106 | La Lettre du Psychiatre • Vol. VII - n° 4 - juillet-août 2011
ACTUALITÉS
SCIENCES
Le critère principal d’évaluation était le taux
de rémission à 12semaines de traitement,
évaluée à l’aide de l’échelle QIDS-SR(<6/8). La
réponse au traitement, les effets indésirables,
la qualité de vie et le nombre de sorties d’essai
constituaient les critères secondaires d’évalua-
tion. Dans 9centres aux États-Unis, en tout
665patients ont été inclus dans l’étude. Les
résultats ne montrent pas de différence signi-
ficative entre les traitements. En particulier,
il n’y a pas de bénéfice pour les 2associa-
tions d’antidépresseurs comparativement à
la monothérapie par escitalopram : 38,9 % de
rémission dans le bras escitalopram et bupro-
pion, 37,7 % pour l’association mirtazapine et
venlafaxine, versus 38,8 % pour l’escitalopram
en monothérapie. À7mois, les résultats restent
comparables dans les 3bras de traitement,
avec 46,6 % et 41,8 % de rémission pour les
associations et 46 % pour le bras escitalopram
(figure, p. 105). Par ailleurs, la tolérance
était significativement inférieure dans le groupe
venlafaxine-mirtazapine à ce qu’elle était
dans le groupe monothérapie escitalopram, à
12semaines et 7mois de traitement.
L’étude a quelques limites : en premier lieu, il est
diffi cile de généraliser les résultats à l’ensemble
de la population des patients présentant des
épisodes chroniques et/ou récurrents ; ensuite,
l’on notera qu’il n’y a pas eu d’entretien clinique
structuré pour évaluer l’épisode en cours et les
éventuelles comorbidités de l’axe I du DSM-IV-TR,
ni non plus de randomisation après la phase
aiguë ou de stratification selon le degré
d’amélioration à 12semaines de traitement ;
les évaluations cliniques ont été réalisées sans
double aveugle et, enfi n, il n’y a pas de certi-
tude quant à la suffi sance des posologies en
bithérapies. Pour évaluer ce dernier point, les
auteurs ont isolé 86patients ayant reçu au cours
du traitement 225mg/j de venlafaxine LP et
30mg/j de mirtazapine. Les taux de rémission
observés pour ces patients étaient de 33,7 %
à 12semaines et de 41,9 % à 7mois. Le sous-
dosage ne semble pas être la cause de l’effi ca-
cité modeste de cette bithérapie.
A.J. Rush et al.
(1)
concluent que l’association
de 2antidépresseurs n’est pas un traitement
de première ligne de la dépression caractérisée
chronique et/ou récurrente. La prescription
d’une bithérapie ne présente pas d’avantages
cliniques sur celle d’une monothérapie en
termes de rémission et de taux de réponse après
12semaines ou 7mois de suivi.
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fi nding studies in major depressive disorder. World J Biol Psychiatry
2010;11(2 Pt 2):300-7.
Confl it d’intérêts. L’auteur déclare avoir reçu des
honoraires, dans le cadre de conférences, comités
consultatifs et réunions de consultants, des labo-
ratoires Euthérapie, Janssen, Lilly, Lundbeck, Pfi zer
et Sanofi -Aventis.
Activation striatale et corticale
et connectivité spécifi que
associées aux idées suicidaires
et à la dépression dans
letrouble bipolaire de typeII
Salt Lake City (États-Unis)
Le trouble bipolaire de typeII se manifeste par
des épisodes de dépression sévère et d’hypo-
manie. Les perturbations induites au cours des
épisodes dépressifs sont comparables à celles
du trouble bipolaire de typeI, mais cette condi-
tion est en outre associée à des taux élevés de
tentative de suicide. En dépit de sa gravité et
du risque de suicide associé, cette pathologie
n’a à ce jour guère fait l’objet d’études en
imagerie cérébrale fonctionnelle. Cependant,
des anomalies de fonctionnement et de connec-
tivité du striatum et de la structure médiane du
cortex semblent impliquées dans les troubles
de l’humeur. Une équipe américaine a réalisé
la première démonstration en IRM fonction-
nelle de l’existence de telles aberrations dans
la dépression du trouble bipolaire de typeII.
Seize sujets non médicamentés présentant un
trouble bipolaire de typeII et 19témoins sains
ont participé à l’étude. Les patients ont été
examinés pendant un épisode de dépression.
Des analyses d’activation et de connectivité
fonctionnelle ont été réalisées, et les résultats
montrent que la dépression du trouble bipo-
laire de typeII s’accompagne d’anomalies
fonctionnelles du striatum et de la structure
médiane du cortex ainsi que de troubles de la
connectivité entre ces 2régions. Il semble en
outre qu’une augmentation de la connectivité
entre le striatum, la région linguale droite et le
cervelet gauche puisse contribuer directement
à l’expression de la pathologie dépressive. De
plus, cette étude apporte de premiers éléments
tendant à démontrer que, dans cette pathologie,
les zones d’activation cérébrale associées aux
idées suicidaires seraient différentes de celles
qui sont corrélées à la sévérité de la dépres-
sion. En effet, l’idéation suicidaire était corrélée
négativement à l’activation du putamen gauche,
cependant que la sévérité de la dépression était
corrélée positivement à l’activation du thalamus
gauche. Par ailleurs, la zone supérieure bilaté-
rale du putamen était corrélée de façon posi-
tive à la dépression, mais négativement aux
idées suicidaires. Il faut noter, cependant, que
l’étude n’a été menée qu’avec des hommes. Si
ces observations sont confi rmées, elles appor-
teront un jour nouveau sur la neurobiologie du
trouble bipolaire de type II, aussi bien que sur
les processus neuronaux qui sous-tendent les
idées suicidaires.
>
Marchand WR, Lee JN, Garn C et al. Striatal and cortical midline
activation and connectivity associated with suicidal ideation
and depression in bipolar II disorder. J Aff ect Disord 2011 ; Epub
ahead of print.
Défi cience en oméga 3
etdépression
Bordeaux, Dijon, Marseille (France)
et Biscaye (Espagne)
Dans les pays industrialisés, les régimes alimen-
taires se sont appauvris en acides gras essentiels
depuis le début du xx
e
siècle. Ils ont notam-