14 | La Lettre du Sénologue • n° 49 - juillet-août-septembre 2010
Points forts
»
L’hétérogénéité de la population âgée rend complexe l’application simple des programmes thérapeutiques
standard de prise en charge oncologique, d’autant qu’ils ont été validés sur des populations jeunes.
»Le National Comprehensive Cancer Network et la Société internationale d’oncologie gériatrique recom-
mandent l’utilisation d’une évaluation gériatrique avant l’élaboration d’un programme personnalisé de soins.
»Ce concept recouvre deux grandes activités :
– l’évaluation gériatrique multidimensionnelle (EGM), standardisée, détecte les comorbidités et les grands
syndromes gériatriques ;
– l’évaluation gériatrique approfondie (EGA) répertorie les différents problèmes du malade, distingue les patho-
logies somatiques et/ou psychiatriques des conséquences physiologiques du vieillissement, apprécie l’impact
fonctionnel des pathologies, comprend l’interférence de ces pathologies entre elles, apprécie leurs conséquences
sur l’environnement social du malade, et elle hiérarchise les différents problèmes de santé du patient.
»
L’EGA est une action médicale organisée en 5 phases permettant la mise en place et le suivi des recommandations.
Mots-clés
Cancer
Personne âgée
Évaluation
Keywords
Cancer
Elderly
Evaluation
personnalisé de soins (PPS). Le management de
ces patientes passe par la mise en place de diffé-
rentes recommandations diagnostiques, thérapeu-
tiques, réadaptatives, socio-environnementales et
préventives de suivi. L'efficacité de ce concept est
réelle dans de nombreux domaines : amélioration
de l'inventaire et de l'exactitude des diagnostics ;
amélioration de l'état fonctionnel ; amélioration
des capacités cognitives des patients ; réduction
des thérapeutiques ; diminution des placements
en institution ; amélioration des conditions de
placement en institution ; réduction de l'utilisation
des services hospitaliers et des coûts médicaux,
augmentation de la survie. Les patientes âgées
polypathologiques, polymédicamentées, en perte
d’indépendance et/ou d'autonomie constituent la
population cible de l'évaluation gériatrique.
➤
Même si des questions subsistent à propos
de l’impact de l’évaluation gériatrique sur la
prise en charge du malade âgé atteint de cancer,
le National Comprehensive Cancer Network
(NCCN) et la Société internationale d’oncologie
gériatrique (SIOG) affirment que le meilleur guide
pour élaborer le traitement d’un patient âgé atteint
de cancer est fourni par l’évaluation gériatrique.
L’INCa, dans son rapport de mai 2009 “État des
lieux et perspectives en oncogériatrie”, insiste sur
l’importance de l’évaluation gériatrique au stade
de la prise en charge. Tous les sujets âgés atteints
de cancer ne relèvent pas d’une EGA. Ainsi, la prise
en charge d’une patiente âgée atteinte d’un cancer
du sein passe, en dehors de son évaluation oncolo-
gique, par une étape de détection des problèmes
gériatriques et des comorbidités, ce qui permet de
déterminer deux populations. La première n’a ni
problème gériatrique ni comorbidités non contrô-
lées. Elle peut faire l’objet d’une prise en charge
oncologique optimale (diagnostique et théra-
peutique) sans intervention gériatrique, car les
patientes ne retirent pas de bénéfice de l’EGA par
rapport à une prise en charge médicale classique.
La seconde présente des problèmes gériatriques ou
des comorbidités non contrôlées et doit faire l’objet
d’une évaluation gériatrique puisqu’elle correspond
à la population cible pour laquelle cette activité
médicale a démontré son efficacité.
Les différentes étapes
de réalisation d’une évaluation
gériatrique : de la détection
à l’évaluation approfondie
En France, le terme d’évaluation gériatrique stan-
dardisée (EGS) recouvre deux types d’approche :
– l’évaluation gériatrique multidimensionnelle (EGM)
[Geriatric Multidimentionnal Assessment] est une
évaluation gériatrique standardisée de détection
des comorbidités et des grands syndromes géria-
triques. Elle permet d’identifier les patientes relevant
de l’EGA dont l’objet est de répertorier les diffé-
rents problèmes du malade âgé, de distinguer les
pathologies somatiques et/ou psychiatriques des
conséquences physiologiques du vieillissement,
d'apprécier l'impact fonctionnel des pathologies
sur les activités basales et instrumentales de la vie
quotidienne ; de comprendre l'interférence de ces
pathologies entre elles ; d'apprécier leurs consé-
quences sur l'environnement social du malade,
de hiérarchiser les différents problèmes de santé
du patient et d'apprécier leurs interactions et leur
interdépendance. Elle permet de mettre en place
un PPS. Le déroulement d'une EGM a pour objectif
de détecter les patientes nécessitant la réalisation
d’une EGA. Cette procédure a fait la preuve de son
efficacité à détecter les patients âgés relevant d’une
EGA. Cette évaluation de détection est organisée
pour identifier les patients âgés ayant des troubles
fonctionnels, des syndromes gériatriques (déficit
cognitif, dysthymie, troubles de la marche, chute,
incontinence, dénutrition, trouble du sommeil, etc).
Elle fait appel à un examen clinique complet, l’uti-
lisation d’outils standardisés, à des questionnaires
de détection ou à de véritables procédures. L’EGM
a les outils et les moyens pour les patientes non
complexes de mettre en place des programmes de
prise en charge individualisée. En oncologie, pour les
patientes dont la situation médicale hors cancer est
parfaitement identifiée et stabilisée, l’EGM permet
de mettre en place des processus décisionnels de
prise en charge onco-gériatrique. Pour les patientes
plus complexes, elle permet une bonne orientation
vers l’EGA. Le déroulement de celle-ci passe par cinq
étapes hiérarchisées.
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