IMAGERIE THORACIQUE VIRY Flore, Paris - MONZANI Quentin, Evry - TACELLI Nunzia, Lille – HODOUL Marianne, Rouen LAW YE Bruno, VANDESTEEN Léonardo, HOUALI Abdellah, Paris JAGUT Jean-Louis, Rennes Cette année encore, l’ECR 2011 a consacré de nombreuses de séances à l’imagerie thoracique sur des sujets variés tels que les infections et maladies diffuses, les pathologies vasculaires, cardiaques et le cancer. Des discussions fournies ont porté sur les nouvelles approches cœur-poumon et les nouvelles technologies y contribuant. Fil rouge, une série de 5 minis cours sur l’interprétation de la radiographie thoracique (J. Caceres) a été particulièrement appréciée. Infections et Maladies diffuses Infections pulmonaires et Mucoviscidose 3 études ont étudié l’intérêt de l’imagerie dans le contexte d’infection à H1N1 : M. Marti (B-621) comme A. Laqmani (B-623) ont différencié la grippe H1N1, qui présente plutôt une distribution disséminée des opacités, de la grippe saisonnière dont la distribution est lobaire. Un syndrome alvéolaire et une importante multi focalité ont été retrouvés comme facteurs prédictifs du passage en soins intensifs et de détresse respiratoire aiguë (B-622). En ce qui concerne la mucoviscidose, 2 études comparant l’IRM et le scanner ont montré un intérêt possible de la séquence de diffusion (B-624) mais une meilleure résolution du scanner sur l’évaluation des lésions et notamment celles en rapport avec le piégeage expiratoire (B-625). MC. Carillo (B-629) a étudié les disparités de présentation clinique et TDM des pneumopathies atypiques et expose que Mycobacterium Xenopi est plus fréquent chez les patients jeunes avec une forme « bronchestasies -nodules » alors que Mycobacterium avium complex présente souvent le classique pattern « fibrocavitaire ». Enfin B. Saidi (B-627) a étudié les images de tuberculose chez les patients VIH. Infections pulmonaires : nouvelles approches (RC 1804) Des nouveautés sur l’aspergillose ou la tuberculose ? Et bien c’est ce qu’ont prouvé les orateurs de cette séance, dernière du congrès, à laquelle a assisté un public clairsemé mais attentif. SJ Copley (A-525) a revu la classification de l’aspergillose, détaillant l’allergie broncho-pulmonaire aspergillaire, l’aspergillome, l’aspergillose semi invasive (forme chronique cavitaire, forme chronique fibrosante), l’aspergillose invasive et le tachéo-bronchite aiguë. En écoutant WFM De Wever (A 526) on abandonne le concept traditionnel de tuberculose en phase primaire, secondaire, miliaire ou inflammatoire pour intégrer les présentations de la maladie en fonction de l’immunité de l’hôte (immunocompétent, VIH, transplantation…). Enfin CJ Herold (A 527) nous a présenté les infections virales émergentes avec les aspects des atteintes pulmonaires de la grippe H1N1, du SRAS-Coronavirus ou autres hantavirus. Page 1 sur 7 Cancer Nodules Pulmonaires Pour L. Fan (B-141) les meilleurs marqueurs prédictifs de malignité sont des nodules en verre dépoli avec une interface bien définie mais irrégulière, la présence d’une indentation pleurale et un caractère lobulé. Dans la lignée de ce qui avait été présenté l’année précédente, la perfusion grâce au scanner 320 détecteurs a été reconnue (tout comme l’IRM dynamique) comme supérieure au TEP-Scanner dans les petits nodules de 8 à 30 mm (Y. Ohno (B-143)).En ce qui concerne la mesure automatique du volume des nodules pulmonaires au cours de leur suivi , l’accent a été mis sur la diminution de l’irradiation : E. Ning (B-142) et L. Zhang (B-145). L. Calandriello (B-146) suggère des mesures semi-automatiques où les erreurs des logiciels peuvent être corrigées manuellement notamment à proximité des vaisseaux ou de la plèvre. Sur un plan plus pratique A. Zanello (B-149) a évalué la faisabilité de la biopsie d’un nodule suspect sous scanner en ambulatoire avec uniquement une surveillance de 2 à 4 heures (seuls 3 patients sur 107 ont nécessité une hospitalisation). Cœur-poumons La séance RC 1304 nous a sensibilisés à une lecture attentive de l’aire cardiaque lors d'un examen thoracique. Le Dr Padley (A-380) a détaillé l’anatomie cardiaque pour nous montrer ensuite l’intérêt de ces connaissances pour tous. En effet un scanner thoracique de routine même sans gating peut fournir de précieux renseignements sur le tissu cardiaque avec l’exemple d’anomalies péricardiques découvertes fortuitement. La présentation du Dr De Roos (A-381) a exposé le rôle des nouvelles techniques d’IRM et CT dans le diagnostic différentiel des douleurs thoraciques aigues qui peuvent inclure plus de 30 possibilités diagnostiques. Le Dr Rémy Jardin (A-382) pour sa part a montré l’intérêt de l’imagerie CT et IRM dans le bilan étiologique de l’HTAP et dans l’estimation de sa gravité, en intégrant les paramètres de la fonction cardiaque. Angioscanographie thoracique : au-delà de la technique double énergie (SS 1704 ) Deux études mettent en évidence l’intérêt de l’utilisation de l’angioscanographie en ultra haute résolution temporelle et pitch élevé permettant l’étude de l’arbre coronaire au niveau proximal (M. de Malherbe : B 752) et la réduction des artefacts liés aux battements cardiaques (C. Darchis : B 757) sur des examens TDM sans gating cardiaque. L’étude de R.W Bauer (B 759) propose une lecture intégrée cardio-thoracique dans le cadre d’embolie pulmonaire aigue, révélant une corrélation entre le volume du défaut de perfusion et les signes scanographiques de surcharge du cœur droit en technique double énergie. L’équipe de T.R.C Johnson (B 758) montre l’intérêt de l’utilisation d’une technique à haute résolution temporelle avec synchronisation cardiaque afin d’obtenir des examens de qualité excellente (en ce qui concerne l’aorte et les artères pulmonaires) pour une dose réduite. L’étude de J. Pagniez (B 756) démontre que les reconstructions itératives permettent une réduction de dose de 35 % sans perte de qualité d’image. Special Focus Place du scanner multi barrettes dans la prise en charge des urgences thoraciques La nécessité d’une imagerie intégrée cardio-thoracique a été confirmée dans la séance “special focus” dédiée aux urgences thoraciques (SF 14). Il a été évoqué Page 2 sur 7 l’importance du dialogue avec les cliniciens afin de mieux cibler l’examen en particulier dans le cas d’une douleur thoracique aiguë orientant vers plusieurs diagnostics : embolie pulmonaire, dissection aortique, syndrome coronarien aigu. Le premier intervenant, le Dr Cademartiri (A-425) a insisté sur l’importance de l’étude cardiaque et des artères coronaires, souvent oubliée et propose un protocole permettant l’exploration simultanée de l’artère pulmonaire, de l’aorte thoracique et des artères coronaires (Triple rule-out with CT). Le Dr Mirka (A-426) a fait une revue des principales lésions thoraciques post traumatiques et a montré le rapport bénéfice/risque du TDM. Le Dr Leschka (A-427) a terminé la séance en montrant les différentes possibilités techniques de réduction de l’irradiation délivrée aux patients lors des explorations des urgences thoracique (caches, modification du pitch, modulation du type d'acquisition lors de la synchronisation avec les battements cardiaques, autres). Aspect TDM des atteintes des petites voies aériennes et classification (SF 15b) Les intervenants, D Hansell, C Beigelman et HU Kauczor, ont souligné l’importance de relever les signes d'atteinte des petites voies aériennes. Deux pathologies sont distinctes : bronchiolite constrictive (atténuation en mosaïque du poumon qui se majore en expiration) et bronchiolite exsudative (signe de l’arbre en bourgeon). Ces deux types de pathologies peuvent coexister (ABPA et fibrose kystique). Comment ne pas passer à côté de l’arbre en bourgeon? Il faut absolument faire du MIP. Il n’est pas spécifique de bronchiolite exsudative. L'arbre en bourgeons à limites nettes et dense doit faire évoquer une tuberculose bronchogène. Un aspect en mosaïque ? Il est signé par la présence de vaisseaux de petit calibre dans les zones hypo atténuées (contre des zones de verre dépoli patchy). Le piégeage : sa description n’est pas toujours utile au raisonnement (comme dans la sarcoïdose) d’où une limitation des indications d’acquisition en expiration. Par contre en association avec une atteinte diffuse en verre dépoli, il est fortement évocateur de pneumopathie d'hypersensibilité. Enfin on été présentées différentes applications de l'IRM pulmonaire (perfusion et ventilation). L'étude de la ventilation se fait par rehaussement des voies aériennes à l'oxygène. Categorical Courses : CLICK En amphi C, nombre de séances étaient consacrées a une nouvelle « categorical course » : le « CLICK » ou Clinical Lessons for Imaging Core Knowledge. Pour le thorax, le thème Dyspnée a été retenu (CC 718). Malgré l’heure matinale, un auditoire nombreux a suivi les définitions cliniques, puis les aspects en imagerie de chaque étiologie. Surtout la troisième partie a été très interactive puisqu’il s’agissait de cas cliniques où chacun répondait à un QCS sur l’étiologie présumée grâce à une télécommande, avec plus ou moins de réussite évidemment ! Nous avons ainsi été convaincus qu’une meilleure interprétation des radiographies thoraciques était possible et que le scanner permettait d’orienter bien souvent le cadre étiologique, étape fondamentale dans la prise en charge de la dyspnée. Pour conclure, ce congrès nous a permis de nous familiariser avec les différentes techniques et protocoles en imagerie thoracique et de pointer la nécessité d’optimisation de dose. L’emphase a été mise sur la lecture conjointe du couple cœur-poumons et l’importance du dialogue avec le clinicien a été soulignée. Aussi nous pouvons terminer avec une citation d’une de ces séances : “Physicians know everything but do nothing Page 3 sur 7 Surgeons know nothing but do everything Psychiatrists know nothing and do nothing Radiologists know the inside story but do nothing Pathologists know everything but a week too late.” LA RADIOGRAPHIE DE THORAX : 6 COURS DEDIES HODOUL Marianne, Rouen La radiologie de thorax La radiographie thoracique est l’examen radiologique le plus fréquent. Son but est de détecter une anomalie qui déterminera ensuite la prise en charge (TDM – ou rien si anomalie bénigne). Pour interpréter correctement une radio thoracique : - anatomie et sémiologie - vue latérale o 25 % de la surface pulmonaire est cachée sur un cliché de face o permet de situer une anomalie en intra- ou extrathoracique - examens précédents Concepts de base Signe de la silhouette : une anomalie est détectable si elle est de densité différente des tissus environnants. Permet de localiser et caractériser une anomalie. Densités de base : air, graisse, tissus mous (eau), os. La graisse ne peut être différenciée de l’eau sur la radio thoracique. Le haut kilovoltage empêche de voir des calcifications dans un nodule. Piliers du diagnostic radiologique : - « pattern » (motif) de l’anomalie - localisation et extension - évolution dans le temps (examens antérieurs ou répétition de l’examen) De face toujours regarder : - les hiles (où les vaisseaux convergent) : taille, densité et hauteur o de face : D un peu plus haut que G o de profil : D est antérieur et G est postérieur - la petite scissure D (horizontale et à mi-hauteur) - les coupoles diaphragmatiques en particulier angles costo-phréniques - les contours médiastinaux (aspect dédoublé = masse médiastinale) De profil regarder : - le rachis (jusqu’en bas du cliché) et le sternum - la trachée et le médiastin - les parties molles (mastectomie) Page 4 sur 7 - 3 zones de parenchyme pulmonaire : rétrosternal, culs de sacs postérieurs, médiastin moyen Atélectasie Atélectasie : opacité - d’un lobe (atélectasie segmentaire non visible) - avec rétraction des scissures (bords toujours concaves) - et attraction des structures adjacentes (médiastin, diaphragme, trachée) Première étiologie chez l’adulte : tumeur bronchique Autres : bronchectasies dans le LID, infections chroniques dans le LM) Atélectasie lobaire supérieure D : face + si bord non concave en S (S Golden sign) : tumeur ou adénopathie Atélectasie lobaire moyenne D : profil + de face : abaissement du hile D qui est trop visible de profil : opacité rétractile du LM Atélectasie lobaire inférieure D : face + opacité lobaire rétractile (typique de forme triangulaire ; atypique à bord très concave mimant un épanchement) abaissement du hile D et flou de la coupole D parfois attraction du médiastin sup. : fausse image d’atélectasie du LSD) Atélectasie lobaire supérieure G : profil + de face : opacité à bord flou ou opacité diffuse de profil : avancement de la scissure, opacité antérieure et bouton aortique contouré par l’air DD lobectomie LSG : avancement de la scissure sans les autres signes Atélectasie lobaire inférieure G : face + de face : opacité rétrocardiaque triangulaire avec visibilité de la bronche lobaire hile G non visible bord G du cœur rectiligne de profil : opacité lobaire du cul de sac postérieur à bord flou Lésions rondes Nodule : opacité - ronde (pas rond : ex atrésie bronchique + impactions) - contours nets - <3 cm (sinon masse, le DD ne se pose pas, 95% de cancers) Multiples : métastases + Unique : - éliminer les pseudonodules : pneumopathie ronde (contrôler), mamelon, nodule mammaire calcifié, cal osseux, îlot condensant bénin… - comparer avec les anciens clichés +++ - cancer peu probable si <35 ans non fumeur Page 5 sur 7 Atélectasie ronde : opacité parenchymateuse + plèvre épaissie + rétraction (plèvre, hile…) Opacité scissurale : fusiforme Etiologies : insuffisance cardiaque, mésothéliome, tumeur pleurale fibreuse Carcinome bronchiolo-alvéolaire : croissance lente, opacités parfois multiples, pas d’atélectasie sous-jacente, bronches en arbre mort (parois infiltrées donc fines, étirées et peu ramifiées), 40% PET Tumeur carcinoïde : ronde, bien limitée, croissance lente, quelques calcifications à la TDM Hamartome : typique = calcifications et graisse à la TDM coupes fines. Graisse pathognomonique de bénignité dans un nodule parenchymateux (pas médiastinal) Rehaussement au scanner : >20 UH très probablement malin <10 UH probablement bénin Opacités alvéolaires Opacité alvéolaire : - segmentaire (DD atélectasie lobaire) o il existe une perte de volume associée o une pneumopathie lobaire est rare : contrôler (lésions sous-jacente ?) - mal définie (DD masse) - bronchogramme aérique Importance des renseignements clinique +++ Inhalation : lobes inf (sauf si coma : LSD) et images infiltratives à la TDM Infarctus pulmonaire : bosse de Hampton (opacité ronde à base pleurale et à bord interne flou) et diminution de la vascularisation pulmonaire Broncholites : ganglions calcifiés séquellaires de TB érodant les bronches (LS et LM) Infection récurrente d’un même lobe : TDM pour chercher lésion sous-jacente tumeur endobronchique corps étranger malformation (séquestration) Actinomycose : franchit les scissures et la paroi thoracique Opacités en doigt de gant : impactions bronchiques obstructif : tumeurs endobronchiques, atrésie bronchique non obstructif : aspergillose allergique (bronches dilatées, impactions muqueuses hyperdenses, pas d’atélectasie), asthme, mucoviscidose Hyperclartés Fausses hyperclartés : - mastectomie +++ - problème technique - absence de muscle pectoral (syndrome très rare) Page 6 sur 7 Le cliché en expiration différencie les causes pulmonaires des causes non pulmonaires Emphysème : - diminution de l’opacité parenchymateuse (surtout rétrosternale), DD EP - augmentation du diamètre antéropostérieur - aplatissement des coupoles - emphysème « sale » : mucoviscidose Compensation d’une atélectasie : atélectasie visible et pas de trapping expiratoire Pneumothorax : petits signes du mimine hémothorax toujours associé - minime comblement du cul de sac costo-diaphragmatique : discrète asymétrie - V sign = 2 lignes horizontales (niveaux hydroaériques) se joignant en externe Corps étranger : trapping expiratoire Syndrome de Mc Leod = petit poumon hyperclair avec bronchectasies DD : tumeur obstructive avec déplacement médiastinal entre les clichés inspiré et expiré Atrésie bronchique : emphysème + trapping + impaction bronchique ± en doigt de gant Pas d’atélectasie, pas de complication. 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