Correspondances en Risque CardioVasculaire - Vol. V - n° 2 - avril-mai-juin 2007
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éventuelle pathologie musculaire préexistante et
d’aider à mieux interpréter une élévation des CPK
survenant au cours du traitement.
Question
Y a-t-il des associations
de traitements ou des maladies
qui favorisent ces complications
musculaires ?
Réponse
La plupart des statines, à l’exception de la pravas-
tatine, sont métabolisées par l’intermédiaire de
l’isoforme 3A4 du cytochrome P450, et la pres-
cription concomitante de médicaments inhibiteurs
du cytochrome P34A est susceptible de majorer
la toxicité musculaire : il s’agit en particulier de
la ciclosporine, de l’érythromycine, des drogues
antifongiques azolées, des macrolides, du véra-
pamil et des antiprotéases. Un risque accru de
toxicité musculaire existe également lors de la
coprescription de fibrates dont le métabolisme est
plus complexe, et particulièrement avec le gemfi-
brozil, qui interagit avec les statines en inhibant
leur glucuronidation.
Les autres facteurs susceptibles de majorer la
toxicité musculaire des statines sont : l’âge avancé,
l’hypothyroïdie, le diabète, l’insuffisance rénale
ou hépatique, les périodes péri-opératoires et la
consommation de jus de pamplemousse.
Question
N’importe quelle complication,
même une simple élévation de CPK
à 500 UI asymptomatique sur le plan
clinique, doit-elle conduire à l’arrêt
des statines ? Est-ce également
une contre-indication
à la réintroduction ultérieure
d’un de ces traitements ?
Réponse
L’arrêt des statines n’est pas nécessaire lorsque
les myalgies restent supportables ou si le taux
de CPK est inférieur à 5N. En revanche, si les
douleurs deviennent invalidantes ou si le taux
de CPK s’élève à plus de 1 000 UI/l au repos, l’arrêt
des traitements est inévitable. La réintroduction
d’un traitement hypolipémiant reste possible
après normalisation des anomalies cliniques ou
biologiques. Lorsque les effets indésirables restent
limités à des myalgies ou à une élévation du taux
de CPK inférieure à 5N, il est possible de choisir
entre une autre statine et une autre classe d’hypo-
lipémiants ; mais au décours d’une rhabdomyolyse,
la réintroduction d’une statine doit être proscrite.
L’intervention d’un endocrinologue spécialiste en
métabolisme lipidique est à ce stade hautement
souhaitable afin d’apprécier au mieux l’indication
du traitement hypolipémiant en fonction des effets
indésirables antérieurs et des facteurs de risque
cardio-vasculaires du patient.
Question
La survenue d’une complication
ou une mauvaise tolérance
sous statines impliquent-t-elles
un plus grand risque sous un autre
hypocholestérolémiant comme
les brates ?
Réponse
Il est probable que certains patients aient une
susceptibilité particulière à la toxicité muscu-
laire des statines, quelle qu’en soit la classe.
En effet, dans une étude rétrospective publiée à
partir d’une large population de patients suivis
dans le service du Pr Turpin (GHPS), les myalgies
réapparaissaient chez 63 % des patients après
changement de traitement hypolipémiant.
Question
Combien de temps en moyenne
après l’arrêt des statines peut-on
encore observer des myalgies
ou une élévation des CPK ?
Réponse
Les taux de CPK se normalisent et les myalgies
régressent normalement dans les semaines suivant
l’arrêt du traitement. Il n’est donc pas normal que
des anomalies cliniques ou biologiques persistent
plus de trois mois après l’interruption d’un trai-
tement hypolipémiant ; si tel est le cas, un bilan
doit être entrepris, à la recherche d’une étiologie
autre que toxique.