370 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XVII - n° 8 - octobre 2008
Résumé
Cinq pour cent des cancers du sein sont associés à une prédisposition génétique, transmise selon un mode autosomique
dominant (d’origine maternelle ou paternelle). Les mutations des gènes BRCA1 et BRCA2 sont associées à un risque
élevé de cancers du sein ou de l’ovaire. La consultation d’oncogénétique cherche à comprendre l’origine personnelle et
familiale du cancer du sein et à guider la prise en charge de la patiente et de sa famille.
Mots-clés
Oncogénétique
BRCA1
BRCA2
Cancer du sein
Cancer de l’ovaire
Highlights
Five percent of breast cancers
are associated with a genetic
predisposition, transmitted as
an autosomal dominant trait
of either maternal or paternal
origin. Mutations of the BRCA1
or BRCA2 genes are associated
with a high risk of breast and
ovarian cancer and depend in
part on these predispositions.
The oncogenetic consultation
aims at understanding the
origin of a personal and family
history of breast cancer by
using the resources of formal
and molecular genetics and it
seeks to guide the manage-
ment of the patient and her
relatives.
Keywords
Cancer genetics clinics
BRCA1
BRCA2
Breast cancer
Ovary cancer
La reconstitution de l’histoire familiale est donc
primordiale, impliquant la connaissance précise
des diagnostics des tumeurs des apparentés dans
les branches tant paternelle que maternelle.
Des critères de sélection de recherche de MC ont été
proposés en France par l’expertise collective Inserm-
FNLCC en 1998 (1), puis revus en 2004 (2). Une
analyse moléculaire de BRCA1/2 est proposée si la
probabilité de prédisposition héréditaire est de 25 %,
ce qui correspond à un taux de détection d’une muta-
tion allant de 10 à 15 %. L’établissement d’un score
initialement utilisé comme base d’orientation d’une
personne vers une consultation d’oncogénétique, et
qui peut également servir de base d’indication d’une
recherche de mutation, est proposé (tableau).
Tableau. Indications de consultation de génétique (2).
Mutation de BRCA1/2 identifiée dans la famille 5
Cancer du sein chez une femme avant 30 ans 4
Cancer du sein chez une femme entre 30 et 39 ans 3
Cancer du sein chez une femme entre 40 et 49 ans 2
Cancer du sein chez une femme entre 50 et 70 ans 1
Cancer du sein chez un homme 4
Cancer de l’ovaire 3
Additionnez chaque cas de la même branche parentale : 5 : excellente
indication ; 4 ou 3 : indication possible ; 2 ou 1 : utilité médicale faible.
Organisation
de l’oncogénétique en France
Les consultations d’oncogénétique se sont dévelop-
pées dès le début des années 1990 pour répondre
aux attentes des familles. L’identification des gènes
de prédisposition au cancer du sein (BRCA1 en 1994
et BRCA2 en 1995) a permis l’introduction de tests
biologiques chez les personnes à haut risque.
Ces consultations se sont structurées avec les labo-
ratoires et tous les intervenants concernés autour
du Groupe génétique et cancer (GGC) de la Fédéra-
tion nationale des centres de lutte contre le cancer
(FNCLCC), créé en 1991 (www.fnclcc.fr.).
Les étapes de réalisation du test génétique sont
longues : élaboration de l’arbre généalogique,
collecte des informations médicales des personnes
atteintes, indication et réalisation des tests généti-
ques, résultats dans un délai de plusieurs mois pour
une première analyse dans la famille et recommanda-
tions des mesures de dépistage et de prévention.
Nouveaux gènes-facteurs
modificateurs génétiques
Les MC de BRCA1 et BRCA2 n’expliquent pas la
totalité des prédispositions familiales aux cancers
du sein et de l’ovaire. Il doit donc exister d’autres
gènes majeurs responsables des cas familiaux,
mais, en dépit de nombreuses recherches, ils n’ont
pas encore été identifiés, sans doute en raison de
l’hétérogénéité des familles étudiées, chaque gène
ne pouvant expliquer qu’une très faible proportion de
familles. Aucun nouveau gène BRCAX n’a été retenu.
De nouvelles analyses de ségrégation sont plutôt en
faveur d’un modèle récessif ou polygénique, rendant
l’identification des gènes responsables plus difficile.
L’étude GENESIS reposant sur la contribution de
sœurs ayant été atteintes de cancer du sein et dont
l’analyse de gènes BRCA1/2 est négative chez l’une
d’elles a été mise en œuvre en France avec l’objectif
d’identifier de nouveaux gènes de prédisposition.
La détection d’effets modificateurs génétiques des
MC de BRCA1/2 sur les risques de cancer fait l’objet
de nombreuses études. Peu de résultats sont actuel-
lement signifiants. Notons cependant que l’existence
d’un variant du gène RAD51 (135G ➙ C) sous forme
homozygote est corrélée à une augmentation du
risque de cancer du sein en cas de MC de BRCA2.
Des études de validation sont en cours. ■
1. Expertise collective FNCLCC-INSERM. Risques héré-
ditaires de cancers du sein et de l’ovaire. Quelle prise en
charge ? Expertise collective INSERM, Fédération natio-
nale des centres de lutte contre le cancer. Paris : Éditions
Inserm, 1998.
2. Eisinger F, Bressac B, Castaigne D et al. Identification et prise
en charge des prédispositions héréditaires aux cancers du sein et
de l’ovaire (mise à jour 2004). Bull Cancer 2004;91:219-37.
3. Chen S, Parmigiani G. Meta-analysis of BRCA1 and BRCA2
penetrance. J Clin Oncol 2007;25:1329-33.
•Dent R, Warner E. Screening for hereditary breast cancer.
Semin Oncol 2007;34:392-400.
•Kauff ND, Barakat RR. Risk-reducing salpingo-oopho-
rectomy in patients with germline mutations in BRCA1 or
BRCA2. J Clin Oncol 2007;25:2921-7.
Références bibliographiques Pour en savoir plus...