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Fig ure 2. Arthro-
scanner réalisé bras le
long du corps : l’inter-
ligne gléno-huméral
est perpendiculaire à
l’anneau ; les artéfacts
de la tête humérale se
projettent sur la glène.
F i g u r e 3 . Même
patient, bras levé :
l’inter ligne gléno-
huméral est parallèle
à l’anneau et la glène
est épargnée par les
artéfacts, ce qui permet
une meilleur analyse du
descellement prothé-
tique, de l’ostéolyse et
des ruptures corticales
glénoïdiennes.
La Lettre du Rhumatologue • N° 356 - novembre 2009 | 45
Points forts
Mots-clés
Épaule
Prothèse
Douleurs
Keywords
Shoulder
Prosthesis
Pain
»
Une prothèse d’épaule douloureuse peut être due à un enraidissement, à un problème mécanique avec les
implants, à un problème de coiffe, à une infection, à une fracture des tubérosités ou de l’épine de l’omoplate.
»
En présence d’une prothèse d’épaule douloureuse, des examens complémentaires permettent de contribuer
à la démarche diagnostique (bilan biologique de débrouillage, bilan radiographique simple, arthroscanner
avec lavage articulaire).
»L’IRM n’est pas utilisable en routine en raison des nombreux artéfacts produits lors de l’examen, sauf
lorsque les prothèses sont en titane.
»
Lorsque la douleur apparaît dans les suites de l’intervention, il faut évoquer en priorité un sepsis
(diagnostic à retenir jusqu’à preuve du contraire, avec présence d’un
Propionibacterium acnes
dans la
moitié des cas), une raideur postopératoire ou un problème mécanique avec les pièces prothétiques.
au niveau de l’épaule, il peut être intéressant dans
certains cas de rechercher un point douloureux,
par exemple au niveau de l’acromion, de l’épine de
l’omoplate ou de l’interligne acromio-claviculaire ;
➤
son intensité : nécessité de prise d’antalgique, ou
évaluation par l’échelle EVA (de 0 à 10), qui permet
d’en suivre l’évolution.
Examen clinique
L’examen clinique relève l’aspect de la peau et de
la cicatrice, les mobilités passive et active dans les
trois secteurs (élévation, rotation externe, rotation
interne) et les résultats de tests de coiffe (notam-
ment le press belly test, qui évalue le sous-scapulaire).
Radiographie postopératoire précoce
Elle permet de dépister une éventuelle anomalie et
sert de cliché de référence.
Identifier la cause des douleurs
Première étape : éliminer un problème
d’enraidissement postopératoire
Il s’agit d’une perte de mobilité passive dans tous les
secteurs. Nous nous assurons alors de la qualité de
la rééducation, en modifions au besoin les modalités
(auto-étirements pluriquotidiens, séances courtes
mais fréquentes) et prévoyons un contrôle d’ampli-
tude après quelques semaines. La mobilité passive
doit avoir progressé, et les douleurs doivent avoir
diminué dans les mêmes proportions. L’absence de
progression des amplitudes dans un délai de 3 mois
malgré une rééducation bien conduite nous fait
passer à la deuxième étape.
Deuxième étape :
faire un bilan complémentaire
➤
Biologie : NF, VS, CRP à la recherche de signes
d’infection.
➤
Radiographie de l’épaule : elle permettra d’effec-
tuer une comparaison avec la radiographie postopé-
ratoire précoce et de dépister une modification.
➤
Arthroscanner : il permet un prélèvement bacté-
riologique intra-articulaire (avec au besoin quelques
centimètres cubes de lavage) avant l’injection de
produit de contraste. Un protocole strict permettra
de limiter les artéfacts en rapport avec les alliages
métalliques, avec notamment un positionnement
bras le long du corps puis en élévation (figures 2 et 3).
On précisera l’état de la coiffe des rotateurs et celui
des implants. Une mesure de la rétrotorsion de la
tige prothétique est utile (pour cela, il faut demander
quelques coupes sur la palette humérale).
➤
IRM : elle n’est pas utilisable en routine en raison
des artéfacts, et son apport est limité aux prothèses
en titane.
Le bilan permet de faire le diagnostic
Le bilan permet, dans la plupart des cas, de faire
le diagnostic, avec des indications thérapeutiques
qui sont actuellement de mieux en mieux codifiées.
◆Problème mécanique
L’anomalie peut porter sur la taille ou sur le posi-
tionnement des implants, sur une éventuelle
subluxation ou luxation de la prothèse ou, plus
rarement, sur le dévissage d’un composant. Il
peut s’agir d’un descellement, rarement de la tige
humérale, beaucoup plus souvent de l’implant glé-
noïdien. On observe parfois des problèmes d’usure
du polyéthylène (constituant principal de l’implant
glénoïdien des prothèses anatomiques). Des phéno-
mènes d’érosion osseuse peuvent aussi causer des
douleurs : érosion glénoïdienne au contact d’une
prothèse céphalique (figure 4). En revanche, l’éro-
sion (appelée aussi “encoche”) du col de l’omoplate
constatée parfois avec les prothèses inversées n’est
généralement pas douloureuse (figure 5). Toutes
ces causes mécaniques, si elles sont douloureuses,
peuvent conduire à une reprise opératoire de la pro-
thèse, avec remplacement des implants concernés ;
l’évaluation de la qualité du stock osseux glénoï-
dien en arthroscanner permettra alors d’optimiser le
geste technique (figure 6). Il faut enfin mentionner