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Introduc)on à l’économie
Introduc)on
Paragraphe 1 : L'Economie est-­‐elle une science ? (Un discours ancien, Etymologie, le critère de démarca)on entre science et non-­‐science, le problème du test, la subordina)on à la philosophie-­‐religion-­‐poli)que, la naissance, l'autonomisa)on marginaliste)
Parlons d'abord de l’étymologie, « économie » étymologie grecque « oikon » (logis) et « nomos » (loi, règles). L'économie lors d'une de ses premières u)lisa)ons par Xénophon c'est d'abord la règle de bonne ges)on du logis, de l'endroit où l'on habite. L'économique dont Xénophon parle correspond à la manière de planter des arbres afin d'augmenter les récoltes. On est déjà dans quelque chose qui s'approche des thèmes que l'on va étudier. L'économie ne peut pas se résumer à cela pour autant. C'est aussi un discours qui est devenu une science au XIXR siècle. Discours bien sûr parce qu'au début l'économie n'est pas un corps de proposi)ons scien)fiques c'est tout un ensemble de préoccupa)ons qui sont des préoccupa)ons subordonnées à d'autres ques)onnements. Par exemple l'économie est subordonnée chez les grecs à la pra)que de la philosophie. Platon, Aristote arrivent à des remarques, à des choses qui concernent l'économie. Platon va nous parler de choses qui concernent l'organisa)on sociale et Platon est le père du communisme, il écrit dans la république comment la société parfaite doit être structurée avec à la base ses producteurs, ses commerçants, au-­‐dessus ses guerriers et enfin tout en haut les philosophes. D'un point de vue économique on remarque que dans ce[e société l'enrichissement et la propriété privée sont interdits. Platon dont un des admirateurs, Aristote va découvrir les trois grandes fonc)ons de la monnaie au IVR siècle avant J-­‐C. Aristote va dire que la monnaie c'est trois fonc)ons : la fonc)on d'unité de compte (tout compter, en valeur), réserve de valeur (elle permet de conserver la valeur au « frigo ») (Crésus découvre les métaux et fait fabriquer la monnaie), intermédiaire des échanges par excellence on doit pouvoir perme[re d'échanger partout. Aujourd'hui c'est le dollar qui a une acceptabilité maximum. Le dollar et l'euro sont des monnaies contrairement à l'écu.
Dès qu'on sort du communisme tribal on commence par échanger, dans la tribu il n'y a pas de propriété privé tout le monde exerce la même « profession ». On commence à faire de l'économie quand on commence à fabriquer des ou)ls. On augmente la produc)vité. A par)r du moment où quelqu'un fabrique des ou)ls il va devoir échanger avec les autres et c'est le début de l'économie. De la manière la plus simple que l'on puisse trouver, l'économie c'est la science de l'échange. A par)r du moment où on va se me[re à échanger au Néolithique. Gérico (-­‐9000) on a des traces d'écriture comptables bancaires en -­‐4000 ans. On va faire de l'économie très tôt mais pour autant fait-­‐on de la science économique ? L'économie a longtemps été un discours pas une science, on en trouvait partout mais subordonnée à une autre ac)vité. On peut parler des religieux du moyen âge chré)en, St Thomas d'Aquin (1274), entre les deux périodes citées on n’a pas d'économie au sens scien)fique du terme. St Thomas D'Aquin parle d’économie, il a beaucoup réfléchi sur le taux d’intérêt, peut-­‐on ou pas pra)quer le taux de l'intérêt ? Remboursement + intérêt ? A l'époque on a déjà trois religions qui se sont prononcées contre. Saint Thomas d'Aquin s'interroge. Toutes les religions sans excep)on ont statué sur ce[e ques)on du taux de l’intérêt, on trouve dans les premiers livres de l'ancien testament, la prohibi)on du taux de l'intérêt sauf avec « les gen)ls », c'est à dire les juifs. Saint Thomas d'Aquin invoque deux raisons : il dit que l'argent est un bien consommable (un bien nom consommable c'est le « capital produc)f » par exemple) or on ne peut pas gagner d'autre argent sur un bien qu'on a proposé à la consomma)on et qui a été consommé. Il termine par cet argument, d'autant plus que si on lui fait payer quelque chose en plus on aurait de l'argent à payer en fonc)on du temps du prêt or le temps appar)ent à Dieu.
S.T d'Aquin va cependant ajouter : il y a quand même des situa)ons dans lesquelles l'emprunteur fait peser un risque sur le prêteur. Par exemple si l'emprunteur ne res)tue pas la somme à la date prévue. Si on a[end une somme et qu'elle nous fait défaut on peut se retrouver dans une situa)on délicate. Ce risque est-­‐il jus)fié ? Non parce que si il l'était on aurait voca)on à ne pas prêter, dans ces deux cas il est juste de prélever une somme qui perme[ra de compenser ce risque et c'est le départ de la doctrine de l'intérêt. Il dit aussi que si on ne nous rend pas la somme et que la personne l'emprunteur profite de ce[e somme pour s’enrichir, l'autre peut s'enrichir a notre dépend. On va inventer un contrat de prêt dans lequel on demande à quelqu'un de nous rendre l'argent à une date précise, tous les contrats de prêt seront donc conclus avec une période durant laquelle la somme d'argent est prêté sans contrepar)e financière. Au-­‐delà on aura le taux d'intérêt. Ce[e prohibi)on du taux de l'intérêt va s'aménager d'un certain nombre de principes qui autorisent le développement de ce dernier. L'Islam a une finance qui prohibe elle aussi le taux de l'intérêt et pourtant il est possible d'emprunter dans la finance islamique. Quel en est le ressort ? On va avoir un contrat de prêt qui associe l'établissement prêteur à l'opéra)on. Ce discours économique est noyé dans tout un tas de préoccupa)ons diverses et jusqu'à ce[e époque l'économie n'est pas une science, c'est un discours c'est une pra)que poli)que, Machiavel. Conseiller du prince, c'est le mé)er de l'économiste entre le XVIR et le XVIIIR siècle. Il conseille le prince pour qu'il s'enrichisse pour financer la guerre. L'étymologie même de la guerre et du combat est d'une profonde racine économique. On a pra)qué l'économie partout tout le temps car c'est la base de l'ac)vité humaine et pour autant même au XVIIIR siècle l'économie ce n’est pas complètement scien)fique car la méthode employée pour parler de l'économie ne l'est pas ce n'est pas une méthode scien)fique. Qu'est-­‐ce que c'est qu'une science ? L'économie en devient une au milieu du XIXR siècle alors que les premiers livres qui parlent d'économie sont biens antérieurs. L'économie poli)que naît avec Adam Smith à la fin du XVIIIR siècle. On a un essai sur la nature de la richesse des na)ons qui fait de l'économiste le conseiller du prince. Pourquoi l'économie change à ce moment-­‐là (XIXR siècle), que s'est-­‐il passé ?
On trouve une triple révolu)on à ce[e époque, révolu)on philosophique, révolu)on poli)que, et technique avec la fameuse révolu)on industrielle et l'inven)on de la machine à vapeur en Angleterre. L'exode rural, etc.... Ce n'est pas pour ce[e raison la que l'économie acquiert un statut de science. Au XIXR siècle l'économie importe un raisonnement venu de la physique, le raisonnement mathéma)que différen)el (principe qui consiste à étudier l'évolu)on d'une fonc)on mathéma)que). Les économistes commencent à faire des calculs et raisonner sur cela pour abou)r à des « lois » qui ressemblent à celles de la physique. Adam Smith par exemple a des tas de réflexions intéressantes mais ces réflexions sont du domaine du bon sens, de la découverte et pas du domaine de la « loi » au sens scien)fique du terme c'est à dire des raisonnements qui abou)ssent à des conclusions. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ces lois sont soumises à la cri)que, à ce qu'on appelle la réfutabilité. Le critère de réfuta)on. C'est un auteur du XXR siècle Karl Popper qui dans la logique de la découverte scien)fique expose les idées suivantes : il dit quel est le critère de démarca)on entre science et non science ? Il dit c'est la possibilité qui est donnée de réfuter une proposi)on. Si on énonce une proposi)on qui ne peut être réfutée qui ne peut pas être soumise à un test de réfuta)on elle ne peut pas prétendre au critère de scien)ficité. Le basculement entre la par)e scien)fique et non scien)fique est très dur à observer. Tout le problème des sciences humaines, au niveau du test elles sont limitées et c'est ça qui rend très fin le passage du non scien)fique au scien)fique. P*T
P=prix
T= nombre de transac)ons
M*V
M= nombre de pièce
V= u)lisa)on moyenne des pièces
Dans toute économie ou on essaye de comptabiliser la valeur des échanges il y a deux manières de comptabiliser, la première est de compter la valeur des transac)ons et la deuxième est de compter la valeur de la monnaie. On découvre l'équa)on comptable de Fisher. Dans une économie donnée ou on ne pra)que le commerce que en monnaie on découvre donc une loi c'est que :
M (quan)tés de monnaie)*V (nombre de fois qu'on u)lise la monnaie)= P (prix)* T (nombre de transac)ons)
Si V et T sont fixes, constants. On dit que le commerce est fixe. Toute augmenta)on de M entraine automa)quement une augmenta)on de P. C'est ce qu'on appelle l'infla)on. On arrive ici avec une réalité, c'est une loi une équa)on une iden)té comptable. Si dans une société ou le commerce ne varie pas et les habitudes ne changent pas, que j'augmente la quan)té de monnaie, les prix vont augmenter. Compte tenu de ce[e loi, est ce que je peux dire dans la vie réelle que si un état a la possibilité d'augmenter la quan)té de monnaie, qu'il le fait est ce que cela engendrera obligatoirement de l'infla)on. Non ce n'est pas possible et c'est là que le problème arrive. On ne peut pas supposer le V et le T constants. Dans ce[e économie 4 variables sont liées les unes aux autres par des rela)ons causales. Si on ne crée pas assez de monnaie il n'y a pas assez de crédit et pas assez de commerce mais si on crée trop de monnaie il va y avoir trop de monnaie par rapport à l'ac)vité elle va se transformer en infla)on. Quelle est la bonne dose ? Elle dépend des prix, la vitesse de circula)on de la monnaie qui reflète les habitudes de paiement. Illustra(on : De l'équa(on comptable à la théorie quan(ta(ve de la monnaie
Paragraphe 2 : L'objet de l'étude ? (Les défini)ons, le champ des extensions récentes, une réalité construite)
Il faut savoir d'abord que tous les auteurs ne cherchent pas à définir la science économique, il faut a[endre un siècle à par)r de la naissance de l'économie poli)que pour voir les premières tenta)ves de défini)on. Au XIXR siècle on pense par exemple à Jean-­‐Bap)ste Say qui est un économiste central à ce[e époque en France, d'abord parce que c'est un des seuls auteur de l'époque qui a laissé une trace, la trace d'une pensée assez novatrice par rapport aux autres auteurs que l'on considère comme « classiques ». Que veut dire ce qualifica)f « classique », deux auteurs en sont à l'origine, le premier étant Marx (1867) parce que lorsqu'il rencontre les auteurs anglais de son époque Adam Smith (1776), David Ricardo (1817), il va dire que leur pensée est la pensée des auteurs classiques et curieusement un auteur de ce[e époque n'est pas classé c'est Jean Bap)ste Say, on a chez Marx la volonté d'exonérer Say. La deuxième défini)on des classiques va être donné par un auteur célèbre qui va aussi se posi)onner par rapport à Jean Bap)ste Say, cet auteur c'est John Médard Keynes (1936) qui va dire que les auteurs classiques ce sont tous les auteurs anglais Marx y compris qui ont rejeté la loi de Say.
Ce qui là encore met Jean Bap)ste Say en dehors de ces auteurs alors que tous les auteurs qui vont suivre, Schumpeter notamment, définiront Jean Bap)ste Say comme étant un classique un peu par)culier. Il est à part car il rejeté certaines proposi)ons de ses confrères et apporte de nouveaux thèmes à l'économie. L'idée selon laquelle l'offre crée la demande est effec)vement une idée de Say donc du XIXR siècle mais la phrase est de Keynes qui cherchait à cri)quer Say. C'est sur cela que s'assoit le « pacte de solidarité » de Hollande. Say disait en 1830 que l'économie poli)que c'est l'étude de la produc)on, de la répar))on et de la consomma)on des richesses. Voilà d'où vient la loi de Jean Bap)ste Say. D'abord de manière immédiate ce[e défini)on de l'économie n'est pas celle d'Adam Smith (l'économiste qui cherche à enrichir le prince). Celle de Jean Bap)ste Say c'est l'étude d'un circuit économique qui commence par la produc)on qui vient à la distribu)on ou répar))on (la fiscalité qui répar)t la richesse d'une certaine manière) et puis il y a le troisième pôle : la consomma)on qui vient boucler la boucle. Pourquoi ? Car Jean Bap)ste Say sait que l'entrepreneur se préoccupe de la consomma)on pour produire. Mais plus intéressant, troisième remarque : le point de départ du circuit c'est la produc)on et un double intérêt est porté à ce[e no)on-­‐là. Ce qui entraîne la machine économique c'est la produc)on et non la consomma)on. Keynes par exemple quand il se moque de Jean Bap)ste Say dit que c'est plutôt la demande, la consomma)on le point de départ de toute économie.
On peut dire un mot sur la raison pour laquelle la produc)on serait le point de départ. Pour Say c'est le cas premièrement car la produc)on précède la consomma)on. (En économie on parlera de consomma)on quand il y a un échange, producteur/consommateur, pour ce qui est des biens libres il n'y a pas d'échanges). Deuxièmement parce qu'en général on consomme aussi avec les revenus du travail et ces revenus sont versés aussi par la produc)on. La logique de Say est que la produc)on précède, et la deuxième logique c'est le fait que selon Say la monnaie est neutre dans les échanges économiques. Ça veut dire que la monnaie n'exerce pas selon lui, d'autres rôles que celui d'intermédiaire des échanges, elle ne sert qu'à échanger. Si c'est le cas et que la monnaie ne sert qu'à échanger alors les biens s'échangent contre des biens. On a un bien, on le vend pour obtenir de la monnaie avec ce[e monnaie on va racheter un autre bien, la monnaie n'est donc qu'un intermédiaire d'échange, elle n'est qu'un voile qu'on a jeté sur les échanges et on se retrouve avec des biens échangés contre d'autres. A priori c'est vraiment l'offre qui abou)t à la demande. Pourquoi ? On est nous-­‐même un producteur de quelque chose, on produit notre propre force de travail en l'échange de quoi on aura de la monnaie pour consommer. Si on fait cela la produc)on précède la consomma)on et à peu près dans les mêmes volumes. Par exemple si je travaille c'est pour diminuer ou augmenter ma quan)té de monnaie et ce[e quan)té je vais la consommer donc mon offre de travail va servir à augmenter ma consomma)on de biens. Ce qui fera dire à Keynes qui analyse le phénomène « Et pourquoi pas l'offre qui crée la demande ? », il n'y croit pas car il dit qu'il peut y avoir une fuite à ce système, l'épargne thésaurisée, c'est la monnaie. Quand on garde la monnaie « sous le matelas » la monnaie n'est plus ac)ve. L'épargne thésaurisée c'est l'épargne qui existe quand elle n'est pas placée. Keynes se moque de Say car le principal résultat de Say est l'idée qu'a priori il ne devrait pas y avoir de crise économique de surproduc)on puisque l'offre crée la demande ce qui signifie que toute offre supplémentaire à sa demande. C'est une conséquence de ce[e économie de l'offre et les idées de Say vont avoir mauvaise presse. La conséquence des idées de Say c'est qu'on ne devrait pas avoir de crise de surproduc)on. Keynes pense tout à fait le contraire, il pense que beaucoup de gens peuvent garder leur argent et les agents qui produisent vont être déçus ce qui va entrainer la crise économique. Ce[e explica)on est l'origine des deux ou trois grands clivages de l'analyse économique, l'économie de l'offre ou l'économie de la demande. Evidemment ce ne sera pas du tout la même réac)on en termes de poli)que économique si on fait l'un ou l'autre. La première tranche d'impôt sur le revenu supprimée c'est une poli)que de la demande puisque le revenu supplémentaire servira à consommer. Deuxième défini)on c'est celle de Marx. Il nous dit, l'économie c'est l'étude des rouages du capitalisme. Qu'est-­‐ce que le capitalisme ? Apres Jean Bap)ste Say Marx s'est focalisé sur une par)e très nouvelle en 1867 de l'ac)vité produc)ve : le capital fixe, le capital physique (les machines). L'économie se transforme à son époque, avant Marx on parle peu du capital mais surtout du travail car quand on produisait avant les machines on le faisait avec des hommes puis leur arrivée fait apparaitre la no)on de « capital ». La produc)on était ar)sanale, avec Marx on va me[re en avant le fait qu'on va produire avec du capital. Pour Marx qu'est-­‐ce que l'économie ? C'est ce système mis en place par la propriété du capitaliste. Marx explique que ce[e économie va un jour disparaître. Et enfin, là encore au XXR siècle on voit que l'économie a changé d'objec)f, on est plus dans l'économie qui étudie un rouage ou un pôle puisqu'on va me[re au centre de l'économie la ges)on de la rareté. Si on écoute par exemple Lionel Robbins en 1957 il nous dira que l'économie c'est ce[e science qui étudie les rela)ons entre des fins et des moyens rares à usage alterna)f. L'économie a tendance à se focaliser sur le problème de la ges)on de la rareté d'une part parce qu'elle gère la rareté des biens de produc)on et parce qu'elle cherche à rendre les biens consommables moins rares. Il faut mobiliser des ressources rares pour u)liser ces ressources rares à des fins qui sont à usage alterna)f c'est à dire des buts qui sont interchangeables (l'économie c'est comment je vais u)liser mes ressources pour produire quelque chose dont je sais que ce[e chose peut être à usage alterna)f avec autre chose). Ce qu'on a voulu dire par la défini)on de Robbins c'est que l'économie au XXR siècle a changé de statut, d'objet parce qu'elle ne s'intéresse pas à l'abondance mais à la rareté. L'économie c'est un problème qui répond à la rareté. L'économe c'est la science de la produc)on car elle met en rela)on des objec)fs de produc)on et des moyens de produc)on. Le boulot de l'économiste c'est de choisir entre ces moyens rares et à usages alterna)fs par exemple le capital et le travail sont deux moyens de produc)on entre lesquels il faut choisir. Les moyens sont rares et à usage alterna)f et les fins, les objec)fs sont des biens qui sont aussi rares et à usage alterna)f. Ce qui est gratuit n'est pas un objet économique. 95 % de l'économie est là-­‐dedans mais pas 100 % et on arrive à la dernière défini)on : c'est le choix, l'économie peut quand même étudier des biens qui ne sont pas des biens de consomma)on classique. Une par)e de l'analyse s'intéresse à des biens qui ne sont pas classiques, elle va s'intéresser à des biens collec)fs comme l'armée, la sécurité, etc. Sur le marché poli)que on parle de décideurs publics, l'homme poli)que décide pour les autres mais d'un autre côté on choisit ce décideur. L'économie c'est la science des choix qui u)lise le principe de ra)onalité. Voilà la défini)on la plus complète que l'on peut trouver, c'est la défini)on du XXIR siècle. Science des choix d'abord parce que l'économie est ce[e praxéologie (science du comportement humain) qui étudie les choix. On a ici un critère très simple pour démarquer ce qui est une étude économique et ce qui ne l'est pas. L'économie c'est la science des choix suivant un principe par)culier, la ra)onalité. Qu'est-­‐ce que la ra)onalité? Homo economicus est mû par le principe de ra)onalité. L'homo economicus agit par le principe de ra)onalité, mais quand suis-­‐je ra)onnel ou non en économie ? En économie je suis ra)onnel quand je choisis, la ra)onalité en économie c'est être capable de cohérence dans ses choix. Comment peut-­‐on être incohérent ? La défini)on la plus simple de la ra)onalité c'est je préfère A à B, je préfère B à C donc je préfère A à C. C'est la transi)vité des préférences. Les préférences obéissent aux principes mathéma)ques de la transi)vité. Il n'y a pas de moralité en économie, on ne s'intéresse pas à savoir si un choix est moral ou non tout ce que je sais c'est qu'un choix doit être cohérent. Un fou en économie ce n’est pas un type qui préfère être pauvre plutôt que riche. La seule chose qu'on demande en économie c'est qu'il y ait une cohérence des transi)vités. Les préférences elles-­‐mêmes ne nous regardent pas car l'économie n'est pas morale elle est « wer~rei ». Cela ne signifie pas que l'économie ne se préoccupe pas de choses qui peuvent ressembler à des jugements de valeur. L'économiste n'est ni gen)l ni méchant, il est en dehors de ça. Ce[e défini)on est malheureusement parfois mise en cause, il y a des situa)ons dans lesquelles elle ne fonc)onne pas, nous ne sommes pas ra)onnels collec)vement par exemple. Illustra)on : la construc)on du PIB.
L'objet de la science économique c'est d'analyser le réel pour produire des lois économiques mais ce réel, c'est à dire la no)on de monnaie ou de richesse par exemple peut-­‐il être appréhendé directement ? Avons-­‐nous en éco la capacité d'observer, d'expérimenter et éventuellement de tester le réel ? Et bien non. Ni observer directement, ni expérimenter, ni tester aucun des trois parce qu'en économie dans la grande majorité des objets traités nous ne sommes pas dans l'observa)on directe. L'économie c'est une science qui s'appuie sur une hypothèse centrale la ra)onalité et qui analyse le réel mais ce réel est construit, on n'observe pas directement les objets d'analyse. Trois objets que l'analyse économique étudie et qui sont des objets en)èrement construits et pas observables directement. La monnaie, le chômage, la richesse. On pourrait avoir l'impression en économie que lorsqu'on s'intéresse à ces trois thèmes on observe directement le réel mais cela n'est pas vrai car la monnaie est un concept construit. La monnaie sta)s)quement c'est d'abord les billets et les pièces mais il y a aussi la monnaie détenue sur les comptes bancaires par exemple, on a aussi la monnaie sur les livrets. Lorsque je suis par exemple un banquier et que je veux connaître la quan)té de monnaie dans ma banque ou dans ma région il va falloir définir ce qu'est la monnaie. On a les SICAP, la monnaie est un ensemble très hétérogène. Le chômeur n'existe pas en tant que tel, c'est un objet construit et les économistes ne parlent pas du chômage mais du halo du chômage. Il faut comprendre qu'en économie rien n'est dans l'observa)on directe mais tout est dans la construc)on des concepts. On va insister plus sur le PIB, le PIB semble courant mais c'est une no)on construite. On parle énormément de la « croissance » mais de quoi parle-­‐t-­‐on ? C'est tout sauf de l'observa)on direct. Il nous faut d'abord un indicateur de croissance, le PIB (produit intérieur brut), comment est-­‐il calculé ce PIB ? Il mesure la richesse marchande et non marchande. Du côté du secteur marchand on va évaluer la valeur ajoutée des entreprises, les entreprises doivent déclarer leur valeur ajoutée pour la TVA. On prend les comptes de résultat des entreprises. Pour les administra)ons publiques comme par exemple l'éduca)on na)onale on les évalue au coût de fonc)onnement. Ce[e no)on de PIB est loin d'être parfaite mais pourquoi on fait ça ? Pourquoi ne pas u)liser le PNB plutôt que le PIB. Le PIB fait référence à ce qui passe dans la zone alors que le PNB c'est au niveau na)onal. Les capitaux qui produisent en France sont de majorité étrangers, ce ne serait donc pas très représenta)f.
Le PIB c'est la somme des valeurs ajoutées déclarées par les entreprises plus la TVA plus les droits de douane moins les subven)ons au produit. PIB = Z VA + TVA + DD – Subven)ons
Le PIB est bien une réalité construite puisque ça a voca)on à parler de la richesse, on comptabilise le flux de produc)on d'un pays sur un exercice. On voit de suite que ce[e richesse est difficile à appréhender. On constate la richesse à travers ce qu'on produit, mais quand on parle de richesse on a tendance à penser au patrimoine or dans le PIB on ne comptabilise pas le patrimoine. Dans le PIB il y a des tas d'éléments de la concep)on naturelle de la richesse qui ne rentrent pas, le patrimoine privé, public. Donc le PIB c'est une réalité qui n'est pas directement observable, nous construisons un objet que nous appelons la croissance et cet objet construit a des tas de défauts. Si on détruit une par)e du patrimoine français privé on n'a pas de baisse du PIB. En revanche si on le reconstruit là le PIB augmente. C'est une réalité qui est construite. L'objet de la science économique c'est de construire des objets sur lesquels on va avoir des raisonnements, ce[e fameuse science qui crée des lois elle les crée dans le monde de la théorie et quand elle veut l'appliquer elle doit trouver des objets construits qui perme[ent de la me[re en œuvre. Le PIB est très u)lisé à cet égard car en gros c'est lui qui explique comment les en)tés économiques s'enrichissent à long terme. Quand on observe le monde en ma)ère de croissance on voit qu'on est tous plus ou moins dans une expansion, mais d'où vient ce[e croissance ? C'est le contrepoids de la croissance démographique. S’il y a qu'une faible croissance démographique il faut une croissance économique pour nourrir les nouvelles bouches. Aujourd'hui la croissance arrive en Afrique. La croissance à ses débuts crée des inégalités et c'est la redistribu)on qui permet ensuite un enrichissement global. La croissance économique apparait en Afrique avec quatre locomo)ves : l’Afrique du sud, l’Ethiopie, le Nigéria et l'Angola. Même aux Etats-­‐Unis, en Europe la croissance économique n'est pas du tout la même mais il y a une convergence qui se fait souvent de manière régionale. Lorsqu'on veut étudier le phénomène de la richesse d'un pays il faut étudier le PIB.
Paragraphe 3 : Le Menu : la Ra)onalité, la Richesse, le Marché, l'Emploi, le Financement
La microéconomie s'intéresse aux lois des pe)tes unités, le consommateur etc. Et ensuite on va vers la macroéconomie pour parler de Keynes ou des poli)ques publiques. On va aborder l'économie par des thèmes, l'inconvénient c'est qu’on ne va pas très bien voir le lien qu'il y a entre les thèmes. On va commencer avec un thème court, la ra)onalité économique à la suite de quoi nous allons étudier la richesse puis de la richesse nous irons vers le marché qui nous parlera du droit et notamment du droit de la concurrence, de la mondialisa)on. Enfin après le marché nous passerons à l'emploi parce que l'emploi est central pour les étudiants. Nous terminerons par le financement, la ques)on de savoir comment fonc)onne le marché de la monnaie mais aussi donc le marché du crédit, comment fonc)onne un crédit.
Chapitre 1 : La Ra)onalité
Paragraphe 1 : Comment décidons nous ? (La transi)vité des préférences, le fou ra)onnel, la sa)été, la décroissance de l'U)lité marginale)
La ra)onalité c'est un des thèmes qui peut paraître les plus théoriques en économie mais au contraire c'est très appliqué notamment c'est la base de tout ce qui concerne les théories de la répar))on, les théories de la fiscalité. Pourquoi choisir un impôt progressif plutôt que propor)onnel ? Bref la ra)onalité c'est très appliqué. Encore faut-­‐il savoir l'appliquer. Il faut commencer par définir ce qu'est la ra)onalité, nous allons notamment dis)nguer ce qui relève de la ra)onalité individuelle et de la ra)onalité collec)ve. La dis)nc)on n'a rien à voir avec la microéconomie et la macroéconomie, la ra)onalité individuelle c'est la ra)onalité de l'individu lorsqu'il opère un choix individuel. La ra)onalité collec)ve c'est la ra)onalité de l'ensemble des individus lorsqu'ils opèrent ensemble un choix ra)onnel individuel. Exemple : la procédure de vote. On a défini la dernière fois ce qu'est l'hypothèse de ra)onalité individuelle au sens le plus simple, c'est l'hypothèse de transi)vité des préférences. Ce qui veut dire que lorsqu'on me demande de choisir entre trois décideurs publics je peux faire un choix ra)onnel. Si je suis ra)onnel, si je ne suis pas un fou ra)onnel je suis celui qui préfère A à B, B à C donc je préfère A à C. Si nous sommes tous ra)onnels, et qu'il faut qu'on fasse tous un choix collec)f pour élire notre représentant, le résultat de ce choix sera-­‐t-­‐il ra)onnel ? Respectera-­‐t-­‐il les hypothèses de la ra)onalité individuelle ? C'est la ques)on de la ra)onalité collec)ve. Cela ne recoupe pas du tout la ques)on de l'opposi)on entre la macroéconomie et la microéconomie car les deux peuvent être abordées de manière ra)onnelle. Il y a un homme qui a changé les cartes, modifié les résultats et brouillé la situa)on c'est un grand auteur du début du XXR siècle car il a inventé une nouvelle approche de l'économie qui ne s'appuyait pas nécessairement sur la ra)onalité, John Menard Keynes. Lui a proposé une nouvelle approche de l'économie de son époque qui était une macroéconomie sans ra)onalité et tout le monde s'est mis à penser que la macroéconomie c'est à dire l'étude des lois qui régissent les grands agrégats économiques était une science qui ne s'appuyait pas sur le principe de ra)onalité. En fait par exemple quand Keynes étudie les rela)ons qui peuvent exister entre l'offre globale et les composantes de la demande globale c'est à dire par exemple la consomma)on, l'inves)ssement ou la dépense publique il n'invoque pas le principe de ra)onalité. Pour Keynes chacune de ces grandes fonc)ons obéit à une loi dont le fondement est essen)ellement psychologique. La ra)onalité ce n'est pas de la psychologie. Par exemple lorsque Keynes explique que les ménages consomment, il explique que les ménages consomment selon certains mo)fs, mobiles dont des mobiles subjec)fs et des mobiles objec)fs. Parmi les mobiles subjec)fs on va trouver l'avarice, l'ambi)on. Beaucoup de gens sont persuadés que la microéconomie c'est la ra)onalité et la macroéconomie c'est autre chose. En macroéconomie keynésienne ce qui agit c'est la régularité des comportements psychologiques. Ce[e macroéconomie est aujourd'hui abandonnée. Ce[e macroéconomie keynésienne est abandonnée précisément parce qu'elle n'a pas trouvé le moyen de jus)fier ses hypothèses psychologiques, parce que la psychologie on n'est même pas certains que ce soit une science. On ne croit pas aux fondements de la macroéconomie keynésienne et aujourd'hui la macroéconomie a à nouveau convergé vers la microéconomie et le principe de ra)onalité. Au départ elles n'étaient pas dis)nctes, avant Keynes il y a la macroéconomie des auteurs classiques, Keynes n'invente pas le fondement macroéconomique mais la macroéconomie qui existait s'appuyait sur le principe de ra)onalité. Aujourd'hui l'approche majeure de l'économie c'est la ra)onalité. La ra)onalité incarnée dans les comportements. La ra)onalité individuelle. La défini)on la plus simple que nous pouvons donner c'est celle de la transi)vité des préférences. En économie un individu est fou s’il préfère simultanément deux op)ons qui ne peuvent pas être indifférentes. Cela ne signifie pas que je ne puisse être indifférent, mais si : A>B et B>C alors A>C je peux être indifférent seulement si je suis indifférent entre A et B et indifférent entre B et C, là on a bien A indifférent à C. Ça c'est la base de la ra)onalité mais il va falloir qu'on incarne ce[e ra)onalité dans le comportement des agents économiques. Et justement c'est ce qu'on a commencé à faire à par)r du XIXR siècle, du milieu de ce siècle où on va trouver un auteur en 1855, Gossen qui va être l'inventeur de deux lois fondamentales de ce qu'on appelle le marginalisme. Herman Ulrich Gossen est un auteur qu'on qualifie donc indifféremment d'auteur marginaliste ou d'auteur néoclassique. Pourquoi ? Car les auteurs qui viennent après les classiques sont considérés comme néoclassiques même si il arrive avant Marx. Ce n'est plus un auteur classique parce qu'il a commencé à travailler sur un autre sujet que les néoclassiques, il s'est mis à chercher quelles étaient les grandes lois de l'économie. Ces lois ils vont les trouver au travers d'un raisonnement. Le raisonnement marginal. Et c'est pour ça qu'on les appellera plus tard les marginalistes. Qu'est-­‐ce que le raisonnement marginal ? Le raisonnement marginal c'est l'étude qui porte sur la dernière unité produite ou consommée et mathéma)quement comment est-­‐ce qu'on va déterminer ce que nous apporte ou nous enlève un salarié de plus. On raisonne sur ce qu'apporte la dernière unité de produc)on. Les lois de Gossen sont plutôt des lois de comportement de la consomma)on. Qu'est-­‐ce qu'il dit : il dit que lorsqu'on consomme un café, un thé ou autre il est clair que chacune des unités consommée augmente ma sa)sfac)on totale. Mais ce[e sa)sfac)on décroît marginalement, à la marge. La vérité c'est que la sa)sfac)on totale augmente mais on va s'arrêter à un moment, le point de sa)été de la consomma)on et si on consomme plus à ce moment-­‐là cela n'apporterait pas plus de sa)sfac)on. L'intensité d'un besoin décroît au fur et à mesure de sa réalisa)on. C'est pour ça que quelle que soit la nature de la consomma)on observée, on ne consomme pas sans limite. Deuxième loi et là on va basculer dans quelque chose de très intéressant car c'est opéra)onnel dans nos décisions. Deuxième loi générale, les individus consomment de manière à égaliser les dernières unités de sa)sfac)on pondérées par les prix. C'est un raisonnement plus large que le raisonnement précédent. L'économie est un problème de choix. Exemple des pâtes et du )ramisu, « sa)sfac)on restante à obtenir ». On ne va pas consommer la même quan)té de « caviar » que la quan)té de « pates ». On ne va pas consommer les biens n'importe comment mais scien)fiquement, on va égaliser les quan)tés consommées de manière à ce que la dernière unité de consomma)on nous apporte une dernière unité de sa)sfac)on de telle sorte que l'u)lité de la dernière bouchée de pates (U'p) soit égale à l'u)lité du )ramisu (U't) mais en fonc)on des prix (Pp et Pt). TMS= U'x/U'y = Px/Py Quand il y a plus de sa)sfac)on on s'arrête mais au-­‐delà de ça quand il y a plusieurs biens à consommer on consomme de manière à ce que les dernières unités de ce que l'on consomme nous apportent la même sa)sfac)on mais en fonc)on des prix, c'est le taux marginal de sa)sfac)on. Ce[e loi du TMS (taux marginal de subs)tu)on), on nous dit : combien vaut la sa)sfac)on que m'apporte le saumon en )ramisu ? Quand j'ai choisi de manière op)male c'est que j'ai choisi d'échanger les pates contre le )ramisu de telle manière que le rapport des deux est égal au prix des pates sur le prix du )ramisu. Ces grandes lois là sont à la base de tous les raisonnements qui vont structurer le droit. Quand on réfléchit sur le droit de la concurrence en économie qui interdit certains types de produc)on de fixer leur prix trop bas c'est en fonc)on de ça. C'est des raisonnements très appliqués dans le réel. Il y a le problème du discours, les gens ne sont pas familiarisés à ce vocabulaire. Cout marginal : cout de la dernière unité de facteur u)lisée. Ce[e ra)onalité du consommateur on va le retrouver incarnée dans la ra)onalité du producteur et c'est sur la base de ces deux acteurs là qu'on va construire le droit de la concurrence. Le droit de la concurrence c'est un droit qui va établir que la libre concurrence est le meilleur des systèmes pour le consommateur et pour le producteur. Tout ce droit qui est à la fois un droit américain mais aussi un droit européen est fondé sur ces lois de l'économie qui sont découvertes au XIXR siècle et qui sont restées aujourd'hui intactes. On va aussi parler de la ra)onalité dite « collec)ve ». Raisonner sur un individu c'est bien mais on est souvent confronté à des problèmes de décision qui ne sont pas des problèmes de décision individuelle mais collec)ve. Quid de ce[e probléma)que de la décision collec)ve ? Paragraphe 2 : Existe-­‐t-­‐il une ra)onalité collec)ve ? (Le paradoxe de Condorcet, le théorème d'impossibilité)
On va aborder cela dans la perspec)ve tracée par le marquis de Condorcet. Le marquis de Condorcet c'est un aristocrate avec des idées progressistes. Parmi ces idées il y a celle de l'éduca)on publique. C'est à Condorcet qu'on doit le vrai début de l'éduca)on collec)ve et publique et non pas à Charlemagne. Condorcet c'est un homme de progrès, qui par)cipe à la Révolu)on française ce qui ne l'empêchera pas de faire les frais de ce[e révolu)on puisqu'il meurt en prison, son suicide semble être une exécu)on maquillée. Dans le domaine des idées c'est sur les procédures de vote que le marquis de Condorcet apporte des résultats étonnants. Qu'est-­‐ce qu'une procédure de vote ? Lorsque nous votons, lorsque nous procédons comme cela à un vote il s'agit d'un choix, nous faisons tous individuellement un choix. Mais ce choix est-­‐il condi)onné en)èrement par notre décision ? Non puisque l'issue de ce vote sera déterminée par une règle : la règle de majorité. Le vote va désigner une issue, je choisis quelque chose je par)cipe puisque je vote et néanmoins ce choix ne repose pas sur ma décision seule puisque nous sommes plusieurs à décider en même temps, c'est la règle de majorité qui détermine le passage de l'individu au collec)f. Ce[e règle peut être divers mais d'une manière ou d'une autre le vote sera toujours démêlé par une défini)on de majorité qui l'emporte et détermine le choix collec)f. Mais ce choix collec)f est-­‐il ra)onnel au sens de l'économie ? Ce principe qui semble être la lumière sur notre chemin, la démocra)e, ce[e règle est-­‐elle nécessairement ra)onnelle au sens économique ou présenté différemment, le choix ra)onnel sera-­‐t-­‐il cohérent ? Si c'est le cas la règle de vote démocra)que retenue conduira à une majorité stable et un choix clair. Mais si ça n'est pas le cas, comment choisir ? Est-­‐ce que c'est possible de faire un choix tous ensemble et que ce choix respecte le principe de ra)onalité de l'économiste. On s'intéresse à l'intérêt général.
C'est ce qu'on appelle la préférence indéterminée. La règle démocra)que de choix collec)f n'est pas ra)onnelle. Il n'y a pas de préférence collec)ve ra)onnelle, on s'est promis de trouver l'intérêt général mais cet intérêt n'existe pas. Si c'est autocra)que, une personne impose ses choix à tous. Arrow a u)lisé les mathéma)ques de la topologie vectorielle pour retrouver ce même théorème, il a montré qu'on ne peut pas trouver un intérêt général cohérent à par)r des préférences individuelles. La préférence majoritaire ne conduit pas forcément à un choix ra)onnel. Le théorème d’Arrow s'appelle le théorème d'impossibilité. Ça veut dire qu'il n'y a pas de procédure de consulta)on qui perme[e de déterminer ce qui est le mieux pour nous, ce fameux intérêt général. C'est indéterminable ce qui fait que lorsque le décideur public vient vers nous et nous dit « moi ce qui m'importe c'est l'intérêt général », ce n’est pas possible. C'est même pas qu'ils en sont pas persuadé c'est que ce n'est pas possible scien)fiquement. Le décideur va forcément violer à un moment nos préférences. L'intérêt général peut abou)r à n'importe quelle extrémité parce que ce n'est pas déterminable. La majorité peut abou)r à l'élec)on de n'importe qui.
« La démocra)e c'est le pire des systèmes à l'exclusion des autres », Churchill. La règle démocra)que ne fonc)onne pas toujours et il est possible que ce[e règle conduise à un résultat qui est indéterminé. Le problème est abordé en termes de ra)onalité de la procédure collec)ve. On est arrivé à un cycle de majorité, la règle démocra)que fonc)onne dans de nombreux cas et c'est souvent les meilleurs qui ressortent. La règle démocra)que peut conduire à des cyclicités de majorité. (Exemple Le Pen, Jospin, Chirac). Lorsque le décideur public s'adresse à nous pour nous proposer un choix « Je vais choisir de faire telle chose puis telle chose ». Il y a pas de préférence générale qui respecte toutes les préférences individuelles. La règle de la majorité veut dire quelque chose la plupart du temps. Cela ne doit pas nous donner un manque de confiance dans la règle majoritaire mais on doit prendre conscience que ce[e règle n'est jamais totalement cohérente et qu'il est parfaitement possible qu'elle désigne un vainqueur qui n'est pas le bon. Les limites de la ra)onalité, il y en a une dernière qu'on va aborder et qui va montrer clairement comment nos choix peuvent être limités par le contexte dans lequel nous décidons. C'est la base du prix Nobel de Maurice Allais, effec)vement les contextes de choix peuvent nous conduire à faire des erreurs de ra)onalité. Par exemple lorsqu'on interroge sur une préférence entre deux situa)ons qui sont : à la suite d'un accident il y a 70 % de tués ou situa)on deux 30 % de rescapés. La préférence majoritaire se porte sur le second cas, les gens préfèrent 30 % de rescapés. Il y a ce qu'on appelle un effet de contexte, dans certains contextes notre décision n'est plus cohérente, dans le cas étudié on est influencé par le côté posi)f de l'informa)on (le fait d'avoir des rescapés). L'autre bizarrerie qui peut intervenir c'est la ques)on de l'indépendance aux alterna)ves non per)nentes. Lorsqu'on fait un choix, théoriquement on ne devrait pas considérer dans l'ensemble de choix les alterna)ves que l'on est sûr d'écarter. Exemple des creve[es et du steak frites, un choix que l'on est sûr d'écarter peut nous conduire à changer notre choix ini)al. Il y a des situa)ons de contexte dans lesquelles nous ne sommes pas ra)onnels. La dernière c'est le risque. Nous avons tous un problème de ra)onalité vis à vis du risque. La ques)on du risque est évidemment économique, ce sont les économistes très tôt, au début du XVIIIR siècle qui commencent à appréhender la ques)on du risque et de son influence sur la ra)onalité. Ce sont des probabilistes qui vont apporter les premiers résultats sur ce sujet, Bernoulli famille de savants (Daniel et Nicolas), Nicolas c'est celui qui est à l'origine du paradoxe de Saint-­‐Pétersbourg et c'est Daniel qui va lui proposer une solu)on. Le paradoxe est le suivant : on re)ent en économie généralement une hypothèse d'indifférence vis à vis du risque qui fait qu'un individu voit sa ra)onalité établie dans la comparaison des deux loteries suivantes : gagner 500 euros avec une probabilité de 1 ou 1000 euros avec une probabilité de 1/2. L'individu est théoriquement indifférent face à ces deux choix. Cela voudrait dire que l'on est indifférents vis à vis du risque. Mais on l'est pas on a tous une a„tude différente face au risque. Ce qui est certain c'est que l'hypothèse la plus courante c'est qu'on n'est pas neutre. On peut présenter soit une aversion pour le risque, une neutralité vis à vis du risque ou une préférence tout le problème étant quel est notre propre type de ra)onalité. Qu'est-­‐ce que le paradoxe de Saint-­‐Pétersbourg ? Nicolas Bernoulli se pose la ques)on suivante : dans le cas d'un gain, qu'est ce qui se passe si le gain est fait de telle manière que j'ai une probabilité de gain (P) qui tend vers 0 alors que le lot lui tend vers l'infini ? En fait il y a même des jeux qui fonc)onnent comme ça et c'est toute la base du paradoxe de Saint -­‐Pétersbourg. Dans les jeux on paye toujours plus que ce qu'on peut gagner. Si on prend pile ou face tel qu'on nous propose de gagner 2^n si on fait pile ou face au tour « n ». Quelle est la ra)onalité de ce jeu. A chaque stade on a une chance sur deux de gagner, donc au troisième tour on a une probabilité de gagner de (1/2)^3 quand n tend vers l'infini on devrait théoriquement être prêt à miser l'infini. Daniel dit que les gens ne sont pas prêts à miser l'infini mais seulement une par)e de l'infini, il y a une rela)on inverse entre la valeur a[ribuée à la richesse et le montant de la richesse déjà acquise. Cela veut dire que plus je suis riche moins la dernière unité de valeur de richesse est importante pour moi. Si je suis extrêmement riche est ce que je vais miser l'infini ? De toute façon je ne vais jamais miser l'infini parce que la valeur que j'ai pour la richesse diminue au fur et à mesure que je l'ob)ens. L'idée de Bernoulli ressemble à l'unité marginale mais ce n'est pas la même chose, chaque nouvelle unité de valeur de richesse est de moins en moins importante pour moi. L'u)lité marginale de la richesse diminue. Daniel Bernoulli nous avait expliqué pourquoi nous ne misons pas tout et pourquoi on a tendance à miser plus quand on est riche ? Puisque on a moins à perdre soit d'u)lité, soit de valeur puisqu'en théorie les dernières unités de richesse ont de moins en moins de valeur. Si on n’est pas très riche et qu'on nous enlevé une grosse par)e de notre patrimoine on va nous enlever une grosse valeur. Comment en arrive-­‐t-­‐on sur l'impôt sur le revenu ? L'impôt sur le revenu français est progressif, li[éralement l'impôt sur le revenu est progressif en France car on n’est pas imposé de la même manière selon qu'on déclare des revenus, faibles, élevés ou très élevés. Plus on déclare des revenus élevés plus le taux est élevé. Il ne faut pas confondre le taux moyen et le taux marginal. Qu'est-­‐ce que c'est ce[e philosophie d'un taux d'impôt qui augmente de plus en plus c'est l'idée de dire que l'euro que je prends à un très riche sur son million d'euro déclaré ne lui enlève pas beaucoup d'u)lité (théorique) mais en revanche celui à qui je le donne en presta)ons sociales ça lui apporte beaucoup d'u)lité, on u)lise ici la fiscalité comme un élément de redistribu)on, un facteur de redistribu)on. On va calculer l'impôt sur le revenu. Pour déclarer des revenus il faut d'abord en obtenir, une fois qu'on a choisi le montant à déclarer ce montant est brut mais tout de suite ce n’est pas assez précis, on va dire qu'on va déclarer un certain revenu annuel. Si je choisis un revenu à 100 000 euros brut, on va réaliser un aba[ement de frais nécessaires à l'exercice professionnel (10%), aba[ement forfaitaire 10 % ce qui nous laisse 90 000 euros (un deuxième cas à citer, les frais réels qui vont nous conduire à enlever les frais réels qu'on a engagé sur une base de jus)fica)fs ()ckets etc.) qui peuvent monter à 20 % mais généralement les gens font pas a[en)on). On va calculer l'impôt progressif, la somme à déclarer va abou)r dans un tableau.
On a le quo)ent familial selon qu'on soit seul, deux ou avec des personnes à charge (enfants). Chaque enfant va cons)tuer une demie part pour les deux premiers mais le troisième une charge en)ère. Pour déterminer le quo)ent familial on divise 90 000 euros par le nombre de parts et on regarde le tarif dans le tableau correspondant au quo)ent familial calculé. Si avec les 90 000 on a une seule part, il rentre dans la quatrième tranche. Si avec les 90 000 euros on a un homme une femme et trois enfants, on a quatre parts ce qui lui fera déclarer : QF=22 500 euros qui rentre dans la seconde tranche. R = 90 000(revenu) et N = 4 (nombre de parts) Plus on déclare des revenus élevés plus l'impôt sera élevé en taux marginal. 90 000/4 QF (quo)ent familial) < 6011 euros I(impôts) = 0
QF > 6011 euros à 11 911 I = (R* 0.055) -­‐ (N* 330.61)
QF > 11 911 euros à 26 631 I = (R* 0.14) -­‐ (N* 1349.84)
QF > 26 631 euros à 71 397 I = (R* 0.30) -­‐ (N* 5610.80)
QF > 71 397 euros à 151 200 I = (R* 0.41) -­‐ (N* 13 464.47)
QF > 151 200 euros à infini I = (R* 0.45) -­‐ (N* 19 512.47)
Quand on fait ce calcul il ne faut pas confondre taux moyen d'imposi)on et taux marginal d'imposi)on. Le célibataire gagne 90 000 euros nets, 90 000/1 = 90 000 il est dans la 4R tranche.
Pour calculer I du célibataire : il va payer a priori 23 436 euros. Le calcul proposé n'est pas exact car il y a eu ce qu'on appelle le plafonnement du quo)ent familial. L'histoire du plafonnement du quo)ent familial vient modifier la formule. Dans le cas du célibataire avec l'histoire du plafonnement on va lui enlever 897 euros pour la demi-­‐part excédant une part sans personne à charge. On lui enlève rien en plus des 897 euros * une part. Son impôt réel sera de 36 000 euros.
Passons à la famille, la famille a 4 parts et 90 000 euros de revenus donc 90 000/4 = 22 500 ce qui conduit la famille dans le seconde tranche imposable. Ils auront donc un impôt théorique de (90 000 * 0.14) -­‐ (4 * 1349)= 7 204 euros (théorie) Mais là encore a[en)on au plafonnement du quo)ent familial, le quo)ent familial va donner comme règle ici : « Si vous êtes mariés, vous allez effectuer un nouveau calcul de l'impôt en retenant deux parts plus deux parts supplémentaires à 3240... » En gros on va arriver à quelque chose comme 9 000. Le résultat c'est que la famille va être dans l'ordre de 9000 et le célibataire de 36 000. Le célibataire il est à quel taux moyen ? Il est à peu près à 33 % de taux moyen d'imposi)on. La famille est à peu près à 10 % de taux moyen d'imposi)on. On ne peut pas avoir d'impôt moyen à 70 % même avec le plafonnement du quo)ent familial. Entre impôt moyen et impôt marginal quel est l'intérêt de l'étude. Chacun est imposé différemment selon ses revenus mais le taux d'imposi)on est progressif, quand on déclare notre revenu au lieu d'être imposé de manière propor)onnelle aux revenus on va le calculer tranche par tranche. Tout le monde paye le même taux dans les mêmes tranches. C'est le taux marginal, le taux marginal c'est le chiffre qui est mul)plié par le revenu. Ce qu'il faut bien appréhender c'est qu'il y a deux types de calculs différents. Ne pas confondre imposi)on marginale et imposi)on moyenne. Chaque fois qu'on change de tranche la tranche marginale nous indique ce qu'on va nous prendre en plus sur ce qu'on a de plus. La philosophie était que lorsque j'enlève un euro supplémentaire dans des tranches très élevées pour les redistribuer je vais apporter beaucoup de sa)sfac)on à celui à qui j'apporte en en enlevant très peu à celui à qui je prends l'euro. Il faut raisonner à la marge pour savoir ce qu'on va payer et pas en taux moyen, le taux moyen c'est à la fin du calcul. Les charges sociales ont également un certain niveau de progressivité depuis quelques années. Les charges sociales c'est les charges prélevées pour faire fonc)onner les administra)ons publiques. Ces charges vont cons)tuer un coefficient important du salaire brut. Si on totalise les charges prélevées pour nous au )tre de l'entreprise et nos charges on va arriver à un pourcentage important du salaire brut or ces charges n'avaient pas voca)on à être progressives jusqu'alors, est ce qu'elles le deviennent ? Le principe d'une charge, une co)sa)on n'est pas spécialement d'être progressive, elles ne sont pas inscrites comme progressives car on n’a pas voulu que les plus riches contribuent plus que les plus pauvres. Les charges sociales ne sont pas conçues jusqu'à présent comme progressives et il n'est pas prévu l'idée dans les charges sociales qu'il y ait une progressivité qui vise à redistribuer dans les administra)ons publiques. Pour le moment tout le monde co)se pour le système sans progressivité mais on ne co)se pas le même montant. Ce n'est pas parce qu'on a un taux fixe qu'on va payer la même chose, ce n'est pas progressif mais forfaitaire (25 % pour tout le monde). Tout le monde ne paye pas la même chose mais le même taux. On peut me[re de la jus)ce fiscale où on veut mais c'est un choix poli)que. Dire qu'avec un taux propor)onnel on payerait tous la même chose est faux, on payerait tous le même taux. L'état d'esprit de l'impôt sur le revenu ce n'est pas que de nous faire contribuer, c'est de nous assurer que notre contribu)on va être de plus en plus importante en taux chaque fois que l'on devient un peu plus riche. On doit s'assurer qu'on va co)ser de plus en plus quand on va franchir les tranches de revenu supplémentaires. Les co)sa)ons sociales ne sont-­‐elles pas depuis 93, 96 et ainsi de suite un brin progressif ? Parce que le CICE permet aux entreprises de déduire 6 % de leur masse salariale inférieure à 2.6 * le SMIC des impôts. On donne la possibilité aux entreprises de réduire leurs impôts en fonc)on de la masse salariale inférieure 2.6 * le SMIC. Illustra(on : La progressivité de l'IRPP
Chapitre 2 : La Richesse
On va parler des richesses des na)ons. Il faut dis)nguer plusieurs personnes et notamment la no)on de richesse, il faut dis)nguer la concep)on des richesses des na)ons avant et après Adam Smith. Parce que précisément, c'est Adam Smith qui par son traité de 1776 laissé sur les causes et la nature de la richesse des na)ons va apporter la première tenta)ve de systéma)sa)on de la pensée économique. La richesse est le thème favori d'Adam Smith. La probléma)que de la richesse ce n’est pas que le XVIIIR siècle des classiques qui abou)t au XIXR siècle de Marx, la probléma)que de la richesse ce n'est pas que celle du capitalisme, c'est-­‐à-­‐dire en gros ce qu'on invente entre Smith et Marx, la probléma)que de la richesse actuelle c'est la probléma)que de la croissance économique. Aujourd'hui quand on se pose la ques)on de la croissance et du développement des na)ons. Lorsqu'on parle de la richesse aujourd'hui, c'est bien la croissance économique des na)ons dont on parle. Ce[e no)on de richesse va nous perme[re de traverser les XVIIIR, XIXR et XXR siècles pour arriver à aujourd'hui. Paragraphe 1 : La Richesse avant Smith
Si l'on lit l'œuvre de Smith on va trouver au début une cri)que très virulente des poli)ques économiques qui ont été conduites au XVIR siècle, au XVIIR siècle et dans une moindre mesure au XVIIIR siècle. Pour Adam Smith les poli)ques économiques mercan)listes sont fondées sur un principe erroné.
a. Les Mercan)lismes
L'erreur est dans le principe comme dans ses différents avatars (incarna)ons). La condamna)on de Smith est valable pour les principes du mercan)lisme comme pour ses incarna)ons. Le principe du mercan)lisme c'est l'antagonisme des intérêts na)onaux, l'idée c'est que on ne peut s'enrichir qu'aux dépends des autres na)ons. La France ne pourrait donc s'enrichir que si l'Angleterre s'appauvrit et toutes les na)ons d'Europe. Il y a aussi des incarna)ons plus spécifiques du mercan)lisme, par exemple le principe chrysohédonique (li[éralement l'amour de l'or) qui va définir les poli)ques espagnoles ou italo-­‐ibériques du XVIe siècle, mais il y a aussi un principe produc)viste français au XVIIe siècle et un principe commercial anglais au XVIIIe siècle. Premier temps le chrysohédonisme italo-­‐ibérique. Ce qui caractérise la poli)que espagnole de l'époque c'est la volonté d'empêcher l'or de sor)r des fron)ères espagnoles, pour les espagnols la richesse s'accompagne de l'or, il est difficile d'être riche sans or. Mais comment conserver l'or alors qu'il s'enfuit ? Il qui[e les fron)ères, le pays. Pourquoi ils vont s'appauvrir ? Ils croient que c'est parce que l'or qui[e le pays, mais c'est parce que l'empire d’Espagne son économie va être tournée vers les conquêtes coloniales, l'extrac)on minière et les importa)ons que l'on paye en or. Pour les espagnols c'est un signe de perte de richesse, mais ils n'ont pas analysé le problème. C'est l'erreur qui va être mise en lumière en France par un conseiller du roi qui s'appelle Jean Bodin. Jean Bodin est le premier à expliquer pourquoi les espagnols se trompent sur la concep)on de la richesse, la richesse ce n'est pas l'or. C'est uniquement la contrepar)e l'or, de ce[e richesse. Il explique que les poli)ques espagnoles sont erronées parce qu'elles se fondent sur le fait que l'accumula)on d'or n'entraîne pas d'effet sur la valeur de l'or. Or il y a un principe très connu dès l'époque, c'est que ce qui est abondant n'est pas cher, ce qui est rare l'est. L'or étant devenu beaucoup plus abondant il avait forcément moins de valeur, or cet or c'était aussi la base de la monnaie-­‐or (le XVIR siècle voit l’écu or circuler dans toute l'Europe). Donc les espagnols augmentent non seulement le stock d'or européen mais bien entendu aussi la quan)té de monnaie en circula)on, Jean Bodin en 1568 est le premier à noter que ce[e abondance de monnaie est la cause de l'infla)on qui règne en Europe à ce[e époque. Jean Bodin ne voit pas que dans la monnaie les origines de l'infla)on, il voit d'autres sources. L'augmenta)on con)nue et générale des prix c'est ça l'infla)on. Bodin propose 5 facteurs de l'origine de l'infla)on, il propose d'abord les monopoles, le monopole est une structure par)culière de marché et en général le monopole s'accompagne d'un niveau de prix plus élevé et d'un niveau de quan)té produite plus restreinte. C'est pour ça que les autorités de la concurrence sont unanimes à faire respecter les droits de la concurrence. Comme deuxième facteur de l'infla)on Bodin cite « la dise[e », synonyme de mauvaises récoltes, le PIB est à 95 % agricole à l'époque. Troisième facteur invoqué par Bodin : les ententes, c'est quand les entreprises s'entendent entre elles c'est interdit. Bodin cite une quatrième raison pour expliquer l'infla)on, le train de vie du Roi, non pas la dépense publique mais la dépense de l'Etat. Cinquième et dernier facteur « la monnaie ».La monnaie on a déjà vu pourquoi quand elle est en quan)té excessive elle peut résulter en infla)on c'est ce qu'on appelle la théorie quan)ta)ve de la monnaie avec l'équa)on comptable de la monnaie et sa version quan)ta)viste (sa version théorique). C'est ce[e théorie qui nous explique que lorsque la masse monétaire augmente et que la vitesse de circula)on de monnaie et les transac)ons sont constantes alors le niveau des prix varie dans le même sens que la masse monétaire. M*V = P*T voilà ce qu'est l'équa)on quan)ta)ve de la monnaie. Il faudra a[endre la fin du XVIR siècle et le début du XVIIR siècle pour que les effets de ce[e hyper infla)on disparaissent et que les poli)ques mercan)listes voient leurs objec)fs se recentrer sur la produc)on. C'est le produc)visme du XVIIR siècle, celui de Colbert qui est l'intendant qui promeut en France la produc)on industrielle par les manufactures royales. Pour être honnête avec les français de l'époque, il n'y a pas que le colber)sme mais aussi un produc)visme agraire (promoteurs de l'agriculture Turgot..). Les français à ce[e époque-­‐là eux aussi sont dans une certaine mesure mercan)listes parce qu'ils pensent que la seule solu)on pour s'enrichir c'est de produire et de vendre aux autres, donc le mécanisme c'est de limiter au maximum les importa)ons et favoriser toujours au maximum les exporta)ons. Mais là aussi c'est une forme de protec)onnisme à double )tre, d'abord parce qu'on cherche à avoir une balance commerciale où les importa)ons sont nulles et d'autre part parce qu'on subven)onne notre industrie na)onale. Ce[e subven)on abou)t aux mêmes résultats que lorsque nous subven)onnions Renault pour la construc)on de voitures. Ca fait aussi des français et de Colbert les inventeurs de ce qu'on appelle l'économie mixte. L'économie mixte c'est l'économie où on a un mélange entre le secteur public et le secteur privé dans le domaine de la produc)on. Or ceci n'est pas une obliga)on, on peut très bien généralement laisser les grands domaines de l'Etat au public et tous les autres au privé. On voit que l'habitude française qui est une habitude de ce que le décideur public vient me[re son nez dans les affaires de l'entreprise est une très vieille habitude, plus de trois siècles. C'est donc l'économie mixte, celle où on produit à la fois dans le public et dans le privé. L'Etat aujourd'hui avec Air France. Il nous reste à aborder le mercan)lisme commercial des anglais. Les anglais sont pragma)ques, ils développent un mercan)lisme qui est commercial sur la base du pouvoir économique de leur flo[e de guerre, qui va leur donner un pouvoir sur les mers qui est assis sur les rece[es fiscales de l'Etat anglais. C'est un appareil d'Etat. A la différence des espagnols ou des français, les anglais ne cherchent pas à susciter un commerce interna)onal par)culier mais cherchent simplement à favoriser leur propre poids dans le commerce interna)onal. Ce[e poli)que est très protec)onniste à certains égards, en effet ils vont interdire leur marché intérieur aux commerçants interna)onaux. Deuxièmement avec la royal navy et le principe du pavillon ils vont imposer un monopole sur certaines routes commerciales et sur certains ports. Lorsqu'on est d'un pavillon non anglais et qu'on cherche à aborder dans un port anglais ils nous )rent dessus. Enfin ils vont développer un vaste empire colonial dont l'objec)f est précisément de doper la richesse du Royaume-­‐Uni au détriment de ses colonies. Ça ira très loin puisque les anglais vont même imposer des restric)ons produc)ves à ces colonies en leur imposant par exemple de ne pas produire autre chose que des ma)ères premières à l'export. Ce que veulent les anglais c'est un commerce interna)onal qui me[e en situa)on de soumission les colonies qui sont obligées d'importer des produits manufacturés en échange de ma)ères premières. C'est d'ailleurs à cet égard ce qui fera la guerre d'indépendance américaine avec la fameuse « Boston Tea party » qui est le moment où se cristallise les rapports entre la colonie américaine et la mère patrie parce que les anglais ont la préten)on d'imposer aux colons américains des restric)ons à l'exporta)on sur le thé américain. C'est le début de la guerre d'indépendance américaine vis-­‐à-­‐vis des anglais. Ce[e a„tude est plus pragma)que que celle des autres na)ons puisqu'ils n'ont pas cherché eux à produire ou à limiter leurs propres échanges. En revanche la nature de ces importa)ons oui, finalement ces anglais sont assez représenta)fs de ce qu'est aujourd'hui le commerce interna)onal. Quand ils cherchaient à limiter les importa)ons de produits manufacturés ils cherchaient à imposer à leurs colonies l'exporta)on seulement de ma)ères premières. Que cherchaient-­‐ils à protéger en limitant l'importa)on de produits manufacturés ? Ils cherchaient à protéger leur produc)on à eux de la concurrence de ces colonies et se faisant ils protégeaient leurs emplois. Or c'est quelque chose qu'on trouve encore aujourd'hui dans le commerce interna)onal. C'est une réalité du commerce interna)onal. Même en étant dans l'OMC je peux me protéger avec les droits de douane, pour un pays extrêmement exportateur par exemple la Chine, c'est le pays qui développe le plus ses exporta)ons dans le monde, il est membre de l'OMC donc on devrait se dire que c'est ça le libre échange interna)onal. Un des domaines où les chinois ont les droits de douane les plus élevés c'est l'habillement, les chinois se protègent et protègent leurs emplois. Si on se met tous à acheter du tex)le chinois, le tex)le français disparaît. Les chinois se méfient des indiens, des africains qui peuvent produire à bas coût. Ce mercan)lisme anglais du XVIIIR siècle, leur a„tude vis-­‐à-­‐vis du commerce interna)onal c'est rien de plus que l'OMC. Il y a encore des droits de douane partout dans le monde. Dans l'OMC techniquement on peut invoquer des raisons pour lesquelles à un moment donné on relève des droits de douane. Il y a des abus, il faut regarder le carte de règlement des différends de l'OMC, il y a encore une guerre économique des acteurs et c'est une poli)que mercan)liste. Enfin il y a une quatrième forme de mercan)lisme, le mercan)lisme fiduciaire. Le mercan)lisme fiduciaire de John Law. John Law est un aristocrate anglais, qui parcourt l'Europe et passe notamment par la Hollande. Un banquier hollandais a inventé un nouveau système de crédit bancaire. On est à une époque où le commerce se fait à base de monnaie or. Et le hollandais en ques)on Yohan Palmstruck a inventé un nouveau principe, lui quand il reçoit de l'or en dépôt dans sa banque il échange l'or avec des billets, il donne plus de billets qu'il ne reçoit d'or. Il n'opère pas dans sa banque une réserve totale, quand il reçoit 100 d'or il donne 150 de billets ce qui fait que le billet devient un billet à réserve frac)onnaire. Une banque crée beaucoup plus de crédit que ce qu'elle n'a de monnaie en réserve. C'est le fondement de ce qu'on appelle aujourd'hui les réserves obligatoires. Les réserves obligatoires c'est la par)e de monnaie, de liquidité que les banquiers commerciaux sont obligés de conserver à la banque centrale en dépôt. En Europe c'est 1 % de la totalité de la masse des liquidités présentes dans les comptes de dépôt de la banque. En Chine c'est 15%. John Law voyage en Europe, fait fortune en jouant et observe le système de Palmstruck et se dit que c'est formidable puisque le système permet de faire plus de monnaie qu'il n'y en a, au XVIIIR siècle on a plus personne à massacrer pour récupérer de l'or. Du coup l'or est devenu très stable et sa valeur aussi mais le problème c'est que la quan)té de monnaie est aussi super stable et on ne peut plus faire de crédit avec une quan)té stable de monnaie, c'est ce que dit John Law et le système de Palmstruck permet de faire du crédit alors que jusqu'à présent lorsqu'on voulait faire du crédit on épargnait, jusqu'à ce qu'on invente ce billet on collectait de l'épargne, les banques collectaient de l'épargne et le reprêtait, on a toujours connu le crédit mais ce crédit se faisait sur la base de l'épargne collectée. C'est parce que les juifs avaient de l'épargne qu'ils pouvaient prêter de l'or. Il y a toujours eu du crédit dans l'histoire humaine or là le crédit est financé par de la créa)on monétaire. On prend un stock d'or et au lieu de transformer ce stock en billets d'une valeur équivalente je crée plus de billets que d'or. A par)r de Palmstruck on a un système qui séduit fort John Law car il pense à des Etats surende[és, il veut vendre le système à certains pays, en 1716 en France Louis XIV vient de mourir, Philippe d'Orléans est régent, la France est très ende[é, les dépenses somptuaires de Louis XIV pour se fabriquer des palais tout cela a créé un déficit énorme des dépenses courantes et au moment où John Law propose son projet on a à peu près 500% de déficit par rapport au PIB. John Law le vend à la France et cela marche, en 1716 le régent autorise John Law à ouvrir sa banque, une banque privée. Dans ce[e banque il va pouvoir libérer des billets. Law va simultanément ouvrir une compagnie, la compagnie perpétuelle des Indes qui va aller faire du commerce avec le Mississipi et ramener des profits importants en France, c'est le deuxième élément du système de Law. Le Roi va être séduit car John Law qui va lui proposer de racheter la de[e publique et de la rééme[re auprès des français suscep)bles de l'acheter. Les parisiens sont concernés, en un an le trésor public qui était déficitaire de 500 % devient excédentaire et le système de Law va prospérer jusqu'à son écroulement. En 1720 le système est a[aqué par des spéculateurs parisiens qui vont spéculer à la chute sur la base d'une observa)on simple. Law a émis beaucoup trop de billets pour les réserves d'or dont il dispose. Tout le problème est là, Law a appliqué la logique mercan)liste espagnole il ne l'a pas fait avec de l'or mais avec les billets. En 6 mois le système va s'écrouler car si les gens viennent récupérer leur argent (en or) il n'aura jamais assez d'or pour rembourser tout le monde. Le système de Law va s'écrouler parce que Law n'a pas réalisé que toute la monnaie qu'il créait était sans rapport avec la base de richesse qu'il possédait il a créé trop de monnaie, il a fait la même erreur que les mercan)listes bullionistes du XVIR siècle. Ce[e erreur la France s'en relèvera très mal, c'est la première faillite boursière dans l'histoire du monde. On n’a plus jamais supporté les faillites bancaires non plus. Paradoxalement ça a beaucoup aidé la France car dans la faillite royale ce sont les riches qui sont ruinés, ceux qui avaient acheté la de[e de la France. La régence est repar)e avec une de[e publique posi)ve, c'est la conséquence étonnante d'une crise, les crises ont souvent un effet assainissant. Dans l'expérience de John Law nous avons eu un homme qui a pensé que c'était l'abondance de monnaie qui était le signe et la condi)on nécessaire pour que la prospérité économique se me[e en route. Il pensait que pour faire de la richesse il fallait d'abord avoir de la monnaie et de préférence beaucoup. Par ailleurs la de[e ne fait pas peur (deuxième idée de John Law), Law est celui qui a revendu la de[e de la France à l'ensemble des français. Ces deux éléments on les retrouve dans l'actualité, qu'est-­‐ce que sont les posi)ons de ceux qui veulent un euro plus faible, de ceux qui demandent qu'il y ait plus de facilités de la part de la banque centrale européenne, qu'elle accorde plus de crédit, ce sont les nouveaux par)sans du mercan)lisme fiduciaire. Tous les décideurs publics qui nous expliquent qu'en ce moment il nous faudrait un euro moins fort, une poli)que de la BCE qui nous aide plus à produire, c'est du mercan)lisme fiduciaire, des gens qui pensent que l'abondance de monnaie préexiste à l'ac)vité économique et tout ça va s'incarner plus tard, bien plus tard dans la poli)que suivie par le décideur public qui donc est une poli)que du déficit budgétaire qui alourdit la de[e. On voit que le mercan)lisme fiduciaire est encore très proche de nous. Le XXR siècle aura été marqué par ses propres idées. On a parlé du mercan)lisme mais il y a aussi la Physiocra)e française. (Mercan)lisme fiduciaire à retenir)
b. La Physiocra)e
Le pouvoir de la nature. Les français ont une théorie par)culière à une certaine époque qui ressemble au mercan)lisme agraire, le père de la physiocra)e est François Quesnay et c'est le père de la première école de pensée économique. Ce qui caractérise la pensée des français et que Say apprécie beaucoup c'est qu'ils ont une cohérence, un livre de référence et une méthodologie d'analyse. Le livre de référence s'in)tule le tableau économique (1748). La méthodologie c'est l'approche en termes de circuit et la cohérence c'est le fait que la richesse est le fruit d'une ac)vité économique qu'elle traverse toutes les classes produc)ves de la société pour finir par être totalement consommée. Que veulent dire ces physiocrates et que Smith trouve extraordinaire ? Ils ont à la base une explica)on de ce qui fait apparaître la richesse, pour eux la richesse vient de la terre car seule la terre permet d'obtenir un produit net. Le produit net cela veut dire que seule la terre permet de créer un surplus. La terre est la seule ac)vité qui permet de créer physiquement de la ma)ère (graine de blé, épi de blé). On fait des produits nets, en 1748 on pense que seule la terre permet de dégager quelque chose de net par opposi)on à ce que les physiocrates appellent la classe stérile, les ar)sans et les commerçants. Ces derniers sont très importants pour eux mais ne créent rien, ils transforment. Un ar)san dans la tête des physiocrates ne fait que transformer de la ma)ère qui existe déjà. La théorie du produit net. Qu'est ce qui fait que la société économique fonc)onne ? C'est que ce[e richesse va circuler dans toutes les strates sociales, pourquoi ? Parce qu’elle est d'abord distribuée par les agriculteurs qui vont faire deux choses, ils vont payer le prix de la loca)on de leurs terres et deuxième chose ils vont payer l'impôt. Donc la classe produc)ve va verser d'abord une fois qu'elle a travaillé et versé son produit net, de l'argent à la classe des décimateurs et à la classe stérile. Et puis elle va rembourser ses avances à la classe des propriétaires fonciers. A la base la classe produc)ve produit, elle rembourse les loyers de la terre achète des subsistances à la classe stérile. Tout cet argent qui a-­‐t été produit-­‐il est intégré donc dans la société par différents canaux qui vont arriver à la classe stérile, aux décimateurs ou aux propriétaires fonciers qui vont eux-­‐
mêmes consommer. Les propriétaires fonciers vont acheter des denrées à la classe produc)ve et à la classe stérile. La classe stérile va elle-­‐même acheter des denrées à la classe produc)ve. Il ne va en résulter rien, on va tout recréer et tout va être redistribué, consommé dans toutes les classes que l'on trouve. Ce[e méthodologie est à l'origine de la macroéconomie, ce sont les premiers qui )ennent un discours qui explique comment l'économie retraite toute la valeur régulièrement. Donc c'est un discours très intéressant mais par)el, il n'est pas complet, il fait deux erreurs, la première est de penser que la classe stérile ne crée rien. La classe stérile crée ce qu'on appellera plus tard la valeur ajoutée. C'est ça que fait en fait l'acte produc)f, il est toujours une forme de transforma)on. La terre en réalité ne crée rien elle ne fait qu'assembler et donc dans l'acte produc)f on ne crée rien on ne fait que transformer mais ce[e transforma)on a une très grande valeur ajoutée. Qu'est-­‐ce que c'est la défini)on de la richesse que l'on re)ent aujourd'hui ? Le PIB, la somme des valeurs ajoutées. Nous sommes ici dans la bonne défini)on, c'est tout ce qui se produit. La première idée qu'on a eu c'est que ce[e somme venait en)èrement de l'agriculture, ce n'est plus le cas aujourd'hui. A l'époque l'agriculture était la principale ac)vité et 95 % du PIB était agricole, en 1748 il n'y a pas d'industries, et avant la révolu)on industrielle les choses sont différentes. (On vit dans une époque où on produit plus avec de l'immatériel qu'avec du matériel.)
Nous avons découvert les physiocrates et nous avons découvert surtout la défini)on correcte de ce qui est l'acte produc)f qui abou)t à la produc)on intérieure brute, la valeur ajoutée est la conséquence de la transforma)on qui ajoute de la valeur. Cela ne signifie pas pour autant que la richesse est matérielle, par exemple dans ce[e valeur il y a des services or les services sont plutôt immatériels, il y a de la jus)ce avec des opérateurs privés, des avocats, de la défense intérieure, de la défense extérieure. Tout cela c'est du service qui ajoute de la valeur, c'est de la produc)on de valeur mais on va devoir l'évaluer différemment. Comment est-­‐ce qu'on va compter ce[e valeur quand on essaye de tout addi)onner ? Il va falloir qu'on découvre pourquoi la richesse est créée, on sait ce qu'est la richesse, c'est la valeur ajoutée. (Parenthèse fiscale : la TVA rapporte 139 milliards, impôt sur le revenu des personnes physiques 74 milliards et l'impôt sur les sociétés 38 milliards). On est bien d'accord que c'est la valeur ajoutée qui est la source principale de richesse pour tout le monde, les 2/3 du PIB vont aux ménages, c'est la principale source de fiscalité. Pourquoi se casser la tête à fabriquer de la valeur ajoutée ? (Le PIB c'est 2000 milliards, si on rapporte l'impôt des sociétés au PIB on ob)ent 2 % du PIB. L'impôt sur les sociétés c'est une tranche de 0.33 à 0.39, les 2 % résultent des 35 % des bénéfices des sociétés, les entreprises dissimulent leurs bénéfices)
Illustra(on : Le calcul de l'Infla(on
Paragraphe 2 : La Richesse des Na)ons
a. Le Travail
Quand on ouvre « la richesse des na)ons », premier manuel d'économie créé on tombe sur une phrase « Le travail est ce qui fournit l'ensemble des ressources nécessaires à la na)on ». Smith commence son ouvrage comme cela pour expliquer que ce qui permet de créer de la richesse n'est pas l'accumula)on d'or ou le commerce en par)culier mais bien plus la quan)té de travail d'une na)on. Le travail est le fond annuel qui fournit les subsistances de la na)on. Smith nous fournit le point de départ d'une des théories les plus étonnantes que nous ayons connu c'est la théorie de la valeur travail qui est simultanément la base du raisonnement des classiques et la grande théorie à laquelle se heurtera Marx. L'idée marxiste s'est en)èrement enracinée dans ce[e concep)on de la valeur par le travail. D'abord il faut aborder la ques)on dans toutes ses dimensions parce que chez Smith le travail n'est pas lié qu'à la valeur, pour lui le travail est d'abord lié à un phénomène qui permet d'augmenter la produc)on, c'est le phénomène de la division du travail. Il nous donne un exemple et nous dit « Ce qui permet d'augmenter la richesse c'est le fait que nous divisons le travail ». Il cite l'exemple de la manufacture d'épingles. Dans ce[e manufacture d'épingles Smith nous dit, si un seul homme essayait de fabriquer tout seul une épingle, il ne pourrait probablement pas en faire une dans la journée mais si une dizaine d'hommes se répar)ssent les tâches ils peuvent en fabriquer 48 000 chaque jour. Smith est fasciné par le travail et la division du travail est selon lui ce qui permet d'augmenter la produc)vité. Aujourd'hui nous appellerions ça la spécialisa)on, c'est un mécanisme qui nous est parfaitement familier. Ça c'est le point de départ et Smith constate que ce[e division du travail met au centre du débat le travail. Le travail est donc comme le disait l'auteur, la base de la produc)on mais il y a autre chose, d'abord le capital. Smith note le rôle du capital même si il n'en donne pas d'explica)ons, il faudra a[endre 1867, la publica)on du capital de Marx pour qu'on comprenne quel était le rôle central de ce capital. Il devient de là le capitalisme. A l'époque de Smith on s'intéresse au travail mais personne n'a jamais parlé du système du travaillisme, c'est bien plus tard qu'on expliquera que ce système est fondé sur le capital plutôt que le travail. Smith ne lui a[ribue pas la vertu la plus importante, parce qu'en 1776 il n'y a pas assez de capital dans les économies, c'est le début, même à l'époque de Marx les usines ne sont pas très équipées, on n'est pas dans le capitalisme intégral. Bref à l'époque de Smith il semble que ce soit beaucoup plus le travail qui soit important plutôt que le capital et c'est comme ça que l'erreur va apparaître. La pe)te erreur vient du fait que Smith et les auteurs qui le suivent sont très impressionnés par ce[e no)on de travail, il faut dire que les explica)ons précédentes n’étaient vraiment pas très bonnes. Smith a un truc clair, il dit que c'est le travail et la division du travail, cela frappe vraiment. Le problème c'est que les auteurs vont tellement aimer le principe qu'ils vont s'y perdre, ils vont vouloir tout comptabiliser par le travail. Les auteurs classiques, Smith, Ricardo et bien sûr Marx ont trop aimé la no)on de travail. Ils tombent sur la bonne idée, c'est la spécialisa)on qui permet de produire, ils vont avoir une sorte de lubie, ils vont chercher à expliquer la valeur. L'un des trucs des auteurs du XVIIIR siècle et du XIXR siècle ça va être de chercher une explica)on à la valeur et c'est là que va naître véritablement le communisme. Platon a eu une idée vague du communisme, c'est Marx qui a l'idée et pour faire marcher son idée il va dire que le capitalisme est mort et étant donné qu'il fonc)onne plus autant passer directement à autre chose. Il va dire que le communisme c'est l'étape future car le capitalisme est condamné, il le fait avec le discours des auteurs qui ont expliqué le capitalisme. Les auteurs classiques ont expliqué que le capitalisme produit à base de travail mais leur lubie du travail va les perdre dans un raisonnement, le besoin d'explica)on de la valeur. b. La Valeur
Ils ont cherché un instrument de mesure de la valeur. Pour nous la valeur c'est le prix qui résulte de l'offre et de la demande. Il n'y a pas de prix catalogue, tous les producteurs ont des canaux de distribu)on différents. Le prix c'est la rencontre de l'offre et de la demande. Les classiques ont voulu mesurer la valeur. Ils vont d'abord mesurer le coût de produc)on mais ce coût de produc)on, comment peuvent-­‐ils l'évaluer ? Ils vont l'évaluer par le travail, coût de produc)on pour eux = travail. Il manque quand même un truc, le capital. Dès Smith ils voient le capital mais ça pose problème. Si on cherche à savoir le travail qu'il a fallu pour fabriquer un objet, ces heures de travail ne seront pas forcément le prix, il faut prendre en compte le temps d'u)lisa)on du capital. Les classiques vont par)r de : le prix c'est la quan)té de travail, la valeur c'est la quan)té de travail. Mais il peut y avoir deux quan)tés de travail différentes, la quan)té nécessaire pour fabriquer et la quan)té nécessaire pour payer le bien. Si c'est la quan)té de travail nécessaire pour fabriquer ça veut dire que l'ouvrier qui met 10 heures à fabriquer une table on va la vendre 10 heures de travail (conver)es en monnaie). Mais on aurait aussi pu faire payer la table la quan)té de travail affectée à son prix. Il y a deux no)ons différentes, la première c'est le coût de produc)on en quan)té de travail, c'est la quan)té de travail nécessaire pour fabriquer le produit puis il y a une deuxième no)on qui n'a rien à voir, c'est le prix de marché mais en unité de compte : travail. Il y a le fait qu'on puisse trouver une unité de compte dans le travail. Dans la pensée des classiques les deux sujets se mélangent d'abord parce qu'ils ont pas bien perçu le capital. La grande avancée de David Ricardo a été de penser qu'il faut intégrer le temps d'u)lisa)on des machines (l'amor)ssement). Ricardo va dire le travail ancien c'est du capital. Comment ça marche ? Il a fallu fabriquer une table avec une machine, 10 heures d'ouvrier et 1 heure de machine, la machine a coûté 100 heures de travail d'ouvrier on va prendre une heure de travail. Ils vont se tromper des deux côtés et ces deux erreurs vont les conforter dans leur bê)se. Première chose, la différence entre la valeur coût de produc)on et la valeur unité de compte, ils vont avoir l'impression que les deux convergent parce que tout simplement lorsqu'un producteur fixe un prix, lorsqu'il ressort un prix de l'offre et de la demande qui est très supérieur à ce qu'on trouve en terme de coût de produc)on c'est qu'on réalise un grand bénéfice ce qui risque d'a„rer des producteurs et les prix vont baisser. Si par moment j'ai des prix qui s'élèvent très au-­‐dessus des coûts de produc)on il est vrai que la concurrence devrait baisser les marges et devrait faire converger les prix vers le coût de produc)on. Ce[e théorie est vraie mais les classiques en )rent la mauvaise idée, ils pensent que quand on a[eint la marge minimum le profit est de 0.
Mais ce n'est pas possible car s’il n'y a plus de marge il n'y a plus d'intérêt à produire et les prix raugmentent. Les classiques qui pensent que le profit va arriver à 0 se trompent mais il est vrai qu'ils baissent sous l'effet de la concurrence. Les classiques ont fait une deuxième erreur qui concerne l'unité de compte, à la base Smith cherche juste une unité de compte qui soit stable dans le temps parce qu'apparemment elles ne le sont pas. Pourtant si on avait une unité de mesure qui soit parfaite elle ne devrait pas varier dans le temps et pourtant d'une époque à l'autre on n'a pas les mêmes prix. Smith cherche une unité qui marche partout pareil, il va chercher du côté du blé pendant un certain temps. On évaluerait tous les prix en blé. Quand Smith décide d'u)liser le travail il accentue la confusion parce qu'il y a d'un côté la ques)on du coût de produc)on, de l'autre la ques)on de l'unité de compte et on en vient à confondre les deux très rapidement. Ce que nous disent Smith et Ricardo c'est que même si une table (qui vaut 10 h en coût de produc)on) vaut 15h tôt ou tard ça va converger. Dans leurs têtes les deux choses se sont mélangées. Ces deux idées sont à la base de la plus fantas)que erreur commise en économie, celle selon laquelle le capitalisme va s'écrouler. Principalement le fait que les classiques cherchaient à mesurer objec)vement la valeur, va les conduire dans une impasse. Celui qui a résolu le problème c'est Jean-­‐Bap)ste Say, il a trouvé la réponse à la ques)on de la valeur, il dit « ça n'est pas de la quan)té de travail que provient la valeur mais de l'u)lité. C'est l'u)lité qui confère à un objet le pouvoir qu'il exerce sur la demande. Par conséquent ça n'est pas de l'offre ou de la demande que vient la valeur mais des deux simultanément ». Plus tard, bien plus tard un autre économiste du nom de Marshall dira « c'est comme les ciseaux qui découpent une feuille de papier, l'offre et la demande agissent en même temps ». Cela signifie que l'offre se préoccupe de l'u)lité sous la forme d'un inves)ssement an)cipé alors que la demande se préoccupe de l'u)lité par l'intermédiaire de sa décision de consomma)on. Il n'y a pas une lame de ciseau qui a plus d'importance que l'autre, si les biens n'étaient pas produits personne ne les consommerait, pour qu'un bien soit produit il faut qu'un producteur ait une an)cipa)on de l'u)lité de son produit, c'est pourquoi Say pensait que le pôle moteur de l'économie c'est l'offre. Dans la pensée de Say la produc)on est au départ, il explique pourquoi il y a de la valeur, il y en a car il y a d'abord de l'inves)ssement produc)f fonc)on de la demande an)cipée qui va produire de la valeur. On parle d'économie de l'offre mais il y a aussi le consommateur qui va sélec)onner après et il va sélec)onner en fonc)on de l'u)lité qu'il éprouve pour le produit, les deux en même temps déterminent la valeur ajoutée. Les classiques cherchent la valeur absolue et ils la cherchent dans la produc)on. Pour les marxistes le capitalisme c'est le domaine exclusif de l'exploita)on, ils pensent que la valeur vient exclusivement de la produc)on que c'est elle qui explique la valeur, la quan)té de travail tandis que c'est le consommateur qui explique au moins la deuxième lame du ciseau. C'est ni le capitaliste ni le consommateur qui font l'économie seuls mais les deux combinés. c. Le Commerce Interna)onal
C'est une idée qui vient d'Adam Smith et qui sera con)nuée par tous les auteurs jusqu'à aujourd'hui, c'est quelque chose qui est resté intact, ce n'est pas une erreur et cela n'a pas trop bougé. L'idée d'Adam Smith c'est de montrer que les mercan)listes se sont trompés et qu'on a expliqué le commerce en faisant une erreur fondamentale et ce[e erreur c'est qu'il ne serait possible de s'enrichir qu'en appauvrissant les autres. C'était le sens des poli)ques mercan)listes de la France, de l'Angleterre, de l'Espagne alors qu'Adam Smith veut montrer que le commerce bénéficie à l'intégralité des échangistes, pour se faire il prend un exemple dans lequel il y a deux pays qui produisent deux biens et dont la valeur est calculée en quan)té de travail.
Ces deux pays on les présente généralement suivant l'exemple de Ricardo après Smith, comme l'Angleterre et le Portugal qui fabriquent du drap et du vin. La conclusion d'Adam Smith c'est que le principe de la spécialisa)on des tâches comme à l'intérieur de l'entreprise bénéficie à tous les échangistes en augmentant la quan)té produite ou en diminuant la quan)té de travail nécessaire pour produire. Si un pays produit deux biens, l'un en 70 heures de travail et l'autre en 90 heures de travail, la quan)té de travail nécessaire pour fabriquer les deux biens sera de 160 heures, voilà un pays qui n'est pas spécialisé. Imaginons que ce pays se spécialise, il choisit comme type de fabrica)on la spécialisa)on dans le produit qu'il fabrique à moindre coût et ce moindre coût c'est le produit qu'il fait en 70 heures. Si il se spécialise et qu'il produit plus que du vin, dans ce cas-­‐là il produirait deux bouteilles de vin pour 140 heures, si il se spécialise il va devoir acheter à d'autres pays ce dont il a besoin, il doit donc échanger avec un autre pays du drap. L'autre pays se spécialise dans le drap avec les coûts de produc)on inverses, il fait du drap en 70 heures et du vin en 90 heures, puisqu'il est meilleur dans le drap il fabrique deux draps pour 140 heures. Les deux pays échangent du drap contre du vin et à la fin les deux pays ont chacun leur bouteille de vin et leur drap sauf que la spécialisa)on a apporté une grande nouveauté. Chacun des deux pays a économisé 20 heures pour fabriquer le vin et le drap et donc ils ont fait tous les deux une économie. Ils sont donc tous les deux gagnants. Adam Smith nous a expliqué que la spécialisa)on perme[ait d'avoir les deux pays gagnants or c'est la première fois dans l'histoire économique que l'on explique que le commerce n'est pas un jeu ou il y en a un qui gagne et l'autre qui perd. Là Ricardo arrive 50 ans plus tard et pointe du doigt un problème, que se passe-­‐
t-­‐il si l'un des pays est chroniquement sous-­‐doué par rapport à l'autre, là on avait pris un exemple dans lequel les deux pays bénéficiaient d'une spécialisa)on, ils avaient un avantage à se spécialiser, chacun des deux était plus fort que l'autre dans l'un ou l'autre des domaines. Mais si l'Angleterre était sous-­‐douée que se passerait-­‐il ? Si par exemple l'Angleterre met 120 heures à produire du vin et 110 heures à produire du drap. Si le Portugal est toujours à 70 et 90. L'écart de temps de produc)on pour le vin est de 50 heures entre les deux pays mais pour le drap les portugais sont 20 heures plus produc)fs seulement. Le Portugal va se spécialiser dans le vin, si il fait plus que du vin il arrête de produire le drap il se retrouve avec un total de 140 heures, chacun produit son produit, l'Angleterre produit 2 draps en 220 heures. On voit qu'ils y gagnent encore tous les deux, l'Angleterre gagne 10 heures par rapport à ce qui se faisait avant et le Portugal 20 heures. Même si l'un est chroniquement sous-­‐doué il faut quand même se spécialiser et le principe de la spécialisa)on est incontournable. Mais ils n'y gagnent pas la même chose et pourquoi ça ? Parce qu'ici on n’a pas exploré toutes les hypothèses du raisonnement, le raisonnement est simple c'est le principe de la spécialisa)on. Mais la spécialisa)on u)lise une hypothèse dont on parle peu, c'est l'hypothèse qu'il y a quand même un prix dans l'échange interna)onal, ici c'est un drap = un vin (histoire des salaires horaire, médecin qui ne doit pas faire le travail de sa secrétaire car une heure de son travail vaut plus que ce qu'il économiserait en faisant le travail de ce[e dernière). Chacun des deux pays n'est pas dans la même situa)on par rapport au prix (un drap= un vin), ce qu'ils gagnent dans l'échange dépend de la distance qui existait avant le commerce interna)onal entre leurs prix en autarcie et leurs prix en situa)on de commerce. En autarcie pour le Portugal le prix que nous avons ici du drap en vin : un drap = 90/70 vin c'est à dire à peu près 1.3 vin pour un drap. Maintenant le drap en vin mais en Angleterre, un drap = 110/120 = 0.91 vin pour un drap. En commerce interna)onal le prix sur la base duquel on a raisonné c'était un pour un. En autarcie lorsque le Portugal voulait obtenir un drap il devait donner 1.3 vin maintenant il doit donner un seul vin en situa)on de commerce, l'Angleterre devait donner 1.09 de drap pour obtenir un vin désormais elle ob)ent un vin pour un drap donc elle y gagne. Ils y gagnent tous les deux mais en fonc)on de l'écart qui existe entre le prix ini)al en autarcie et le prix en commerce interna)onal. La négocia)on du prix interna)onal là-­‐dedans est centrale, si c'est le Portugal qui impose sa loi il va essayer de se rapprocher le plus du prix qui l'avantage le plus. C'est exactement ce que faisait l'Angleterre avec ses colonies dans le mercan)lisme commercial, elle leur imposait des prix mais en plus elle leur imposait certaines produc)ons, de ne pas produire n'importe quoi. Dans le temps il y a de tels transferts qui s'opèrent entre les pays que la loi du commerce tourne. Ce[e idée de commerce interna)onale existe toujours, elle fonc)onne toujours nous vivons encore avec. Par exemple ce[e théorie préside à toute l'organisa)on du commerce interna)onal mondial, on a le GATT de l'OMC qui est un traité mul)latéral qui regroupe presque 200 pays dans lequel on a des accords de fixa)on de droits de douane qui sont négociés librement entre les par)es. d. L'Entrepreneur
Il s'agit là encore d'une idée qui n'a pas tellement été rejetée par les approches modernes bien qu'elle ait connu diverses améliora)ons, il appar)ent à un économiste classique contemporain de Smith, Richard Can)llon d'avoir découvert la théorie de l'entrepreneur. Pour Can)llon l'entrepreneur c'est celui qui assume le risque de l'ac)vité agricole, le fermier. Il fait face aux aléas clima)ques, Jean-­‐Bap)ste Say plus tard reprendra ce[e défini)on pour faire de l'entrepreneur un surhomme doté de qualités excep)onnelles. C'est un peu ce[e défini)on qui est à l'origine de l'interpréta)on de l'entrepreneur en termes de risque. Au début du siècle Frank Knight a opéré une dis)nc)on entre l'incer)tude radicale à laquelle fait face l'entrepreneur et l'incer)tude qui peut être probabilisée, qui peut être l'objet d'une couverture du risque. Donc en fait Knight con)nue la défini)on de Say en expliquant qu'il y a deux types d'incer)tudes, d'abord une incer)tude probabilisable. Le risque d'accidents de la route on le connaît et on fait payer les couvertures d'assurance en fonc)on des sta)s)ques qu'on a sur le risque connues. On a donc d'abord l'incer)tude qui consiste à faire face à une incer)tude probabilisable. En revanche il existe aussi une incer)tude sur des évènements qui ne sont pas probabilisables. Par exemple la consomma)on de tabac c'est parfaitement probabilisable en terme de cancer. Certains évènements ne sont pas probabilisables parce qu'on ne peut pas les prévoir. Incer)tude radicale ou non probabilisable c'est l'incer)tude à laquelle on fait face quand l'évènement ne peut pas être prévu sta)s)quement, l'innova)on en général est imprévisible, ce sont des évènements qualita)fs qui n'existent pas suffisamment pour être probabilisés. C'est vraiment la différence entre les éléments pour lesquels on peut se faire assurer, que l'on peut regrouper sta)s)quement et les évènements qui ne sont pas quan)fiables. Le rôle de l'entrepreneur est d'assumer ce[e incer)tude radicale, il prend plus de risques parce qu'il fait face à une incer)tude non probabilisable, contre laquelle il ne peut pas se couvrir. Il nous reste un mode de réflexion sur l'entrepreneur qu'il faut aborder c'est celui qui concerne l'entrepreneur innovateur. L'innova)on chez Schumpeter bouleverse l'économie sans être liée nécessairement à la no)on de risque pourtant le risque est présent. Même si Schumpeter voyait l'entrepreneur comme essen)ellement un personnage à l'origine d'une créa)on il envisageait que ce[e créa)on soit assor)e de certains risques (théorie de l'entrepreneur dans « capitalisme socialisme et démocra)e »). C'est le cas de la destruc)on créatrice. La destruc)on créatrice c'est l'expression qu'on re)ent lorsque Schumpeter nous parle de la créa)on qui intervient lorsque l'innovateur impose sa créa)on et de la destruc)on qui en est le corollaire lorsque les emplois disparaissent. Pour Schumpeter, profondément l'acte entrepreneurial est un acte perturbant. Il fait sor)r l'économie de son équilibre et c'est dans la phase d'exploita)on des innova)ons que l'économie retrouve son équilibre, c'est d'ailleurs pour ces raisons que Schumpeter fait appel à un théoricien des cycles russe du nom de Kondra)ev. Schumpeter veut démontrer qu'à la base du processus du capitalisme il y a une impulsion donnée de la part de l'entrepreneur il innove et ce[e innova)on va booster l'économie en déséquilibre. Après la phase crise, toute la phase où on va exploiter les innova)ons va être une phase de croissance et d'expansion. La théorie de Kondra)ev qu'il mobilise pour expliquer qu'il y a des grandes vagues du capitalisme est fausse. Il reste des théories de l'entrepreneur, l'entrepreneur serait le surhomme qui serait capable d'inventer à la place des autres, qui assume un certain risque et dont la créa)on aurait un pouvoir de destruc)on. C'est pour ce[e raison qu'il écrit « capitalisme socialisme et démocra)e » dans lequel il essaye de démontrer que le capitalisme est condamné parce que les entrepreneurs qui sont la base du capitalisme vont disparaître et ils vont disparaître parce qu'ils sont de moins en moins nombreux et ils sont de moins en moins nombreux parce que l'acte entrepreneurial est de plus en plus risqué.
Première chose la mondialisa)on c'est vieux c'est-­‐à-­‐dire que les premières routes commerciales datent de -­‐3000, -­‐4000 av. JC, le commerce interna)onal, le commerce entre les na)ons est donc très vieux. La mondialisa)on n'est qu'un phénomène qui revient et d'ailleurs la première mondialisa)on c'était l'Europe, l'Europe c'est le monde avant la découverte de l'Amérique, avant 1492 et 1519 Magellan, le monde ce n'est que l'Europe. Dans un deuxième temps à par)r du XVIR siècle on a la démondialisa)on, on a l'appari)on des Etats na)ons, les grands Etats européens qui se cons)tuent et qui en se cons)tuant vont créer des barrières, des fron)ères qui ne seront jamais aussi fortes qu'au XXR siècle, jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale on circule en Europe sans passeport ni visa et ensuite il y aura donc une remondialisa)on, c'est celle dans laquelle nous vivons aujourd'hui, c'est la dispari)on des fron)ères. Ce[e remondialisa)on s'est faite sur la base des poli)ques mercan)listes italo-­‐ibériques, anglaises ou françaises. Ce sont les débuts du protec)onnisme mais ce protec)onnisme est arrivé jusqu'à nous. C'est le protec)onnisme européen actuel par exemple dans sa dimension fiduciaire, on pense par exemple à John Law. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'on a compris que l'économie pouvait être non protec)onniste, c'est Ricardo « échanger plus pour gagner plus » car selon lui c'est la solu)on pour reconsidérer le commerce interna)onal différemment. La théorie des avantages compara)fs (Ricardo). La théorie des avantages compara)fs est logiquement vraie, la spécialisa)on conduit chacun à gagner plus mais en plus elle n'est pas triviale elle est intéressante (Samuelson). Evidemment il y a une raison qui fait que ça ne marche pas toujours, c'est les subven)ons na)onales, on subven)onne la produc)on, la PAC (poli)que agricole commune) là le )ers de l'argent que les agriculteurs rapportent à l'Europe vient des subven)ons européennes. Les subven)ons na)onales découragent le commerce, les américains le font dans l'aéronau)que, ils avantagent Boeing par rapport à Airbus. La solu)on c'est de choisir des règles du jeu qui profitent à tous pour faire profiter tout le monde du commerce interna)onal, c'est d'abord adopter un règlement universel qui fait que les na)ons bénéficient (OMC) du meilleur droit de douane qui est concédé dans l'OMC. La France veut par exemple accorder un droit de douane préféren)el à la Pologne mais une fois qu'elle a dit oui à la Pologne elle doit faire bénéficier tous les autres pays, c'est une réglementa)on universelle, après on adopte un système de sanc)ons si ça marche pas cela débouche sur un système ouvert, un effet de contagion. L'Europe c'est d'abord un simple accord de commerce dans le traité de Rome c'est ensuite une union douanière puis un marché unique (plus de droits de douane du tout) et en 1999 c'est l'Union économique et monétaire, on a déjà appliqué ce genre de raisonnement à des zones en)ères et c'est ce que nous faisons à l'Europe aujourd'hui. La Chine protège sa main d'œuvre avec des droits de douane très élevés sur le tex)le, l'Inde également parce qu'elle produit et elle veut protéger ses emplois de la concurrence interna)onale. Pour le café et le thé c'est encore plus flagrant dans le cas de l'Inde (56 %). L'OMC n'est pas du tout une organisa)on libérale, c'est juste une organisa)on de négocia)ons interna)onales de la guerre économique, on se fait la guerre loyalement. L'Europe est un con)nent protec)onniste vis-­‐à-­‐vis de l'extérieur, elle protège son marché interne. Les Etats unis dans les exporta)ons mondiales c'est 8.3 %, la part de l'Europe c'est 37.1 % on est le con)nent le plus exportateur, la zone économique la plus puissante de la planète aujourd'hui c'est l’Europe. Les inves)ssements directs étrangers, c'est l'argent qui entre dans les pays en provenance d'autres pays pour fabriquer dans le pays, la France est le deuxième bénéficiaire des IDE (1000 milliards d'euros), la France accueille des financements étrangers pour produire en France, la France ne devient pas improduc)ve et la France inves)t à l'étranger aussi. Pourquoi les étrangers inves)ssent en France, il y a d'abord les façades mari)mes, les infrastructures de transport également la France est centrale en Europe on passe par la France tout le temps elle a de bonnes infrastructures de transport. En France on a une main d'œuvre qualifiée, on a une énergie pas chère (nucléaire), l'électricité la moins chère d'Europe. Donc la France est un pays qui a des atouts, on peut très bien produire français mais la ques)on c'est produire quoi ? Les inves)ssements étrangers sont la base du développement, les IDE sont la base du développement des pays émergents notamment. Enfin dernier élément, quelle monnaie u)lise-­‐t-­‐on ? Le dollar qui reste la monnaie majoritairement u)lisée lors de transac)ons en devise. Pour l'essen)el on u)lise le dollar, beaucoup plus que l'euro et beaucoup plus que le franc suisse ou la livre sterling. C'est ça la vraie mondialisa)on, l'OMC est un organisme de régula)on des échanges, la France et l'Europe sont des pays et des zones économiques extrêmement puissantes. Comment est négocié le prix, c'est l'offre et la demande. En France la balance commerciale étant déficitaire les termes de l'échange se dégradent. On peut dire que l'échange est inégal quand les termes de l'échange se détériorent mais ces termes évoluent beaucoup. Qu'est que la compé))vité interna)onale, c'est la capacité à exporter partout dans tous les pays du monde, quel est le premier pays qui est capable de faire de la compé))on interna)onale dans le monde ? On pense à la Chine et pourtant la Chine est loin derrière la Suisse qui est très forte. La Belgique produit des services financiers, ils sont assez industriels. Ce que nous a montré Ricardo c'est que le commerce interna)onal bénéficie à tout le monde mais est ce que ce commerce interna)onal ne bénéficie-­‐t-­‐il pas trop de manière préféren)elle ? La réponse n'est pas claire, on pourrait faire une réponse en deux temps, première chose aucun pays n'a connu de ra[rapage de développement sans être ouvert au commerce interna)onal parce que le commerce interna)onal nous apporte les facteurs que l'on n'a pas dans le pays. En France on importe de l'énergie et on exporte du high-­‐tech, voilà ce qu'on envoie dans les pays qui en ont besoin. Deuxième point, est ce que le commerce bénéficie à tous de la même manière ? Clairement la réponse est non, si il bénéficie à tous il ne bénéficie pas à tous de la même manière, on a vu les termes de l'échange, pour qu'il bénéficie à un pays encore faut-­‐il que le pays puisse négocier ses termes de l'échange de manière profitable. Les termes de l'échange c'est par exemple les prix qui baissent. La conclusion c'est que l'avantage compara)f de Ricardo est bien une théorie cohérente du commerce interna)onal. Il garan)t que chacun profite de ce commerce mais il ne garan)t pas que ce soit équitable. L'équité vient d'une autre dimension c'est la capacité de négocier sa posi)on dans le commerce interna)onal. Dans ce cas pour être un pays fort il faut pouvoir peser dans les négocia)ons interna)onales, à l'OMC mais aussi dans l'ensemble des accords bilatéraux qui sont extrêmement nombreux, l'Europe est en train de négocier le TAFTA en ce moment qui est un traité commercial spécifique entre l'Europe et les Etats-­‐Unis pour faire une Europe qui pèse plus sur le commerce interna)onal mondial, pour pénétrer encore plus les Etats-­‐Unis. L'OMC, le forum économique de Davos, le G20 ce sont des lieux où se négocie le rapport de force interna)onal et cela se fait dans un climat qui est un climat de compé))on et de guerre économique. Le monde du commerce c'est pas du tout le monde de la paix ou de la construc)on poli)que c'est au contraire le monde de la compé))on, c'est le monde où on se bat pour des avantages. La Suisse est une grande na)on industrielle, 21 % du PIB. Il y a une compé))vité prix, dans ce cas l'essen)el des marges industrielles sont faibles pour une produc)on très importante, les suisses par exemple se sont placés sur des marchés de compé))vité hors prix et ont privilégié la qualité. Illustra(on : La mondialisa(on
Paragraphe 3 : La Contesta)on socialiste
Ce[e grande contesta)on n'est pas rien car rarement dans l'histoire humaine, phénomène de l'esprit a autant influencé la planète et surtout aussi vite. Il y a eu peu de choses aussi impactâtes que ce qui s'est passé dans la contesta)on socialiste entre le XIXR et XXR siècle. Pensons à l'histoire humaine dans le long terme, il n'y a pas tellement dans ce[e histoire humaine de phénomènes, d'idées, d'idéologies qui aient frappé la planète en)ère aussi vite. On a pourtant la religion par exemple qui a structuré le monde tel que nous le connaissons mais pas à ce[e vitesse, les penseurs religieux quels qu'ils soient ont influencé la planète mais beaucoup moins vite. L'œuvre de Marx par exemple, 1867 pour son ouvrage majeur « le capital », il faut a[endre la Révolu)on russe de 1917 pour voir le monde coupé en deux, le communisme prend le pouvoir dans un Etat con)nental immense à peine 50 ans après Marx. Il y a là une singularité dans l'histoire humaine, dans une idée de l'organisa)on économique. Les religions ont mis plusieurs siècles à s'imposer. L'influence marxiste est colossale. C'est le début de l'alphabé)sa)on entre autres qui a permis la révolu)on bolchévique, mais il y a aussi l'idée que ces idées )ennent à l'organisa)on matérielle de la vie. Il s'agit d'organiser la société mais dans sa dimension produc)ve. Aucun mouvement n'a eu une telle ampleur et une telle propaga)on, il est vrai que ce mouvement est au confluent de trois révolu)ons. Première révolu)on une révolu)on technologique, la révolu)on industrielle qui fait changer le rapport de l'homme à la produc)on. La produc)vité des machines du capital physique rend la société de consomma)on possible. Alors que jusqu'à présent l'essen)el de l'économie est agricole à faible produc)vité et les seuls enrichissements rapides se font au prix de conquêtes territoriales. Depuis la forte produc)vité les guerres ne servent plus à rien. Deuxième révolu)on la révolu)on poli)que. La révolu)on poli)que au nom de l'égalité, 1789 par exemple, tous les pays n'ont pas connu une révolu)on violente mais certains ont connu une révolu)on pacifique qui a profondément changé la structure de la gouvernance, on voit par exemple que les anglais, les espagnols les belges n'ont pas coupé la tête de leurs rois au XVIIIR siècle. On voit que les ins)tu)ons de ces peuples avaient évolué avant et le résultat est le même, les XVIIIR et XIXR siècles sont les siècles du développement du partage poli)que des pouvoirs. Celui que Montesquieu allait défendre comme étant le principe de la sépara)on des pouvoirs notamment entre l'exécu)f et le législa)f qui est un gage de respect de l'universalité et de l'égalité de tous devant la loi. C'est arrivé en France avec l'avènement des républiques mais aussi dans d'autres pays. Enfin troisième révolu)on, la révolu)on philosophique. C'est celle qui part de la réforme protestante, il y en a deux celle de Luther puritaine et Calvin. Calvin insiste beaucoup plus sur la nécessité de l'enrichissement. Il y a là un mécanisme curieux mais intéressant à observer qu'on trouve dans le protestan)sme dont Weber voyait l'une des racines capitaliste, c'est l'idée que pour accéder à la grâce divine la réussite dans les affaires terrestres est une bonne indica)on. Lorsqu'on se considère calviniste par exemple on est prédes)nés ou pas à être un élu. Ce[e prédes)na)on fait qu'on est damné si on est déclaré damné ou élu. Celui qui est élu verra ses affaires terrestres facilitées parce que c'est dans le message des évangiles de cul)ver la Terre, donc si on s'enrichit c'est vraisemblablement qu'on ira au paradis. Les protestants sont donc restés chré)ens avec le message qui dit « il faut être pauvre » mais simultanément avec le message qui dit « si tu t'enrichis tu vas aux cieux ». Le seul truc dont les protestants ont dit qu'ils devaient être pauvres c'est leur église. La révolu)on philosophique fait la rela)on entre les idées et la richesse, nombre de religions ne se sont pas posé la ques)on. Ce sont ces trois révolu)ons qui vont être à l'origine de la contesta)on socialiste. Contesta)on qui se fera contre la révolu)on industrielle au nom de la répar))on, contre la révolu)on poli)que au nom de l'égalité et contre la révolu)on philosophique au nom du matérialisme. a. Les socialistes utopiques
Lorsqu'on parle des socialistes « utopiques » on u)lise un terme qui les qualifie qui n'est pas le leur. On les qualifie aussi de « roman)ques ». C'est Marx qui opposait le socialisme des utopies au socialisme scien)fique qu'il a[ribuait à lui-­‐même. Il ne fait pas ça sans mo)va)on, ce qu'il explique c'est que son socialisme est scien)fique parce qu’il repose sur la science de son époque c'est-­‐à-­‐dire l'économie poli)que classique des auteurs anglais qu'il va découvrir en Angleterre lors de son deuxième exil. Marx lui-­‐même qualifiait certains auteurs d'utopistes car selon lui leur socialisme était fait d'idées irréalistes qui ne s'appuyaient pas sur des idées scien)fiques. Il n'aime par)culièrement pas le français Proudhon et écrit un livre en 1847 « misère de la philosophie » pour répondre à Proudhon qui avait écrit précédemment « philosophie de la misère ». Après Marx il n'y aura plus de grande produc)on intellectuelle communiste et nous allons voir maintenant le socialisme avant Marx. Le marxisme-­‐léninisme n'est pas un ensemble d'idées cohérent. Pourquoi ? Parce que tout simplement l'économie sur laquelle s'est appuyé Marx pour qualifier son œuvre de scien)fique a disparu. Marx disait « mon communisme, mon socialisme est scien)fique et il est scien)fique parce qu'il s'appuie sur Ricardo, Smith ». Mais ces auteurs n'auront pas d'influence aux XIXR et XXR siècles donc ce qui fait le caractère scien)fique de l'analyse de Marx a disparu après lui. On va traiter du socialisme utopique en trois par)es, Saint Simon premièrement le père de la technocra)e, de Fourrier dont on qualifie le socialisme d'associa)onniste et on ne terminera pas Proudhon le socialisme qu'on qualifie souvent d'anarchiste ou de libertaire. 1.
Saint-­‐Simon, le père de la technocra)e
Saint Simon est un aristocrate désargenté qui s'intéresse au pouvoir poli)que et considère que c'est ce pouvoir qui est à l'origine des dysfonc)onnements sociaux. Il établit un parallèle entre les rigidités de la société de l'ancien régime et de celles du capitalisme familial du XIXR siècle. Qu'est-­‐ce qu'une société d'ancien régime ? Ce que veut dire Saint Simon c'est que la société d'ancien régime était caractérisée par l'interdic)on de la propriété privée de la terre et par conséquent sa concentra)on entre un pe)t nombre de propriétaires aristocrates népo)stes et endogamiques. Népo)stes, qui se favorisent les uns les autres, endogamiques qui se reproduisent entre eux. Voilà comment Saint Simon voit la société d'ancien régime, il y voit très peu de propriétaires, une propriété qui est très concentrée dans un pe)t nombre de mains, les aristocrates. Ce[e propriété se transme[ait de généra)on en généra)on par le principe de l'héritage. Voilà ce qui caractérise selon Saint Simon une société de l'ancien régime, que se passe-­‐t-­‐il autour de Saint Simon lorsqu'il écrit en 1817 « le nouveau chris)anisme ». Dans le monde qu'il observe autour de lui il trouve que la propriété, ce[e fois la propriété du capital est aussi très concentrée. Elle est très concentrée dans un pe)t nombre de mains. Le XIXR siècle c'est un capitalisme familial. Et ce[e propriété du capital se transmet aussi par l'héritage principalement. Saint Simon voit là un ensemble de choses inefficaces, un fonc)onnement inefficace. Inefficace parce qu'il pense que la propriété n'est pas gérée par ceux qui en ont le plus besoin ni ceux qui ont le plus de compétences. Qui a des compétences dans la société de Saint Simon selon lui ? La société de Saint Simon c'est celle de Napoléon et Napoléon c'est la créa)on en France de grands corps d'ingénieurs qui vont faire les infrastructures du pays c'est à par)r de Napoléon que la France devient aussi centralisée. Napoléon demande aux auteurs français de développer la planifica)on militaire. Saint Simon la compétence qu'il voit autour de lui c'est celle des ingénieurs, polytechniciens entre autres. Pour lui la compétence ce sont les ingénieurs, les savants, les producteurs les commerçants c'est la compétence des savoir-­‐faire des mé)ers. Et c'est celle-­‐là que Saint Simon voudrait voir au pouvoir. Saint Simon voudrait voir succéder à une société de la naissance une société de la connaissance. Une société que ne soit plus gérée par des gens qui ont reçu le capital produc)f par la naissance mais une société où l'on gérerait le capital produc)f par sa propre compétence. C'est donc une société du pouvoir des mé)ers. En grec le mé)er c'est la « technè » et donc ce sera la kratos des technès, donc la technocra)e. Ce que veut Saint Simon c'est que le gouvernement soit composé collégialement d'un ensemble de représentants de tous les mé)ers et qu'ils distribuent les moyens de produc)on qui ont été affectés à des banques na)onales de produc)on qui elles-­‐mêmes les me[ent à disposi)on de banques régionales de produc)on. Ces mé)ers ces compétences sont le gouvernement de la na)on. Ce[e compétence va décider de produire quoi et comment en distribuant les moyens de produc)on qui ont d'abord été na)onalisés et décentralisés de banques na)onales vers des banques régionales (on entend 'banque' au sens d'un établissement de conserva)on). C'est donc un socialisme puisque l'appareil produc)f est commun mais c'est un socialisme de l'efficacité pas un socialisme de l'égalité. Ce socialisme marque la France de manière durable, ce courant de la technocra)e appelé aussi saint simonisme a profondément marqué la classe poli)que française. Laquelle est souvent issue des grandes écoles napoléoniennes comme polytechnique, c'est le cas de Giscard d'Estaing. Lorsqu'on se demande pourquoi la France est un pays aussi centralisée dans lequel il y a un fort respect issu des grandes écoles c'est parce que la France est ce pays qui a été construit au XIXR siècle par un militaire et qui a placé au plus haut les compétences de ses ingénieurs. Saint Simon va demander des réformes sociales dans le même sens, supprimer l'héritage par exemple pour éviter le retour du capital dans des mains de capitalistes familiaux de mauvaise compétence. Saint Simon était celui qui avait le plus de respect de la part de Marx. 2.
Le socialisme communautariste ou associa)onniste de Fourrier
Ici l'idée est radicalement différente, Fourrier « le nouveau monde industriel et sociétaire ». La base de Fourrier n'est pas du tout la même il ne s'agit pas d'un problème d'efficacité selon Fourrier mais bel et bien d'un problème de jus)ce, d'égalité. Selon Fourrier et l'ensemble des associa)onnistes le système capitaliste est déjà trop rongé par la corrup)on et l'inégalité, qu'il est impossible de le réformer de l'intérieur. C'est la raison pour laquelle les communautaristes pensent que la solu)on est de réformer la société à l'intérieur de pe)tes communautés qui vont cons)tuer des lieux de réalisa)on du communisme. Et comme ces sociétés fonc)onneront de manière plus efficace que le reste de la société, plus juste aussi ils vont grossir jusqu'à englober toute la société. L'idée de Fourrier c'est « les zombies » puisque la société est tellement corrompue, on va s'isoler pour former des sociétés qui fonc)onneront mieux et qui finiront par s'imposer. Fourrier c'est l'idée de la créa)on de sociétés communistes où la règle de contribu)on et rétribu)on est inscrite comme à chacun selon ses moyens de chacun selon ses besoins. On re)re de l'associa)on ce dont on a besoin mais on n'y contribue qu'à hauteur de ce que l'on peut faire, pour Fourrier c'est la société idéale. Le lieu utopique de Fourrier pour sa société s'appelle un phalanstère qui est un ensemble physique urbanis)que dans lequel on trouve tous les services qui existent. L'idée de Fourrier c'est de regrouper dans une même communauté des individus qui travaillent tous ensemble selon les principes du socialisme. Des hommes et des femmes vont produire tout ce dont ils ont besoin. Il faut retenir que les expériences de type Fourrier ont été très rares. Il y a eu deux expériences aux Etats-­‐Unis qui n'ont pas duré. Pourquoi les communautés fonc)onnent difficilement sur ces principes locaux ? Parce qu'il y a une dimension très forte dans ce socialisme utopique de passager clandes)n des efforts des autres. Et il vient rapidement ce que Proudhon a décrit c'est-­‐à-­‐dire l'exploita)on du fort par le faible. 3.
Proudhon
Proudhon c'est sans doute ce qu'il y a de plus près dans le socialisme de la composante anarchiste. Proudhon est presque un anarchiste puisque c'est quelqu'un qui reje[e autant l'exploita)on capitaliste que l'Etat. Proudhon va jusqu'au plus loin de ce qu'on peut aller dans sa révolu)on. Le proudhonisme est un anarchisme, Proudhon se méfie autant de l'Etat que du capitalisme, c'est d'ailleurs ce qui fait que cela n’accrochera pas bien avec la pensée de Marx. A cet égard la pensée de Proudhon peut être considérée comme une pensée peu pragma)que pour Marx. Lorsque Marx décrit le passage à l'Etat communiste et la société libérée, il s'aperçoit bien que cela pose un problème. Une fois l'appareil produc)f rendu communiste, comment gérer le communisme en pra)que avant la libéra)on totale de l'homme libéré, libre. C'est là que Marx et Lénine sont pragma)ques ils vont inventer la dictature du prolétariat qui est l'étape intermédiaire. La dictature du prolétariat c'est une restric)on des libertés poli)ques. Les théoriciens du marxisme léninisme ont expliqué dès les années 30 sur la base de quelques phrases de Marx qu'avant de passer à l'ul)me libéra)on il faudrait avoir une phase de structura)on de la société dans laquelle c'est le prolétariat qui exerce le pouvoir, c'est ce qu'on appelle la dictature du prolétariat. Le penseur des idées sociologiques et économiques des pays de l'est avait expliqué qu'on devait passer par une forme intermédiaire. Dans la tête de Marx il n'y avait pas l'idée de demos kratos, il a employé le terme de « dictature », Marx ne s'entendait pas avec Proudhon car Proudhon avait sen) qu'il y avait là un problème logique. Si on veut libérer l'homme de la propriété privée on commence par la supprimer, la deuxième phase c'est la produc)on et la répar))on, comment on va se répar)r les capitaux produc)fs. Proudhon avait sen) qu'il y avait un problème là-­‐dedans parce que Proudhon se méfiait autant de l'Etat que de la propriété privée. Proudhon se rend bien compte que si on qui[e le système que nous connaissons, le capitalisme (état bourgeois) pour aller vers le communisme comment allons-­‐nous décider des opéra)ons de produc)on, de répar))on. Proudhon avait sen) dès le départ ce[e probléma)que et avait adopté une a„tude intermédiaire. Proudhon raisonne souvent sur des opposi)ons, il dit « la propriété c'est le vol » parce qu'il veut dire que la propriété c'est le bourgeois qui peut exploiter l'ouvrier parce qu'il est propriétaire des moyens de produc)on. Mais il dit aussi que la propriété c'est la liberté parce qu'il dit la propriété privée de la maison c'est ce qui permet d'échapper à la tutelle de l'Etat, l'ouvrier qui s'enrichit il devient moins dépendant il devient donc plus libre. C'est une opposi)on. D'un côté la propriété c'est la liberté et de l'autre l'exploita)on. Alors comment choisir ? Proudhon est pragma)que dans un autre sens, comme il n'arrive pas à trancher entre les côtés posi)fs et néga)fs de la propriété il va dire « donnez-­‐moi le droit au crédit gratuit et je vous abandonne la propriété ». Il est pragma)que dans ce sens qu'il accepte les défauts de la propriété c'est-­‐à-­‐dire notamment le fait que la propriété soit une sorte de vol, si et seulement si ce[e propriété est accessible gratuitement pour tous. La propriété c'est le vol mais la propriété c'est aussi la liberté. Cela montre à quel point le socialisme de Proudhon est un socialisme qui est fait de contradic)ons, de la même manière Proudhon est un des premiers qui va dire que le capitalisme c'est l'exploita)on du faible par le fort alors que le socialisme c'est l'exploita)on du fort par le faible. En quoi le socialisme est-­‐il l'exploita)on du fort par le faible ? Les plus forts sont obligés de contribuer plus puisque ils sont plus forts justement. C'est une pensée très par)culière qui connaîtra des développements parce qu'il y a une forme d'anarchisme, en URSS c'est Bakounine par exemple, qui confine dans son rejet de toutes les structures sociales au socialisme. Il est plus facile d'appliquer le modèle marxiste à un pays capitaliste qui possède déjà un appareil produc)f. b. Le Marxisme
Le socialisme scien)fique de Marx. Marx c'est d'abord une histoire personnelle, c'est ensuite une sociologie et c'est enfin une économie. Il est assez difficile de comprendre quoi que ce soit à l'œuvre de Marx si on ne comprend par les trois éléments.
Marx est le fils d'une famille de religion juive non pra)quante, il naît en Autriche où il opère un certain nombre de travaux, découvre la philosophie allemande qui le fascine, notamment la dialec)que de Hegel et le matérialisme de Feuerbach, il se lance dans des études de philosophie et rédige une thèse sur Epicure. Il va rapidement occuper des fonc)ons de journaliste que l'on peut qualifier d'engagé, il deviendra notamment rédacteur en chef de la gaze[e rhénane et rapidement il va être exilé expulsé à la suite de ses ac)vités poli)ques communistes vers la France où il rencontrera le socialisme utopique français et là encore il sera exilé parce que ses ac)vités poli)ques seront mal vues et son deuxième exil le conduit en Angleterre où avec l'aide de son ami Engels il va pouvoir se consacrer totalement à sa produc)on intellectuelle, Engels est un bourgeois capitaliste qui sou)ent la pensée communiste. Ils écriront même un manifeste commun. La vie de Marx n'est pas facile et on ne peut comprendre son œuvre sans comprendre sa vie, il va perdre au cours de son voyage en Angleterre un de ses fils de malnutri)on et il faut a[endre la fin de sa vie pour qu'il gagne enfin un peu d'argent. Il étudie le lumpenprolétariat qui correspond à des gens qui habitent au bord des villes sans travail et très pauvres. Il y a deux principes dans la sociologie de Marx conjugués en un seul dans le discours, le principe du matérialisme issu de la pensée de Feuerbach et le principe de la dialec)que issu de la pensée de Hegel. Ce sont des principes de philosophie, il y a dans ce[e philosophie allemande une évolu)on contemporaine à Marx qui le conduit à en adopter les idées. Il faut bien comprendre que ce[e philosophie est extrêmement pessimiste. Le matérialisme de Feuerbach d'abord, il explique que l'histoire humaine est toute en)ère le résultat de l'évolu)on des condi)ons matérielles de la produc)on. Ce matérialisme n'est-­‐il pas extrêmement réducteur ? En effet pour Marx c'est toute la condi)on humaine qui est expliquée par le matérialisme, ce sont les condi)ons matérielles de la produc)on qui sont à l'origine de l'histoire, de la société de classes, du droit et même de la conscience. La conscience humaine expliquée par la produc)on, qui aurait ce[e audace aujourd'hui ? Personne, qui aurait l'audace de suggérer que l'homme se réduit à la manière dont il produit ? Ne fait-­‐on pas régulièrement le procès de tous ceux qui veulent réduire les ouvriers à de simples pièces de la machine capitaliste ? C'est Marx dit lui-­‐même « donnez-­‐moi le moulin à bras et je vous expliquerai la société du serf et du suzerain, donnez-­‐moi le moulin à vapeur et je vous expliquerai la société du capitaliste et du prolétaire ». Ce qui fait la différence entre ces deux sociétés ce n’est pas grand-­‐chose, Marx raisonne dans une dialec)que des maîtres et des esclaves. L'histoire c'est le processus qui transforme ces rela)ons là en rela)ons suzerains -­‐-­‐> serfs et plus tard en rela)on capitalistes -­‐-­‐-­‐> prolétaires. L'histoire humaine c'est ça, c'est le processus qui fait passer de l'un à l'autre, pour Marx c'est l'histoire des rapports de produc)on parce que selon Marx ce qui explique ce[e flèche c'est simplement et uniquement la manière dont on produit. Pour Marx cela donne une certaine vision de la société. Ce qui fait l'histoire de l'Homme fondamentalement ce n'est rien de plus que le matérialisme. Les condi)ons matérielles de la produc)on, Marx va très loin dans ce[e pensée-­‐là, il y a certaines cita)ons où il va jusqu'à dire que « la conscience n'est que le résultat de la classe à laquelle nous appartenons ». Or qu'est-­‐ce qui détermine la classe sociale ? Les condi)ons matérielles de la produc)on, le matérialisme, par conséquent notre conscience même n'existe que parce que nous appartenons à une certaine classe produc)ve. C'est une approche qui se veut radicalement opposée à l'essence humaine, en gros l'humain n'existe que parce qu'il produit. L'essence de l'homme c'est sa capacité d'individualisa)on. L'individu est soit parce qu'il a une individualisa)on, une essence, l'unicité de chaque homme, cela fait que nous sommes quelque chose par essence sans rela)on à l'environnement. Ques)on centrale marxiste, est ce que je suis parce que je suis un individu ? Est-­‐ce que l'essence précède l'existence ? Marx répondra que l'existence précède l'essence, je ne suis pas ce que je suis je suis ce que je fais. Ce qui est important c'est ce que je fais dans la vie, l'essence n'a pas d'importance elle est secondaire, l'essen)el de notre existence est dû à la manière dont nous produisons, tout ce qui est l'homme n'est que le résultat des condi)ons matérielles de la produc)on. Dans le matérialisme marxiste je ne suis que par ma produc)on. On comprend mieux pourquoi Marx prédit la fin de l'histoire. Le communisme est la dernière étape de ce[e évolu)on selon Marx, lorsqu'on aura rendu les condi)ons matérielles de la produc)on égalitaires, il n'y aura plus de classes, il ne peut plus y avoir de classes dans une société où l'égalité est totale entre les hommes, pour Marx l'aboli)on de la propriété est le système qui perme[ra de libérer l'Homme des condi)ons matérielles de la produc)on, cet homme libéré devient l'homme supérieur du marxisme parce qu'il n'est plus soumis au matérialisme. Marx ne prophé)se pas la fin de l'histoire des hommes mais la fin de l'histoire des rapports de produc)on, après l'homme sera libre. Bien sûr, avec la dispari)on des classes c'est aussi la dispari)on de toutes les infrastructures sociales qui est nécessaire. La société n'est pas faite que de classes, la société est faite de structures comme l'Etat ou le droit qui sont les conséquences, les émana)ons des condi)ons de la produc)on. On peut se demander : comment passe-­‐t-­‐on d'une société à l'autre ? Un deuxième élément est très important dans ce moteur, la dialec)que. La dialec)que c'est le moteur interne qui fait que lorsqu'on passe d'une société à une autre les structures sociales évoluent. On ne peut pas résumer Marx à un seul principe qui serait le matérialisme historique il faut invoquer un deuxième principe, la dialec)que de Hegel. Marx est fortement impressionné par Hegel. Qu'est-­‐
ce que la dialec)que dans un premier sens du terme ? La dialec)que est un mode de raisonnement qui u)lise les opposi)ons, le principe de la dialec)que c'est que des choses qui n'étaient pas en opposi)on, s'opposent soudainement, c'est la mise en contradic)on d'éléments. Le type de raisonnement dialec)que le plus courant que nous connaissons est celui qui scinde la réalité en deux, ce genre de slogan est beaucoup u)lisé en mai 1968, si on ne fait pas par)e de la solu)on c'est qu'on fait par)e du problème. La dialec)que est le deuxième moteur de l'évolu)on de l'histoire humaine selon Marx, les opposi)ons qui vont se créer dans les structures issues du matérialisme historique. La dialec)que qui vient de suite quand on parle de Marx c'est celle qui oppose les classes sociales de la sociologie marxiste et pourtant cela n'a rien à voir, ce n'est pas ça le principe de la dialec)que. Cela n'a rien à voir avec le fait que les classes sociales soient structurées en opposi)on. C'est le fait qu'entre les deux sociétés l'Etat évolue, comment évolue le droit entre la société des esclaves et celle des serfs ? Dans une période où la produc)vité du travail est très faible, le droit de propriété porte sur les humains directement. La no)on même d'esclaves porte sur le l'homme directement, ce qui caractérise la société des esclaves c'est le droit de propriété sur l'homme or ce droit disparaît dans la société du suzerain et du serf, le suzerain n'étant pas propriétaire de ses serfs. Le serf n'est pas propriétaire, quel est le droit de propriété qui existe à l'époque des suzerains et des serfs ? Le droit de propriété sur la terre qui est la première forme de capital. Ce droit de propriété qui est apparu condi)onne deux sociétés différentes au niveau de l'Etat, dans les deux sociétés l'Etat est très différent. L'Etat an)que s'accommode parfaitement d'une certaine forme de démocra)e, les romains et les grecs ont connu des périodes de gouvernance poli)que qu'on assimile à des démocra)es. Pourtant le droit des maîtres et des esclaves existe. La société des serfs et des suzerains est fondée sur la protec)on et c'est sous la monarchie. Ce sera la même chose avec l'ins)tu)on bourgeoise de la société industrielle, le droit de propriété sur le capital, sur les moyens de la produc)on. Au départ nous explique Marx, cela fonc)onne très bien, il est apparu parce qu'il était à son origine un formidable ou)l de promo)on de la force produc)ve. Le droit de propriété est apparu parce qu'il perme[ait de développer la produc)on et simultanément va apparaître la structure de gouvernance poli)que qui correspond à ce nouveau droit. Qui est devenu le privilégié dans ce[e société de capital ? Le bourgeois. Le principe de la dialec)que se cache dans une opposi)on, une opposi)on entre ce qui a fait le développement des forces produc)ves au départ et qui après en devient un obstacle. Par exemple le droit de propriété des capitalistes, au moyen-­‐âge le serf n'est propriétaire de rien. Adam Smith explique que dans la nouvelle société industrielle, les riches les nobles sont idiots parce que leur seul but est de consommer et ils vont être obligés de consen)r des baux de plus en plus longs à leurs paysans et pe)t à pe)t le droit de loca)on de la terre de plus en plus long va abou)r à un quasi droit de propriété, plus on produit plus on est propriétaire. La propriété permet de produire plus pour tout le monde. Mais Marx se demande si à par)r d'un certain stade de développement du capitalisme le principe de la propriété ne va pas devenir un obstacle au développement de la produc)on. C'est ça la dialec)que, ce qui a été au départ le moteur de développement va devenir ce qui s'oppose au développement, pour le capitalisme Marx dit qu'à par)r d'un certain stade de capitalisme, la propriété va disparaître, elle est encore inscrite dans le droit, on peut être propriétaire mais quand le capitalisme se sera concentré, quand les pe)ts poissons auront tous disparus, auront été absorbés par les gros et qu'il ne restera que quelques capitalistes énormes, il n'y aura plus de propriété dans les faits. La propriété n'aura plus aucune valeur réelle, c'est ce que les marxistes appellent les libertés formelles, elles sont écrites dans les codes mais si on est pauvre on ne possède rien. Marx nous dit en résumé : l'histoire humaine c'est l'histoire du développement de la produc)on. Mais justement, pour que ce[e produc)on se développe les ins)tu)ons doivent changer parce qu'à un certain stade de développement les ins)tu)ons entrent en conflit avec leur propre objec)f. Par conséquent le droit de la propriété doit disparaître parce qu'il est une forme ancienne des rapports sociaux qui ne permet plus le développement de la produc)on. En exploitant le travail il détruit lui-­‐même les débouchés de sa propre produc)on et ces structures économiques comme le droit de la propriété ou l'état bourgeois ne sont plus efficaces pour développer la produc)on. Alors la société entre dans une ère de révolu)on. Il nous reste à démontrer pourquoi le capitalisme n'est pas viable économiquement. On va donc envisager maintenant l'économie de Marx. L'économie de Marx ajoute le principe moteur selon lequel le capitalisme va s'écrouler. L'idée de Marx sur la base de l'économie classique anglaise c'est que le capitalisme va se concentrer excessivement jusqu'à nier l'existence de la propriété à cause de la baisse des taux de profit. Marx parle de la baisse tendancielle des taux de profit. Pourquoi est-­‐ce que les taux de profit baisseraient ? C'était d'ailleurs l'une des préoccupa)ons des auteurs classiques. Au XIXR siècle la rentabilité de la terre baissait et ça dans une économie dont le PIB est à 95 % agricole ce n’est pas bon. Dans une telle économie si le taux de rentabilité de l'exploita)on foncière diminue la faillite des pe)tes exploita)ons va conduire à la concentra)on et la concentra)on à la misère des paysans qui ne reçoivent que le minimum de subsistances. C'est ce que cherchaient à expliquer les classiques, c'était plus la baisse de la rente foncière que la baisse du taux de profit. Mais les classiques mélangeaient tout, le capital et le travail, les prix et les coûts. Marx u)lise l'économie classique et cherche à expliquer pourquoi les taux de profit baisseraient alors que les capitalistes exploitent de plus en plus les ouvriers. Pour cela il va définir un taux de plus-­‐value qui est déterminé par l'exploita)on du travail et un taux de profit qui est déterminé par le rapport de la plus-­‐value au coût de la produc)on en capital et en travail. Mais on se rappelle que nous sommes dans le cadre de la théorie de la valeur travail. Or dans ce[e théorie de la valeur travail, même le capital est évalué en quan)té de travail. C'est là tout le fondement du problème : D'abord, de par la théorie de la valeur travail les capitalistes vendent leur produit à leur coût de produc)on, c'est-­‐à-­‐dire qu'ils ne peuvent pas obtenir de marges de profit sur les produits. Donc le profit ne vient pas de la vente des produits mais de l'exploita)on du travail. Et le taux de profit c'est le rapport de l'exploita)on du travail au coût de produc)on. Dans la démonstra)on de Marx, même si le taux de plus-­‐value augmente, même si l'exploita)on augmente, le taux de profit peut baisser à cause de la subs)tu)on du travail au capital c'est-­‐à-­‐dire ce que nous appelons la « machinisa)on », de plus en plus de machines et de moins en moins de travail. Imaginons que l'exploita)on des travailleurs augmente parce qu'on les fait travailler de plus en plus et qu'on les paye de moins en moins. Dans ce cas-­‐là le taux de plus-­‐value va augmenter. En gros le taux de plus-­‐value c'est le nombre d'heures que l'on paye sur la totalité des heures de travail dans une journée. Imaginons que le taux de plus-­‐value passe de 100% à 150%. On exploite beaucoup plus les travailleurs. Quel va être le taux de profit dans ce cas-­‐là ? Comment Marx définit le taux de profit d'abord ? Le taux de profit c'est la plus-­‐value divisée par le coût de produc)on (capital plus travail) et ce coût de produc)on est évalué en quan)té de travail. Taux de profit = PV/ K+L Si une année la quan)té de capital en heures de travail est de 300 et la quan)té de travail est de 600. Dans un tel exemple, quel est le taux de profit si le taux de plus-­‐value est de 100% ? Si le taux de plus-­‐value est de 100 % le taux de profit :
K = 600, L = 300, taux de profit 100% du travail employé, 100% de 300 c'est à dire 300 divisé par 600 + 300 (coût de produc)on) Le taux de profit dans cet exemple est de 33%. Maintenant si on augmente l'exploita)on. Si elle passe de 100 % à 150 % alors que la machinisa)on a augmenté.
K (capital) = 800
L (force de travail) = 200
PV (taux de profit)= 150 %
300/1000= 30 % Le taux de la plus-­‐value c'est le pourcentage des heures de travail que le capitaliste ne paye pas parce qu'il exploite le travail. Tandis que la plus-­‐value c'est la valeur absolue de la quan)té de travail qui est économisée par le capitaliste. Le capitaliste si il réalise une plus-­‐value de 100 % de la quan)té de travail qu'il emploie, pour 300 ca va lui donner 300 de plus-­‐value. Le taux de plus-­‐
value augmente mais pas la plus-­‐value, on exploite de plus en plus le travail mais à cause de la machinisa)on on l'u)lise de moins en moins (on est passé de 300 à 200), la machinisa)on fait qu'on u)lise de plus en plus de capital et de moins en moins de travail. Il est là le piège, on est dans un système produc)f qui doit créer des débouchés pour sa produc)on. Marx cri)quait Say qui disait que « toute produc)on offre des débouchés » ce qui n'est pas le cas ici. Si on con)nue à produire alors qu'on produit de plus en plus de machines et de moins en moins avec les hommes à qui vendre la produc)on ? C'est bien ce que dit Marx, il dit que nous sommes dans un système où les capitalistes intègrent de plus en plus de capital à la produc)on. Et simultanément ils emploient de moins en moins de travail. Mais à quoi ça sert puisque leur profit n'augmente pas, ils passent de 33 à 30 %, dans la mesure où ces profits ne proviennent pas de l'exploita)on du travail. Fondamentalement on est dans un système qui est totalement biaisé. Le capitalisme dans lequel s'exprime Marx est un capitalisme biaisé, qui n'aime que le capital, qui ne veut produire qu'avec le capital mais qui ne peut exploiter que le travail. Alors il exploite le travail, de plus en plus mais les profits baissent et les entreprises se concentrent de plus en plus comme les exploita)ons agricoles. A l'arrivée qu'est-­‐ce qu'on a ? On a de grosses entreprises énormes qui ne rapportent plus rien et qui distribuent des salaires à des ouvriers misérables qui ne consomment plus rien non plus. Cela ne marche pas, ce capitalisme-­‐là est condamné selon Marx. Il va disparaître, pourquoi il disparaîtrait facilement ? La transi)on sera pacifique parce que finalement il n'y a plus qu'un seul propriétaire, un seul capitaliste face au reste du monde, nous allons nous retrouver dans un monde où nous travaillerons tous pour un seul type. C'est le sens de la révolu)on pacifique de Marx, sauf qu'il y a un problème qui viendra plus tard, c'est la phase de transi)on quand on a[aque le communisme dans un pays où il n'y a pas de capitalisme. Marx va inventer une phase de transi)on qu'il va appeler la dictature des prolétaires, il faut d'abord fabriquer le capital. Quelqu'un doit prendre les décisions puisqu'on n'est pas dans la situa)on de capitalisme. Dans le cas d'un désert il faut forcément un patron, un capitaliste, on doit passer par une phase avec un décideur et des exécutants. C'est la dictature du prolétariat. Pourquoi cela ne s'est pas passé ? Il y a toujours eu beaucoup de capitalistes contrairement à ce que Marx imaginait. Le capital se renouvelle en permanence on u)lise aujourd'hui un capital de plus en plus immatériel, les connaissances. La première loi de Marx c'est la loi de la baisse des taux de profit mais ces taux de profit n'ont pas baissé dans le long terme. La base de la prédic)on était que le taux de profit allait baisser mais il n'a pas baissé, dans la plupart des ac)vités à, les bénéfices se stabilisent mais cela ne veut pas dire que les taux de profit baissent. Marx oublie également d'où vient vraiment le capital. Marx oublie complètement le progrès technique comme tous les auteurs classiques, c'est Schumpeter qui fait apparaitre le progrès technique dans l'analyse. Les auteurs marxistes ont invoqué eux d'autres raisons pour lesquelles ça n'aurait pas marché. Y-­‐a-­‐t-­‐il des entrepreneurs dans le système marxiste ? Dans un système communiste théorique comme celui de Marx il n'y a pas de rémunéra)on, on a supprimé la monnaie. On ne peut pas innover dans un système communiste. L'entreprenariat est à l'origine du progrès. Un pays communiste supprime le marché et par conséquent le progrès technique. Dans les années 1970 on a peur de la mondialisa)on, on a peur de l'homogénéité du capitalisme, c'est là aussi une prédic)on marxiste. L'école de la régula)on, école marxiste va dire qu'il y aura un seul type de capitalisme qui s'imposera partout. Dans les années 1970 on remarquait qu'il y avait le capitalisme anglo-­‐saxon, japonais (capitalisme très concentré), le capitalisme rhénan avec un certain rôle des syndicats, le capitalisme suédois. Aujourd'hui les capitalismes ont évolué, ils ont convergé mais il n'y en a pas un qui s'est imposé. Aujourd'hui les capitalismes sont beaucoup plus sociaux que le capitalisme anglo-­‐saxon, le capitalisme suédois a un peu évolué vers le capitalisme anglo-­‐saxon, ils ont réformé le droit du travail. Quarante ans plus tard, ce[e homogénéisa)on n'a pas été vraiment effec)ve. Si Marx n'a pas vu ses prédic)ons réalisées c'est sans doute parce qu'il a négligé le rôle du progrès technique. Le principal moteur de la croissance économique est absent du raisonnement du sociologue allemand. Tout se passe comme si le capital « tombait du ciel » et n'évoluait pas dans le temps. Les défini)ons sur lesquelles s'appuyait Marx, notamment le caractère décroissant du taux de profit et la défini)on de la valeur travail ne correspondent aujourd'hui à aucune réalité. Le profit est déterminé par la couverture des coûts et ce qui en reste. Il n'est pas lié analy)quement à l'exploita)on du travail. En effet en raisonnant uniquement sur l'exploita)on du travail par le capital Marx oublie une forme d'exploita)on beaucoup plus courante de nos sociétés inégalitaires. L'exploita)on du travail par le travail c'est quand je dois travailler 6 heures pour payer une heure de travail d'un chirurgien. Ce phénomène qui est celui de la spécialisa)on était pourtant connu chez Ricardo et Marx. La prédic)on marxiste est donc fausse. Les marxistes eux-­‐
mêmes ont cherché des raisons pour lesquelles elle ne se réalise pas. Lénine avait expliqué que le capitalisme n'allait pas s'écrouler parce qu'il connaissait des crises périodiques et à chaque crise il recons)tuait un volant de pauvres qui lui perme[ait de réexploiter jusqu'à la prochaine crise. Il y en a eu beaucoup d'auteurs marxistes de ce type. Au début du XXR siècle, avec l'expansion coloniale ce sont les colonies qui sont visées. L'idée est que les pays capitalistes main)ennent à flot leur système en exploitant l'économie. Il est vrai que c'est l'a„tude de l'Angleterre qui va même jusqu'à imposer des restric)ons de produc)on à ses colonies. Dans la deuxième par)e du XXR siècle, c'est l'entreprise mul)na)onale qui est visé, on pense que le capitalisme ne dure que parce qu'il a changé d'échelle se situant désormais au-­‐dessus des na)ons. Il s'agit du capitalisme monopoliste, transna)onal. Ici le capitalisme c'est celui des firmes géantes qui profitent des différences de droit et de fiscalité entre les na)ons pour opérer les profits les plus élevés. Depuis 1967 on a vu la mort du capitalisme très souvent et le capitalisme n'a pas disparu. En revanche son système alterna)f, le système sans propriété privée, le système communiste à lui presque en)èrement disparu pour des raisons liées à sa complexité de mise en œuvre. La planifica)on centralisée est un système très coûteux en informa)on. Il ne permet pas de maintenir les incita)ons suffisantes à l'innova)on qui ont permis au capitalisme anglo-­‐saxon con)nental, asia)que de se renouveler. Aujourd'hui le phénomène de l'intégra)on commerciale mondiale avec dans l'actualité la négocia)on du TAFTA (traité de commerce avec l’Amérique du nord), la mondialisa)on nous conduit à une autre perspec)ve. Ce n'est pas l'écroulement du capitalisme qui inquiète mais la dispari)on de ses spécificités. Fantasme ou réalité seul l'avenir nous le dira. Illustra(on : Les classes sociales
Paragraphe 4 : La Croissance des Néoclassiques
Il faut faire la transi)on entre l'économie du XIXR siècle et l'économie moderne du XXR siècle. Marx fut un prophète faillible. Il avait prédit l'écroulement d'un capitalisme qui ne s'est jamais écroulé. Est-­‐ce pour cela que le mur de Berlin est tombé et qu'aujourd'hui, il y a que de rares pays communistes dans le monde ? Sans doute pas. Curieusement, l'abandon ou l'a[énua)on de l'importance des idées marxistes fut d'abord, le fait de l'évolu)on scien)fique des méthodes de l'analyse économique. Ne vous y trompez pas, le marxisme n'a pas disparu en économie, il est même parfois encore très présent dans les idées et le vocabulaire, par)culièrement influent en France sous l'influence des synthèses socialistes issues de Jaurès ou du Président Mi[errand. Jean Jaurès quand il veut faire l'unité de l'interna)onal socialiste française, il est obligé de rassembler différents courants parmi lesquels les marxismes ne sont pas majoritaires. Le par) majoritaire est : les socio-­‐démocrates allemands. Quand on les rassemble, pour arriver à un but poli)que, on doit donner la voie à ceux qui ne sont pas majoritaire, c'est ce que fera Jaurès.
Ce qui explique la synthèse du socialisme républicain dans les faits et dans l'abandon du socialisme révolu)onnaire dans la pra)que. A par)r de Jaurès et puis Mi[errand fera la même chose, on u)lise en France le vocabulaire socialisme mais il sera signifiant d'autres valeurs. C'est ce qui fait sans doute, l'une des raisons de la permanence des idéologies des socialistes en France, ça a à peu près disparu dans le reste du monde. Pourquoi cela reste aussi présent dans la poli)que français ? Ce qu'il en reste ce n'est pas le socialisme marxiste, quand Marx parlait de révolu)on social, il parlait de révolu)on sociale, il parle de réforme de l’impôt sur le revenu. C'est donc à par)r de ce moment-­‐là que les idées seront à la fois maintenues et transformées. Pourtant au même moment, dans le monde, les idées économiques socialistes ont largement été supplantées par un grand virage de l'analyse économique dans un nouveau domaine. Ce grand virage, c'est le virage néoclassique ou marginal. On dit parfois aussi, école marginaliste. De quoi s'agit-­‐il ? En fait, alors même que Marx produisait une cri)que interne de la pensée "capitaliste" de son époque, l’école classique dont Marx était le dernier représentant, était en train de disparaître, remplacée par une nouvelle approche dominante, l'approche mathéma)que, différen)elle des phénomènes économiques que l'on qualifiera plus tard de néoclassique. C'est donc la fin de classicisme avec Marx et simultanément, le début du néoclassicisme à la fin du XIXR siècle, avec des auteurs comme GOSSEN, EDGE WORTH et qui bien plus tard abou)ront à l'école néoclassique, c'est-­‐à-­‐dire JEVONS, MARSHALL, exactement comme le socialisme fut une réac)on interne au classicisme, comme le classicisme s'est terminé avec Marx par une contesta)on, le néoclassicisme accouchera une contesta)on interne par l'intermédiaire de la pensée d'un grand contestataire du XXR siècle, John Menard Keynes. Puisqu'il est le contradicteur de l'économie néoclassique comme Marx fut le contradicteur de l'économie classique.
Après le XIXR siècle, le marxisme n'a pas disparu, il est resté dans les idées, les structures poli)ques alors même qu'il était vidé de son sens habituel comme en France. Mais il a disparu en tant qu'ou)l économique parce qu'il était daté, vieux, qu'on était déjà passé à autre chose, on était passé à l'économie néoclassique. Ce[e dernière va apporter un autre éclairage une autre vision de l'économie et c'est très largement sur ce[e vision que nous vivons encore aujourd'hui Ce[e pensée a évolué mais les grandes idées ini)ales ont perdurées. Ce sont les néoclassiques qui ont gagné. Keynes a fait la contradic)on mais le néoclassicisme n'est pas par), il a évolué, s'est modifié mais c'est Keynes qui a été intégré dans le raisonnement néoclassique. On considère assez largement que celui de Keynes est assez éloigné du néoclassique. Elle s'est éloigné car elle a découvert un nouvel ou)l, c'est une autre manière devoir ce[e science, par exemple les travaux de Gossen abou)ssait à définir deux lois sur le comportement du consommateur, en répar)ssant les idées marginales et en tenant compte des prix ce raisonnement découvert avant le XIXR siècle, c'est le même qui préside aux poli)ques publiques qui s'intéressent aux consomma)ons. C’est le même qui préside au droit de la concurrence, dans le domaine de la consomma)on. Mais en revanche, le statut économique de la consomma)on a évolué. Ils l’ont fait à par)r d'un raisonnement hypothé)co-­‐déduc)f et mathéma)que. Et c'est leur grande réussite que d'avoir trouvé des lois stables. En gros, à part la consomma)on de drogue, nous sommes tous dans le cadre des deux lois de Gossen, elles marchent. Toute l'économie, de la concurrence, consomma)on, est fondée là-­‐dessus.
On a parlé de l'économie de la consomma)on, on doit introduire ce que ce[e économie apporte de nouveau dans la produc)on. On va découvrir d'abord que la produc)on obéit à certaines formes mathéma)ques fonc)onnelles, qui sont stables, qui donnent des lois. Ensuite, l'accumula)on de ce[e produc)on donne aussi des résultats très intéressants pour expliquer les sociétés. C'est ce que l'on appelle la croissance économique et là encore il y a des lois économiques, découvertes au début du XXR, par des auteurs keynésiens et néoclassique, et nous vivons sur ces lois. On va aussi parler de la convergence des croissances économique. a. La Produc)on
Voilà qui est intéressant pour l'interpréta)on, la fonc)on de produc)on à facteurs complémentaires c'est la rece[e de gâteau. On dispose de deux facteurs, le capital et le travail et pour un niveau donné de produc)on on va chercher le minimum du capital et du travail qui perme[ent de produire. Cela va donc former une fonc)on de produc)on dite à facteurs complémentaires qui fonc)onne exactement comme une rece[e de gâteau. On va combiner dans ce[e fonc)on de produc)on du capital et du travail comme on combine des œufs, de la farine du lait pour faire des crêpes. Il y a des types de produc)on qui correspondent à certaine manière de produc)on, exemple des facteurs fixes. Il y a des manières de produire par exemple quand les facteurs de produc)on deviennent subs)tuables. C'est toujours du capital et du travail sauf que dans ce cas-­‐là on va avoir tout un ensemble de possibilités de combinaisons de capital et de travail qui correspondent à la même fonc)on de produc)on. Chaque niveau de la produc)on correspond à une combinaison infinie de quan)té de capital et de travail. Si j'ai ça, je vais pouvoir produire la même chose avec beaucoup de capital et beaucoup de travail ou beaucoup de travail et peu de capital et ça changera complètement la physionomie de mon économie, il est très important quand on pra)que une poli)que économique de savoir le degré de subs)tuabilité du capital au travail, de bien connaître la courbe de produc)on. Par exemple, on sait que le travail faiblement qualifié et le travail qualifié sont subs)tuables. On peut remplacer l'un par l'autre et on sait aussi que le capital et le travail qualifié sont complémentaires. Donc le capital et le travail peu qualifié sont subs)tuables. Ce qui fait que si on n'a pas pris conscience de ça on prend le risque dans notre poli)que économique de faire de graves erreurs, si une poli)que vise aveuglément un fantôme marxiste qui est l'exploita)on du travail par le capital, il faut donc imposer lourdement le capital. On le fait en taxant le capital (c'est la version Jaurès). Se faisant, si dans notre fonc)on de produc)on on est à facteurs complémentaires ou subs)tuables, que va-­‐t-­‐il se passer si on taxe lourdement le capital pour les entreprises ? On va décourager dans notre économie l'emploi du facteur capital au profit de l'emploi du facteur travail. Si ensuite on taxe lourdement le travail les entreprises vont revenir au capital. Le chômage et les poli)ques de l'emploi ne peuvent pas être indépendantes de la subs)tuabilité du capital et du travail, les entreprises s'adaptent, adaptent leurs techniques de produc)on pour u)liser plus le facteur qui est le moins désavantagé. Hors pour terminer avec cet exemple, quel est le facteur qui est le plus lourdement désavantagé ? Il s'agit du travail, très largement si on observe ce qu'est la taxa)on du capital et du travail aujourd'hui on s'aperçoit que la rentabilité réelle de l'impôt sur les sociétés en France c'est 8.5% mais en revanche le niveau des charges sociales sur le travail c'est plus de 50%.
Lorsqu'on défavorise grandement l'usage du facteur travail en le rendant ar)ficiellement plus cher, les entreprises u)lisent plus le facteur capital, elles augmentent l'intensité capitalis)que. Dans notre fonc)on de produc)on on a deux facteurs mais que représente K/L, on s'aperçoit qu'en surtaxant le travail on a un encouragement à u)liser le capital. Le capital et le travail peu qualifié sont subs)tuables au lieu d'employer deux ouvriers on achète une machine. Travail fortement qualifié et capital sont complémentaires, donc quand on est dans un pays où le travail est fortement taxé par rapport au capital, non seulement on va décourager le travail faiblement qualifié en incitant les entreprises à acheter du capital mais en plus on va les engager aussi à embaucher du travail qualifié, on va se retrouver dans une situa)on paradoxale, le biais technologique on va avoir une situa)on duale sur le marché du travail, on va avoir simultanément des emplois vacants, des demandes d'emploi non sa)sfaites dans le secteur hautement qualifié alors qu'on a un chômage et des emplois très insuffisants pour absorber la demande dans le secteur faiblement qualifié. La sur imposi)on du travail conduit les entreprises à u)liser plus de capital et moins de travail, elles emploient du travail hautement qualifié, complémentaire du capital. Aujourd'hui en France si on cherche un emploi et qu'on est bien qualifié le taux de chômage est très faible. La fonc)on de produc)on ici est à facteur subs)tuable si à un niveau de produc)on il y a une infinité de combinaisons possible. Autre chose très intéressante des néoclassiques, la rémunéra)on des facteurs. L'économie néoclassique a complètement changé à cet égard par rapport à son homologue marxiste antérieur. Lorsque les auteurs classiques et marxistes raisonnaient sur la rémunéra)on des facteurs, leurs théories faisaient rapport à des no)ons poli)ques comme l'exploita)on, la spolia)on. Marx nous disait que le travail était exploité au profit du capital, déjà chez Smith on présentait la rémunéra)on du travail, le salaire comme un minimum de subsistance. Chez les néoclassiques ici la rémunéra)on des facteurs est vue de manière beaucoup plus technique. C'est juste la rencontre de l'offre et de la demande de facteurs considérés, elle est donc déterminée par le marché de ces facteurs. Par conséquent le salaire sera élevé si la demande de travail est élevée et l'offre faible. Et inversement, iden)quement la rémunéra)on du capital sera élevée si le facteur capital est très produc)f, très u)lisé et que donc il rapporte beaucoup. Donc ici on n'a pas une vision poli)que de la détermina)on du salaire et du profit on a une vision plutôt technique, où le salaire correspond à la produc)vité marginale du travail et le profit à la produc)vité marginale du capital. Si le travail est trop employé comme facteur sa produc)vité marginale va baisser et le salaire va baisser aussi mais c'est pareil pour le capital. Si le capital est trop employé, sa produc)vité marginale va baisser et les profits aussi. C'est donc une théorie très claire, très riche, dans un pays où le capital est mal employé, où on u)lise trop de capital dans une branche de produc)on qui tout à coup ne rapporte plus rien, c'est la crise. Une économie qui produit trop de capital qui ne sert à rien c'est la crise, la crise immobilière espagnole américaine. On a trop employé de capital à un endroit où la produc)vité marginale était devenue trop faible. On s'aperçoit qu'on est très loin des interpréta)ons poli)ques du XIXR siècle mais on peut tout expliquer. Quand il y a deux facteurs, la courbe en ques)on, la courbe croissante n'est pas en deux dimensions mais en trois dimensions, en ordonnée on a toujours la produc)on mais elle dépend désormais de deux facteurs et si ces deux facteurs sont subs)tuables, plusieurs facteurs peuvent produire la même quan)té donc on va ici matérialiser la courbe en ques)on. On apporte toute la ques)on de la manière dont on produit. Quelle est la part de l'industrie dans la valeur ajoutée, dans la produc)on en France ? 10.5 % or l'industrie est une ac)vité par)culière qui nécessite beaucoup de capital. On es)me la produc)on à la somme des valeurs ajoutées. Cela fait la différence avec des na)ons industrielles, la Suisse est à 22 %, les allemands aussi. Maintenant il y a aussi des fonc)ons de produc)on qui u)lisent moins de capital et obligatoirement plus de travail, les services parmi lesquels l'avocat. Le domaine des services n'est pas un domaine où on u)lise beaucoup de capital. C'est la raison pour laquelle l'économie française est à presque 40 % de la valeur ajoutée dans le domaine des services et à cet égard elle u)lise peu de capital. L'économie française est une économie qui est peu industrielle, elle est tournée vers les services aujourd'hui, elle a des ac)vités plutôt intensives en travail qu'en capital ce qui là encore pose un problème du point de vue de l'emploi mais ne pose pas trop de problème du point de vue des délocalisa)ons. La fonc)on de produc)on nous explique comment on produit dans un pays mais aussi pourquoi il y a du chômage chez les peu qualifiés. Ce[e fonc)on de produc)on va faire le renouveau de l'économie. Les keynésiens préfèrent eux réfléchir sur la base de fonc)ons de produc)on à facteurs complémentaires. Parce que les facteurs complémentaires correspondent mieux aux rigidités d'ajustement que veulent formaliser les keynésiens. Les keynésiens cherchent plus à expliquer le sous-­‐emploi que le plein emploi et donc ils ont tendance à raisonner comme si les économies ne pouvaient pas toujours s'ajuster et que ces rigidités conduisent à un sous-­‐emploi durable des facteurs de la produc)on. Au contraire chez les néoclassiques on considère que l'ajustement parfaitement flexible du facteur capital et du facteur travail doit conduire à un plein emploi constant des dota)ons de facteurs. Or ce n'est pas comme ça que Keynes voit l'économie, il pense en observant la crise de 1929 que les économies capitalistes peuvent se situer durablement au sous-­‐emploi des facteurs de produc)on. Il pense que l'ajustement parfait des néoclassiques n'existe pas et qu'au contraire c'est parce que les ajustements sur le marché du travail et du capital sont par)ellement rigides que le chômage durable peut s'installer. C'est ce[e insistance sur le phénomène du sous-­‐emploi qui conduira les keynésiens à la théorie de la croissance, c'est-­‐à-­‐dire à envisager la produc)on en dynamique, dans le temps. Ce sont les keynésiens qui vont se préoccuper les premiers de la ques)on de la croissance mais uniquement dans la rela)on qui existe entre croissance économique de la produc)on et le plein emploi. Pour les keynésiens, cela signifiait surtout, peut-­‐on avoir une croissance de la produc)on qui corresponde tout le temps au plein emploi ?
b. La Convergence
La croissance a été étudiée pour la première fois dans les années 1930. Le )tre lui-­‐même n'est pas forcément évocateur du terme de « croissance », la croissance c'est la croissance de la produc)on, de la produc)on intérieure brute, c'est ça la croissance économique. On va désormais poser une ques)on un peu différente ? Comment se comporte la produc)on à long terme, est-­‐elle croissante ? Y-­‐a-­‐t-­‐il une augmenta)on par tête à long terme ? Est-­‐elle éventuellement décroissante, limitée ? Est-­‐elle compa)ble avec le plein emploi ? Historiquement on a commencé par répondre à la troisième ques)on, à par)r des années 1940 c'est la préoccupa)on de la cohérence entre croissance de long terme et plein emploi qui est au centre des préoccupa)ons. Pourquoi ?
Parce que le monde vient de passer par une crise économique de grande ampleur, la crise de 1929 et ce[e crise a remis en cause une sorte de dogme libéral largement accepté jusque-­‐là : les marchés s'autorégulent et le plein emploi est a[eint automa)quement par confronta)on de l'offre de travail et de la demande de travail. C'est la conséquence directe de la macroéconomie néoclassique. Ce[e macroéconomie nous explique qu'en dehors de toute interven)on de l'Etat, le niveau de chômage est réduit à son équilibre, le chômage incompressible qu'on va quan)fier aux alentours de 5% de chômeurs pour une économie standard. Or la crise de 1929 change la donne aux Etats-­‐Unis et dans toute l'Europe parce qu'elle installe un chômage durable au-­‐delà de 20% aux Etats-­‐Unis pendant plusieurs années, ce qui est évidemment drama)que en l'absence d'indemnisa)ons. A l'époque il n'y a aucun système de prise en charge de la perte de l'emploi. Il y a une préoccupa)on majeure du début du XXR siècle, la croissance économique peut-­‐elle s'accompagner de plein emploi ? On note que le débat n'a pas forcément clarifié les choses et a sans doute même fait prendre du retard à la théorie économique. Parce que les premières théories de la croissance jusque dans les années 1970 seront focalisées sur la ques)on du plein emploi plutôt que sur celles des facteurs de la croissance. Cela va nous conduire à négliger certaines valida)ons empiriques, certains tests qui auraient pu éviter plusieurs décennies d'erreur. Il faut dire que la croissance elle-­‐même est un phénomène récent, on n'est pas habitué à ce phénomène au début du XXR siècle. Même pour les pays que nous considérons aujourd'hui industrialisés, le phénomène n'est sensible qu'à par)r de la fin du XIXR siècle. En général on fait remonter la croissance économique à la mise en place de la croissance industrielle anglaise du milieu du XIXR siècle, inven)on de la machine à vapeur (James Wa[) en 1820 mais les effets de ce progrès technique ne vont se faire sen)r que bien plus tard. Ce n'est pas parce qu'on invente la machine à vapeur en 1820 qu'en 1821 toute l'Angleterre est industrialisée. C'est bien à par)r du XIXR siècle, la fin de ce siècle que nos na)ons industrialisées vont connaître de la vraie croissance économique mais faible, ce[e croissance à la fin du XIXR siècle c'est 1 ou 1.5 % par an d'augmenta)on du PIB par an dans le meilleur des cas. Au début du XXR siècle cela ne va pas s'améliorer car il y a eu la première guerre mondiale, la crise de 1929 et la seconde guerre mondiale. Ces deux guerres sont parmi les plus destructrices ce qui impacte fortement la croissance économique, laquelle est très faible, pour produire il faut des hommes qui ne sont pas en train de se ba[re et il est préférable de ne pas voir son matériel détruit par des bombes, il est préférable aussi de consommer et la guerre n'est pas bonne pour la produc)on. Les guerres sont en général des guerres de conquête territoriale. Les guerres du XXR siècle sont des guerres de conquête territoriale. Aujourd'hui est-­‐ce que cela servirait à quelque chose de faire de la conquête territoriale pour obtenir de la richesse économique ? Non, ce qui caractérise les économies jusqu'à la fin du XIXR siècle c'est l'absence de contribu)on de l'industrie à la produc)on, les économies sont essen)ellement agricoles et lorsqu'on met en place l'industrie sur la base du progrès technique cela va me[re du temps à agir et pendant ce temps-­‐là on est assez pauvres et la seule possibilité pour conquérir de la richesse c'est prendre des territoires. Après la Seconde Guerre Mondiale la croissance économique va apparaître de manière fulgurante, en Europe, aux Etats-­‐Unis et ce[e croissance économique )rée par la produc)on, le progrès technique va changer complètement les rela)ons entre les Etats. Si aujourd'hui on est un Etat et qu'on veut enrichir notre popula)on, est-­‐ce que la conquête d'un territoire va nous servir à quelque chose ? La croissance économique ne vient plus de là aujourd'hui, les territoires servent à rien parce que ce qui est important c'est la croissance de la produc)on par le progrès technique, on ne va pas aujourd'hui envahir un pays on va essayer de conquérir des parts de marché, c'est le ves)ge de la guerre aujourd'hui, c'est la guerre économique, le commerce interna)onale mais cela n'a rien à voir avec la guerre militaire de conquête territoriale. Si on veut conquérir des marchés c'est pour que les pays conquis consomment. Il y a quand même des excep)ons, il y a des guerres mais ces guerres confirment le sens général donné, il reste aujourd'hui des guerres de pays qui connaissent des niveaux de croissance très faibles et qui vont s'envahir pour acquérir des ressources naturelles. Ce sont des guerres de pays qui ont des taux de croissance faibles et on peut encore s'enrichir dans ces aires géographiques en allant conquérir un puit de pétrole ou un gisement de gaz mais l'Inde ou la Chine n'ont plus aucune velléité d'aller envahir qui que ce soit. Tout cela est parfaitement cohérent avec notre explica)on générale, la croissance économique commence bien pour la plupart des pays du monde au milieu du XXR siècle. C'est un phénomène tout à fait récent, pendant les Trente Glorieuses on a des taux de croissance européens de 5-­‐6%, le Japon par exemple va connaître son accéléra)on très récemment, dans les années 1950, avec un taux à 9%. A la fin des années 1960 le Japon a déjà ralen) pour arriver à des rythmes de croissance proche des nôtres. Tout ça pour dire que la croissance économique est un phénomène récent et c'est presque excusable de n'avoir pas vu sa principale spécificité parce qu'au début du XXR siècle le problème principal des économies ce sont les crises produc)ves et leurs conséquences sur l'emploi. Le principal problème du monde ce n’est pas de savoir si l'on devient de plus en plus riche, c'est juste de ne pas mourir de faim, au début du XXR siècle quand on est au chômage on est d'abord dans la misère puis dans la mort. C'est la raison pour laquelle la science économique va s'intéresser à la ques)on de la croissance et de l'emploi.
Les théories de la croissance équilibrée de plein emploi. Ce sont les keynésiens qui ouvrent le feu avec deux auteurs Harrod et Domar. Ces deux auteurs vont très rapidement après Keynes, dès 1939 proposer une interpréta)on keynésienne de la croissance et leur argumenta)on est assez fine. Keynes en 1936 a été très persuasif avec la théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie sur le fait que le sous-­‐emploi était une caractéris)que durable des économies modernes. Or si le sous-­‐emploi est une caractéris)que durable cela signifie qu'il doit y avoir un fonc)onnement de l'économie où croissance et sous-­‐emploi s'accompagnent. C'est ce que vont démontrer Harrod et Domar. Le modèle est assez rudimentaire. Ils auraient pu élaborer un modèle qui conduisait à la conclusion que la croissance économique s'accompagnait de sous-­‐
emploi, de chômage mais cela n'aurait pas marché parce que dès qu'un économiste crée un modèle, les autres économistes cherchent immédiatement à montrer que le modèle est faux. Ils ont été plus fins, ils ont créé un modèle de croissance macroéconomique dans lequel la croissance de plein emploi est possible. Ce sont les premiers à démontrer que croissance et plein emploi existent, résultat qui va être très fréquemment redémontré après eux. Mais dans leur modèle la croissance économique équilibrée de plein emploi est un cas très par)culier, tellement par)culier qu'il est pra)quement impossible à a[eindre. Le régime le plus courant sera donc la croissance de sous-­‐emploi. Ils ont donc démontré simultanément que le plein emploi pouvait être conservé sur de longues périodes produc)ves et en même temps que cela n'est pas réaliste. C'est une argumenta)on très fine, si les auteurs qui se plaçaient dans un keynésien, étaient arrivés directement en disant que la croissance économique de plein emploi n'existe pas on aurait eu des hordes de chercheurs qui auraient prouvé le contraire mais là ils ont dit que c'était possible mais peu probable. Première étape de ce[e réflexion sur la théorie de la croissance, on peut avoir croissance et plein emploi mais cela n'a aucune chance d'arriver. Rapidement, ce[e proposi)on va être ba[ue en brèche par des auteurs qui sont d'aubédiance plus néoclassique, c'est-­‐à-­‐dire qui défendent l'ajustement automa)que des marchés au plein emploi. Les néoclassiques allaient rapidement apporter la contradic)on, contradic)on aux keynésiens, non pas sur le fait que la croissance de plein emploi existe mais sur le fait qu'elle est difficile à a[eindre. Au contraire les néoclassiques démontrent dans un modèle différent que le plein emploi est le régime normal de la croissance économique. Comment abou)ssent-­‐ils à un résultat aussi opposé de celui des keynésiens ? Tout simplement en supposant que la subs)tuabilité du capital au travail est possible. Les keynésiens raisonnent en terme de fonc)on de produc)on à facteurs complémentaires (la rece[e du gâteau). Dans ces fonc)ons de produc)on à facteurs complémentaires, les facteurs sont combinés en quan)tés fixes. Or ce n'est plus le cas si on raisonne en termes néoclassiques de fonc)on de produc)on à facteurs subs)tuables. Ce[e différence d'hypothèses a conduit à des conclusions radicalement différentes car pour les néoclassiques la croissance de plein emploi existe mais en plus on l'a[eint toujours. Il suffit que l'intensité capitalis)que (le rapport K/M, stock de capital à la popula)on ac)ve) varie dans une économie pour que selon les néoclassiques, la croissance équilibrée de plein emploi soit possible. Cela c'est pour les résultats, les keynésiens disent que c'est possible la croissance de plein emploi mais on l'aura jamais et pour les néoclassiques on l'aura toujours, il y a une opposi)on de la vision de l'économie, les keynésiens insistent sur ce qui est rigide dans une économie (difficultés d'ajustement) et les néoclassiques sur les flexibilités d'ajustement. Les néoclassiques ont manifestement raisons car notre expérience du XXR siècle nous a montré de longues périodes pendant lesquelles certaines économies se situaient durablement au plein emploi. Au niveau interna)onal il y a des tas d'économies qui sont au plein emploi, c'est jamais 0 %, c'est 5 % de chômeurs. Aujourd'hui au plein emploi on les Etats-­‐Unis, la Nouvelle-­‐Zélande, l'Australie, la Suède, le Danemark. En grave sous-­‐emploi on a aujourd'hui l'Espagne, la Grèce (moins tout de même). Tout ça pour dire que les néoclassiques ont très vraisemblablement raison car les keynésiens avaient dit que le sous-­‐emploi était le régime le plus courant ce qui n'est pas le cas. Les keynésiens ont donc tort d'avoir trop insisté sur les rigidités de l'économie et notamment toutes les rigidités du marché du travail. Pour autant faut-­‐il jeter le bébé avec l'eau du bain ? Non parce que la no)on de rigidité est très u)le pour expliquer justement pour quelles raisons on peut se situer en dehors du régime néoclassique de croissance de plein emploi. Il faut garder la no)on de rigidité car elle est très heuris)que, elle nous apprend beaucoup de choses. Qu'est-­‐
ce qui rend rigide la subs)tu)on du capital et du travail sur le marché français ? La no)on de rigidité nous permet de comprendre pourquoi en bloquant l'ajustement du capital et du travail on peut se trouver dans une situa)on de chômage durable, le taux de chômage français se balade entre 8 et 10 % depuis 40 ans. Qu'est-­‐ce qui peut bloquer cet ajustement ? Les taxes sur le capital et le travail. On vient de dire que capital et travail devaient pouvoir s'échanger pour perme[re qu'on ait pas de chômage mais si par exemple on taxe lourdement le travail et qu'on pense qu'il faut financer sur la base du facteur travail des systèmes sociaux, on va abou)r au fait de décourager l'u)lisa)on du facteur travail et on va inciter les entreprises à u)liser le facteur capital. On va donc se retrouver avec une subs)tuabilité du capital au travail qui n'est pas parfaite et même très imparfaite. Maintenant, dans les pays de l'Union européenne, qui a la taxa)on sur le travail la plus élevée, la France et de très loin. Les keynésiens expliquent pourquoi certaines rigidités d'ajustement peuvent conduire au sous-­‐
emploi et ces rigidités peuvent exister aussi, ce n'est pas le cas général. Voilà pourquoi, même si les keynésiens ont tort il faut garder une par)e de leur explica)on à l'esprit, certes le sous-­‐
emploi durable n'est pas le régime le plus courant mais on peut le rencontrer, on vit dedans aujourd'hui. Troisième remarque, pourquoi on s'en fout ? Parce que ce n'est pas le problème, la probléma)que majeure de la croissance aujourd'hui ce n’est pas le sous-­‐emploi ou le plein emploi. Le problème aujourd'hui c'est la croissance elle-­‐même, l'explica)on des facteurs fondamentaux de la croissance parce que là il y a un gros souci, à par)r des années 1970 on est obligé de changer complètement de modèle de croissance, c'est plus les keynésiens, c'est plus les néoclassiques parce que tout ça cela ne marche pas. Qu'est-­‐ce qui se passe dans les années 1970 ? On fait un certain nombre de tests empiriques sur les modèles dont nous disposons, principalement les modèles néoclassiques, Robert Solow et on s'aperçoit qu'il existe un facteur manquant très important en volume. Jusque-­‐là on a supposé que les deux facteurs de la croissance étaient le capital et le travail, or il semble qu'un troisième facteur doive être précisé parce que lorsqu'on enlève le capital et le travail à la croissance économique il reste 50 à 80 % de ce[e croissance qui demeure inexpliquée. C'est évidemment un problème. Si le modèle n'explique que 20% du résultat c'est peu. On dit que la croissance c'est la contribu)on du capital et du travail donc si on enlève ces deux facteurs on devrait trouver 0%, on fait des tests de « résidus ». Mais dès ces tests on s'aperçoit que le résidu fait 90 % de la croissance économique, ce n'est donc plus un résidu. Donc gros souci chez économistes dans les années 1970 qui se demandent d'où vient l'erreur. C'est le progrès technique qui n'est pas un facteur extensif, le progrès technique c'est un facteur intensif. On n'a pas besoin d'augmenter le volume du travail ou le volume du capital, il suffit par exemple qu'on remplace le capital par un autre capital plus produc)f ou le travail par un autre travail plus produc)f. Dans le cas du travail on dit souvent « qualifié », parce que le progrès technique touche aussi le travail. Dans les années 1960, un économiste américain du nom de Kennet Arrow qui découvre que le temps de produc)on d'un avion en Amérique diminue chaque année dans une propor)on stable de la racine cubique de la quan)té. Ce qui est important c'est qu'Arrow a démontré que sur une chaîne de montage où ce sont les mêmes personnes qui travaillent avec le même capital il y a un progrès technique « learning by doing », le progrès technique impacte également le travail. C'est la grande nouveauté de ce[e théorie de la croissance de la fin du XXR siècle et du XXIR siècle, c'est la croissance endogène.
c. La Croissance Endogène
C'est la croissance qui nous explique pourquoi on a de la croissance, un on a de la croissance parce qu'on a du progrès technique en permanence. Deux on a du progrès technique en permanence parce que les individus ont tendance à accumuler un bien privé (la forma)on, le capital humain) et les sociétés ont tendance à accumuler un bien public : les connaissances. « Nous sommes des nains sur des épaules de géants » disait Bernard de Chartres au XIIR siècle, intellectuellement nous sommes tous des nains mais grâce à la montagne de connaissances que nous avons on peut voir un peu plus loin, le stock de connaissances n'a cessé d'augmenter, l'accumula)on du capital humain et du stock de connaissance engendre un progrès technique sans arrêt et il n'y a pas de limite. Cela augmente la produc)on. On accumule du capital humain et des connaissances, c'est la croissance endogène, c'est ça qui fait que tous les pays se trouvent dans ce[e fameuse convergence de la croissance. Pourquoi dans l'après Seconde Guerre Mondiale ra[rapent-­‐ils leur retard par rapport aux Etats-­‐Unis ? Pourquoi le Japon ensuite ? La Corée du Sud, Singapour, la Thaïlande, le Brésil, la Chine ou l’Inde ? Pourquoi l'Afrique ra[rape-­‐t-­‐
elle le reste du monde ? Parce que le progrès technique impacte de manière durable, défini)ve la croissance humaine. Entre le pacte de stabilité qui vise à faire de la croissance économique et celui qui a inventé la roue lequel a créé le plus de croissance économique ? Celui qui a inventé la roue. Aujourd'hui notre probléma)que c'est beaucoup plus, est-­‐ce que le progrès technique va se diffuser partout ? Si c'est le cas, demain on aura une planète où chacun en bénéficie, où chacun voit son revenu par tête augmenter et où on a plus besoin d'aller chez le voisin pour grappiller de la richesse. Cela donne une image de la croissance économique et du monde intéressante. Pour la première fois dans les théories économiques on voit apparaître que la démographie est à l'origine d'un progrès technique formidable. 
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