M I S E A U P O I N T Traitement endovasculaire des anévrismes intracrâniens ● F. Turjman* P O I N T S F O R T S P O I N T S F O R T S ■ En France, environ 50 % des anévrismes intracrâniens sont traités par les techniques endovasculaires. ■ Le traitement actuel utilise une spire en platine détachable et repositionnable. ■ L’indication idéale du traitement endovasculaire est un anévrisme de 5 à 10 mm de diamètre arrondi à petit collet (base d’implantation). ■ Certaines localisations anévrismales (système vertébrobasilaire, carotido-ophtalmique, sinus caverneux) et la gravité du tableau clinique initial orientent vers une prise en charge endovasculaire. ■ La disponibilité, l’expérience et les convictions des équipes endovasculaires et chirurgicales jouent un rôle déterminant dans le choix entre les deux techniques thérapeutiques. ■ Les développements actuels portent sur l’amélioration du pourcentage et de la permanence de l’occlusion, points faibles de la technique actuelle. ■ La connaissance du taux de resaignement à long terme et l’évolution clinique selon le grade initial sont nécessaires pour compléter l’évaluation des méthodes endovasculaires. L es techniques endovasculaires de traitement des anévrismes intracrâniens ont évolué dans les dix dernières années. Les spires métalliques détachables (Guglielmi Detachable Coils [GDC]), utilisées en Europe depuis 1992 et en Amérique du Nord depuis 1991, représentent une avancée technique capitale. Elles ont supplanté le traitement sélectif des anévrismes par ballon et le traitement par spires non détachables. Nous allons décrire la technique endovasculaire, les principes de son évaluation et sa place par rapport à la chirurgie. * Service de radiologie, hôpital neurologique et neurochirurgical Pierre-Wertheimer, Lyon. La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001 Selon les centres, les techniques endovasculaires sont proposées en première intention ou, à l’inverse, c’est le traitement neurochirurgical qui est privilégié, les indications d’embolisation étant limitées. La France est le pays dans lequel le traitement endovasculaire des anévrismes est le plus avancé et le plus répandu, puisque environ 50 % des anévrismes intracrâniens sont traités par cette voie. TECHNIQUE ENDOVASCULAIRE Trois techniques sont utilisées : le traitement standard, la reconstruction de l’artère au collet (ou remodeling) et l’occlusion du vaisseau porteur. Le traitement standard (1) Le traitement est réalisé sous anesthésie générale et décoagulation à l’héparine (même après hémorragie méningée). En général, on utilise un abord artériel fémoral ; d’autres voies sont possibles (carotide, humérale). Le traitement endovasculaire consiste en une occlusion progressive, totale et dense du sac anévrismal, en préservant le vaisseau porteur. II commence par la mise en place d’un cathéter “porteur” d’environ 2 mm de diamètre dans la portion cervicale de l’artère carotide interne ou vertébrale porteuse de l’anévrisme. Un microcathéter de 0,6 à 1 mm est ensuite introduit dans le sac anévrismal. Les boucles vasculaires sont négociées par le microcathéter grâce à un guide souple. L’outil de traitement est une spire métallique détachable et repositionnable appelée coil : c’est un filament métallique avec une mémoire de forme (figure 1). Il est constitué d’un guide en acier et d’une partie en platine : le coil lui-même. La spire GDC est la plus couramment utilisée : les deux pièces sont solidarisées par une soudure ; la partie en platine est la partie implantable. Elle est caractérisée par sa longueur et son diamètre. Ce coil en platine est très souple, ce qui permet de le positionner avec une bonne sécurité, même dans un anévrisme fraîchement rompu. Le coil est choisi en fonction de la taille du sac anévrismal et de la zone d’attache de l’anévrisme sur l’artère (le “collet”). Pour un anévrisme rond de 5 mm de diamètre, on pourra choisir un coil de 5 mm de tour de spire sur 15 cm de longueur. Plusieurs spires sont en général nécessaires pour traiter un anévrisme. L’occlusion de l’anévrisme peut ne pas être 225 M I S E A Figure 1. Coil GDC : on distingue la partie droite en acier et la partie souple en platine rattachées par la soudure. U P O I N T cerveau chez un patient porteur d’une lésion vasculaire, et donc potentiellement porteur d’autres anomalies de la paroi vasculaire. Cependant, c’est parfois la seule solution thérapeutique. L’occlusion des vaisseaux porteurs est réalisée après un test de tolérance. En cas de non-tolérance, on peut programmer une anastomose chirurgicale entre la carotide externe et la carotide interne (voire entre la carotide externe et le segment P2 de l’artère cérébrale postérieure), qui permet une prise en charge complémentaire de l’axe occlus. Pour favoriser la thrombose de l’anévrisme géant, on associe volontiers la mise en place d’un maillage lâche de coils dans le sac avant l’occlusion anévrismale. RÉSULTATS complète à l’issue du traitement. Après la souplesse, le deuxième avantage fondamental du GDC est d’être repositionnable. Lorsque sa position n’est pas satisfaisante, le coil peut être retiré de façon à tenter un placement plus convenable. Lorsque la position est correcte, le largage est réalisé par application d’un courant électrique continu positif au guide en acier, qui sort du patient par la voie d’abord fémorale. Ce courant entraîne une électrolyse progressive de la soudure et, en quelques minutes, on obtient le détachement de la partie en platine sans déplacement mécanique du coil. Plus récemment, des coils de forme complexe ont été commercialisés (premier tour et demi de diamètre réduit ou déploiement successif de la spire dans toutes les directions de l’espace). Le prix d’un coil GDC est de l’ordre de 4 200 FF TTC. Reconstruction de l’artère ou remodeling (2) La technique standard ne permet pas de traiter des anévrismes dont la zone d’attache est large. J. Moret a proposé une technique utilisant, en plus du microcathéter porteur des coils, un ballonnet fixé à l’extrémité d’un autre microcathéter introduit par l’artère fémorale controlatérale et gonflé temporairement au collet de l’anévrisme pendant la mise en place des coils. Cette méthode permet de maintenir les coils à l’intérieur de l’anévrisme malgré une zone d’attache assez large de l’anévrisme sur l’artère. Occlusion du vaisseau porteur La plupart des anévrismes géants et fusiformes ne peuvent pas être traités par les techniques endovasculaires ou chirurgicales habituelles. On peut proposer l’occlusion de l’artère porteuse de l’anévrisme à condition que les vaisseaux intracérébraux soient pris en charge par les anastomoses ou par le cercle de Willis et que l’occlusion entraîne une diminution importante du flux dans l’anévrisme. Nous ne privilégions pas cette technique ; il n’est pas anodin d’occlure une artère majeure du 226 Le but du traitement des anévrismes intracrâniens est de prévenir de façon permanente le (re)saignement en préservant la circulation cérébrale. Le traitement des anévrismes rompus est réalisé dans un système cérébrovasculaire en crise. L’évaluation des résultats du traitement endovasculaire est encore très incomplète. Les résultats à long terme sur de grandes séries de patients embolisés ne sont pas encore disponibles. Nous nous proposons de décrire ici les principes de l’évaluation des résultats. Le taux de (re)saignement, les résultats morphologiques, le pourcentage d’échecs et de patients récusés, le taux de complications techniques conduisant à des complications cliniques ainsi que l’évolution selon l’état clinique initial et selon les grades de Fisher sont autant de critères utiles à analyser. Taux de saignement ou de resaignement Il est sans doute trop tôt pour estimer le taux de saignement des anévrismes non rompus traités, car c’est un événement peu fréquent : la démonstration de l’efficacité de cette prévention nécessitera un suivi prolongé. La fréquence du resaignement dans les études de référence est de 1 à 2 % des patients sur des périodes moyennes de 12 mois (3, 4) ; dans certaines séries, jusqu’à 30 % de patients sont perdus de vue. Résultats morphologiques Ils font état de 70 à 80 % de traitements complets, d’environ 20 % de traitements subtotaux, c’est-à-dire laissant persister une opacification au collet, et de 2 à 4 % de traitements partiels, c’est-à-dire dans lesquels on observe une opacification résiduelle du sac anévrismal. Le suivi à plus de trois ans ferait état d’environ 10 % de recanalisation des anévrismes (inférieurs à 15 mm de diamètre) dont le traitement initial était jugé satisfaisant. L’occlusion secondaire spontanée d’anévrismes incomplètement traités est possible. Ce résultat morphologique exprimé en pourcentage d’occlusion de l’anévrisme est une donnée immédiatement disponible et peut être corrélé au risque de resaignement. Cette dernière hypothèse comporte plusieurs incertitudes. La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001 ● La relation entre pourcentage d’occlusion de l’anévrisme et risque hémorragique n’est pas claire : —en effet, il n’est pas certain qu’un anévrisme angiographiquement exclu de la circulation comporte un risque hémorragique nul, et il n’est pas démontré qu’un anévrisme partiellement traité (du fait de modifications hémodynamiques à l’intérieur du sac anévrismal) soit associé à un risque hémorragique significatif ; – il semble que le traitement d’un anévrisme à la phase aiguë de l’hémorragie prévienne le resaignement précoce ; classiquement, après six mois d’évolution, l’anévrisme rompu retrouve un risque hémorragique équivalent de celui d’un anévrisme non rompu. Une occlusion satisfaisante à la phase initiale pourrait garantir un risque de resaignement très faible. ● Le développement de l’anévrisme et sa rupture éventuelle résultent d’un facteur pariétal et de facteurs hémodynamiques : —il est difficile de généraliser les données concernant les anévrismes, car il existe des entités différentes : certains anévrismes se rompent au fond du sac et seront plus facilement protégés par le traitement endovasculaire, même incomplet, que ceux qui se rompent au collet ; d’autres anévrismes ont tendance à la recroissance après traitement endovasculaire ou chirurgical : ce pourrait être la traduction d’une paroi vasculaire pathologique ; – les facteurs hémodynamiques : les anévrismes directement dans l’axe du vaisseau porteur (terminaison du tronc basilaire ou de l’artère carotide interne) sont plus difficiles à occlure que les autres (5). Pourcentage d’échecs et de patients récusés L’analyse des résultats devrait tenir compte des patients récusés par la technique endovasculaire. Les échecs du traitement dépendent de nombreux facteurs, dont le recrutement du centre endovasculaire. Ce taux d’échec du traitement endovasculaire lié à l’incapacité de positionner le microcathéter dans le sac anévrismal ou à l’impossibilité de mettre en place un coil dans l’anévrisme est de l’ordre de 5 %. Taux de complications techniques et cliniques Les complications en relation avec la procédure sont la perforation d’anévrisme, la migration d’emboles dans les artères distales, l’occlusion artérielle, la migration du coil dans le vaisseau porteur et enfin le vasospasme mécanique. Nous retiendrons les chiffres des complications cliniques permanentes en relation avec une complication technique : la mortalité est aux alentours de 2 % et la morbidité entre 4 et 8 % selon les séries. Évolution selon l’état clinique initial et selon les grades de Fisher (tableau I) En plus de l’occlusion de l’anévrisme, qui est le geste central de l’intervention, le traitement de l’anévrisme (endovasculaire ou chirurgical) implique des événements potentiellement négatifs (rétraction du cerveau, perte de sang, ralentissement circuLa lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001 Tableau I. L’intensité de l’hémorragie au scanner initial est corrélée à la survenue d’un vasospasme : grades de Fisher. ● Grade 1 : pas d’hémorragie sous-arachnoïdienne ● Grade 2 : hémorragie méningée diffuse dont l’épaisseur est inférieure à 1 mm ● Grade 3 : caillots ou hémorragie dont l’épaisseur est supérieure à 1 mm ● Grade 4 : hémorragie intracérébrale ou intraventriculaire latoire...) ou potentiellement positifs (lavage des citernes, rétablissement du calibre artériel...). Ces facteurs sont trop nombreux et intriqués pour que l’on puisse en faire la part. L’évaluation du résultat clinique doit donc se faire en fonction de l’état clinique initial du patient mais aussi en fonction du potentiel évolutif (grades de Fisher : quantité de sang au scanner initial corrélée avec la survenue d’un vasospasme). PROTOCOLE DE SURVEILLANCE La surveillance des anévrismes traités par voie endovasculaire doit être clinique et morphologique, précoce et tardive : plusieurs protocoles sont possibles. Les patients avec un anévrisme rompu quitteront l’institution hospitalière en fonction de l’évolution de l’hémorragie sousarachnoïdienne. Les patients traités pour un anévrisme non rompu quitteront l’hôpital après 3 ou 4 jours. Dans notre protocole, l’évaluation est clinique et angiographique. Nous convoquons le patient en consultation à un mois. Une angiographie est pratiquée à deux mois puis à un an. Une angiographie par résonance magnétique (ARM) est pratiquée entre deux et trois ans après le traitement. En cas de résidu anévrismal, un traitement complémentaire endovasculaire ou chirurgical est envisagé. Si ce traitement n’est pas faisable, une ARM est réalisée en même temps que l’angiographie à un an. Si les résultats sont concordants, c’est l’ARM annuelle qui permettra la surveillance ; sinon, c’est l’angiographie qui en sera la base. Une simple radiographie du crâne pourrait fournir des renseignements précieux pour la surveillance. Le protocole de surveillance est adapté selon l’état clinique et l’âge du patient. INDICATIONS Décision thérapeutique ● Anévrismes rompus Les anévrismes rompus doivent être traités. Juvela (6) a rapporté un taux de resaignement de 27,7 % à 14 jours dans un groupe d’anévrismes non traités. Le taux de mortalité en relation avec ce resaignement était de 74 %. Nous ne mettons pas de limite d’âge à cette prise en charge (le patient le plus âgé avait 82 ans). Dans notre stratégie actuelle, tout patient transportable en salle d’angiographie sera traité par voie endovasculaire, même en cas d’état clinique très sévère. 227 M I S E A ● Anévrismes non rompus Le risque de rupture des anévrismes non rompus est l’objet d’une controverse. Les données classiques (7) avançaient un risque hémorragique cumulatif de 2 à 3 % par an (8). Les données de l’étude internationale sur les anévrismes intracrâniens non rompus (8) font état d’un risque hémorragique très faible, en particulier des anévrismes non associés à un anévrisme précédemment rompu et de taille inférieure à 10 mm. Cette étude peut être sujette à critiques, en particulier du fait de l’importante représentation (16,9 %) des anévrismes intracaverneux, dont l’hémorragie est rarissime. Par ailleurs, elle est en contradiction avec l’expérience quotidienne, pour laquelle les anévrismes les plus fréquemment rompus mesurent entre 2 et 10 mm. Cependant, cette étude suggère que le risque hémorragique des anévrismes non rompus est sans doute plus faible que ce qui est habituellement admis. Dans notre pratique, nous ne conseillons pas le traitement préventif des anévrismes non rompus après 65 ans. Avant 65 ans, le patient est informé des risques du traitement et des incertitudes de l’histoire naturelle : c’est lui qui prend la décision. La réputation très défavorable de la rupture d’anévrisme dans la population pousse la plupart des patients à demander un traitement malgré l’absence de statistiques démontrant formellement le bénéfice de l’intervention. ● Anévrismes de taille supérieure à 15 ou 20 mm Ils posent des problèmes de prise en charge pour les deux techniques. Indications particulières : anévrismes satellites d’un anévrisme rompu Vingt à 25 % des patients porteurs le sont d’anévrismes multiples. Dans la série de Wiebers (8), les anévrismes non rompus associés à un anévrisme rompu représentent un groupe particulier associé à un risque hémorragique largement supérieur à celui des anévrismes isolés. Il faut souligner que la détermination précise de l’anévrisme responsable de l’hémorragie peut être difficile. D’autre part, la prise en charge médicale du vasospasme, une des principales complications de l’hémorragie méningée, consiste principalement dans le maintien d’une tension artérielle haute et d’une hypervolémie. Ces facteurs sont susceptibles de favoriser la rupture d’un anévrisme associé, même en dehors d’une rupture préalable. Dans la mesure du possible, nous pratiquons le traitement simultané des anévrismes associés à un anévrisme rompu en cas d’anévrismes multiples. Indications respectives de la chirurgie et du traitement endovasculaire La comparaison des deux méthodes se heurte à des évaluations différentes et à des biais de recrutement. L’étude de Vinuela (3), 228 U P O I N T par exemple, rapporte le traitement d’anévrismes considérés comme des contre-indications chirurgicales. Dans les séries endovasculaires, on constate un fort pourcentage d’anévrismes de la circulation postérieure, dont la chirurgie est difficile. ● Traitement chirurgical des anévrismes intracrâniens La publication de l’étude coopérative internationale sur la prise en charge chirurgicale des anévrismes intracrâniens en 1992 (9) a fourni les données les plus complètes sur le traitement chirurgical moderne des anévrismes dans des centres expérimentés. Plus de 3 000 patients ont été inclus dans une étude prospective multicentrique entre 1980 et 1983. Cette étude a montré que la mortalité globale des patients opérés était de 20 à 28 % selon la date de la chirurgie et le grade clinique du patient. Les patients en grade 4 de Hunt et Hess (stuporeux ou comateux) ont un taux de mortalité compris entre 39 et 79 % (tableau II). Tableau II. La classification de Hunt et Hess permet l’évaluation de la gravité des hémorragies sous-arachnoïdiennes. ● Grade 1 : céphalée minime Grade 2 : syndrome méningé avec céphalée modérée à sévère ± paralysie oculomotrice ● ● Grade 3 : somnolence, confusion ou déficit neurologique modéré ● Grade 4 : stupeur, hémiparésie ● Grade 5 : coma profond, décérébration Dans une étude récente (8), un groupe de 1 172 patients porteurs d’anévrismes, non rompus isolés ou satellites d’anévrismes rompus déjà traités, ont été opérés dans des centres de référence. Six à 17 % des patients ont été récusés pour la chirurgie. La morbidité et la mortalité globales étaient comprises entre 13,1 et 15,7 %. Dans une autre étude, le résultat morphologique du traitement chirurgical fait état d’une occlusion anévrismale incomplète dans 5,9 % des cas (10). Plusieurs auteurs ont rapporté des séries monocentriques avec des résultats chirurgicaux nettement plus favorables. ● Facteurs décisionnels L’indication idéale du traitement endovasculaire est un anévrisme de 5 à 10 mm de diamètre arrondi à petit collet. – Date du traitement : dans les anévrismes rompus, la stratégie chirurgicale doit faire la part entre le traitement précoce évitant le resaignement mais majorant l’ischémie cérébrale retardée et le traitement tardif (14 % de resaignement chez les patients programmés pour une chirurgie tardive entre le 11e et le 14e jour). Le traitement endovasculaire n’est pas influencé par ce facteur. – Localisation anévrismale : certaines localisations anévrismales sont réputées difficiles pour la chirurgie ; c’est le cas des anévrismes de la circulation postérieure et des anévrismes La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001 carotido-ophtalmiques (figures 2, 3, 4). Ce sont de bonnes indications du traitement endovasculaire. Le traitement chirurgical des anévrismes du complexe communicant antérieur doit préserver les artères perforantes de l’artère communicante antérieure. Les anévrismes localisés dans la bifurcation de l’artère cérébrale moyenne sont très accessibles à la dissection chirurgicale. Leur réputation de relative bénignité chirurgicale n’est pas retrouvée dans la littérature. – La présence d’un hématome mal toléré associé à l’anévrisme doit faire pratiquer une exérèse chirurgicale de l’hématome et le clippage de l’anévrisme. – La morphologie de l’anévrisme : la constatation d’un anévrisme sans véritable collet fait préférer le traitement chirurgical, même si le traitement endovasculaire avec technique de reconstruction est possible. – L’état clinique : certains patients ont des antécédents sévères défavorables à la chirurgie. Figure 2. Artériographie carotidienne de profil avec soustraction osseuse montrant un anévrisme carotidoophtalmique. Figure 3. Artériographie carotidienne de profil après traitement : image en soustraction montrant la disparition du remplissage anévrismal. Figure 4. Artériographie de profil sans soustraction après traitement montrant l’aspect dense des spires métalliques dans l’anévrisme. Pour les patients en grades cliniques élevés (4 et 5 de Hunt et Hess), un geste endovasculaire est probablement moins agressif et donc mieux toléré qu’une craniotomie chez des patients avec une circulation cérébrale perturbée et des chiffres de pression intracrânienne habituellement élevés. En définitive, la décision de traitement endovasculaire ou chirurgical tient compte de facteurs concernant le patient et les caractéristiques de l’anévrisme. Ces paramètres permettent, dans bon nombre de cas, de choisir l’orientation thérapeutique. La disponibilité, l’expérience et les convictions des équipes endovasculaires et chirurgicales jouent un rôle déterminant. La performance de la prise en charge endovasculaire des anévrismes dans des conditions difficiles a permis l’extension des indications à des présentations plus favorables. Une étude multicentrique randomisée des anévrismes traitables par les deux techniques (étude ISAT coordonnée par A. Molyneux et R. Kerr d’Oxford, Royaume-Uni) est en cours. Elle pourrait apporter des éléments plus objectifs à cette discussion. PERSPECTIVES Le traitement endovasculaire des anévrismes est toujours en évolution. ● L’imagerie actuelle des anévrismes bénéficie de l’apport de l’angiographie 3D. Cette angiographie permet de mieux démontrer, avant et après la procédure, les relations entre l’anévrisme et sa branche porteuse, sa zone d’attache et les branches adjacentes. ● Le matériel d’embolisation : on a déjà mentionné la commercialisation récente de coils à forme complexe. De nouveaux systèmes de détachement de coils sont disponibles. Des travaux actuels portent sur le remplissage des anévrismes par un liquide polymérisant ou précipitant. Des équipes japonaises ont déjà rapporté une expérience clinique intéressante avec cette tech- La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001 229 M I S E A nique. Plusieurs systèmes permettant la reconstruction du collet anévrismal sont en cours d’évaluation. Le recours aux stents (cylindres métalliques ajourés), utilisés classiquement dans le traitement des sténoses (en particulier coronariennes), a été proposé pour modifier le collet par voie endovasculaire. CONCLUSION Derrière la difficulté à appréhender la réalité du traitement des anévrismes intracrâniens au travers d’une série de pourcentages (à larges variations), on constate que le traitement endovasculaire permet une diminution du taux de complications immédiates de la procédure thérapeutique associée à un taux de resaignement très faible. De plus, l’essor du traitement endovasculaire a entraîné l’éclosion d’un groupe d’opérateurs interventionnels, spécialistes de la pathologie neurovasculaire. Ces deux facteurs offrent aux techniques endovasculaires une situation privilégiée, en particulier en France. En contrepartie, dans les centres où le traitement endovasculaire est accepté, il doit garantir la continuité de la prise en charge. Les développements actuels portent sur l’amélioration du pourcentage et de la permanence de l’occlusion, points faibles de la thérapeutique actuelle. Le taux de resaignement à long terme et l’évolution clinique selon le grade initial sont nécessaires pour compléter l’évaluation des méthodes endovasculaires. ■ U P R É F É R E N C O E S B I I B L I N O G R A P T H I U E S 1. Guglielmi G, Vinuela F, Dion J, Duckwiler G. Electrothrombosis of saccular aneurysms via endovascular approach. Part 2. Preliminary clinical experience. J Neurosurg 1991 ; 75 : 8-14. 2. Moret J, Cognard C, Weill A et al. The “remodeling technique” in the treatment of wide neck intracranial aneurysms : Angiographic and clinical follow up, about 56 cases. Interventional Neuroradiology 1997 ; 3 : 21-35. 3. Vinuela F, Duckwiler G, Mawad M. Guglielmi detachable coil embolization of acute intracranial aneurysm : perioperative anatomical and clinical outcome in 403 patients. J Neurosurg 1997 ; 86 : 475-82. 4. Cognard C, Weill A, Castaing L et al. Intracranial berry aneurysms : angiographic and clinical results after endovascular treatment. Radiology 1998 ; 206 : 499-510. 5. Turjman F, Massoud TF, Sayre J, Vinuela F. Predictors of aneurysmal occlusion in the period immediately after endovascular treatment with detachable coils : a multivariate analysis. AJNR 1998 ; 19 : 1645-51. 6. Juvela S. Rebleeding from ruptured intracranial aneurysms. Surg Neurol 1989 ; 32 : 323-6. 7. Wiebers DO, Whisnat JP, Sundt F et al. The significance of unruptured intracranial aneurysms. J Neurosurg 1987 ; 66 : 23-9. 8. Wiebers DO and the International Study of Unruptured Intracranial Aneurysms investigators. Risk of rupture and risks of surgical intervention. N Engl J Med 1998 ; 339 : 24 : 1725-33. 9. Kassel N et al. The International Cooperative Study on Timing of Aneurysm Surgery. J Neurosurg 1992 ; 77 : 515-24. 10. Sindou M, Acevedo JC, Turjman F. Aneurysmal remnants after microsurgical clipping : classification and results from a prospective angiographic study (in a consecutive series of 305 operated intracranial aneurysms). Acta Neurochir (Wien) 1998 ; 140 : 1153-9. A U T O - É V A L U A T I O N A U T O - É V A L U A T I O N 2. Le traitement endovasculaire des anévrismes intracrâniens : a. ne doit pas être réalisé chez un patient âgé b. est impossible dans les anévrismes à large base d’implantation c. est préférable au traitement chirurgical chez les patients en grade élevé de Hunt et Hess d. est préféré au clippage chirurgical dans le système vertébro-basilaire I. a - c - d II. c - d 230 Résultats : 1. Les facteurs pronostiques de l’hémorragie méningée anévrismale sont : a. l’intensité du saignement initial b. la taille de l’anévrisme c. la précocité de la prise en charge d. l’état clinique initial La lettre du neurologue - n° 5 - vol. V - mai 2001