Correction bac blanc n°1 Etude d’un document Ce document, qui provient de l’Agence internationale de l’énergie, est un tableau à double entrée qui présente l’évolution des émissions de CO2 dues à l’énergie entre 1990 et 2009 dans les différentes régions du monde. Les données sont exprimées en millions de tonnes de CO2 et en tonnes par habitant. On constate tout d’abord une hausse importante des émissions mondiales de CO2 dues à l’énergie depuis 1990 : elles ont augmenté de 38,3%. Cela s’explique à la fois par des facteurs démographiques (hausse de la population mondiale) et économiques. Cette hausse est due notamment au formidable essor économique des pays émergents, en majorité asiatiques. L’Extrême-Orient, qui en 2009 représente 40% des émissions mondiales de CO2, a vu ses émissions augmenter de 141,9% depuis 1990. La Chine a triplé ses émissions, l’Inde les a multipliées par 2,7. Le Moyen-Orient, du fait de l’exploitation des richesses pétrolières, a aussi fortement augmenté ses émissions, de 166,7%. L’Amérique latine et l’Afrique, qui ont aussi connu un développement économique, ont augmenté leurs émissions de 70% environ. En comparaison, les pays développés ont freiné la hausse de leurs émissions – celles-ci n’ont augmenté que de 6,7% aux Etats-Unis et de 2,7% au Japon – et, dans le cas de l’Europe, celles-ci ont même diminué de 21,2% depuis 1990. La récession qui a suivi la transition en Russie et les engagements pris par l’Union Européenne dans le cadre du protocole de Kyoto peuvent expliquer cette baisse. Si l’on s’intéresse aux émissions exprimées en tonnes par habitant, on voit que le développement économique s’est accompagné d’une forte hausse des émissions par habitant dans les pays émergents : augmentation de 34,2% au Brésil, de 161,2% en Chine, de 100,2% en Inde. En parallèle, les émissions par habitant baissent dans les pays développés, de 13,2% aux Etats-Unis et de 16,6% dans l’Union Européenne, du fait du déclin des industries lourdes et de la mise en place de techniques de production plus « propres » et économes en énergie. Ces pays ont aussi mis en place des politiques environnementales par le biais de la fiscalité écologique, de la réglementation ou de la mise en place de marché des droits à polluer. Néanmoins, le niveau d’émissions de CO2/habitant des pays en développement reste bien inférieur à celui des pays développés. Un Américain émet environ 2 fois plus de tonnes de CO2 en moyenne qu’un Européen, 3 fois plus qu’un Chinois et 12 fois plus qu’un Indien. L’Union Européenne et l’Amérique du Nord émettent encore 1/3 du CO2 de la planète. L’Union européenne émet environ 2 fois moins de CO2 que la Chine mais presque 4 fois que l’ensemble du continent africain et 3,5 fois plus que l’Amérique Latine (les Etats-Unis 5,5 fois plus et 5 fois plus respectivement). En conclusion, la réduction des émissions mondiales de CO2 reste bien en-deçà des objectifs fixés par les institutions internationales. Elle passe par un effort accru des pays développés et une aide en direction des pays émergents pour que ceux-ci s’orientent vers un développement durable. Raisonnement argumenté Mots-clés : politique budgétaire, croissance économique Cadre spatio-temporel : pays développés, période actuelle (pour les documents, mais possibilité de prendre des exemples historiques). Problématique : la politique budgétaire a un rôle de stabilisation de l’activité économique. Il s’agit de limiter les fluctuations de l’activité économique et d’atteindre le carré magique (plein-emploi, forte croissance, stabilité des prix et équilibre des échanges extérieurs). L’efficacité de la politique budgétaire est l’objet de débats récurrents entre économistes. La relance budgétaire est-elle efficace pour relancer l’économie ? Une politique de rigueur exerce-t-elle toujours un effet dépressif sur la demande ? Ici, il s’agit de montrer que la politique budgétaire a bien une influence sur la croissance, qu’il s’agisse de politique de relance ou de rigueur. Synthèse des principaux arguments 1) La politique budgétaire et ses objectifs. Naissance de la politique budgétaire au XXème siècle. Apport de Keynes qui montre qu’une politique de relance est nécessaire pour sortir d’une période de crise (cf années 30) et de sous-emploi. En effet, la baisse des salaires ne permet pas forcément de relancer l’emploi car elle affaiblit la demande, et ce malgré la baisse des prix. Le marché peut mettre très longtemps à sortir de cette situation. Une politique de relance vise à stimuler la consommation et l’investissement (investissements publics, embauche de fonctionnaires, hausse des prestations sociales, subventions, baisse de TVA, baisse de l’impôt sur le revenu notamment pour les revenus les plus faibles). L’impulsion initiale génère des flux de revenus et de dépenses (effet multiplicateur) qui va se traduire par une hausse de la demande globale et de la production, et donc des créations d’emplois (doc 3). Limites traditionnelles des politiques de relance (doc 3) : effet d’éviction avec la hausse des taux d’intérêt, inflation si l’offre ne peut faire face à la hausse de la demande, hausse des importations et donc du déficit commercial. Politique de rigueur. A court terme, en cas de surchauffe de l’activité économique, elle a pour objectif (couplée à une politique monétaire restrictive) de réduire l’inflation en agissant pour ce faire sur la demande intérieure. L’Etat réduit ses dépenses et augmente les prélèvements obligatoires ce qui ralentit la consommation et l’investissement. A plus long terme, une politique de rigueur peut être menée dans une optique de réduction des déficits et de la dette publique, l’assainissement des finances publiques permettant par la suite de baisser les taux d’intérêt et de diminuer les impôts, afin de stimuler l’investissement. Limites de cette politique : ralentissement de la croissance et hausse du chômage. 2) Quelle politique budgétaire face à la crise ? Crise financière qui éclate en 2007 suivie d’une crise économique. Face à cette crise, les différents gouvernements ont d’abord mis en place des politiques de relance en 2008-2009. Mesures différentes selon les pays (baisses d’impôt et/ou hausse des dépenses, relance de la consommation et/ou de l’investissement) et d’ampleur inégale. L’impulsion budgétaire - ici le montant consacré à la relance sous forme de dépenses supplémentaires ou de baisses d’impôt - a été de 4,1% du PIB en Espagne en 2009 et 2,5% en France, contre seulement 0,7% en Allemagne et 0,8% en Italie Les plans de relance ont permis de limiter la récession et d’éviter de tomber dans la dépression durable de l’activité économique. Les principaux pays européens ont connu la récession en 2009 càd la baisse du PIB (cf doc 1), mais l’activité se redresse en 2010 : le PIB/habitant stagne voire augmente légèrement. Cela dit, les plans sont restés modestes comparé aux Etats-Unis, par exemple. La raison en est notamment un niveau de dette publique déjà élevé et la volonté de limiter les déficits, cf règles du Pacte de Stabilité. Par ailleurs, il n’y a pas eu de relance concertée au niveau européen, ce qui aurait sans doute permis de soutenir plus efficacement l’économie. Tournant de la rigueur à partir de 2010. Pourquoi ? Explosion des déficits et des dettes publiques suite aux politiques de relance et surtout du fait de la faible croissance. Hausse des taux d’intérêt auxquels les Etats peuvent emprunter. Difficultés de financement donc. Le risque d’inflation lié aux politiques de relance est très faible en revanche. Volonté de réduire l’endettement public pour rassurer les marchés (les prêteurs) et favoriser la croissance à long terme (une fois la dette réduite et le budget équilibré, possibilité de baisser les impôts pour stimuler l’effort d’investissement et d’innovation et donc facteur d’amélioration de la croissance potentielle). Les chiffres de 2012 illustrent la mise en place des politiques de rigueur : impulsion budgétaire négative dans la plupart des pays européens : les économies réalisées vont de 4,3% de PIB en Grèce à 0,3% de PIB en Allemagne. Cf politique de « recortes » en Espagne par exemple (baisse des salaires des fonctionnaires, baisse des dépenses de santé et d’éducation, baisse des prestations sociales …). La France prévoit un ajustement budgétaire à hauteur de 5% du PIB pour les prochaines années (doc 4). Quel effet sur la croissance ? En contribuant à baisser la demande, les politiques de rigueur ont affecté négativement la croissance. Celle-ci aurait été supérieure sans ces politiques, cf doc 1 : en 2013-2014, le PIB/habitant en Espagne devrait atteindre 26000 $ PPA alors que sans la politique de rigueur il serait à 28000 $. Pour la France, on passerait de 30000 à 32000 $ PPA. Effet multiplicateur à la baisse plus important que les estimations faites jusque là. Une baisse d’un point des dépenses publiques se traduit par une baisse de PIB d’un point ou plus. La baisse des dépenses semble avoir un effet négatif plus fort que la hausse des prélèvements, notamment parce qu’elle touche en priorité les plus modestes, qui ont la plus forte proportion à consommer. Autre problèmes : les pays européens font tous de la rigueur en même temps donc ne peuvent pas compter sur la demande extérieure pour compenser la baisse de la demande intérieure. Conséquence : les pays ayant procédé aux ajustements budgétaires les plus lourds n’arrivent pas à réduire leurs déficits (et donc leur endettement) car ceux-ci aggravent la récession, ce qui entraîne notamment une baisse des recettes fiscales. L’enjeu est d’arriver à rétablir l’équilibre des finances publiques sans casser la croissance (doc 4). Augmenter les prélèvements pour les plus riches peut être une des solutions, car ces catégories ont une forte propension à épargner, mais cela ne suffira pas. Conclusion : Les politiques budgétaires ont un impact sur la croissance mais celui-ci n’est pas mécanique et pas parfaitement prévisible. Une même politique n’a pas les mêmes effets selon le contexte dans lequel elle est mise en œuvre. Ex : une politique de rigueur menée dans un contexte de forte reprise économique a moins de risque de casser la croissance que si elle est effectuée dans un contexte de croissance molle ou de récession. L’efficacité de la politique budgétaire dépend aussi de ce que font les autres pays au même moment. Voir aussi en parallèle quelle va être la politique monétaire. Les objectifs de long terme et de court terme ne coïncident pas forcément : s’il est souhaitable de réduire l’endettement public à long terme, les politiques de rigueur actuelles ont pour effet à court terme de prolonger la récession. Au-delà de l’horizon conjoncturel, les politiques budgétaires affectent aussi la croissance potentielle car elles ont un impact sur l’effort d’investissement et d’innovation auxquels contribuent notamment les dépenses en éducation, en R&D, etc.