L’

publicité
24
Soins Libéraux
Allergies
Un problème en progression
L’allergie ne cesse de progresser et touche tous les âges, du nourrisson
aux personnes âgées. Ainsi 18 millions de Français souffrent d’allergie.
Pourtant une personne sur trois n’est pas diagnostiquée. Or la rhinite
allergique altère la qualité de vie et l’asthme non diagnostiqué peut
mettre la vie du patient en danger.
L’
allergie peut prendre de
multiples formes et touche
souvent simultanément
différents organes.
Un début précoce
...
Focus
Les difficultés
du soin
La découverte du ou
des allergènes en
cause, les mesures
d’éviction et la mise
en place d’un
traitement adéquat
sont susceptibles
d’améliorer la vie
de la personne
allergique.
Mais les allergènes
sont nombreux, les
sensibilisations sont
souvent multiples,
la symptomatologie
parfois déroutante,
sans oublier que
l’allergie peut être
associée à d’autres
pathologies
inflammatoires
comme la polypose
nasale.
Les manifestations allergiques commencent chez le nourrisson avec l’allergie alimentaire et l’eczéma atopique. Chez l’enfant plus âgé peut s’y
ajouter la rhinite allergique et
l’asthme. Ainsi, aujourd’hui 8 % de
jeunes enfants et 1 à 2 % des
enfants d’âge scolaire sont touchés
par l’allergie alimentaire, 15 à 20 %
des enfants par la dermatite atopique,
10 % par l’asthme et 15 % par la
rhino-conjonctivite allergique. En fait,
personne n’est à l’abri au cours de la
vie d’un œdème de Quincke, voire
d’un choc anaphylactique après une
piqûre de guêpe ou encore d’une
réaction allergique à un médicament.
« Les études épidémiologiques nous
laissent à penser qu’en France, nous
atteindrons bientôt le chiffre de 50 %
de la population souffrant d’allergie »,
observe le Pr J. Bousquet (Montpellier). Sur la sellette : l’interaction entre
l’environnement (mode de vie occidental, pollution) et les allergènes ;
2 % de personnes souffraient de rhume des foins en 1920, il y en a 30 %
actuellement. Des travaux scientifiques suggèrent que certains polluants peuvent transmettre les grains
de pollen en profondeur dans les
voies aériennes ou modifier l’allergénicité des pollens, ou encore avoir un
effet inflammatoire sur les voies
aériennes, et donc favoriser la pénétration des pollens.
La sensation du nez bouché, le nez
qui coule, les éternuements, les yeux
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 65 • août-septembre 2005
qui piquent, quoi de plus banal ? De
nombreuses personnes ne consultent pas en pensant qu’il n’y a rien à
faire. Bref, elles s’habituent à avoir
une qualité de vie altérée en ignorant
que ces symptômes sont évocateurs
d’une allergie. Bien que d’intensité
variable, la rhinite allergique n’est pas
une affection bénigne vu qu’un mauvais fonctionnement du nez peut
entraîner une perturbation du sommeil, la fatigue, l’irritabilité, et par
conséquent, des répercussions sur la
vie scolaire ou professionnelle.
Sous-diagnostiquée
Pour le Pr J.-M. Klossek (Poitiers),
l’allergie est un problème de santé
sous-diagnostiqué et sous-traité,
d’autant que les allergènes sont
nombreux, les sensibilisations sont
souvent multiples, la symptomatologie parfois déroutante, sans oublier
que l’allergie peut être associée à
d’autres pathologies inflammatoires
comme la polypose nasale. « En
recherchant les circonstances d’apparition des symptômes et en repérant le terrain prédisposé, l’allergologue pose un diagnostic qui est
confirmé par des tests allergologiques. Toute personne présentant
des symptômes récurrents de la rhinite devrait subir au moins une fois
dans sa vie des tests allergologiques. Environ un tiers des
malades se désensibilisent naturellement et voient disparaître leur
allergie, mais parallèlement un
nombre croissant d’allergiques se
polysensibilisent »,
estime
le
Pr Klossek. Bon nombre d’enfants
traités avec des antibiotiques pour
des infections à répétition sont en
réalité allergiques. Or, il est fondamental d’identifier chez l’enfant la
rhinite allergique qui précède souvent l’asthme. C’est dire l’importance
d’un diagnostic pour éviter les éventuels traitements inadaptés, en
sachant qu’une exposition précoce
et prolongée à un allergène majore
le risque de sensibilisation ultérieure.
La prise en charge allergologique
précoce peut dans certains cas
modifier l’histoire naturelle de la
maladie en agissant sur l’environnement ou en désensibilisant. Il est
reconnu que la désensibilisation est
efficace lorsque l’enfant est sensible
à un allergène unique.
Autre constat édifiant : 80 % de
patients asthmatiques sont également affectés par la rhinite allergique,
laquelle constitue un facteur aggravant de l’asthme en augmentant la
fréquence des exacerbations de la
maladie. On s’est aperçu que la rhinite et l’asthme sont deux expressions d’une même maladie inflammatoire de l’appareil respiratoire,
sous-tendue par les mêmes facteurs
déclenchants communs et les
mêmes médiateurs allergiques et
pro-inflammatoires, tels que l’histamine, les cytokines et les leucotriènes. On dispose désormais d’un
antagoniste des récepteurs aux leucotriènes (montélukast) qui est indiqué à la fois dans le traitement de
l’asthme et dans celui de l’asthme
allergique. À noter que dans les nouvelles recommandations de l’ANAES
la corticothérapie inhalée reste la
base du traitement de fond de
l’asthme, avec la recherche de la
dose minimale efficace. Toutefois, si
le contrôle de la maladie n’est pas
satisfaisant, il convient d’abord d’associer les traitements additionnels
(bêta 2 agonistes de longue durée,
antagonistes aux leucotriènes, théophylline) avant d’augmenter la posologie des corticoïdes.
Ludmila Couturier
Téléchargement