Issu du quotidien des JFR'08
-
Lundi 27 Octobre
La séance dédiée à l'imagerie anthropologique du Lundi 27 octobre 2008 sera animée par le Pr Yves
Coppens. Il est actuellement l'un des plus grands spécialistes français de l'évolution humaine. En 1974,
il met à jour un fossile relativement complet d'Australopithecus afarensis, surnommé
«
Lucy
»
. Yves
Coppens est nommé directeur et professeur au Muséum pour 3 ans en 1980, ainsi que directeur d'étude
à l'École pratique des hautes études. Il est élu à la chaire de paléontologie et préhistoire au Collège de
France en 1983. En 2006, il est nommé au Haut Conseil de la science et de la technologie. Aujourd'hui,
Yves Coppens est présent dans de nombreuses instances nationales et internationales gérant les
disciplines de sa compétence. Il dirige en outre un laboratoire associé au CNRS, le Centre de Recherches
Anthropologiques
-
Musée de l'Homme. Il est membre de l'Académie des sciences, de l'Académie de
médecine, de l'Académie des Sciences d'Outremer et de l'Academia Europaea, membre associé de
l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux
-
arts de Belgique, correspondant de l'Académie
royale de Médecine de Belgique, Honorary fellow du Royal Anthropological Institute of Great Britain and
Ireland, Foreign associate de la Royal Society d'Afrique du Sud et docteur honoris causa des universités
de Bologne, de Liège, de Mons et de Chicago.
L'utilisation des techniques d'imagerie en coupe en anthropologie est une nouvelle voie d'application de
l'imagerie que la communauté radiologique se doit de connaître, de développer et d'ajouter aux
multiples palettes de son activité. Les applications anthropologiques principalement de la
tomodensitométrie multicoupe sont multiples.
Le concept d'anthropologie virtuelle, rejoint celui de l'autopsie virtuelle. Les techniques d'imagerie en
coupe sont en effet de plus en plus utilisées en pratique routinière en thanatologie pour l'étude des
cadavres, une meilleure compréhension et un meilleur diagnostic des causes de la mort. De façon
complémentaire, l'étude anthropologique en tomodensitométrie peut être effectuée en complément
d'une étude à visée autopsique, notamment sur des individus non identifiés. La tomodensitométrie
permet la mise en évidence d'antécédents personnels du cadavre, la plupart du temps chirurgicaux
(prothèse orthopédique, pace maker, dispositif intra utérin, …). Elle peut également, tout comme les
radiographies standard, être utilisée dans un but comparatif entre des examens ante et post mortem.
Ceci peut permettre une identification comparative positive, la plupart du temps par une superposition
parfaite des deux études concernant des particularités anatomiques du sujet, le plus souvent osseuses
(lombalisation et sacralisation vertébrales, lyse isthmique, calcifications ligamentaires, calcifications
cartilagineuses costales, antécédents fracturaires, particularités concernant l'os trabéculaire, …). Une
étude anthropologique peut également être effectuée sous la forme d'une véritable étude squelettique
virtuelle du cadavre à partir de critères dérivant de l'anthropologie physique osseuse. Il est ainsi
possible de déterminer l'affinité populationnelle (ethnie), le sexe et surtout l'âge d'un individu en
transposant des méthodes ostéoscopiques et ostéométriques traditionnellement effectuées sur os secs.
Ainsi dans une problématique de détermination de l'âge, l'analyse de l'extrémité interne des clavicules,
de l'extrémité sternale de la quatrième côte droite, de la surface articulaire de la symphyse pubienne
sera privilégiée. L'un des challenges de la potentialité de la tomodensitométrie en anthropologie qui a
déjà été démontré est, à côté de la vérification de la bonne transposabilité des méthodes réalisées sur
os secs en tomodensitométrie, celle de la recherche de nouveaux critères tomodensitométriques propres
(notamment concernant l'évaluation de l'âge d'un individu). Ces techniques sont donc utilisables sur des
cadavres complets ou non, bien conservés ou non.
Tout comme en autopsie virtuelle, la réalisation d'examens en coupe à visée anthropologique présente
de nombreux avantages. Les images sont stockables, interprétables et ré interprétables a posteriori, les
images transférables par le biais d'internet ou l'envoi de supports (CD
-
Rom, DVD). Il est également un
autre avantage qui peut permettre de valider complètement l'adage radiologique du
«
couper fin et
reconstruire dans tous les plans
»
du fait de l'absence de problème relatif à l'irradiation du sujet étudié
ou du segment anatomique étudié. Le caractère non invasif de la technique revêt également tout son
intérêt dans le cas d'étude de pièces rares voire exceptionnelles, que cela soit au niveau archéologique
ou anthropologique. Concernant l'étude de cadavres non squelettiques comportant encore des parties
molles, la tomodensitométrie présente l'avantage d'éviter une préparation et un nettoyage long et
fastidieux des pièces osseuses à étudier qui peut parfois aboutir à la dégradation accidentelle de ces
dernières. Ainsi, l'étude de restes contemporains, fossiles, humains ou non est possible sans risque de
dégradation physique de la pièce. De plus, les reconstructions effectuées peuvent être, si elles sont
rassemblées sur un site internet un véritable musée virtuel ou une véritable ostéothèque virtuelle.
Ceci est particulièrement vrai pour l'étude de momies, qu'elles soient artificielles ou naturelles. Les
législations internationales et nationales rendent maintenant difficile, voire impossible le transport et le
voyage de momies ou de pièces osseuses à travers le monde. Ces dernières restent confinées la plupart
du temps dans leur pays de découverte ou le musée dans lequel elles séjournent depuis des années
(voir des siècles…), importée par leur découvreur à une époque où la législation ne s'y opposait pas.
L'analyse anthropologique présente l'avantage de pouvoir être effectuée à distance à la fois dans le
temps et dans l'espace, si les acquisitions radiologiques ont été effectuées sur place comme c'est le cas