ÉTUDES EN COURS SUR L’OROBANCHE RAMEUSE
PHYTOMA •
La Défense des Végétaux - N°564 Octobre 2003
GÉRER LES MAUVAISES HERBES
lations très virulentes d’orobanche, ce qui suggè-
re une corrélation entre le degré de virulence et
le taux d’activité de ces enzymes.
Les mauvaises herbes : réservoirs
potentiels de l’orobanche
Dans la plupart des champs cultivés ainsi que
dans les jachères et tout milieu artificialisé, les
adventices sont omniprésentes : c’est le cas pour
le chanvre mais surtout pour le colza et le tabac.
Une expérimentation en serre a permis une
confrontation entre des populations françaises
d’O. ramosa et 14 espèces adventices posant de
réels problèmes de nuisibilité à l’échelon natio-
nal (Jauzein, 1995).
A l’instar des plantes cultivées, ces adventices ont
développé différentes réactions (Tableau 1).
Une espèce s’est révélée immune (non affectée
par le parasite) : il s’agit d’Echinochloa crus-galli.
D’autres en revanche ont montré une plus ou
moins grande sensibilité avec, dans la plupart
des cas, émergence et production de graines du
parasite. Il est important de noter que la plupart
d’entre elles ont une large répartition à l’échelon
national et peuvent localement être très abon-
dantes. Ces espèces peuvent donc être considé-
rées comme des réservoirs secondaires potentiels
permettant au parasite d’accroître ses stocks grai-
niers.
Enfin, dans un troisième groupe, nous trouvons
des adventices qui présentent un certain degré
de résistance en développant notamment des
processus histologiques de défense similaires à
ceux observés chez certaines plantes cultivées
(Zehhar et al., 2003) : épaississements et occlu-
sion de vaisseaux, zone d’encapsulation… Ces
dernières peuvent donc jouer le rôle de plantes
« pièges ». Par ailleurs, il est intéressant de noter
que certaines d’entre elles appartiennent à des
familles botaniques agronomiquement impor-
tantes : Astéracées, Solanacées et pourraient très
bien servir de modèles d’étude des mécanismes
de défense (Figure 1 p. 25, point n°3).
Des différences de virulence vis-à-vis des adven-
tices testées ont été notées entre les différentes
populations françaises d’O. ramosa ainsi qu’avec
les populations du Soudan (Boulet et al., 2001).
Ceci conforte donc les résultats obtenus dans les
essais croisés mentionnés précédemment.
Cette étude, d’une part démontre, si besoin est,
que la gamme d’hôtes de l’orobanche rameuse
est très large et d’autre part, souligne l’intérêt des
études épidémiologiques et la nécessité de
prendre en compte la « composante adventice »
dans tout processus de lutte intégrée.
Conclusion
Les travaux menés au sein du GPPV (cultures en
serre, cultures in vitro, histologie, biologie molé-
culaire…) associés à des essais et observations
réalisés sur le terrain ont permis des progrès sen-
sibles dans la connaissance des populations fran-
çaises de ce parasite.
Ces études sont actuellement poursuivies et
complétées, par la recherche de génotypes de
colza et de tomate résistants à l’orobanche
rameuse et par l’étude plus approfondie des
mécanismes de virulence du parasite et de résis-
tance de l’hôte en allant jusqu’à la recherche de
gènes impliqués dans ces phénomènes.
L’étude épidémiologique est également poursui-
vie car elle constitue un volet complémentaire et
indispensable dans le cadre général de la lutte
contre l’orobanche rameuse. n
Summary
AN OVERVIEW OF ONGOING LABORATORY
AND FIELD STUDIES CARRIED OUT ON
OROBANCHE RAMOSA : A PEST FOR RAPE
SEED, HEMP AND TOBACCO
Orobanche ramosa is a root parasite that draws up
water, minerals and organic nutrients from its host. It
causes severe yield losses on many crops in France, par-
ticularly rape seed, hemp and tobacco. This parasite,
the identification of which is difficult and whose
populations exhibit vast differences in terms of viru-
lence, therefore presents a very real threat. Moreover,
certain weeds would seem to be potential hosts and
would therefore contribute to maintaining, or increa-
sing, the seed bank. Fortunately however, some others
may act as trap hosts. Research activities in progress
should make it possible to establish more accurate
control procedures of this parasite, although as yet
there is no single effective and practical means of era-
dication.
Key words : Orobanche ramosa, identification,
weeds, virulence, resistance, populations.
Résumé
L’orobanche rameuse est une plante parasite qui se
nourrit exclusivement aux dépens de ses plantes
hôtes. Elle occasionne de plus en plus de dégâts sur
de nombreuses cultures en France (colza, chanvre
textile, tabac…).
La difficulté de son identification et la virulence,
variable selon les populations, en font une véritable
menace. De plus, certaines mauvaises herbes sem-
blent être des réservoirs secondaires de l’orobanche
rameuse, et en revanche d’autres mauvaises herbes
pourraient être des plantes pièges.
Mieux l’identifier, rechercher les mécanismes de sa
virulence et étudier les mécanismes de résistance de
ses hôtes, permettrait d’améliorer la lutte contre ce
parasite. Les progrès en recherche sur ce parasite
pourraient nous apporter des clés pour des inter-
ventions plus ciblées, alors qu’aujourd’hui aucun
moyen de lutte ne semble efficace à lui seul.
Mots-clés :orobanche rameuse Orobanche ramosa,
identification, adventices, virulence, résistance,
populations.
26
Dossier
•
B
ENHARRAT
EH., V
ÉRONÉSI
C., T
HÉODET
C.
ET
T
HALOUARN
P., 2002 - Orobanche species
and population discrimination using inter
simple sequence repeat (ISSR). Weed Research,
42: 470-475.
•
B
OULET
C., L
ABROUSSE
P., A
RNAUD
M.C.,
Z
EHHAR
N.
ET
F
ER
A., 2001. Weed species pre-
sent various responses to Orobanche ramosa L.
attack, in : A. Fer, P. Thalouarn, D.M. Joel,
L.J. Musselman, C. Parker and J.A.C. Verkleij
(eds.), Proceedings of the 7th International
Parasitic Weed Symposium. Nantes, France, pp.
228-231.
•
F
ER
A.
ET
T
HALOUARN
P., 1997 - L'Orobanche,
une menace pour nos cultures. Phytoma-LDV,
499: 34-40.
•
G
IBOT
-L
ECLERC
S., B
RAULT
M.
ET
S
ALLE
G.,
2003 - L'orobanche rameuse, la menace s’aggra-
ve pour le colza, le chanvre et le tabac.
Phytoma-LDV, 561: 9-12.
•
J
AUZEIN
P., 1995 - Flore des champs cultivés.
Sopra, I
NRA
(eds.), 898 p.
•
V
ÉRONÉSI
C.
ET
T
HALOUARN
P., 2001 -
Virulence variability among different
Orobanche cumana Wallr. races, in : A. Fer, P.
Thalouarn, D.M. Joel, L.J. Musselman, C.
Parker and J.A.C. Verkleij (eds.), Proceedings of
the 7
th
International Parasitic Weed Symposium.
Nantes, France, pp. 245.
•
Z
EHHAR
N., L
ABROUSSE
P., A
RNAUD
M.C.,
B
OULET
C., B
OUYA
D.
ET
F
ER
A, 2003 -
Study of resistance to Orobanche ramosa in
host (oilseed rape and carrot) and non-host
(maize) plants. European Journal of Plant
Pathology, 109: 75-82.
Bibliographie
L’orobanche rameuse, nuisible en France
au colza, au chanvre et au tabac, peut
s’attaquer à la tomate : à surveiller...
(ph. : auteurs de l’article)
Oroabanche rameuse en fleur.
Cette espèce a été étudiée sur des adventices
présentes en particulier en cultures de colza.
(ph. : auteurs de l’article)