ÉDITORIal
Il est 15 h 27 à San Antonio...
15 h 27 in San Antonio
A. Lesur*
C
e n’est pas le début d’un roman policier,
c’est le début d’un des journaux en ligne
en direct de San Antonio, où se tient,
chaque année en décembre, le congrès le plus
important consacré au cancer du sein.
Et pourtant, cette manifestation avait commencé
“petit”, de façon assez confidentielle en
novembre 1978, organisée alors conjointe-
ment par C.A. Coltman et W.L. Mac Guire,
tous deux professeurs de médecine à
l’université de San Antonio (Texas), et
rassemblant 141 chercheurs et chirurgiens. Trois ans plus tard,
le congrès durait 2 jours, un appel à communications était diffusé
à l’ensemble de la communauté scientifique et les abstracts
étaient publiés dans le Breast Cancer Research and Treatment.
L’objectif premier de ce congrès était de faire le point sur l’état
de la science tant dans le domaine de la biologie expérimentale
qu’en santé publique, mais aussi en termes de diagnostic et de
traitement de la maladie. Peu à peu, au cours des ans, le comité
d’organisation initial est rejoint par les grandes institutions, et
les sponsors se multiplient. En 2007, une collaboration se met en
place avec l’American Association for Cancer Research (AACR).
Ainsi, en 1990, la 13e réunion compte 526 participants, 201
posters et 24 pays sont représentés. En 2009, pour la 32e réunion,
on dénombre 8 493 participants pour 1 169 posters et 93 pays.
De l’organisation très amicale de la bande de copains du départ,
il est resté une organisation particulière avec un petit déjeuner
copieux offert aux participants et une présentation originale des
abstracts sous forme de poster au moment des buffets repas,
qui font naître une convivialité particulière.
À partir de 1992, une lecture annuelle est instaurée commémo-
rant les contributions de W.L. Mac Guire, notamment sur les
récepteurs hormonaux. Se succèdent alors les grands noms de
la littérature mondiale comme M. Lippman en 1992, B. Fisher
en 1993 ou C. Jordan en 1994. En 2009, c’est à M. Piccart qu’est
revenu l’honneur de cette lecture.
Ainsi, le SABCS est devenu incontournable, l’événement qui
rythme l’actualité en sénologie, le lieu où tout se passe. La
preuve : quelle manifestation donne lieu à autant d’informa-
tions, de couvertures éditoriales, de diaporamas, d’interviews ?
Que retenir de cette “manne” ? Aller à San Antonio avec tous les
aléas que les fidèles du voyage connaissent (tempêtes de neige,
aéroports saturés, fin du trajet en bus, déviations…) : est-ce une
fin en soi, à l’heure où tout se transmet si vite et parfois même
en direct – webcam oblige –, moyennant mot de passe ?
Il y a à San Antonio une magie que l’on ne retrouve ni à Saint-
Gallen, ni dans les congrès de l’ASCO. Cette marée humaine est
venue de la Terre entière pour échanger sur un organe unique
qui ne correspond même pas à une spécialité médicale. Certes,
l’endémique incidence du cancer du sein en est une des causes,
mais il y a autre chose qui fait que ce rendez-vous est devenu
incontournable : cette alliance entre chercheurs et soignants,
cette pluridisciplinarité dans son expression la plus élaborée et
ses succès répétés.
Ainsi, il nous a semblé intéressant de présenter cet événement un
peu différemment des comptes rendus habituels. Tous ceux qui
se sont donné ici la peine de revenir sur les thèmes exposés font
partie depuis des années de ces Français participant à toutes les
démarches évoquées, souvent eux-mêmes auteurs de travaux
exposés dans les posters, voire en session plénière. Nous rapportons
un certain nombre de thèmes qui ont fait réagir, couler de l’encre
et que l’on retrouve au quotidien dans l’actualité de nos journaux.
*Centre Alexis-Vautrin, Nancy.
San Antonio Breast Cancer symposium
4 | La Lettre du Sénologue • n° 48 - avril-mai-juin 2010