La Lettre du Psychiatre • Supplément 1 au n° 2 - Vol.VIII - mars-avril 2012 | 5
IFMAD 2011
dans le temps. Se pose ensuite la question de la
définition d’une consommation “modérée” d’al-
cool, avec des valeurs se situant entre 1 et 40 g/j
(hommes) et 1 à 20 g/j (femmes) selon l’OMS (3)
et 3 (hommes) ou 2 (femmes) verres standard/j
selon l’HAS-ANAES (4).
Un nouveau traitement
dans l’alcoolodépendance
(D’après la communication de Alho H, Helsinski,
Finlande, abstract SO 0103)
Le nalméfène est un nouvel antagoniste des récep-
teurs aux opioïdes développé dans la dépendance
à l’alcool. Il se distingue de la naltrexone par un
effet agoniste partiel avec les récepteurs κ aux
opioïdes, une demi-vie longue (8 à 12 heures versus
1 à 9 heures pour la naltrexone) et une absence de
métabolites pharmacologiquement actifs. Trois
études cliniques de phase III ont été développées
dès 2008 et ont randomisé près de 2 000 patients
entre – en association avec une prise en charge
appropriée – du nalméfène et un placebo (trai-
tement de 6 mois pour les études ESENSE1 et
ESENSE2, de 12 mois pour l’étude SENSE). Les
critères primaires étudiés étaient la réduction
du nombre de jours de forte consommation et la
consommation totale d’alcool (5). Les résultats de
ces études semblent prometteurs. Le nalméfène
est le premier traitement indiqué dans la réduction
de la consommation d’alcool des patients alcoolo-
dépendants à faire l’objet d’une demande d’AMM
(déposée en décembre 2011 auprès de l’Agence
européenne du médicament).
Alcoolodépendance
et dépression
(D’après la communication de Sinclair JMA,
Southampton, Royaume-Uni, abstract SO 0102)
Alcoolodépendance, anxiété et dépression sont
fréquemment associées, et cette association a un
effet négatif sur l’efficacité de la prise en charge théra-
peutique : plusieurs méta-analyses ont montré que
les antidépresseurs améliorent certes les troubles
de l’humeur mais ne favorisent pas nécessairement
l’abstinence (6, 7). Les antidépresseurs sérotoniner-
giques sont fréquemment utilisés du fait du niveau
de preuve élevé de leur efficacité chez les patients
alcoolodépendants dépressifs mais également compte
tenu de leur risque limité d’interaction avec la prise
d’alcool (en cas de rechute). Des données sur une
série de 123 patients consultant en alcoologie (64 %
d’hommes, moyenne d’âge 45 ans) ont rapporté des
biais attentionnels vis-à-vis des mots liés à l’alcool,
avec une diminution significative de ces biais chez les
patients abstinents (ils récupèrent ainsi leur faculté
d’inhibition concernant le concept d’alcool) [8]. Une
réduction des biais attentionnels vis-à-vis des mots
liés à la dépression a également été constatée chez
les patients abstinents et chez ceux présentant un
score de dépression HADS inférieur à 11. ■
États maniaques ou psychotiques :
taux d’arrêt de traitement comparés
de différents antipsychotiques atypiques
(D’après la communication de Bahk WM, Séoul, Corée du Sud, poster P 08)
Réalisée rétrospectivement entre janvier 2007 et
décembre 2008, cette étude s’est intéressée aux
taux d’arrêt de traitement par antipsychotiques
atypiques prescrits au cours d’une hospitalisation
pour états maniaques ou psychotiques. Les résultats
ne retrouvent pas de différence statistiquement signi-
ficative entre les antipsychotiques atypiques : 14,5 %
de taux d’arrêt de traitement pour l’olanzapine, 18,6 %
pour l’aripiprazole et 24 % pour la rispéridone. Les
facteurs prédictifs associés à ces arrêts prématurés
sont, d’une part, une période de titration plus courte
et, d’autre part, la durée d’évolution de la maladie.
Références
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