ÉDITORIAL
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 247 - novembre 1999
est une évidence, mais certains truismes
gagnent parfois à être rappelés : pour accéder
à l’oreille moyenne, il est souvent nécessaire
d’emprunter le conduit auditif externe. Il existe bien sûr des
exceptions, notamment lors d’un abord mastoïdien isolé par
voie rétro-auriculaire. Or, qu’est-ce qu’une oreille en dehors
du labyrinthe ? La rencontre de deux diverticules, l’un de
muqueuse respiratoire, l’autre de peau. La réussite des inter-
ventions portant sur ces deux éléments impose, pour le moins,
le respect de leur physiologie. Si une multitude de considéra-
tions ont été écrites à propos de la physiologie de l’oreille
moyenne, celle du conduit retient peu l’attention. Pourtant, il
faut là aussi que le revêtement “respire”. Pour ce faire, le
volume de la cavité doit bénéficier d’un orifice d’entrée bien
adapté, avec une paroi régulière et parfaitement lisse, tapissée
par un sous-sol conjonctif substantiel et un épiderme sans dis-
continuité. En revanche, la vascularisation de ce manchon
conjonctivo-épidermique défie le bon sens puisque le mythe
du “lambeau vasculaire” a fait long feu depuis longtemps. La
dépose et repose de tout le “lambeau tympano-méatal” don-
nent généralement une cicatrisation parfaite.
En fin d’intervention sur l’oreille moyenne, le conduit doit être
l’objet des soins les plus attentifs qui se prolongent pendant
toute la période de cicatrisation. Ces soins sont d’autant plus
faciles à réaliser que la stratégie opératoire les a prévus dès le
début de l’intervention, en fait dès l’abord de l’oreille. En
l’occurrence, le meilleur abord est celui qui permet en perma-
nence d’apporter facilement une solution à tout problème. Pour
le conduit, il faut pouvoir à tout moment lui donner un dia-
mètre confortable, assurant tant une bonne vision qu’une
bonne ventilation.
Les sinuosités du conduit osseux se contrôlent aisément par un
fraisage sans ouvrir l’articulation temporo-mandibulaire. Le
conduit fibro-cartilagineux ne doit pas être oublié. Une méato-
plastie permet, en cas de besoin, l’harmonisation de tout le
conduit. Pour ce faire, l’abord endaural offre les meilleures
conditions, permettant la résection de tissu fibreux méatal à la
demande sans même entailler le cartilage. Ainsi, l’abord
endaural prolongé à la demande donne à la fois un très bon
accès à l’oreille moyenne et permet de “traiter” au mieux
l’ensemble du conduit. On l’apprécie particulièrement lors de
la réalisation d’une cavité d’évidement. Mais qu’est-ce donc
qu’une telle cavité si ce n’est un conduit un peu plus grand que
nature ? Pour bénéficier du caractère “autonettoyant” de tout
conduit naturel, la cavité d’évidement doit avoir les mêmes
qualités avec une paroi osseuse régulière, un revêtement
conjonctivo-épidermique bien vivant, et un orifice d’entrée en
rapport avec le volume de la cavité. Ainsi, qu’on se place en
technique fermée ou en technique ouverte, les contraintes sont
les mêmes, et c’est dès le début de l’intervention qu’il faut y
penser. Technique ouverte ou technique fermée, même
combat ! ■
La chirurgie de l’oreille moyenne passe par le conduit !
●F. Legent*
* Service ORL, Hôtel-Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes Cedex 01.
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