
15 AVRIL 2010 - DENTAL TRIBUNE - N°11
ENDODONTIE
22
Fig. 8a Fistule cutanée
dans la région mentonnière.
Fig. 8b Radio préopératoire des incisives
inférieures. Le patient a choisi un
traitement chirurgical pour des raisons
économiques. L’incisive latérale gauche
avait été déjà soumise à un test de cavité.
Fig. 8c Radio postopératoire. 3 apectomies avec obturation rétrograde
à l’amalgame ont été exécutées. Pas la moindre attention n’a été accordée
à l’ablation de tout le tissu de granulation ou au curetage de l’os ou
des apex environnants, ou au débridement de la région fistuleuse, ou même
à l’incision circulaire de l’orifice cutané de la fistule.
Fig. 8e La radio, 2 ans plus tard,
confirme la totale disparition de la radio-
clarté antérieure.
Fig. 8d Guérison complète de la fistule
cutanée, sans cicatrice résiduelle, après
2 ans.
Fig. 9a Fistule cutanée dans la région
sous-mandibulaire droite.
Fig. 9b Radio préopératoire de la 1re
molaire inférieure homolatérale. La dent
"avait été ouverte" pendant, déjà 1 mois et
a laissée en "drainage ouvert". Noter la
petite radio-opacité au centre de la cavité
d’accès, due à un résidu du toit de la
chambre, laissé en place.
Fig. 9c Aspect clinique de la cavité
d’accès : 3 ouvertures ont été faites
dans le toit de la chambre pulpaire !
Une, correspondant au canal distal, en
forme de 8. Les deux ronds correspondent
aux canaux mésiaux : les cornes pulpaires
ont été, à tort, identifiées comme étant les
orifices canalaires.
Fig. 9d Radiographie postopératoire. La
dent a été prétraitée avec une bague de
cuivre.
Fig. 9e Guérison de la
zone fistulaire, deux ans
plus tard. Noter l’absence
complète d’une
quelconque cicatrice.
Fig. 7b Guérison de la fistule
une semaine plus tard. Le
canal a été nettoyé, alésé, et
irrigué avec de l’hypochlorite
de sodium, et la chambre
pulpaire a été traitée avec de
la Crésatine et du Cavit. En
d’autres termes, elle a été
traitée comme si la fistule
n’existait pas. Sa guérison
confirme que le diagnostic et
la thérapie étaient corrects
et justifiaient de procéder à
l’obturation
tridimensionnelle de ce
système de canal
radiculaire.
Fig. 6b Radiographie préopératoire de l’incisive
latérale. Noter que la lésion "s’appuie" sur le côté
mesial de la racine de la canine adjacente.
Fig. 6c Aspect clinique de la gencive
canine une semaine après l’alésage
et nettoyage de l’incisive latérale.
Fig. 6d
Radiographie
postopératoire
tologiques indépendantes, ont la même
signification pathogène et pronostique
que les fistules muqueuses et exigent
la même thérapie 21, 33. La consultation
de la littérature 5,7,18,29 révèle que des pa-
tients, présentant des fistules cutanées,
sont parfois soumis aux biopsies et
ablations chirurgicales à répétition (fig.
2d) avant qu’il soit clair que la fistule ne
soit rien d’autre qu’une évolution d’une
atteinte pulpaire dans les tissus péri-
radiculaires. Essayer de traiter de telles
lésions avec une découpe circulaire de
l’orifice fistulaire et de l’exérèse de son
volume entier, avec toutes les consé-
quences – particulièrement esthétiques
– d’une telle intervention, n’est pas
compatible avec les normes thérapeu-
tiques actuelles et peut être considéré
comme pure folie. Ces fistules exigent
simplement l’identification de la dent
malade, dont le canal radiculaire doit
être instrumenté et désinfecté. Si la
dent présente un obstacle au traitement
ou au retraitement non chirurgical, ou
si le patient exige spécifiquement la
chirurgie, on peut procéder chirurgica-
lement, mais son attention doit être at-
tirée, uniquement, sur la réalisation
d’un joint apical rétrograde, et non sur
l’élimination de la région fistuleuse ou
de son orifice cutané (fig. 8a-e). La rai-
son pour laquelle certains auteurs
croient à l’obligation du traitement chi-
rurgical de la région fistuleuse réside
dans la conviction erronée qu’elle est
circonscrite par un épithélium28. Gross-
man11 a cependant démontré, que de
telles zones sont bornées par du tissu
de granulation : dans son étude, il ne
pouvait identifier aucun épithélium du
tout. Bender et Seltzer4ont également
mené des études histologiques sur de
nombreuses régions fistuleuses sans
trouver de paroi épithéliale. D’autres
auteurs 1,14,31 admettent que la région
fistuleuse puisse, parfois, être bordée
de cellules épithéliales, plates et multi-
couches, mais que, le plus souvent, elle
est entourée de tissu de granulation,
avec des cellules inflammatoires aiguës
et chroniques. En raison des données
actuelles des connaissances, il n’y a au-
cune raison de recommander le traite-
ment chirurgical de telles régions. Il n’y
a aucune raison qu’un épithélium qui,
lui-même borde les régions fistuleuses,
ne puisse guérir après une thérapie en-
dodontique appropriée. Quand il est
présent, l’épithélium peut résulter de
la muqueuse buccale ou des cellules
épithéliales proliférantes de la lésion
périapicale. Cependant, il n’y a aucune
corrélation entre la présence ou l’ab-
sence d’un épithélium et l’aspect cli-
nique de la fistule ou sa chronicité.
Distinguer les fistules
En expérimentation animale, Ordman
et Gillman20 ont démontré que des su-
tures cutanées peuvent devenir com-
plètement épithélialisées si ces sutures
sont laissées en place pendant plu-
sieurs semaines. Une fois enlevées, ce-
pendant, la région bordée d’épithélium
guérit toujours complètement. Il n’y a
aucune raison pour laquelle le même
résultat ne doive pas advenir à un épi-
thélium éventuellement présent dans
la fistule d’une dent nécrotique une fois
le stimulus inflammatoire éradiqué.
Évidemment, ces fistules doivent être
distinguées des fistules congénitales du
cou, toutes les deux latérales (résultant
de la deuxième fissure branchiale) et
médiane (résultant des restes du canal
thyréoglosse), qui sont bordés par un
épithélium. De telles fistules, cepen-
dant, ont une pathogénie différente et,
bien évidemment ne se résorbent pas
spontanément, mais seulement après
l’exérèse chirurgicale soigneuse du pro-
cessus entier27. Le diagnostic différen-
tiel doit éliminer ce qui suit : 13.21
des infections cutanées localisées, telles
la pyodermie, les boutons, les poils in-
carnés, l’obstruction des glandes sudo-
ripares ; des lésions traumatiques ou
iatrogènes ; l’ostéomyélite ; les néopla-
sies ; la tuberculose ; l’actinomycose.
Conclusion
Les lésions endodontiques, compli-
quées d’une fistule, devraient toujours
être les bienvenues dans nos cabinets.
Pour diverses raisons :
la dent responsable est nécrotique,
donc le patient n’a besoin d’aucune
anesthésie, ce qui signifie que, lorsque
nous fraisons la cavité d’accès, de par le
même geste, nous exécutons le plus im-
portant et plus fiable des tests de vita-
lité, le test au fraisage. L’insertion d’un
cône de gutta-percha dans la région fis-
tuleuse aidera le diagnostic : la radio-
graphie montrera immédiatement la
dent responsable. Le patient n’aura ja-
mais d’arthrite apicale. La récidive
après traitement ou retraitement n’est
rien plus qu’une petite goutte de pus
sortant de la fistule, et le patient n’en
est généralement même pas conscient.
Une semaine après mise en forme et
nettoyage du canal radiculaire, la fis-
tule a disparu, et ceci confirme que
nous avons fait le bon diagnostic et le
bon traitement. La présence d’une fis-
tule, en conclusion, n’est pas une indi-
cation d’extraction, n’est pas une indi-
cation pour la chirurgie, n’est pas une
indication pour aucun médicament
spécifique :
c’est juste une indication pour un trai-
tement de canal radiculaire correct. DT
Fig. 6a La sonde parodontale
disparaît dans le sulcus
d’une canine chez un patient
présentant une bonne
hygiène buccale et un
parodonte sain, dans les
différents quadrants. La
canine répond positivement
aux tests de vitalité, alors que
l’incisive latérale est
nécrotique.
Fig. 7c Un an plus tard.
Fig. 7a Fistule corres pondant
à l’incisive centrale supérieure gauche.
même dent (fig. 5).
Elle peut même traverser le ligament d’une
dent saine adjacente17 simulant, de ce fait,
une lésion d’origine parodontale (figs. 6a-
d). Dans ces cas-ci, les tests pulpaires né-
gatifs, réalisés sur la couronne de la dent in-
diquée par le cône de gutta-percha inséré
dans la fistule, aident à établir le diagnostic
correct. En outre, la guérison de la lésion
environ une semaine après alésage et dés-
infection des canaux radiculaires infectés,
sans utilisation du moindre médicament
dans le canal (fig. 7a-c) confirme que le
diagnostic était correct et témoigne de l’ef-
ficacité du traitement. Ceci suggère égale-
ment un pronostic favorable pour la lésion.
En conclusion, comme déjà suggéré, la fis-
tule fournit des moyens du drainage
continu du contenu purulent de la lésion
périapicale. Ceci prévient les récidives su-
bites, spontanées ou conséquentes à notre
intervention.
Identification
de la dent malade
Si le drainage n’est pas continu mais in-
termittent, il est précédé d’un léger œdème
local, en raison d’une plus grande pres-
sion pyogène, due à la fermeture de la fis-
tule. Quand cette pression est suffisam-
ment importante pour forcer la fragile
barrière tissulaire, les exsudats suppura-
tifs se déversent extérieurement par le
méat, ainsi généré11. Cet orifice fistuleux
peut guérir, se refermer, pour se rouvrir
plus tard. L’exsudat purulent n’est jamais
accompagné de douleur intense. Tout au
plus, le patient se plaindra d’une légère
douleur dans ce secteur avant la réouver-
ture de l’orifice externe. Le pus crée une
zone locale de moindre résistance dans les
tissus environnants. Il peut sortir à un
point quelconque de la muqueuse buc-
cale ou, même, de la peau19. Il n’est pas
rare, en particulier chez les jeunes patients,
de trouver les fistules cutanées au niveau
de la symphyse mentonnière, si les inci-
sives inférieures sont impliquées (fig. 8a-
e), ou dans la région sous-mandibulaire, si
une première molaire inférieure est en
cause (fig. 9a-e), ou dans le plancher de la
fosse nasale, si une incisive centrale est
concernée13, 30. Les fistules cutanées qui
sont malheureusement parfois traitées
comme si elles étaient des lésions derma-
xp thérapie non des chirurgicale_gm2:Mise en page 1 01/04/10 16:38 Page22