Angio-Dossier
Act. Méd. Int. - Angiologie (15) n° 1-2, janvier/février 1999 14
prothèses bifurquées. Le taux de faisa-
bilité en tenant compte de ce critère est
de 51,7 % pour tous les anévrismes
traités par Schumacher. Ce taux va être
encore réduit avec la prise en compte
des autres critères d’inclusion et d’ex-
clusion, à savoir : la présence d’une sté-
nose ou d’une tortuosité sur l’une des
artères fémorales iliaques externes ou
communes pouvant empêcher la pro-
gression des introducteurs. En tenant
compte de ces critères, le pourcentage
des malades inclus dans la série de
Schumacher passe de 51,7 % à 30,2 %.
En dehors de la survenue de fuites que
nous détaillerons à part, l’étude de la
littérature montre, avec un recul qui
atteint encore rarement cinq ans, des
chiffres très variables qui reflètent la
nécessité d’une courbe d’apprentissage
de cette technique et montrent que les
endoprothèses de première ou deuxiè-
me génération utilisées présentaient un
certain nombre de défauts qui devraient
être corrigés à la lumière des premières
expériences.
La mortalité précoce varie de 0 à
12,5 %. Le taux de conversion initiale
(en cas d’échec du traitement endo-
vasculaire) varie entre 0 et 15 %.
Les complications péri-opératoires (5
à 30 %) sont essentiellement liées à la
voie d’abord et sont devenues plus
rares avec la sélection des patients et
l’amélioration du matériel d’introduc-
tion.
Des cas de rupture, malgré le traite-
ment endovasculaire, commencent à
être rapportés mais sont en règle géné-
rale liés à un défaut de surveillance
des patients.
Les fuites sont définies comme la per-
sistance d’un flux circulant à l’inté-
rieur de la cavité anévrismale et
témoignent de l’inefficacité du traite-
ment à prévenir la rupture. Elles peu-
vent être liées à un défaut d’indication
(prothèse non adaptée au profil anato-
mique du patient) ou à un défaut de
pose et sont généralement reconnues
lors du contrôle peropératoire. Elles
peuvent être corrigées soit par un trai-
tement endovasculaire (endoprothèse
complémentaire), soit par une chirur-
gie de conversion (ablation de la pro-
thèse et mise à plat greffe classique).
En dehors de ces cas, certaines fuites
précoces peuvent être alimentées par
le reflux dans la cavité anévrismale
d’une collatérale (artère lombaire ou
artère mésentérique inférieure). La
plupart de ces fuites sont borgnes (ali-
mentées par une seule artère) et peu-
vent donc se thromboser dans les
semaines qui suivent le diagnostic,
mais elles justifient une surveillance
régulière par échographie-Doppler et
angio-scanner. En revanche, lorsque
au moins deux artères restent en com-
munication avec la poche anévrisma-
le, la fuite a toutes les chances de per-
sister, et son traitement (chirurgie de
conversion) doit être envisagé.
Certaines fuites surviennent secondai-
rement, alors que les contrôles ini-
tiaux étaient rassurants. Elles peuvent
être liées à des collatérales, comme
nous venons de le voir, mais égale-
ment à un défaut de coaptation de la
prothèse au niveau des collets (par
migration de celle-ci ou du fait de
l’augmentation du calibre du collet),
qui est l’indication d’un traitement
complémentaire, chirurgical ou endo-
vasculaire.
Le meilleur signe du risque évolutif
d’une fuite sur l’augmentation du
calibre de l’anévrisme et sur des exa-
mens répétés est le diagnostic du
mécanisme de la fuite : si l’on peut se
permettre de surveiller une fuite liée à
une collatérale dans un anévrisme qui
n’augmente pas de taille ou dont la
taille et le défaut de coaptation de la
prothèse doivent faire envisager un
traitement complémentaire. Le taux
des fuites précoces est tardif et varie
selon les séries entre 5 et 44 %.
Résultats à long terme
Le devenir à long terme des endopro-
thèses aortiques est actuellement incon-
nu. C’est d’ailleurs pour cela qu’il nous
paraît raisonnable de ne pas inclure les
malades jeunes pour cette technique
avant qu’elle ne fasse définitivement
ses preuves, surtout à long terme, et
qu’elle offre la même sécurité évolutive
que le traitement chirurgical.
Indications opératoires
Anévrisme de petite taille (inférieur à
4 cm de diamètre)
Il doit être surveillé régulièrement par
échographie-Doppler ou par scanner
tous les ans. Une augmentation de taille
de plus de 5 mm doit faire discuter une
indication opératoire. Pour certains
auteurs, certains signes évoqueraient un
risque de rupture, quelle que soit la
taille de l’anévrisme, comme la modifi-
cation des caractéristiques du thrombus
intra-anévrismal ou l’existence d’une
soufflure localisée à paroi fine. Par
ailleurs, la notion de taille retenue dans
les résultats doit être nuancée en fonc-
tion de la taille de l’aorte et du flux en
amont de l’anévrisme : un anévrisme de
40 mm sur une aorte interrénale de 15 mm
de diamètre a un risque évolutif probable-
ment plus menaçant qu’un anévrisme de
50 mm sur une aorte sus-rénale de 30 mm
de diamètre.
Anévrisme de plus de 4 cm chez les
patients à risque opératoire faible
L’indication opératoire est formelle, la
chirurgie classique a le mérite d’avoir
de bons résultats à long terme, les com-
plications étant dominées par la surve-
nue de faux anévrismes ou l’évolutivité
anévrismale des artères iliaques, qui
justifie une surveillance annuelle par
écho-Doppler. Le traitement endovas-