DIAPOSITIVES COMMENTÉES EN LIGNE R ev u e de presse Rendez-vous sur edimark.fr et retrouvez les diapositives de synthèse des articles résumés Nouveau : téléchargez soit le diaporama complet soit le diaporama par article PROSTATE » Baisse spectaculaire de la mortalité de 42 % aux États-Unis depuis 1991 » Étude de phase II : cabozantinib dans le cancer de la prostate avancé » Étude ARTS : rising PSA après traitement radical, un traitement par dutastéride retarde la progression biologique » L’augmentation des prélèvements n’est pas la solution… REIN » C-MET, marqueur pronostique et cible thérapeutique potentielle dans les cancers du rein papillaires mais aussi dans ceux à cellules claires » Étude de phase II évaluant le forétinib, double inhibiteur de MET et du VEGFR-2, dans les cancers papillaires du rein » Sur quoi se fonde l’utilisation des anticorps antiPD-L1 dans le traitement des cancers de stade avancé ? TESTIS » Amélioration de la survie dans le cancer du testicule aux États-Unis et en Europe chez les sujets plus âgés VESSIE » L’exposition au tabac au moment de la cystectomie totale pourrait avoir un effet dose-dépendant sur la rechute, la survie spécifique et la mortalité globale ET AUSSI… » Cisplatine et thrombose veineuse » Comment publier un article dans le New England Journal of Medicine avec une idée simple et pratique ! 8 Coordination : Philippe Beuzeboc et Stéphane Oudard (Paris) PROSTATE Baisse spectaculaire de la mortalité de 42 % aux États-Unis depuis 1991 Entre 1991 et 2005, la mortalité due au cancer de la prostate aux États-Unis a baissé de 42 %, passant de 103 à 60 décès pour 100 000 hommes âgés de 50 à 84 ans. Les données concernant les traitements primaires ont été tirées des registres SEER (Surveillance, Epidemiology and End Results), celles sur la fréquence de l’hormonothérapie ont été obtenues à partir des bases de données de CaPSURE (Cancer of the Prostate Strategic Urologic Research Endeavor). Cette remarquable “success story” (comme il est dit dans l’article) coïncide avec la pratique du dosage du taux de PSA (qui a débuté aux alentours de 1987). Il faut aussi relever que l’utilisation de l’hormonothérapie a augmenté parallèlement de façon importante depuis les années 1990. Il faut chercher l’explication de cette baisse majeure de la mortalité dans le dépistage individuel et le traitement précoce, ainsi que dans l’amélioration de la prise en charge globale des récidives et des progressions. Selon les modèles, la prostatectomie expliquerait 11 à 14 % de cette baisse, la radiothérapie, 9 à 16 % et l’hormonothérapie, 1 à 3 %. Commentaire. Le traitement primaire pourrait expliquer environ un tiers de la différence entre la mortalité observée et la mortalité attendue. Les résultats de l’étude randomisée suédoise (1) comparant prostatectomie et surveillance (watchful waiting) ont montré une réduction du risque de mortalité de 38 %. À 15 ans (2), le risque absolu de décès était de 6,1 % (17 patients randomisés dans le bras prostatectomie radicale pour éviter un décès). Le rôle du dépistage individuel par le PSA dans la baisse de la mortalité n’a jamais été déterminé de façon formelle. Le CISNET (Cancer Intervention and Surveillance Modeling Network) l’estimerait entre 45 et 70 %. Rappelons que l’étude ERSPC a montré initialement une réduction du risque de mortalité à 9 ans de 20 % (3). Dans le sous-groupe suédois de Göteborg, avec un recul de 14 ans, la réduction du risque était de 44 % (4). L’importance du rôle des traitements hormonaux néo-adjuvants et adjuvants ainsi que ceux des récidives est plus difficile à quantifier. À qui profite cette réduction de la mortalité ? Selon les analyses récentes (5), essentiellement à la tranche d’âge des plus de 75 ans. Elle ne concerne presque pas les sujets jeunes (40-64 ans). P. Beuzeboc, Paris • Etzioni R, Gulati R, Tsodikov A et al. The prostate cancer conundrum revisited: treatment changes and prostate cancer mortality declines. Cancer 2012;118(23):5955-63. 1. Bill-Axelson A, Holmberg L, Ruutu M et al. Radical prostatectomy versus watchful waiting in early prostate cancer. N Engl J Med 2011;364(18): 1708-17. 2. Holmberg L, Bill-Axelson A, Steineck G et al. Results from the Scandinavian prostate cancer group trial number 4: a randomized controlled trial of radical prostatectomy versus watchful waiting. J Natl Cancer Inst Monogr 2012;2012(45):230-3. 3. Schröder FH, Hugosson J, Roobol MJ et al.; ERSPC Investigators. Prostatecancer mortality at 11 years of follow-up. N Engl J Med 2012;366(11):981-90. 4. Hugosson J, Carlsson S, Aus G et al. Mortality results from the Göteborg randomised population-based prostate-cancer screening trial. Lancet Oncol 2010;11(8):725-32. 5. Neppl-Huber C, Zappa M, Coebergh JW et al.; EUNICE Survival Working Group. Changes in incidence, survival and mortality of prostate cancer in Europe and the United States in the PSA era: additional diagnoses and avoided deaths. Ann Oncol 2012;23(5):1325-34. Étude de phase II : cabozantinib dans le cancer de la prostate avancé Les récepteurs de c-MET et leurs ligands HGF (Hepatocyte Growth Factor), ainsi que le VEGF, semblent jouer un rôle important dans la progression et le potentiel métastatique du cancer de la prostate. HGF et c-METR sont exprimés dans les ostéoblastes et les ostéoclastes et permettent une activation auto- ou paracrine des métastases osseuses. Le cabozantinib est un inhibiteur de tyrosine kinase qui inhibe conjointement VEGFR-2 et c-METR. Dans les études de phase I, son action a été démontrée dans un grand nombre de tumeurs, dont le cancer de la prostate. Cet article a évalué les patients stabilisés à la semaine 12 par le cabozantinib ; ils ont été randomisés entre poursuite du traitement et placebo. Le cabozantinib était administré à la dose de 100 mg/j en continu. L’objectif principal était la survie sans progression (SSP) à 12 semaines. Au total, 171 patients ont été traités avec le cabozantinib ; 72 % ont présenté une régression tumorale (RECIST 1.0). Parmi les patients évaluables, 68 % ont eu une amélioration à la scintigraphie osseuse (dont 12 % ont présenté une réponse complète osseuse). Le taux de réponse initiale à 12 semaines est de 5 %, avec 75 % de patients stables sur le plan radiologique. Trente et un patients ont été randomisés dans la phase de traitement discontinu ou non. La SSP médiane est de 23,9 semaines (IC95 : 10,7-62,4) avec le cabozantinib et de 5,9 semaines (IC95 : 5,4-6,6) avec le placebo. Les marqueurs de formation (PAL) ou de résorption osseuse (CTx) sont améliorés de plus de 50 % chez 57 % des patients. Le PSA n’est pas un bon marqueur d’activité de cette molécule. Il n’a pas été observé de modification substantielle du taux de PSA avec le cabozantinib. Sur le plan des symptômes, Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013 Revue de presse les douleurs osseuses sont améliorées chez 67 % des patients. Les principales toxicités sont la fatigue (16 %), l’hypertension (12 %) et le syndrome mains-pieds (8 %). Commentaire. Les os sont le site principal des métastases du cancer de la prostate. Pour la première fois, cette molécule entraîne une rémission complète des lésions osseuses, avec des normalisations spectaculaires de celles-ci à la scintigraphie osseuse. Il ne s’agit pour l’instant que d’un faible effectif, qui nécessite d’être confirmé par 2 larges études internationales − COMET-1 et COMET-2 − qui comparent le cabozantinib à un placebo et à la mitoxantrone. Une adaptation de la dose est également à prévoir pour cette population âgée qui présente des comorbidités. S. Oudard, Paris • Smith DC, Smith MR, Sweeney C et al. Cabozantinib in patients with advanced prostate cancer: results of a phase II randomized discontinuation trial. J Clin Oncol 2013;31(4):412-9. Étude ARTS : rising PSA après traitement radical, un traitement par dutastéride retarde la progression biologique Une élévation du taux de PSA après traitement radical (rising PSA) traduit une rechute précédant de plusieurs années la récidive clinique. La prise en charge de cette phase de la maladie est controversée. Les recommandations de l’European Association of Urology (EAU) préconisent une simple surveillance (watchful waiting). Cette étude internationale randomisée a comparé, sur une durée de 2 ans, le dutastéride (un inhibiteur de la 5-α-réductase) 0,5 mg/j à un placebo. Elle a inclus 294 patients provenant de 64 centres de 9 pays européens. Le critère de jugement principal était le temps jusqu’à doublement du taux de PSA (PSADT) à partir de la randomisation. Les critères secondaires étaient le temps jusqu’à progression (défini par soit un PSADT ≤ 3 mois, soit un PSA ≥ 20 ng/ml après radiothérapie, soit un PSA ≥ 10 ng/ml après prostatectomie radicale suivie ou non d’une radiothérapie) et la proportion de patients en progression. Cent quatre-vingt-sept patients (64 %) sont allés au bout des 24 mois de traitement, et 107 l’ont arrêté prématurément (71 dans le bras placebo, 36 dans le bras dutastéride). Les résultats montrent que, sur 2 ans, le dutastéride réduit significativement le délai jusqu’au doublement du taux de PSA (réduction du risque relatif de 66,1 % [IC95 : 50,4-76,9 ; p < 0,001]), mais également la progression de la maladie (réduction du risque relatif de 59 % [IC95 : 32,5-75,1 ; p < 0,001]). L’incidence de la progression est de 17 % dans le bras dutastéride et de 34 % dans le bras placebo. Commentaire. La critique principale concerne la pertinence du critère de jugement principal par rapport à une récidive clinique confirmée. Néanmoins, les variations du PSADT pourraient représenter un critère plus sensible que la réponse PSA classique. Après une prostatectomie, une médiane de PSADT inférieure à 10 mois est le facteur le plus pertinent pour prédire une maladie métastatique. Il en est de même après une radiothérapie… Les options thérapeutiques à ce stade de la maladie, qui retardent la progression biologique avec peu d’effets indésirables, sont à prendre en considération. Cependant, des données mesurant l’effet à long terme du dutastéride sont nécessaires avant d’en faire un standard. P. Beuzeboc, Paris • Schröder F, Bangma C, Angulo JC et al. Dutasteride treatment over 2 years delays prostate-specific antigen progression in patients with biochemical failure after radical therapy for prostate cancer: results from the randomised, placebocontrolled Avodart after Radical Therapy for prostate cancer Study (ARTS). Eur Urol 2012 (Epub ahead of print). L’augmentation des prélèvements n’est pas la solution… Il ne s’agit pas de la conclusion du rapport annuel de la Cour des comptes, mais de la conclusion d’une étude sur la ponction biopsie de prostate (PBP) [1]. Lors d’une première PBP, le praticien cherche à mettre en évidence et à caractériser le cancer de la prostate qu’il suspecte. À cette fin, le nombre de prélèvements effectués en pratique courante est passé de 6 à 12. En 2006, une revue Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013 systématique des données de la littérature, totalisant 20 698 patients, a déterminé que le schéma optimal devait comprendre 12 prélèvements. Une étude multicentrique française rapporte la comparaison des résultats de PBP comprenant 20 prélèvements au lieu des 12 habituels dans le cadre du diagnostic du cancer de la prostate a priori localisé. Entre décembre 2009 et novembre 2011, les patients candidats à une première PBP ont été inclus dans une étude randomisée de supériorité. Les critères d’inclusion étaient un taux de PSA inférieur à 20 ng/ml et l’absence de nodule prostatique au toucher rectal (stade T1c ou, éventuellement, T2a). L’objectif primaire était le taux de détection ; l’étude était conçue pour mettre en évidence un taux de détection d’au moins 55 % avec 20 prélèvements, versus 40 % avec 12 prélèvements, avec une puissance et un risque α de 80 et 5 % respectivement, soit un nombre de patients à inclure de 338. Les objectifs secondaires de l’étude étaient les caractéristiques du cancer et la tolérance rapportée par le patient au moyen du questionnaire IPSS et d’un questionnaire de qualité de vie portant sur la survenue de fièvre, d’hématurie, d’hémospermie et de rectorragie. Point essentiel de l’étude, la cartographie des prélèvements est rapportée dans la figure 1 (p. 10). Trois cent trente-neuf patients ont été inclus, mais seuls 335 étaient analysables. Les 2 groupes étaient comparables en termes d’âge, de taux de PSA, de volume prostatique, de densité du PSA, de score IPSS et de qualité de vie avant la PBP. Le taux de détection du cancer est de 48,8 % dans le groupe à 20 prélèvements et de 42 % dans celui à 12 prélèvements, ce qui ne correspond pas à une différence significative (p > 0,20). Le score de Gleason des cancers diagnostiqués n’est pas différent. De même, le nombre de prélèvements positifs (c’est-àdire mettant en évidence du tissu cancéreux) et la longueur de tissu cancéreux visualisé sur les prélèvements ne sont pas différents dans les 2 bras de l’étude. Concernant la tolérance, les patients du groupe à 20 prélèvements ont plus fréquemment rapporté des douleurs ou un inconfort 5 jours après 9 R ev u e la PBP (17,6 % versus 9,5 % [p = 0,043]). En revanche, les taux de complications infectieuses et hémorragiques sont similaires. Les auteurs concluent qu’il n’y a pas d’avantage significatif à utiliser un protocole de PBP à 20 prélèvements par rapport au protocole à 12 prélèvements. Commentaire. L’augmentation du nombre de prélèvements est a priori le moyen le plus simple d’échantillonner de façon plus précise le tissus prostatique afin de ne pas méconnaître un nodule cancéreux. La contrepartie de cette augmentation est la réduction de la tolérance de la PBP, qui peut dans certains cas justifier une anesthésie générale du patient, et l’augmentation des complications précoces (infection, hémor- de ragie, douleur) et tardives (fibrose rendant plus difficile la dissection prostatique en cas de prostatectomie). À cette problématique de base s’ajoute celle du risque de surdiagnostic : les cancers diagnostiqués lorsque le nombre de prélèvements est supérieur ne sont-ils pas plus fréquemment des cancers indolents ? Dans cette étude, le score de Gleason et la longueur de tissu cancéreux sur les prélèvements étaient comparables dans les 2 groupes. situations. Cependant, ce guidage nécessite une reconstruction mentale du volume prostatique par l’opérateur afin de prélever le tissu conformément au schéma prévu. M. Han et al. ont récemment montré que la PBP échoguidée “manuelle” ne respectait pas le schéma biopsique (2). Ces auteurs ont comparé la localisation dans l’espace des prélèvements effectués par un urologue à ceux effectués par un robot, et le résultat est sans appel (figure 2). Une troisième problématique vient compliquer la question et n’a pas été prise en compte dans cette étude : la réalité du respect de la cartographie. Effectivement, les biopsies ont été pratiquées sous guidage échographique, comme c’est le cas dans la quasi-totalité des La nécessité de définir des critères de sécurité pour la sélection des patients candidats à la surveillance active impose de parler un langage commun en termes de quantité de tissus cancéreux. Le criblage prostatique peut certainement être davantage amélioré par un guidage plus performant que par une augmentation du nombre de prélèvements. Le qualitatif plutôt que le quantitatif… 12 prélèvements SV SV BASE BC LP 20 prélèvements SV BP LC AP BC BP LC LP AP AC AC presse LOBE Y. Neuzillet, Suresnes SV BP LP BC BC LC LC LC LC LC LC LP LP AP APEX AC AC AP BP LP LP LP BASE LOBE APEX REIN Figure 1. Cartographie des prélèvements biopsiques prostatiques selon le protocole à 12 ou 20 prélèvements. A B Figure 2. Localisation des prélèvements (en vert) effectués dans la prostate (en rouge) par un urologue (A) et par un robot (B). 10 1. Irani J, Blanchet P, Salomon L et al. Is an extended 20-core prostate biopsy protocol more efficient than the standard 12-core? A randomized multicenter trial. J Urol 2013 (Epub ahead of print). 2. Han M, Chang D, Kim C et al. Geometric evaluation of systematic transrectal ultrasound guided prostate biopsy. J Urol 2012;188(6):2404-9. C-MET : marqueur pronostique et cible thérapeutique potentielle dans les cancers du rein papillaires mais aussi dans ceux à cellules claires C-MET est un proto-oncogène qui code un récepteur à tyrosine kinase impliqué dans la croissance et la différenciation cellulaire, ainsi que dans la néovascularisation et la réparation des tissus. Une dérégulation de c-MET et de son ligand, l’HGF (Hepatocyte Growth Factor), a été impliquée dans de nombreuses tumeurs. Une activation directe de c-MET à travers des mutations du gène c-MET a été identifiée dans les cancers papillaires à la fois héréditaires et sporadiques. Son rôle dans les carcinomes du rein à cellules claires est moins connu. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013 Revue de presse In vitro, la perte de l’expression de VHL (von Hippel-Lindau) et l’hypoxie conduisent à une up-regulation de c-MET dans les carcinomes à cellules claires. Cette étude fondamentale américaine (1) a retrouvé une expression de c-MET, dans tous les sous-groupes de patients atteints d’un cancer du rein, plus importante que dans des groupes dont le tissu rénal était normal. L’expression la plus élevée a été retrouvée dans les carcinomes papillaires et sarcomatoïdes ainsi que dans les tumeurs de plus hauts grades et stades. Elle est significativement corrélée à une mauvaise survie spécifique (RR = 1,36 ; IC95 : 1,08-1,74 ; p = 0,009) et apparaît comme un facteur prédictif indépendant de la survie. Commentaire. De multiples thérapeutiques ciblant c-MET/HGF sont en cours d’évaluation clinique. Une activité très modeste a été rapportée avec un anticorps anti-HGF, l’AMG 102 (2). Le cabozantinib (XL184), qui est un inhibiteur à la fois de c-MET et de VEGFR-2, a montré en revanche des résultats très prometteurs dans une étude de phase II randomisée, avec 26 % de réponses objectives (RECIST) et, surtout, un certain degré de régression obtenu chez 86 % des patients par rapport à l’état basal (3). Une étude avec le forétinib (GSK1363089, XL880) − un double inhibiteur de c-MET et de VEGFR-2 − a montré une activité chez les patients atteints d’un cancer papillaire présentant soit des mutations, soit des amplifications de c-MET (4). Il faut signaler que le tivantinib (ARQ 197), un nouvel inhibiteur de c-MET, est actuellement en cours de développement clinique (5). P. Beuzeboc, Paris 1. Gibney GT, Aziz SA, Camp RL et al. c-Met is a prognostic marker and potential therapeutic target in clear cell renal cell carcinoma. Ann Oncol 2013;24(2):343-9. 2. Schöffski P, Garcia JA, Stadler WM et al. A phase II study of the efficacy and safety of AMG 102 in patients with meta static renal cell carcinoma. BJU Int 2011;108(5): 679-86. 3. Choueiri TK, Pal SK, McDermott DF et al. Activity of cabozantinib (XL184) in patients with metastatic, refractory renal cell carcinoma. J Clin Oncol 2012;(Suppl. 5): abstr. 364. 4. Choueiri TK, Vaishampayan UN, Rosenberg JE et al. A phase II and biomarker study (MET111644) of the dual Met/VEGFR-2 inhibitor foretinib in patients with sporadic and hereditary papillary renal cell carcinoma: final efficacy, safety, and PD results. J Clin Oncol 2012;(Suppl. 5): abstr. 355. 5. Rosen LS, Senzer N, Mekhail T et al. A phase I doseescalation study of tivantinib (ARQ 197) in adult patients with metastatic solid tumors. Clin Cancer Res 2011;17(24): 7754-64. Étude de phase II évaluant le forétinib, double inhibiteur de MET et du VEGFR-2, dans les cancers papillaires du rein Les carcinomes papillaires représentent 10 à 15 % des carcinomes du rein (types 1 et 2). Ils sont caractérisés par des mutations activatrices du proto-oncogène de MET, codant le récepteur tyrosine kinase de HGF. Le forétinib est un nouvel inhibiteur de c-MET, du VEGFR, de RON, d’AXL, et de TIE-2R, en développement dans le cancer du rein métastatique. Le critère principal de cette étude était l’évaluation de la tolérance dans les 2 cohortes de patients avec différentes doses et différents rythmes d’administration : ✓ premier groupe : 240 mg/j du premier au cinquième jour d’un cycle de 14 jours ; ✓ deuxième groupe : 80 mg/j de manière continue. Les patients étaient atteints d’un cancer du rein papillaire localement avancé, bilatéral, multifocal ou métastatique, sporadique ou héréditaire connu, et n’avaient pas reçu plus de 1 traitement systémique au préalable. Un bilan radiologique était réalisé toutes les 8 semaines, et les critères RECIST 1.0 étaient utilisés pour évaluer l’efficacité. Le taux de réponse objective est de 13,5 % (IC95 : 6,7-23,5), le taux de SD est de 88 % (IC95 : 78-94), 69 % (IC95 : 57-79) à 3 mois et 42 % (IC95 : 31-54) à 6 mois. La durée de réponse objective moyenne est de 18,5 mois, celle de la SD, de 9,7 mois. La concentration plasmatique en forétinib ne semble pas être un critère prédictif de réponse. La survie sans progression (SSP) moyenne est de 9,3 mois (IC95 : 6,9-12,9) ; elle est légèrement plus longue dans le groupe avec administration intermittente que dans le groupe avec administration continue (11,6 mois versus 9,1 mois). La toxicité est celle des ITK, avec une hypertension artérielle plus fréquente dans le schéma continu et des troubles gastro-intestinaux plus fréquents avec le schéma intermittent. Un événement indésirable notable a été rapporté : 11 % d’embolies pulmonaires, dont aucune n’a été fatale. La présence d’une mutation germinale de MET était prédictive d’une réponse. Cinq patients Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013 sur 10 (50 %) avaient une RP. Les 5 autres avaient une SD, dont 4 avec une diminution de taille entre 10 et 20 %. A contrario, seuls 9 % des sujets (5 patients sur 57) sans mutation germinale de MET ont eu une réponse thérapeutique. Commentaire. Bien que le critère principal n’ait pas été atteint (taux de réponse de 13,5 % par rapport à l’hypothèse statistique de 25 %), le forétinib semble être une molécule intéressante dans le cancer du rein et notamment dans les tumeurs de type papillaire. Les embolies pulmonaires rapportées (11 %) dans cette étude, 4,6 % cumulées sur les 368 patients traités avec cette molécule, nécessitent d’être prudents chez les sujets à haut risque thromboembolique. S. Oudard, Paris • Choueiri TK, Vaishampayan UN, Rosenberg JE et al. A phase II and biomarker study (MET111644) of the dual Met/VEGFR-2 inhibitor foretinib in patients with sporadic and hereditary papillary renal cell carcinoma: final efficacy, safety, and PD results. J Clin Oncol 2012;(Suppl. 5): abstr. 355. Sur quoi se fonde l’utilisation des anticorps anti-PD-L1 dans le traitement des cancers de stade avancé ? Un des mécanismes d’échappement des tumeurs solides à la réponse antitumorale de l’organisme est l’expression, par la tumeur et son microenvironnement, de ligands PD-L1, spécifiques du récepteur PD-1 (Programmed-cell Death protein 1). PD-1 est exprimé à la surface des lymphocytes T et inhibe la réponse immunologique antitumorale. L’interaction du récepteur et de son ligand inhibe la production de cytokines et limite l’activité cytolytique des lymphocytes T CD8+. Le blocage par l’anticorps monoclonal anti-PD-L1 de la voie PD-1-PD-L1 ouvre des perspectives thérapeutiques, objectivées par un essai de phase I multicentrique. Sur 160 patients éligibles ayant une réponse antitumorale évaluable selon les critères RECIST, en progression après plusieurs lignes de traitement pour une maladie avancée ou métastatique, les taux de réponse objective, définie par une réponse partielle ou 11 R ev u e complète à l’imagerie, étaient les suivants : 9 mélanomes sur 52, 5 cancers bronchiques non à petites cellules sur 49, 1 cancer ovarien sur 17 et 2 cancers du rein sur 17. Dans cette population, une stabilisation de la maladie à 24 semaines a été observée chez 41 % des patients dans le groupe cancer du rein, 27 % dans le groupe mélanome et 12 % dans le groupe cancer ovarien. Le traitement a été administré à 207 patients. L’escalade de dose suivait la séquence 0,3, 1, 3 puis 10 mg/kg. Le taux d’événements indésirables (toutes doses confondues) spécifiquement liés à la nature immunologique de l’anticorps était de 39 %, dont 10 % de grade 3-4. Commentaire. Les cancers gastriques et les cancers du sein, bien que traités et inclus dans l’analyse de sûreté, n’ont pas fait l’objet d’une analyse d’efficacité, car la réponse tumorale n’était pas objectivable selon les critères RECIST. Aucune réponse objective n’a été montrée pour les groupes cancer du pancréas et cancer colorectal. L’essai entérine la voie PD-1/PD-L1 comme cible potentielle antitumorale et valide les modèles expérimentaux d’échappement tumoral, déjà connus par les antagonistes anti-CTLA 4 (ipilimumab). Il reste à définir les doses thérapeutiques et les profils des patients bon répondeurs et à caractériser le spectre tumoral de sensibilité. G. Marret, Paris • Brahmer JR, Tykodi SS, Chow LQ et al. Safety and activity of anti-PD-L1 antibody in patients with advanced cancer. N Engl J Med 2012;366(26):2455-65. de presse des cancers du testicule. Pour la période allant de 1988 à 2001, les survies à 5 ans des patients atteints de séminomes ou de tumeurs germinales non séminomateuses (TGNS) étaient respectivement de 98 et 93 %. Les données étaient identiques aux Pays-Bas pour la même période. En revanche, le pronostic des sujets de plus de 50 ans était moins favorable. Ces données, obtenues à partir de 12 registres européens de l’EUNICE Survival Working Group (n = 15 559) et du SEER (n = 14 435) aux États-Unis et concernant des patients souffrant d’un séminome ou d’une tumeur non séminomateuse, montrent − entre 1993 et 1997 et entre 2003 et 2007 − une amélioration des résultats chez les patients plus âgés. Tableau. Survie relative à 5 ans des patients atteints de cancer du testicule en fonction de l’âge dans les registres EUNICE et SEER (d’après Verhoeven RH et al. Ann Oncol 2013;24[2]:508-13). Âge EUNICE n SEER 9 PE SE n PE SE 15-19 143 96,2 1,6 177 94,0 1,9 20-24 518 96,0 0,9 493 96,3 0,9 25-29 789 96,0 0,7 683 97,2 0,7 30-34 853 95,8 0,7 718 96,4 0,8 35-39 796 97,5 0,6 605 97,0 0,8 40-44 576 97,1 0,8 513 98,1 0,8 45-49 343 93,1 1,6 341 95,7 1,4 50-54 209 96,1 1,7 198 97,4 1,5 55-64 195 93,2 2,4 143 89,8 2,9 65-84 120 72,3 5,4 62 82,6 7,0 Total 4 542 95,7 0,4 3 933 96,6 0,4 PE : point estimé ; SE : erreur standard. TESTIS Amélioration de la survie dans le cancer du testicule aux États-Unis et en Europe chez les sujets plus âgés La majorité des patients atteints d’un cancer du testicule sont âgés de 15 à 44 ans, 18 % ont plus de 45 ans et seuls 7 % ont plus de 55 ans lors du diagnostic. Chez les sujets de plus de 40 ans, les séminomes purs représentent la vaste majorité 12 Commentaire. Pour les années 2005 à 2007, la survie à 5 ans des patients atteints de séminomes était d’au moins 98 % pour les patients âgés de moins de 50 ans, celle des patients avec TGNS étant inférieure de 3 à 8 %. En dépit d’une amélioration relative de 13 à 18 %, la survie des patients de plus de 50 ans atteints de TGNS reste toujours inférieure à celle des patients du même âge atteints de séminomes, comme le montre le tableau. P. Beuzeboc, Paris • Verhoeven RH, Gondos A, Janssen-Heijnen ML et al.; EUNICE Survival Working Group. Testicular cancer in Europe and the USA: survival still rising among older patients. Ann Oncol 2013;24(2):508-13. VESSIE L’exposition au tabac au moment de la cystectomie totale pourrait avoir un effet dose-dépendant sur la rechute, la survie spécifique et la mortalité globale Une étude rétrospective multicentrique (1) s’est proposé d’étudier, sur 1 506 patients, l’association entre le tabagisme (statut de fumeur, exposition cumulée, temps depuis un éventuel sevrage tabagique) évalué au moment de la chirurgie et les caractéristiques clinicopathologiques de ces patients, qui avaient bénéficié d’une cystectomie totale : stade, rechute, survie spécifique, survie globale. Les temps d’exposition et la dose ont été séparés en 4 catégories : ✓ moins de 20 cigarettes/j et moins de 20 ans ; ✓ moins de 20 cigarettes/j et plus de 20 ans ; ✓ plus de 20 cigarettes/j et moins de 20 ans ; ✓ plus de 20 cigarettes/j et plus de 20 ans. Il n’y a pas de différence histologique entre les différentes catégories de fumeurs. En revanche, en analyse multivariée, le temps d’exposition et la dose cumulée de tabac sont directement associés au stade de la maladie. De même, pour un suivi médian de 34,3 mois, le statut de fumeur est associé à un risque cumulé de rechute (p = 0,004), avec un risque relatif de 1,47 (1,12-1,49) chez les tabagiques non sevrés par rapport aux non-fumeurs. Les patients sevrés depuis au moins 10 ans ont une diminution du risque de rechute (OR = 0,44 ; IC 95 : 0,31-0,62), de la mortalité spécifique (OR = 0,42 ; IC95 : 0,29-0,63) et de la mortalité globale (OR = 0,69 ; IC95 : 0,52-0,91). Un effet doseréponse a été montré entre les différentes catégories de fumeurs, d’une part, et la rechute, la survie spécifique et la survie globale, d’autre part (p ≤ 0,004). Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013 Revue de presse Commentaire. Si la durée d’exposition au tabac avait déjà été associée au grade et au stade des tumeurs urothéliales (2), cette étude est la première à démontrer qu’il existe un effet-dose. Ainsi, au stade d’une tumeur urothéliale relevant d’un traitement curatif, il n’est jamais trop tard pour encourager nos patients à arrêter le tabac le plus tôt possible ou, à défaut, à diminuer leur consommation. Un rationnel moléculaire sous-tend ces données : l’exposition chronique aux carcinogènes du tabac induit l’accumulation d’anomalies génétiques et épigénétiques, rendant la tumeur plus complexe, si bien qu’elle affaiblit la réponse immunitaire antitumorale. G. Roubaud, Bordeaux 1. Rink M, Zabor EC, Furberg H et al. Impact of smoking and smoking cessation on outcomes in bladder cancer patients treated with radical cystectomy. Eur Urol 2012 (Epub ahead of print). 2. Thompson IM, Peek M, Rodriguez FR. The impact of cigarette smoking on stage, grade and number of recurrences of transitional cell carcinoma of the bladder. J Urol 1987;137(3):401-3. ET AUSSI… Cisplatine et thrombose veineuse Plusieurs études ont suggéré que le cisplatine pouvait entraîner une augmentation du risque thromboembolique. Mais ce risque est mal défini (1, 2). S. Seng et al. (3) ont fait une revue générale systématique, complétée d’une méta-analyse, d’essais randomisés comparant une chimiothérapie avec et sans cisplatine, évaluant l’incidence et le risque de thrombose veineuse avec le cisplatine. Un total de 8 216 patients atteints de différentes tumeurs solides avancées et traités dans 38 essais randomisés (35 à des phases avancées, 3 en périopératoire) ont été inclus. Dans 14 cas, le comparateur était un autre sel de platine (12 fois le carboplatine et 2 fois l’oxaliplatine) ; dans les autres cas, la chimiothérapie ne comportait pas de sel de platine. Les types de tumeurs étaient principalement représentés par les cancers bronchiques non à petites cellules (n = 14), les cancers gastro-œsophagiens (n = 8), les cancers à petites cellules (n = 3) et, enfin, les cancers pancréatiques (n = 3) et ORL (n = 3). Dans 20 essais, le cisplatine était délivré toutes les 3 semaines. Le taux de thrombose veineuse était de 1,92 % pour les patients traités par cisplatine (IC95 : 1,07-2,76) et de 0,79 % (IC95 : 0,45-1,13) chez les autres. Le risque relatif était significativement majoré sous cisplatine (RR = 1,67 % ; IC95 : 1,25-2,23 ; p = 0,01) : le sous-groupe ayant le risque le plus élevé était celui présentant un équivalent de dose hebdomadaire supérieur à 30 mg/m2 (RR = 2,71 ; IC95 : 1,17-6,30 ; p = 0,02). Commentaire. Le taux de thrombose le plus important (17 %) a été constaté avec les cancers urothéliaux traités par MVAC (méthotrexate + vinblastine + doxorubicine + cisplatine) [4]. Il était de 4,8 % pour les cancers œsogastriques, de 2,1 % pour les cancers pancréatiques, et de 1,36 % pour les carcinomes pulmonaires à petites cellules. Ce risque très élevé avait été rapporté de longue date dans les tumeurs urothéliales traitées par cisplatine (5). Même dans les cancers du testicule, le taux de complications thromboemboliques n’est pas négligeable (6). Le mécanisme physiopathologique n’est pas clair : lésions toxiques de l’endothélium ? Activation plaquettaire ? Up-regulation de facteurs de coagulation ? Modifications de la fonction rénale ? Il s’agit de la plus importante étude sur le sujet, qu’il faudra conserver dans ses archives comme publication princeps. Elle pourrait aussi servir de base à des études concernant des traitements anticoagulants prophylactiques avec des chimiothérapies à base de cisplatine. P. Beuzeboc, Paris 1. Jafri M, Protheroe A. Cisplatin-associated thrombosis. Anticancer Drugs 2008;19(9):927-9. 2. Moore RA, Adel N, Riedel E et al. High incidence of thromboembolic events in patients treated with cisplatin-based chemotherapy: a large retrospective analysis. J Clin Oncol 2011;29(25):3466-73. 3. Seng S, Liu Z, Chiu SK et al. Risk of venous thromboembolism in patients with cancer treated with cisplatin: a systematic review and meta-analysis. J Clin Oncol 2012; 30(35):4416-26. 4. Dreicer R, Manola J, Roth BJ et al. Phase III trial of methotrexate, vinblastine, doxorubicin, and cisplatin versus carboplatin and paclitaxel in patients with advanced carcinoma of the urothelium. Cancer 2004;100(8):1639-45. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013 5. Czaykowski PM, Moore MJ, Tannock IF. High risk of vascular events in patients with urothelial transitional cell carcinoma treated with cisplatin based chemotherapy. J Urol 1998;160 (6 Pt 1):2021-4. 6. Weijl NI, Rutten MF, Zwinderman AH et al. Thromboembolic events during chemotherapy for germ cell cancer: a cohort study and review of the literature. J Clin Oncol 2000;18(10):2169-78. Comment publier un article dans le New England Journal of Medicine avec une idée simple et pratique ! Il peut suffire d’un mot d’humeur… En prenant l’exemple des nouveaux traitements récemment enregistrés dans le cancer de la prostate métastatique, cet article insiste sur la possible confusion des noms de ces médicaments alors qu’ils viennent d’être “lâchés” dans la vraie vie et voués à une large utilisation. Nom générique Nom commercial Acide zolédronique Zometa® Dénosumab Xgeva®, Prolia® Abiratérone Zytiga® Enzalutamide Xtandi® Cabazitaxel Jevtana® Pour chaque agent, il n’y a aucun rapport entre le nom générique et des noms commerciaux complexes. Les industriels introduisent de façon “insatiable” des lettres “x”, “v” et “z” et des sonorités qui indubitablement prêtent à confusion à la fois chez le médecin prescripteur et chez le pharmacien dispensateur. Les agences de régulation et les industriels seraient bien avisés de considérer l’incorporation d’une partie du nom générique pour la création et l’approbation du nom commercial. À bon entendeur salut, aurait pu conclure l’auteur… P. Beuzeboc, Paris • Garnick MB. Possible confusion in names of new treatments for prostate cancer. N Engl J Med 2013;368(2):194. 13