un PSA supérieur à 4 ng/ml, le seuil d’augmentation de
la vélocité de 0,75 ng/ml est habituellement admis pour distin-
guer les patients ayant un cancer de la prostate de ceux dont
la pathologie est bénigne. Pour un PSA inférieur à 4 ng/ml,
les
données rapportées par S. Loeb
(abstract 2)
font recommander
un taux de 0,3 à 0,5 ng/ml/an.
INTÉRÊT DE LA RECHERCHE
DE CELLULES CIRCULANTES
ET DE MICROMÉTASTASES MÉDULLAIRES
(présentation de R.L. Vessella, University of Washington
Medical Center)
Les études sur les cellules circulantes périphériques (CTC) et
les micrométastases médullaires (DTC) se sont multipliées
ces dernières années, leur détection pouvant avoir un impact
prédictif et pronostique dans les tumeurs solides. Cependant,
leur présence n’est pas univoque, car il a été montré que toutes
les DTC ne se convertissent pas en métastases cliniques (condui-
sant au concept de cellules “dormantes”). Durant les années
1990, leur recherche se faisait à l’aide de marqueurs biolo giques
épithéliaux comme des cytokératines, EpCAM, human epithe-
lial antigen (HEA) ou des antigènes prostatiques tels le PSA
ou le PMSA. Les techniques de RT-PCR ont ensuite permis
de détecter la présence d’ARNm cibles spécifi ques. Mais, bien
qu’elles soient très sensibles, les problèmes de standardisation
ont rendu les comparaisons diffi ciles entre les études. Les CTC
et DTC peuvent ainsi être détectées dans 25 à 80 % des cas au
moment du diagnostic.
De nouvelles techniques ont récemment émergé, faisant appel
à des billes magnétiques couvertes d’anticorps avec des tech-
niques d’enrichissement et des détections par système auto-
matique (CellSearch
™
).
Des études ont montré que la présence
de plus de 5 CTC constituait un critère de mauvais pronostic en
termes de survie et que si, sous traitement, le nombre chutait en
dessous de 5, la réponse clinique apparaissait meilleure.
Dans les cancers de la prostate, les données publiées par J.G. Mo-
reno en 2005 (3) vont dans le même sens.