CANCER GYNÉCOLOGIQUE
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La Lettre du Cancérologue - volume X - n° 6 - novembre-décembre 2001
BRCA2 (mutations 617), par rapport à des femmes présentant
ces mêmes mutations mais sans cancer de l’ovaire, ne sem-
blent pas être protégées par la prise d’estroprogestatifs oraux.
En effet, chaque naissance ajoutée et chaque année supplémen-
taire d’utilisation des contraceptifs oraux diminue le risque de
cancer de l’ovaire de façon globale, mais la prise d’un contra-
ceptif oral ne semble réduire le risque que chez les femmes
non porteuses des mutations (9). Ces résultats sont en totale
contradiction avec ceux publiés par Narod et al. (10) il y a
trois ans.
En revanche, une analyse rétrospective réalisée chez
232 patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire de type BRCA1
ou BRCA2 muté comparées à 232 femmes sans cancer de
l’ovaire mais de génotype BRCA1 et BRCA2 muté a montré
que la ligature des trompes entraînait une diminution significa-
tive du risque de cancer de l’ovaire chez les femmes BRCA1
muté, mais pas chez les femmes BRCA2 muté (11).
Au total, la meilleure prophylaxie du cancer de l’ovaire chez
les femmes porteuses de mutations BRCA1 et 2nous sera peut-
être dévoilée au cours de l’année 2002.
LE CANCER DU COL UTÉRIN
On sait l’intérêt de réaliser une association de radio-chimio-
thérapie concomitante (ARCC) avant la chirurgie pour les
patientes atteintes d’un cancer du col utérin non métasta-
tique depuis les nombreux essais randomisés publiés en
1999. Une méta-analyse (13) a été publiée cette année, qui a
sélectionné 11 essais randomisés portant sur l’ARCC dans le
cancer du col utérin. On retrouve essentiellement parmi ses
résultats, l’intérêt de réaliser une ARCC, en termes de béné-
fice sur la survie sans progression et sur la survie globale,
plus marqué pour les stades I et II, au prix toutefois d’une
toxicité aiguë sur le plan hématologique et d’une toxicité
digestive retardée.
Le SCC (Squamous Cell Carcinoma) a-t-il le même impact
dans la surveillance des patientes traitées pour un cancer du
col utérin que le CA125 chez les patientes traitées pour un can-
cer de l’ovaire ?
Actuellement, la surveillance des patientes traitées pour un
cancer du col utérin de stade Ib/IIa est clinique et radiologique.
Une étude prospective portant sur 225 patientes suivies pour
un cancer du col a analysé l’impact du dosage du SCC à
chaque consultation de surveillance. Trente-cinq patientes ont
présenté une rechute et, pour 74 % d’entre elles, la rechute a
été précédée d’une élévation du SCC. Cependant, les auteurs
finissent par démontrer que la détection plus précoce de la
récidive, objectivée par l’élévation du SCC, ne se traduit pas
Un autre point
fort de cette
année 2001 est
la publication
des recomman-
dations
de l’ESMO,
dans Annals of
Oncology (12).
Pour le cancer
de l’ovaire, les principales approches
thérapeutiques sont décrites
ci-dessous :
Stades précoces
– FIGO Ia/b, bien différenciée, sans carci-
nome à cellules claires : chirurgie seule.
– FIGO Ia/b, moyennement différenciée,
avec adhérence, carcinome à cellules
claires, ou FIGO Ic : chirurgie plus staging
plus chimiothérapie adjuvante.
– FIGO II : chirurgie plus staging plus chi-
miothérapie.
Options : carboplatine AUC5 ou 6 toutes
les 3 semaines, 6 cycles, ou carboplatine
(ou cisplatine) plus paclitaxel toutes les
3semaines, 6 cycles.
Stades avancé
FIGO III : chirurgie de debulking requise,
avec cytoréduction maximale, si possible
résidu de moins de 1 cm puis chimiothérapie.
Options : carboplatine (ou cisplatine) plus
paclitaxel toutes les 3 semaines, 6 cycles.
Pas de bénéfice pour la réalisation d’une
chirurgie de second look, en termes de sur-
vie. Elle ne sera alors entreprise que dans le
cas d’un essai thérapeutique.
FIGO IV : une chirurgie cytoréductrice
optimale semble indiquée pour améliorer la
survie, bien qu’aucune étude randomisée
n’ait encore réellement abordé cette ques-
tion.
Les patientes jeunes, en bon état général,
avec comme seule atteinte extra-abdomi-
nale un épanchement pleural, avec un faible
volume métastatique, sans autre maladie
grave, doivent bénéficier d’une chirurgie.
Si la chirurgie initiale n’est pas envisa-
geable d’emblée, après confirmation histo-
logique par biopsie, une chimiothérapie
pourra être entreprise selon les mêmes
modalités que pour le stade FIGO III.
Évaluation tumorale
Le CA125 est parfaitement corrélé à la
réponse tumorale et à la survie sous chimio-
thérapie, et doit être dosé avant chaque
cycle.
Pour les patientes ayant une TDM anormale
initiale, le scanner abdomino-pelvien sera
réalisé après le 6e cycle. Si le scanner ini-
tial est normal, il n’y a pas d’indication à en
programmer d’autre, sauf si des signes de
progression biologique et/ou clinique sont
notés.
Aucune étude randomisée (comprenant un
taxane) n’a montré de bénéfice à poursuivre
la chimiothérapie au-delà de 6 cycles ; en
cas de réponse partielle après 6 cycles
(associée à une diminution persistante du
CA125), 3 nouveaux cycles pourront alors
être envisagés.
En termes de surveillance, le CA125 doit
être dosé systématiquement avant chaque
visite de contrôle, et un bilan scanogra-
phique ne doit être envisagé que devant des
signes cliniques et/ou biologiques de pro-
gression de la maladie.
Points
forts
POUR LE CANCER
DE L
’
OVAIRE