Mise au point
Mise au point
Figure 2.
Scanner cérébral non injecté : signe de la corde.
Occlusion de la veine de Galien et du sinus droit (A) ;
occlusion des veines cérébrales internes (B).
BA
La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 8 - octobre 2007
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Le réseau superficiel est constitué de veines corticales qui
drainent la majeure partie du cortex et la substance blanche
sous-corticale. Ces veines, présentant une grande variabilité
anatomique, s’abouchent avec le sinus sagittal supérieur drainé
dans les sinus latéraux (transverses et sigmoïdes). Ceux-ci rejoi-
gnent les veines jugulaires internes (1).
Le réseau veineux profond est constitué des veines cérébrales
internes et des veines basilaires, qui confl uent pour former
la veine de Galien. Celle-ci rejoint le sinus sagittal inférieur
pour former le sinus droit, lequel rejoint le sinus sagittal
supérieur au niveau du torcular. Ce réseau veineux draine
les noyaux gris du diencéphale et la substance blanche péri-
ventriculaire (1).
Le sinus caverneux est drainé notamment dans les sinus latéraux
par l’intermédiaire des sinus pétreux inférieur et supérieur. Il
reçoit le sang de la face et de l’étage antérieur du crâne (1).
Ces bases anatomiques sont indispensables à la bonne
compréhension de la symptomatologie des TVC profondes.
Elles permettent également de reconnaître les signes directs
et indirects de TVC profondes à l’imagerie.
DIAGNOSTIC POSITIF
Signes cliniques
Le mode d’installation des TVC profondes est extrêmement
variable. Il peut être aigu – stroke syndrome (semblable à un
infarctus artériel) –, subaigu, voire chronique. Il est fonction de la
qualité de la collatéralité du réseau veineux profond. S’il n’existe
pas de collatérales, le tableau clinique s’installe de façon brutale ;
dans le cas inverse, la symptomatologie est plus torpide (2).
Les symptômes sont divers dans les TVC profondes. Ils corres-
pondent essentiellement à l’atteinte du diencéphale. Dans la
littérature, les descriptions cliniques sont fondées sur l’étude rétros-
pective de séries de cas dont l’eff ectif est faible (1, 2). Néanmoins,
les signes cliniques les plus fréquemment rapportés sont :
des céphalées d’hypertension intracrânienne (1) ;
des troubles de la vigilance par hypertension intracrânienne :
obnubilation, stupeur, coma (1) ;
une paralysie oculomotrice, des anomalies pupillaires (2) ;
des signes extrapyramidaux : hypertonie, micrographie, hypo-
phonie s’expliquant par l’atteinte des noyaux de la base (1) ;
des troubles cognitifs : tableau pseudo-démentiel, mutisme
akinétique, apragmatisme par atteinte thalamique (1, 2) ;
des signes moteurs par atteinte du faisceau cortico-spinal au
niveau mésencéphalique (1).
Les signes focaux peuvent être uni- ou bilatéraux (la veine de
Galien, le sinus droit et le torcular étant des structures uniques
et médianes).
Les crises comitiales, classiques dans le tableau clinique des
TVC superfi cielles, sont inconstantes lors de l’atteinte du réseau
veineux profond isolé (1). Lorsqu’ils existent, ces signes tradui-
sent le plus souvent une TVC extensive.
Imagerie cérébrale
Les objectifs de l’imagerie cérébrale sont de visualiser les signes
directs et indirects des infarctus veineux profonds ainsi que de
rechercher des signes associés.
Actuellement, plusieurs techniques sont disponibles. Ainsi, le
scanner et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) permet-
tent la visualisation du thrombus intravasculaire (signes directs)
et l’étude du parenchyme cérébral à la recherche de signes indi-
rects de TVC profonde. L’angiographie veineuse par résonance
magnétique (angio-RM), l’angio-scanner et l’angiographie
conventionnelle (rarement utilisée actuellement) “objectivent”
et localisent l’occlusion.
Signes directs de TVC profondes :
visualisation du thrombus intravasculaire
Le scanner cérébral, non injecté, peut montrer une hyperdensité
spontanée de la structure veineuse occluse. Il s’agit alors du
signe de la corde (cord sign) [fi gure 2].
En IRM, des anomalies de signal ont également été rappor-
tées : un hypersignal vasculaire dans 40 % des cas en séquence
de diff usion (3), un hyposignal vasculaire en premier écho de
gradient du T2 et une modifi cation du signal vasculaire variable
selon l’âge du thrombus en T1 et T2 (tableau) [4].
Lorsque le scanner ou l’IRM sont injectés apparaît alors le
signe du delta (delta sign). Il s’agit d’une prise de contraste de
la paroi du sinus occlus s’opposant à l’absence d’opacifi cation
de la lumière thrombosée (fi gure 3).
•
Tableau.
Évolution du signal intravasculaire en séquences T1 et T2.
Semaine 1 Semaine 2 Semaine 3
T1 Isosignal Hypersignal Hypersignal
T2 Hyposignal Hypersignal Hypersignal