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DÉPÔT DE DOCUMENTS
M. le président. M. le président du Sénat a reçu de Mme la
première vice-présidente de l’Assemblée de la Polynésie
française, par lettre en date du 8 novembre 2016, un
rapport et un avis sur deux projets d’articles du projet de
loi de finances pour 2017.
Acte est donné de cette communication.
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COMMUNICATIONS DU CONSEIL
CONSTITUTIONNEL
M. le président. Le Conseil constitutionnel a informé le
Sénat, le 7 décembre 2016, que, en application de l’article 61-
1 de la Constitution, le Conseil d’État lui a adressé une
décision de renvoi d’une question prioritaire de constitution-
nalité portant sur les dispositions combinées du 2° du 7 de
l’article 158 du code général des impôts en tant qu’elles
portent sur les revenus distribués sur le fondement du c de
l’article 111 du même code, et du c) du I de l’article L. 136-6
du code de la sécurité sociale (Majoration de la base d’impo-
sition des contributions sociales sur les revenus de capitaux
mobiliers – Résultats distribués résultant d’une rectification
des résultats) (2016-610 QPC).
Le texte de cette décision de renvoi est disponible à la
direction de la séance.
Acte est donné de cette communication.
Le Conseil constitutionnel a également informé le Sénat, le
7 décembre 2016, que, en application de l’article 61-1 de la
Constitution, la Cour de cassation lui a adressé un arrêt de
renvoi d’une question prioritaire de constitutionnalité
portant sur l’article 421-2-5-2 du code pénal (Délit de consul-
tation habituelle de sites terroristes) (2016-611 QPC).
Le texte de cet arrêt de renvoi est disponible à la direction
de la séance.
Acte est donné de cette communication.
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EXTENSION DU DÉLIT D'ENTRAVE À
L'INTERRUPTION VOLONTAIRE DE
GROSSESSE
Adoption en procédure accélérée d’une proposition de loi
dans le texte de la commission
M. le président. L’ordre du jour appelle la discussion, à la
demande du groupe socialiste et républicain, de la proposi-
tion de loi, adoptée par l'Assemblée nationale après engage-
ment de la procédure accélérée, relative à l'extension du délit
d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse (proposition
no 174, texte de la commission no 184, rapport no 183, avis no
195).
Dans la discussion générale, la parole est à Mme la
ministre. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste
et républicain.)
Mme Laurence Rossignol, ministre des familles, de l'enfance
et des droits des femmes. « L’avortement ne représente plus un
enjeu politique en France […] la loi est acceptée par une large
majorité ». Monsieur le président, mesdames, messieurs les
sénateurs, qui peut encore contester cette évidence, que
Simone Veil rappelait vingt ans après l’adoption de la loi
relative à l'interruption volontaire de la grossesse ?
Le droit reconnu aux femmes grâce à cette loi fait
aujourd’hui largement consensus, ce qui ne signifie pas
pour autant unanimité. Il a été clairement réaffirmé lors de
l’adoption à une large majorité d’une résolution, soutenue sur
tous les bancs de l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le
26 novembre 2014, quarante ans jour pour jour après le
discours historique de la ministre, qui ouvrait courageuse-
ment la voie à la reconnaissance pleine et entière de la liberté
des femmes à disposer de leur corps.
Au travers de cette résolution, vos collègues députés de la
majorité et de l’opposition ont réaffirmé l’importance du
droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse
– l’IVG – pour toutes les femmes en France, en Europe et
dans le monde. Ils ont rappelé que « le droit universel des
femmes à disposer librement de leur corps est une condition
indispensable pour la construction de l’égalité réelle entre les
femmes et les hommes et d’une société de progrès » et affirmé
« la nécessité de garantir l’accès des femmes à une informa-
tion de qualité, à une contraception adaptée et à l’avortement
sûr et légal ».
La proposition de loi qui est en discussion ce jour n’a pas
d’autre objet que de donner une traduction concrète à ces
principes. Ses auteurs n’ont pas d’autre ambition que de
rendre effectif l’engagement de notre pays à garantir à
toutes les femmes le droit fondamental de choisir librement
le moment de leur maternité.
Ce n’est donc pas le débat sur l’IVG que nous vous
incitons à rouvrir. En vous proposant d’adopter ce texte
visant à étendre le délit d’entrave institué par la loi
de 1993, nous cherchons simplement à lever une contradic-
tion. Il n’est en effet pas concevable de défendre le droit à
l’avortement sans s’attacher à faire disparaître tout ce qui peut
faire obstacle à son libre exercice.
Permettez-moi d’ajouter qu’il n’est pas davantage question
en l’espèce de remettre en cause la liberté d’opinion, la liberté
d’expression ou la liberté d’information. Le présent texte n’y
porte nullement atteinte et n’entend aucunement les
restreindre.
Les opposantes et opposants à l’avortement ont l’entière
liberté d’affirmer leurs convictions anti-IVG, quel que soit le
support de leur expression, à condition de le faire en toute
honnêteté. En effet, la liberté d’expression ne peut se
confondre avec la manipulation des esprits. La liberté
d’opinion n’est pas un droit au mensonge.
Ce qui est visé en l’occurrence, ce sont les fausses informa-
tions diffusées sur les plateformes numériques et par le biais
de numéros verts administrés par des lobbies anti-IVG.
Derrière l’anonymat garanti par le monde virtuel, ces
groupuscules sont bien les héritiers des commandos qui,
dans les années quatre-vingt, s’attachaient aux grilles des
centres d’orthogénie ou aux tables d’opération pour
empêcher les femmes d’y accéder. Malgré un arsenal
juridique continuellement renforcé pour prévenir et
SÉNAT – SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 2016 18539