Imagerie Thoracique Mis à jour le 13/08/2010 par SFR Imagerie Thoracique Catherine Lefort (1), Gérald Gahide (2) (1) Service de Radiologie - Hôpital Européen G. Pompidou, Paris - France (2) Service de Radiologie - Hôpital Arnaud de Villeneuve, Montpellier - France Pas de révolution cette année en imagerie thoracique, qui reste dominée par la détection et la prise en charge des nodules pulmonaires d'une part, et par la prise en charge du cancer broncho-pulmonaire d'autre part. Cancer et Nodules Dépistage du cancer broncho-pulmonaire 1. Deux résultats intéressants provenant de l'étude ELCAP de dépistage du cancer broncho-pulmonaire menée par Claudia Henschke : - Le risque de métastase ganglionnaire est fortement corrélé à la taille de la tumeur pour les cancers non à petites cellules se présentant comme des nodules solides, ce risque étant significativement plus faible pour les tumeurs de moins de 25 mm (risque = 15 %) et de moins de 15 mm (risque = 9 %) (SSG04-02). Ceci confirme l'intérêt de dépister des cancers latents de petite taille, qui ont plus de chance d'être N0M0, donc plus de chance d'être résécables. - 15 % des cancers découverts lors du dépistage sont des cancers multiples, c'est-à-dire avec au moins 2 localisations, le plus souvent du même type histologique (SSJ04-02). D'après la classification actuelle de tels cancers sont au stade IIIb ou IV, considérés comme inopérables. Sur la série des cancers isolés (sans extension ganglionnaire et extra-thoracique) dépistés par l'étude ELCAP, la mortalité à 8 ans des cancers multiples opérés n'est pas différente de celle des cancers solitaires opérés. Il existe donc un bénéfice à opérer ces cancers multiples isolés asymptomatiques. 2. Dépistage et prise en charge des lésions focales en verre dépoli : - La détection des lésions focales en verre dépoli réalisée sur fantôme montre qu'il n'existe pas de différence significative que l'acquisition soit réalisée à 180 ou 45 mAs, permettant ainsi de réduire de 25 % l'irradiation (SSJ04-05, LPH03-04). Personnellement, il me semble que si la performance diagnostique n'est pas modifiée à 45 mAs, la qualité de l'image est dégradée alors qu'elle est parfaitement conservée à 90 mAs. - Pour les lésions focales en verre dépoli, le risque d'adénocarcinome augmente avec la taille de la lésion et avec l'existence d'une composante solide en son sein (SSG04-04). Ainsi les auteurs proposent une résection chirurgicale d'emblée ou une surveillance rapprochée (< 1 mois) en cas de lésion en verre dépoli mixte (=comprenant une composante solide), quelle que soit sa taille. En revanche, les lésions focales en verre dépoli pur peuvent rester stables pendant longtemps, et être surveillées par scanner seulement plusieurs mois après leur découverte. Les nodules pulmonaires 1. Dépistage L'actualité dans le dépistage des nodules pulmonaires solides, c'est l'utilisation du CAD (Computer Assisted Diagnosis : détection assistée par ordinateur). Il permet au choix d'augmenter la sensibilité de détection pour un même temps de lecture s'il est utilisé comme 2ème lecteur (SSQ03-01), ou de réduire le temps d'interprétation en gardant la même sensibilité de détection s'il est utilisé en lecture simultanée (SSQ03-08). Pour diminuer le nombre de faux positifs du CAD dans la détection des nodules et pour tenter de caractériser automatiquement ces nodules, plusieurs équipes développent localement des logiciels évolués utilisant le principe du réseau neuronal MTANN (massive training artificial neural network) (SSJ18-01, SSJ18-05, SSJ18-03). La détection des nodules pulmonaires solides avec (SSJ18-04) ou sans CAD (SSJ04-03) est possible sur des acquisitions à faibles doses, jusqu'à environ 10 mAs, avec cependant une franche dégradation de l'image, qui si elle est performante pour le diagnostic, est « désagréable » à regarder. 2. Caractérisation et prise en charge des nodules pulmonaires solides - La prise en charge des nodules pulmonaires est un problème quotidien, non encore résolu, d'autant plus que 99 % des nodules détectés au cours d'un dépistage sont bénins (Henschke et Swensen). La concordance inter-observateur est médiocre (Kappa =0,26) quant à la surveillance proposée par différents radiologues pour un même type de nodule et sur un même terrain (SSQ03-02). La taille du nodule est un facteur déterminant pour guider la conduite à tenir. Dans une étude réalisée sur 93 nodules ≤ 1 cm réséqués, près de 2/3 étaient bénins et 37 % étaient malins, avec dans cette dernière catégorie une majorité de patients présentant un carcinome broncho-pulmonaire T1 ou un cancer extra-thoracique connu (SSG04-03). Dans la sous-population des nodules < 0,5 cm de diamètre, l'étiologie bénigne était de loin la plus fréquente, quels que soient les antécédents néoplasiques du sujet. Cependant, la prise en charge de ces petits nodules, parfois appelés Ditzels est très variable selon les équipes, l'existence ou non d'une zone d'endémie pour une pathologie granulomateuse, les antécédents du patient, son âge et son statut tabagique (SSJ04-04). A cette occasion, les recommandations récemment publiées de la "Fleischner society", ont été rappelées (tableau.1). Elles sont essentiellement basées sur l'âge, le niveau de risque de cancer broncho-pulmonaire et la taille du nodule. Il est intéressant de noter que la découverte fortuite d'un nodule < 1 cm chez un sujet de moins de 35 ans doit au maximum conduire à une surveillance à 6 mois ou un an. Tableau 1. Recommandations de la "Fleischner society" pour la prise en charge des nodules de découverte fortuite (MacMahon, H., J.H. Austin, G. Gamsu, et al, Guidelines for management of small pulmonary nodules detected on CT scans: a statement from the Fleischner Society. Radiology, 2005. 237 (2): p. 395-400). Taille Faible risque Haut risque ≤ 4 mm Pas de surveillance Scanner à 12 mois Stop si stable > 4­6 mm Scanner à 12 mois Stop si stable Scanner à 6­12 mois + Scanner à 18­24 mois si stable > 6­8 mm Scanner à 6­12 mois + Scanner à 18­24 mois si stable Scanner à 3­6 mois + Scanner à 9­12 mois + Scanner à 24 mois si stable > 8 mm Scanner à 3 + 9 + 24 mois Ou CT injecté (Swensen), PET et/ou biopsie - Si l'option choisie est la surveillance du nodule, il faut tenir compte des variations inter et intraobservateur des mesures manuelles en 2D, faisant préférer l'utilisation systématique de logiciel permettant l'extraction du nodule et le calcul de son volume (SSQ03-03). Il n'existe pas de différence significative entre les 2 logiciels actuellement sur le marché (CT Lung Analysis de General Electric et Lungcare de Siemens) (SSQ03-09), les difficultés étant surtout retrouvées pour les nodules de petite taille (volume < 66,29 mm3) et les nodules sous-pleuraux. Cependant, le calcul du volume du nodule peut être influencé par différents paramètres liés au nodule lui-même ou à l'acquisition. Ainsi, la variation de volume d'un nodule sur 2 scanners consécutifs (le même jour) peut aller jusqu' à 37 % (SSQ03-04), variation dont il faut tenir compte pour juger de l'évolutivité de ce nodule. Il semble que le facteur le plus important pour expliquer cette variation soit la qualité de la segmentation du nodule, qu'il est possible d'évaluer visuellement (SSQ03-04, SSQ03-07). La fiabilité de mesure du volume est également influencée par les paramètres d'acquisition (SSQ03-05) et par le degré d'inspiration : il existe une variation d'environ 20 % dans la mesure du volume d'un nodule entre une acquisition en inspiration et une acquisition en expiration (SSE04-03, SSQ03-07). Cette différence a tendance à être plus importante pour les nodules siégeant aux lobes inférieurs (SSQ03-07). La prise en charge du cancer bronchopulmonaire Peu de nouveautés dans ce domaine. - D'après une étude réalisée chez plus de 800 patients ayant des métastases cérébrales d'un cancer non à petites cellules, il n'existe pas de critères prédictifs de métastases cérébrales (SSG04-05). Il est à noter que 34 % des patients étaient asymptomatiques. C'est pourquoi les auteurs recommandent la recherche systématique de métastase cérébrale dans le suivi des patients, indépendamment du bilan d'extension initial. - Par ailleurs, dans le bilan d'extension du cancer bronchopulmonaire, les performances de l'IRM corps entier (séquence T1 IR et IP-OP sans et avec injection) rejoignent celles du PET dans le dépistage des lésions métastatiques (SSG04-07). - La fonction respiratoire post-opératoire après chirurgie de cancer du poumon peut être estimée en scanner grâce au développement de logiciels capables de quantifier le parenchyme pulmonaire non emphysémateux (LPH03-01, LPL03-05). Il existe une forte corrélation entre la fonction respiratoire prédite en scanner et les épreuves fonctionnelles respiratoires réalisées à 2 mois de l'intervention chirurgicale. L'avantage de cette technique par rapport aux EFR est de tenir compte de la répartition hétérogène de l'emphysème. - Quelques études comparant la captation du produit de contraste sur des scanners dynamiques au PET/CT ont été réalisées dans le bilan d'extension ganglionnaire de cancer broncho-pulmonaire. Les résultats sont contradictoires selon les auteurs en terme de sensibilité et de spécificité (SSC21-07, SSQ04-01, SSQ04-03). Par ailleurs, la sensibilité du PET seul pour le bilan d'extension de lésions surrénaliennes non caractérisées sur un scanner injecté est faible. En revanche, couplé au scanner, le PET-CT a une sensibilité de 80 % et une spécificité de 89 % dans cette même indication (SSC01-08). Enfin, le PET-CT pourrait aider à différencier les épanchements pleuraux métastatiques des épanchements réactionnels chez les patients atteints d'un cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules : si le PET-CT est positif, il y a une forte présomption de lésion secondaire. En revanche, les lésions métastatiques ne peuvent être éliminées en cas de PET/CT négatif (SSC01-09). Embolie pulmonaire L'incidence de l'embolie pulmonaire asymptomatique dans le suivi de pathologies néoplasiques est d'environ 6-7 %, les 2/3 d'entre elles étant proximales (tronc de l'artère pulmonaire ou lobaire) (SSG0504). Il n'y a pas de grande modification proposée dans l'exploration des artères pulmonaires. Elle nécessite pour être optimale l'utilisation de produit de contraste fortement concentré (SSG05-06), avec une dose adaptée au poids du patient (SST03-04) idéalement de 1 ml/kg pour avoir un rehaussement de 300 UH dans l'artère pulmonaire. Le délai d'injection fixe entre 20 et 29 secondes est préféré par certains (SST03-05) à l'utilisation d'un smart prep, en raison des erreurs possibles de positionnement de la région d'intérêt. L'utilisation d'un gating ECG permet de réduire les artéfacts de mouvements dans l'artère pulmonaire (SSG05-08). Plus intéressant est la possibilité de réaliser un angioscanner pulmonaire en expiration, en cas d'opacification sous optimale non expliquée des vaisseaux pulmonaires lors d'une acquisition classique en inspiration profonde (LPH03-06), permettant d'augmenter de 75 à 220 % la prise de contraste dans les artères pulmonaires et leurs branches par rapport à l'inspiration. Limitant l'analyse du parenchyme pulmonaire par les atélectasies qu'elle entraine, cette technique ne peut être proposée en première intention mais est une alternative intéressante chez les sujets présentant des artefacts de flux physiologiques sur l'acquisition en inspiration. Le CAD fait aussi son apparition dans l'aide au diagnostic de l'embolie pulmonaire (SSE04-05), avec 2 possibilités d'utilisation : des reconstructions automatiques MPR dans l'axe des vaisseaux qui semblent augmenter la confiance dans le diagnostic et la concordance inter-observateur, et le marquage par le logiciel des possibles embolies pulmonaires avec pour le moment des taux élevés de faux positifs (48 %). Une enquête a été réalisée auprès de cliniciens aux Etats-Unis (urgentistes, pneumologues et internistes) sur les explorations complémentaires à réaliser pour une suspicion d'embolie pulmonaire (SST03-03). Ses résultats sont en adéquation avec notre expérience quotidienne puisque l'angioscanner pulmonaire est l'examen demandé en première intention (après la radiographie de thorax) dans 71 % des cas. 87 % d'entre eux pensent qu'il s'agit de l'examen le plus utile, validé pour 82 %, disponible pour 88 %, avec un pourcentage d'examen non conclusif inférieur à celui de la scintigraphie (11 versus 46 %). IRM L'IRM reste une technique marginale pour l'exploration du thorax, avec des communications qui se caractérisent par leur grande hétérogénéité. - L'étude en in (IP) et out (OP) of phase du signal du thymus par rapport à celui des muscles paraspinaux peut différencier les lésions bénignes riches en graisse des lésions malignes pour lesquelles le signal reste stable en IP et en OP (LPB02-04). - Une étude rétrospective chez 270 patients ayant bénéficié d'une IRM cardiaque retrouve 24 % d'anomalies non cardiovasculaires ayant une implication clinique importante (épanchement pleural, adénopathies, nodules pulmonaires, calculs biliaires, et infiltrats pulmonaires essentiellement) (SSC0409). - Quelques communications sur l'étude en IRM du parenchyme pulmonaire : ■ Etude en T1 du parenchyme pulmonaire (SSC04-05) dans les emphysèmes, les fibroses et les poumons normaux. Le T1 des poumons normaux est supérieur au T1 des poumons emphysémateux ou fibrosants en inspiration. En expiration, il y a une augmentation du T1 si le poumon est normal ou fibrosant, mais pas s'il est emphysémateux. ■ Etude fonctionnelle de la ventilation à l'hélium 3 hyperpolarisé pour rechercher des défects de ventilation chez les sujets asthmatiques avec une reproductibilité satisfaisante (SSC04-03). ■ Etude fonctionnelle sous O2 dans les pathologies interstitielles (SSC04-04). Aucune d'entre elle n'apparaît facilement applicable en pratique clinique pour le moment. - la qualité de l'exploration des artères pulmonaires a été jugée bonne et suffisante pour le diagnostic jusqu'au 5ème ordre de division artérielle dans une étude réalisée sur une IRM 3 T chez 24 volontaires (SSC04-07). L'IRM peut rapidement et intuitivement estimer le rapport droit/gauche de la perfusion pulmonaire (LPR03-01). En revanche, les paramètres quantitatifs qu'elle mesure ne sont pas suffisamment corrélés aux données de la scintigraphie de perfusion (LPR03-01) et du cathétérisme droit (LPR03-03). Pathologies interstitielles et des voies aeriennes La quantification de l'emphysème peut être faite au scanner : après sélection d'un seuil de densité (le plus souvent -900 UH), le volume de parenchyme pulmonaire sélectionné peut être calculé avec une bonne reproductibilité (SSE04-02). Les résultats sont identiques en faible dose (16-45 mAs) par rapport à une dose standard (160-200 mAs) (SSM04-03). Une étude sur fantôme simulant des lésions emphysémateuses de gravité variable montre qu'il existe une diminution significative de la qualité et de la précision en dessous de 80 mAs, en particulier au niveau des apex pulmonaires (SSM04-04). Le scanner peut également être utile pour l'analyse des voies aériennes centrales. Une étude comparant le scanner réalisé en inspiration et en expiration à la bronchoscopie dans les pathologies des voies aériennes centrales montre que la sensibilité du scanner est de 96 %, avec une spécificité de 99 % (SSK05-02). La réalisation au préalable du scanner aurait pu éviter la réalisation de la bronchoscopie dans 51 % des cas. Les pathologies concernées sont principalement la trachéomalacie, la présence de sténose, d'anomalie endoluminale et de compression extrinsèque. Pour l'analyse de la trachéobronchomalacie, la réalisation d'une acquisition en cours d'expiration est plus sensible pour le diagnostic positif et pour le diagnostic de trachéobronchomalacie sévère que l'acquisition en fin d'expiration (SSK05-03) (fig. 1). La grande fréquence de la trachéobronchomalacie chez les sujets ayant une dilatation des bronches (70 %) est un des mécanismes responsables du trappage expiratoire retrouvé dans 93 % des cas chez ces patients (SSK05-04). Peu de communications sur les pathologies interstitielles. La forme particulière de NSIP chez le sujet fumeur est associée à une plus grande fréquence de lésions emphysémateuses (par rapport au fumeur sans NSIP et par rapport à la NSIP idiopathique). L'aspect en crazy paving qui peut être retrouvé dans la NSIP idiopathique, n'a pas été retrouvé dans la NSIP du fumeur (SSK05-07). Figure 1. Homme de 56 ans, présentant une BPCO attribuée au tabac. Aggravation récente de la dyspnée chronique. Le scanner multidétecteur montre une trachéobronchomalacie sévère et étendue, qui n'est visualisée que sur l'acquisition réalisée en expiration dynamique. Le diagnostic de trachéobronchomalacie a été confirmé par la bronchoscopie. Remerciements au Dr Gilbert Ferretti (Grenoble). Radiographie du thorax numerique L'utilisation d'un nouveau type de cassette phosphore avec des écrans présentant une structure en aiguilles permet de réduire la dose d'irradiation des patients de 50 % par rapport au système de cassette phosphore classique, sans modifier la qualité de l'image (SSA04-01). L'obtention d'une radiographie du thorax de face à deux énergies différentes, selon la technique de double énergie, permet d'obtenir en plus du cliché habituel, une image du parenchyme pulmonaire et du médiastin sans la superposition de la cage thoracique et une image de la cage thoracique et de toutes les structures calcifiées. Cette application permet d'augmenter la sensibilité de détection des nodules pulmonaires (SSA04-02), et de mieux adapter leur surveillance en caractérisant au mieux leur contenu calcique (SSA04-09). Sa combinaison avec une soustraction temporelle dans le suivi des patients permet d'augmenter la qualité des radiographies en diminuant les artefacts des clichés en double énergie (SSE04-01). Le CAD est aussi en cours d'évaluation en radiographie thoracique. Celui-ci permet d'augmenter la sensibilité de détection des nodules (de 55 % sans CAD à 84 % avec le CAD) en diminuant la variabilité inter-observateur, avec un nombre de faux positifs de 1,8 par radiographie si le CAD est utilisé seul (SSA04-07). La détection des nodules par le CAD peut être couplée à la tomosynthèse, technique avancée permettant des acquisitions tomographiques sur l'ensemble du thorax (SSA04-04). Une estimation du volume du nodule peut également être réalisée en couplant le CAD à une acquisition en double énergie (SSA04-03). Cependant, la reproductibilité de cette technique n'a pas encore été évaluée. Imagerie interventionnelle Plusieurs communications faisant état de la faisabilité et de l'intérêt du traitement par radiofréquence des lésions pulmonaires non résécables ont été présentées lors du congrès annuel de la SIR (Society of Interventional Radiology) et du symposium sur l'interventionnel en oncologie où une séance lui était consacrée. Les résultats du suivi à 2 ans de l'étude prospective RAPTURE (Radiofrequency Ablation of Pulmonary Tumors Response Evaluation) portant sur 186 tumeurs (carcinome primitif non à petites cellules et métastases pulmonaires) ont été rapportés (Lencioni RA, page 53), avec un bon contrôle tumoral à 3 mois pour 93 % des tumeurs de moins de 3,5 cm au prix d'une morbidité acceptable. Les complications étaient essentiellement représentées par le pneumothorax (n = 27) et la pleurésie (n = 4). La survie à 1 an était de 74,5 %, meilleure pour les métastases de cancer colique que pour les carcinomes bronchopulmonaires non à petites cellules. Une étude prospective multicentrique similaire, ne concernant que des lésions secondaires d'origine colique corrobore ces résultats avec un bon contrôle tumoral initial (Yamakado K, page 81). Cependant, une récidive intrapulmonaire a été retrouvée dans 51 % des cas, dont 11 % de récidive locale. Les facteurs de pronostic de l'efficacité de la radiofréquence sont la taille de la lésion pulmonaire (≤ 3 cm) et la présence de métastases extra-thoraciques. Les patients sans métastases extra-thoraciques ont une survie à 1 et 2 ans de 100 et 83 % respectivement. Les modifications de la taille des lésions après radiofréquence sont variables : un accroissement initial est observé dans 40 % des cas, et une diminution significative à distance dans la moitié des cas correspondant alors à un succès thérapeutique confirmé par la surveillance de ces patients (Rosenberg C ; page 81). Quoiqu'il en soit, l'évaluation du succès thérapeutique ne peut pas être faite avant 3 mois. La réponse thérapeutique à la radiofréquence a également été étudiée par PET-CT, avec un bilan préthérapeutique puis à 6 et 12 mois. Une augmentation initiale de l'activité peut être observée, liée à la persistance de la lésion tumorale, ou de façon transitoire liée à des remaniements inflammatoires (SSC21-02). De plus, la chute d'activité en PET-CT peut mettre 1 an à survenir. Par ailleurs, la captation préthérapeutique de la lésion au PET ne permet pas de prédire de l'efficacité d'une éventuelle radiofréquence (Yoo DC, page 82).