commission des affaires étrangères, de la défense et des forces
armées, sur ce problème douloureux pour chacune et chacun
d’entre nous et qui appelle une solution véritable, s’agissant
d’une situation qui peut être de nature à déstabiliser non pas
seulement l’ensemble du Moyen-Orient, mais le monde.
La parole est à M. Jack Ralite, pour un rappel au règlement.
M. Jack Ralite. Monsieur le président, madame la ministre,
mes chers collègues, nous allons aborder l’important débat sur
la nouvelle télévision publique, réforme historique, a dit le
Président de la République…Historique, on verra ; hysté-
rique, on a déjà vu ! (Rires et applaudissements sur les travées
du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
Nous sommes le 7 janvier ; il est un peu plus de seize
heures. Avant-hier, le 5 janvier, à vingt heures trente-cinq,
la loi était appliquée ; de fait, imposée. (Exclamations indignées
sur les travées du groupe CRC-SPG.)
Ainsi, le fait accompli passe avant l’examen minutieux et
l’étude contradictoire des textes par notre assemblée. C’est très
grave.
C’est d’abord une manière de dédaigner, d’insulter, d’humi-
lier les sénatrices et les sénateurs. (Applaudissements sur les
travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste, ainsi que
sur certaines travées du RDSE.)
C’est ensuite une incivilité du pouvoir, une pratique
gouvernementale que je n’hésite pas à qualifier de délin-
quante.
C’est enfin un tripatouillage, un déchirement du droit, un
basculement du travail législatif à partir d’une pensée unique
et dominatrice.
On avait vu, au temps du CPE, une loi votée et promul-
guée, mais pas appliquée ; aujourd'hui, on voit une loi appli-
quée, mais ni votée ni promulguée ! (Bravo ! et
applaudissements sur les mêmes travées.)
J’espère que l’on entendra ici autre chose qu’une indigna-
tion timorée, autre chose qu’un tonnerre de silence.
Le Gouvernement agit de telle manière que, si l’on se
taisait, on laisserait en effet s’installer l’habitude de se passer
du Sénat.
La présidence du Sénat, qui affiche son désir de change-
ment, doit s’exprimer publiquement, fortement et sans
lacune. Autrement, nous serions des élus hallucinés et orphe-
lins de légitimité…Mais nous n’en serions pas moins décidés à
nous battre jusqu’au bout ! (Applaudissements vifs et prolongés
sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste, ainsi
que sur certaines travées du RDSE et de l’Union centriste.)
M. le président. Acte vous est donné de votre rappel au
règlement, mon cher collègue.
La parole est à M. Jean-Pierre Bel, pour un rappel au
règlement.
M. Jean-Pierre Bel. Mon rappel au règlement se fondera sur
l’article 42, mais je veux auparavant apporter mon soutien à la
demande de Nathalie Goulet en vue de l’organisation d’un
débat, à nos yeux également absolument indispensable, sur la
situation au Proche-Orient.
Monsieur le président, il n’est pas dans mes habitudes de
rappeler la Constitution, plusieurs de mes collègues étant bien
plus aptes que moi à le faire, mais c’est cependant à elle que je
me référerai ici.
En son article 24 elle prévoit en effet clairement que le
Parlement vote la loi et qu’il comprend l’Assemblée nationale
et le Sénat.
Depuis la révision constitutionnelle de juillet 2008, l’article
34 précise en outre –précision ajoutée, contre l’avis du
Gouvernement, sur l’initiative de notre collègue David Assou-
line —que la loi fixe les règles concernant « la liberté, le
pluralisme et l’indépendance des médias ».
Comme vient de le dire Jack Ralite, il est donc bien de la
compétence du législateur de fixer les règles qui concernent
l’indépendance des médias, notamment dans le secteur audio-
visuel. Or l’indépendance, pour les médias, c’est aussi leur
capacité à se financer, pour ne pas dépendre du bon vouloir
du pouvoir.
Madame la ministre, dans le texte que vous allez nous
présenter, s’agissant de l’indépendance de médias, vous avez
fait plusieurs choix.
D’abord, vous avez choisi de soumettre la nomination du
président de France Télévisions et du président de Radio
France à une décision du Président de la République.
Ensuite, vous avez choisi de supprimer la publicité pour les
chaînes publiques.
Certains d’entre nous ont pu dire que nous entrions dans
une forme de « berlusconisation » du système audiovisuel
français.
Mais je n’ouvre pas le débat de fond, il viendra tout à
l’heure, tenant simplement, au travers de ce rappel au règle-
ment, à m’élever contre une pratique sans précédent : on nous
demande de débattre d’un texte dont l’une des principales
dispositions est d’ores et déjà en application,…
M. Guy Fischer. C’est honteux !
M. Jean-Pierre Bel. …puisque, à la suite des directives
données par le Gouvernement, la publicité est en effet
supprimée des chaînes publiques depuis le 5 janvier !
Nous sommes donc placés devant le fait accompli et notre
rôle consistera à entériner des décisions déjà prises.
Il y a là, monsieur le président, mes chers collègues, une
atteinte aux droits fondamentaux du législateur, aux droits du
Parlement et, j’ose le dire, à des principes fondamentaux de
notre République.
Madame la ministre, vous n’avez pas voulu nous entendre
sur un sujet qui, vous le savez, est essentiel pour tous les
démocrates. C’est pourquoi, dans un instant, en nous
retirant de l’hémicycle, nous marquerons notre refus de
vous écouter vous-même, mais, soyez rassurée, vous pouvez
compter sur nous pour revenir ensuite participer aux débats !
(Applaudissements prolongés sur les travées du groupe socialiste et
du groupe CRC-SPG, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Acte vous est donné de votre rappel au
règlement, mon cher collègue.
Monsieur Ralite, je voudrais vous renvoyer, puisqu’il a été
question de lacune, non pas au système lacunaire, qui, en
biologie, est un système interstitiel, mais aux propos que j’ai
tenus sur une radio hier matin.
J’ai dit à cette occasion que la loi était votée par le Parle-
ment, et par le Parlement seul.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Il y a contradiction !
M. le président. C’est donc à un débat serein, constructif et
positif que nous sommes appelés dans les prochains jours sur
un texte qui, une fois enrichi de la contribution du Sénat et
après un examen des représentants de notre assemblée et de
l’Assemblée nationale, deviendra la loi. Mais c’est à vous de
décider.
Plusieurs sénateurs du groupe socialiste. C’est déjà fait !
C’est déjà fait !
4SÉNAT –SÉANCE DU 7 JANVIER 2009