É D I T O R I A L La chirurgie de l’oreille moyenne passe par le conduit ! ● F. Legent* C’ est une évidence, mais certains truismes gagnent parfois à être rappelés : pour accéder à l’oreille moyenne, il est souvent nécessaire d’emprunter le conduit auditif externe. Il existe bien sûr des exceptions, notamment lors d’un abord mastoïdien isolé par voie rétro-auriculaire. Or, qu’est-ce qu’une oreille en dehors du labyrinthe ? La rencontre de deux diverticules, l’un de muqueuse respiratoire, l’autre de peau. La réussite des interventions portant sur ces deux éléments impose, pour le moins, le respect de leur physiologie. Si une multitude de considérations ont été écrites à propos de la physiologie de l’oreille moyenne, celle du conduit retient peu l’attention. Pourtant, il faut là aussi que le revêtement “respire”. Pour ce faire, le volume de la cavité doit bénéficier d’un orifice d’entrée bien adapté, avec une paroi régulière et parfaitement lisse, tapissée par un sous-sol conjonctif substantiel et un épiderme sans discontinuité. En revanche, la vascularisation de ce manchon conjonctivo-épidermique défie le bon sens puisque le mythe du “lambeau vasculaire” a fait long feu depuis longtemps. La dépose et repose de tout le “lambeau tympano-méatal” donnent généralement une cicatrisation parfaite. En fin d’intervention sur l’oreille moyenne, le conduit doit être l’objet des soins les plus attentifs qui se prolongent pendant toute la période de cicatrisation. Ces soins sont d’autant plus faciles à réaliser que la stratégie opératoire les a prévus dès le * Service ORL, Hôtel-Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes Cedex 01. ABONNEZ-VOUS ☞ 20 revues indexées avec moteur de recherche ☞ un e-mail offert ☞ l’actualité des grands congrès INSCRIVEZ-VOUS http://www.edimark.fr début de l’intervention, en fait dès l’abord de l’oreille. En l’occurrence, le meilleur abord est celui qui permet en permanence d’apporter facilement une solution à tout problème. Pour le conduit, il faut pouvoir à tout moment lui donner un diamètre confortable, assurant tant une bonne vision qu’une bonne ventilation. Les sinuosités du conduit osseux se contrôlent aisément par un fraisage sans ouvrir l’articulation temporo-mandibulaire. Le conduit fibro-cartilagineux ne doit pas être oublié. Une méatoplastie permet, en cas de besoin, l’harmonisation de tout le conduit. Pour ce faire, l’abord endaural offre les meilleures conditions, permettant la résection de tissu fibreux méatal à la demande sans même entailler le cartilage. Ainsi, l’abord endaural prolongé à la demande donne à la fois un très bon accès à l’oreille moyenne et permet de “traiter” au mieux l’ensemble du conduit. On l’apprécie particulièrement lors de la réalisation d’une cavité d’évidement. Mais qu’est-ce donc qu’une telle cavité si ce n’est un conduit un peu plus grand que nature ? Pour bénéficier du caractère “autonettoyant” de tout conduit naturel, la cavité d’évidement doit avoir les mêmes qualités avec une paroi osseuse régulière, un revêtement conjonctivo-épidermique bien vivant, et un orifice d’entrée en rapport avec le volume de la cavité. Ainsi, qu’on se place en technique fermée ou en technique ouverte, les contraintes sont les mêmes, et c’est dès le début de l’intervention qu’il faut y penser. Technique ouverte ou technique fermée, même combat ! ■ Abonnez-vous Abonnez-vous Abonnez-vous Abonnez-vous Abonnez-vous Abonnez-vous La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 247 - novembre 1999 3