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gressive des foires lainières délaissées par leurs clients milanais. Les
mobiliers datants recueillis sur les sols de la grange du Mont limitent
son occupation au xive siècle. Elle n'aura vécu qu'un siècle au plus.
Mais elle avait été à l'évidence conçue et réalisée pour durer,
pour établir définitivement un habitat sur « la montagne» de Mont-
Saint-Jean. Les vestiges retrouvés, bien que très arasés, témoignent
encore de la qualité de l'architecture édifiée, de l'importance de
l'investissement consenti (fig. 1). Il
s'agit
de constructions de pierre,
des parois aux toitures, aux angles chaînés et renforcés de gros
moellons, aux ouvertures habillées de pierres de taille. Une habi-
tation de 120 m2 de superficie, divisée en deux pièces, se caractérise
encore par une niche murale, un foyer et un sol soigneusement
apprêté (bât. IV) ; 1 100 m2 de bâtiments d'exploitation, soit une
grange de 540 m2 (bât. I), un abri à cheptel de 300 m2 (bât. II) associé
à deux enclos totalisant 4 000 m2 de surface, enfin une remise de
280 m2 (bât. III), l'accompagnent. La structure V, sans doute un
abri léger et, au centre de la cour, le four à pain (VII) côtoyant
une « lavière » d'où étaient vraisemblablement extraits les maté-
riaux des toits (VI), complètent l'ensemble qui constitue un centre
de résidence et de production imposant tant par ses dimensions
que par la qualité, voire la sophistication de la construction.
Deux édifices notamment, la grange et la remise, attirent l'attention
par les dispositifs qu'ils devaient présenter en élévation. Leur lar-
geur en effet, de 15 m pour le premier, de 13 m pour le second, rend
problématique des charpentes sans supports intermédiaires.
Dans le bâtiment I (fig. 2) ceux-là étaient signalés au sol par deux
alignements longitudinaux de dés de pierre régulièrement espacés.
Ils constituaient les bases des piliers de bois soutenant deux par
deux les entraits des sept fermes de la charpente. L'espace interne
était ainsi divisé en une large et haute nef centrale et deux bas-côtés
plus étroits. Il s'ouvrait au pignon : au centre par un porche de
plus de quatre mètres de large aux piédroits munis de chasses-roues
et, de part et d'autre, par des seuils piétonniers.
Le dispositif permet de ménager de très vastes volumes nécessaires
à l'engrangement des récoltes et la nef centrale, accessible aux char-
rois,
distribue l'ensemble de l'intérieur.
L'agencement évoque immédiatement certains bâtiments d'exploi-
tation monastiques conservés depuis le Moyen Age et que de nom-
breuses
études,
telle
celle
qu'Albert Colombet
a
consacrée aux « Domai-
nes ruraux de l'abbaye de La Bussière », ont largement fait connaître 4.
4.
A. Colombet, « Les domaines ruraux de l'abbaye de La Bussière, du xn°
au xixc siècle. Histoire et archéologie», Mémoires de la C.A.C.O., 30-J976/J977,
p.
279-309.