Mes travaux portent principalement sur la qualité de la prévention dispensée en soins primaires. Mes questions de
recherche ont trait aux inégalités sociales de santé et àl’organisation des pratiques professionnelles, au sein du
cabinet et en relation avec le reste du système de soins.
En l’état du développement de la recherche en médecine générale en France, mes travaux sont assez novateurs.
Jusqu’à récemment, en effet, la médecine générale a peu fait l’objet d’études épidémiologiques d’envergure et le
contenu des consultations reste globalement mal connu (notamment pour les soins qui ne donnent pas lieu à des
prescriptions remboursées). Les bases de données que j’ai contribué à constituer ont l’intérêt de provenir d’un recueil
bilatéral auprès du médecin et de son patient. Du point de vue méthodologique, j’utilise pour traiter ces données des
modèles multi-niveaux qui sont particulièrement utiles en médecine générale où les patients sont regroupés en
patientèles. Ils permettent en effet d’étudier la variabilité des pratiques ou d’un critère de santé en tenant compte de
la ressemblance des personnes qui constituent la patientèle d’un médecin donné, en considérant deux niveaux
d’analyses (patient et médecin).
Les différentes enquêtes auxquelles j’ai participé ont conduit notamment aux résultats suivants :
-Il existe une grande variabilité des pratiques préventives entre les médecins généralistes, et même parmi les seuls
maîtres de stage.
- Une part de cette variabilité est due à la composition de la patientèle des médecins, mais une autre est liée aux
caractéristiques propres du médecin et de son activité.
-Si on s’intéresse aux caractéristiques sociales des patients, les pratiques des médecins généralistes sont variables en
fonction d’indicateurs de position sociale comme la profession mais également en fonction du sexe des patients.
- Les inégalités sociales d’accès au frottis (soin le plus différenciés en défaveur du bas de la hiérarchie sociale) sont
essentiellement le produit d’un accès différentiel au gynécologue, mais les pratiques des généralistes ne sont pas de
nature à les réduire actuellement. La situation financière perçue est la composante affectant le plus le gradient social
relatif au frottis (y compris parmi les femmes qui ont une couverture sociale et viennent consulter en médecine
générale).
-Au niveau des caractéristiques des médecins, les modes d’organisation des pratiques (cabinet de groupe ou solo,
secteur conventionnel, consultation sur rendez-vous, durée des consultations…) expliquent une partie relativement
faible de la variabilité des pratiques préventives entre praticiens.
-La pratique d’entretiens avec des médecins généralistes (ou avec des patients) permet d’accéder àla
compréhension de facteurs de variabilité des pratiques encore difficilement cernés par l’analyse statistique. Le
recours à des entretiens auprès des praticiens a mis en évidence que la variabilité des pratiques se comprenait en
tenant compte plus finement de l’organisation locale et de l’environnement professionnel des praticiens, mais
également en considérant la trajectoire personnelle et professionnelle des médecins et le rôle qu’ils se donnent par
rapport aux patients.
Par ailleurs, je développe actuellement une seconde thématique de recherche pour préciser la balance bénéfice
risque du baclofène chez les patients ayant des problèmes d’alcool. Lors d’une étude pilote rétrospective nous avons
mis en évidence que le baclofène était une molécule prometteuse pour aider les patients dépendants à l’alcool.
Cependant, le profil de sécurité et de tolérance de ce médicament ainsi que la nécessité de le prendre à doses
élevées rendent son usage délicat. Un essai randomisé contrôlé pragmatique en soins primaires qui étudie le
baclofène à forte dose versus placebo chez des patients malades de l’alcool doit permettre de préciser son intérêt.