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La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001
●La relation entre pourcentage d’occlusion de l’anévrisme et
risque hémorragique n’est pas claire :
—
en effet, il n’est pas certain qu’un anévrisme angiographi-
quement exclu de la circulation comporte un risque hémorra-
gique nul, et il n’est pas démontré qu’un anévrisme partielle-
ment traité (du fait de modifications hémodynamiques à
l’intérieur du sac anévrismal) soit associé à un risque hémorra-
gique significatif ;
– il semble que le traitement d’un anévrisme à la phase aiguë
de l’hémorragie prévienne le resaignement précoce ; classique-
ment, après six mois d’évolution, l’anévrisme rompu retrouve
un risque hémorragique équivalent de celui d’un anévrisme non
rompu. Une occlusion satisfaisante à la phase initiale pourrait
garantir un risque de resaignement très faible.
●Le développement de l’anévrisme et sa rupture éventuelle
résultent d’un facteur pariétal et de facteurs hémodynamiques :
—
il est difficile de généraliser les données concernant les ané-
vrismes, car il existe des entités différentes : certains ané-
vrismes se rompent au fond du sac et seront plus facilement
protégés par le traitement endovasculaire, même incomplet,
que ceux qui se rompent au collet ; d’autres anévrismes ont
tendance à la recroissance après traitement endovasculaire ou
chirurgical : ce pourrait être la traduction d’une paroi vasculai-
re pathologique ;
– les facteurs hémodynamiques : les anévrismes directement
dans l’axe du vaisseau porteur (terminaison du tronc basilaire
ou de l’artère carotide interne) sont plus difficiles à occlure que
les autres (5).
Pourcentage d’échecs et de patients récusés
L’analyse des résultats devrait tenir compte des patients récusés
par la technique endovasculaire.
Les échecs du traitement dépendent de nombreux facteurs, dont
le recrutement du centre endovasculaire. Ce taux d’échec du trai-
tement endovasculaire lié à l’incapacité de positionner le micro-
cathéter dans le sac anévrismal ou à l’impossibilité de mettre en
place un coil dans l’anévrisme est de l’ordre de 5 %.
Taux de complications techniques et cliniques
Les complications en relation avec la procédure sont la perfora-
tion d’anévrisme, la migration d’emboles dans les artères dis-
tales, l’occlusion artérielle, la migration du coil dans le vais-
seau porteur et enfin le vasospasme mécanique.
Nous retiendrons les chiffres des complications cliniques per-
manentes en relation avec une complication technique : la mor-
talité est aux alentours de 2 % et la morbidité entre 4 et 8 %
selon les séries.
Évolution selon l’état clinique initial et selon les grades de
Fisher (tableau I)
En plus de l’occlusion de l’anévrisme, qui est le geste central
de l’intervention, le traitement de l’anévrisme (endovasculaire
ou chirurgical) implique des événements potentiellement néga-
tifs (rétraction du cerveau, perte de sang, ralentissement circu-
latoire...) ou potentiellement positifs (lavage des citernes, réta-
blissement du calibre artériel...). Ces facteurs sont trop nom-
breux et intriqués pour que l’on puisse en faire la part. L’éva-
luation du résultat clinique doit donc se faire en fonction de
l’état clinique initial du patient mais aussi en fonction du
potentiel évolutif (grades de Fisher : quantité de sang au scan-
ner initial corrélée avec la survenue d’un vasospasme).
PROTOCOLE DE SURVEILLANCE
La surveillance des anévrismes traités par voie endovasculaire
doit être clinique et morphologique, précoce et tardive : plu-
sieurs protocoles sont possibles.
Les patients avec un anévrisme rompu quitteront l’institution
hospitalière en fonction de l’évolution de l’hémorragie sous-
arachnoïdienne. Les patients traités pour un anévrisme non
rompu quitteront l’hôpital après 3 ou 4 jours. Dans notre proto-
cole, l’évaluation est clinique et angiographique. Nous convo-
quons le patient en consultation à un mois. Une angiographie
est pratiquée à deux mois puis à un an. Une angiographie par
résonance magnétique (ARM) est pratiquée entre deux et trois
ans après le traitement. En cas de résidu anévrismal, un traite-
ment complémentaire endovasculaire ou chirurgical est envisa-
gé. Si ce traitement n’est pas faisable, une ARM est réalisée en
même temps que l’angiographie à un an. Si les résultats sont
concordants, c’est l’ARM annuelle qui permettra la surveillan-
ce ; sinon, c’est l’angiographie qui en sera la base. Une simple
radiographie du crâne pourrait fournir des renseignements pré-
cieux pour la surveillance. Le protocole de surveillance est
adapté selon l’état clinique et l’âge du patient.
INDICATIONS
Décision thérapeutique
●Anévrismes rompus
Les anévrismes rompus doivent être traités. Juvela (6) a rappor-
té un taux de resaignement de 27,7 % à 14 jours dans un
groupe d’anévrismes non traités. Le taux de mortalité en rela-
tion avec ce resaignement était de 74 %. Nous ne mettons pas
de limite d’âge à cette prise en charge (le patient le plus âgé
avait 82 ans). Dans notre stratégie actuelle, tout patient trans-
portable en salle d’angiographie sera traité par voie endovascu-
laire, même en cas d’état clinique très sévère.
●Grade 1 : pas d’hémorragie sous-arachnoïdienne
●Grade 2 : hémorragie méningée diffuse dont l’épaisseur est
inférieure à 1 mm
●Grade 3 : caillots ou hémorragie dont l’épaisseur est supérieure
à 1 mm
●Grade 4 : hémorragie intracérébrale ou intraventriculaire
Tableau I. L’intensité de l’hémorragie au scanner initial est corrélée à
la survenue d’un vasospasme : grades de Fisher.