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MÉDIATEUR DE LA RÉPUBLIQUERAPPORT ANNUEL 2007
des droits humains, conséquence d’une évolution
vers un ombudsman à la française, à l’instar de la
situation qui prévaut dans les pays comparables.
L’un des grands enjeux des années à venir sera
le rétablissement d’un « bien vivre ensemble »
dans nos sociétés. Nos partenaires, tout comme
nos délégués dont le réseau couvre l’ensemble
du territoire, sont au cœur des conflits indivi-
duels et publics. Acteurs et observateurs pri-
vilégiés du terrain, ils constatent les effets des
poli tiques publiques, ils peuvent identifier les
problèmes, suggérer des réformes. C’est grâce à
eux et à ce travail d’observation que le Médiateur-
ombudsman peut jouer ce rôle essentiel, j’en
suis convaincu, qui est celui d’aider le politique à
poser les bonnes questions : Pourquoi engager
des dépenses considérables dans la répression
et la détention si celle-ci ne conduit pas à la réin-
sertion ? Pourquoi dépenser des milliards d’euros
dans l’assistance quand cela revient à maintenir
des situations de dépendance sociale contraires
à la dignité ? Peut-on vraiment développer une
conscience politique respectueuse de l’environne-
ment tout en ignorant cette dimension essentielle
qu’est la dimension humaine ? Quand l’Homme
n’est plus la « seule querelle qui vaille », quand
cette préoccupation n’est plus au centre des poli-
tiques publiques, alors la violence et la contes-
tation de toute loi et de toute règle collective ris-
quent de l’emporter sur le contrat social.
Pour être respectée, l’autorité doit être respec-
table. Or, certains dysfonctionnements du service
public deviennent intolérables quand ce sont les
plus fragiles de nos concitoyens qui les subissent.
L’évaluation des politiques publiques se fait trop
souvent sur les seuls critères budgétaires et éco-
nomiques. Rarement sur des critères qualitatifs.
Rarement sur leurs effets sur les comportements
de nos concitoyens. Rarement sur le sentiment
d’injustice ressenti à tort ou à raison et qui est
créateur de violences.
Pourtant, les services publics ont fait des efforts
considérables d’adaptation et d’amélioration qu’il
faut saluer. En développant une stratégie quali-
tative de service et de proximité, l’administration
fiscale a su par exemple diminuer de manière
exemplaire ses contentieux. Car la première
mesure à prendre pour éviter la contestation
d’une décision administrative est… de l’expliquer.
De nombreux contentieux seraient évités si l’on
prenait le temps d’expliquer la décision. Il faut
d’abord faire en sorte qu’elle soit comprise ; elle
pourra alors être discutée sur le fond, pas sur
sa légitimité. La crédibilité des administrations,
comme d’ailleurs de toute autorité, repose donc
sur la qualité irréprochable de ses décisions et
sur leur respect des textes.
La décision doit être exemplaire, son application
aussi. On ne peut demander à celui qui subit la
décision des exigences que l’on ne s’impose pas
à soi-même. Quand l’administration impose un
délai de réponse à un administré et qu’elle prend
dix fois plus de temps pour apporter sa propre
réponse, elle n’est pas exemplaire. La façon qu’ont
certaines administrations de recruter et de payer
leurs contractuels ou stagiaires n’est en aucune
façon exemplaire. Pas une entreprise en France
n’échapperait à la condamnation si elle adoptait
les mêmes pratiques ! Cette vertu de l’exempla-
rité est la condition sine qua non pour rapprocher
l’administration et l’administré. Par ses observa-
tions, ses recommandations, ses analyses, l’om-
budsman à la française a vocation à trouver cet
équilibre entre le respect et la compréhension
de la loi. Au-delà de l’excellence administrative, il
contribue à la défense de la dignité et du respect
de la personne humaine, qui doit être au cœur de
toute politique publique. K