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I
MPACT DES DISCOURS NUTRITIONNELS SUR LES
COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES
:
Une approche socio-anthropologique qualitative auprès de
groupes « ciblés »
Etude réalisée par
Chantal Crenn (MCF Université de Bordeaux 3), Anne-Elene Delavigne
(CNRS MNHN), Matthieu Duboys de Labarre (Université de Bordeaux 2),
Karen Montagne (Université de Tours), Frédéric Précigout (Université de
Tours), Isabelle Téchoueyres (Université de Bordeaux 2)
sous la direction de Jean Pierre Corbeau
(professeur à l’Université de Tours, UMR 6173, IEHCA)
Pour l'Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé (INPES)
Université de Tours, UMR 6173 VST/CITERES
Février 2007
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Remerciements
Nous souhaitons remercier ici toutes les personnes qui ont rendu possible ce travail.
Nous remercions l’INPES pour sa confiance et son soutien financier.
Nous remercions tous nos informateurs qui ont donné de leur temps et un peu de leur vie
privée…
Nous remercions notre directeur de recherche Jean Pierre Corbeau pour sa confiance et son
enthousiasme sans faille.
Nous remercions aussi le personnel administratif de l’université de Tours pour leur travail de
gestion du budget.
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Sommaire
Introduction (p.4)
1ère partie : Les discours de santé publique (p.9)
Le PNNS et ses campagnes de diffusion : la presse écrite (p.11)
2è partie : Les Enquêtes
1- Les jeunes adultes indépendants (p.33)
2- Les familles avec jeunes enfants (p.61)
3. Les seniors (p.92)
4- Les familles dont les parents ont migré du Maghreb (p.114)
3è partie : Conclusions (p.138)
Postface (p.150)
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Introduction
1- Objectifs du projet
Nous proposons ici d’analyser la manière dont sont reçus, appliqués, et/ou détournés
les différents discours nutritionnels qui prolifèrent depuis plusieurs années, émanant des
institutions publiques aussi bien que de l’industrie agroalimentaire. Cette étude s’attache à
comprendre pourquoi les politiques nutritionnelles se heurtent à des difficultés d’application
et de réception auprès des différents publics (notamment ceux ciblés par l’INPES).
L’hypothèse que nous formulons est qu’il existe un tiraillement du mangeur écartelé
entre diététique et gastronomie. En effet l’analyse des discours politico-économiques montre
que les institutions (que celles-ci soient publiques ou privées) communiquent simultanément
sur l’alimentation selon deux logiques : l’une insistant sur le mode hédoniste et
gastronomique (plaisir, goût, commensalité), l’autre sur le mode de la santé publique
(diététique, prévention obésité, diabète). Ces thématiques sont culturellement perçues comme
contradictoires, ce qui semble engendrer une certaine incertitude sociétale (ou anomie
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) et une
perte de repères chez les mangeurs destinataires de ces messages, tiraillés entre ces deux
logiques de consommations. Ces deux dimensions sont d’ailleurs reconnues par le PNNS qui
stipule que : « outre sa vocation biologique, l’acte alimentaire a une forte charge culturelle,
sociale, affective ; c’est en France un moment de plaisir revendiqué. Le PNNS prend en
compte la triple dimension biologique symbolique et sociale de l’alimentation ».
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Nous avons donc examiné sur le terrain comment, dans leurs pratiques d’achats, de
préparation et de consommation, les mangeurs élaborent leurs propres références afin de
surmonter cette contradiction, et en fonction de quels critères.
En accord avec les objectifs de l’INPES, nous avons circonscrit nos recherches à
l’alimentation d’enfants au sein de leurs familles, à celle de jeunes adultes indépendants, de
personnes âgées, et de familles dont les parents ont migré du Maghreb.
Enquêtes auprès de :
- 25 familles avec enfants,
- 30 personnes de plus de 70 ans,
- 25 familles d’origine maghrébine (Gironde),
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Anomie : perte des normes et structures qui règlent la conduite des mangeurs vis à vie de leur alimentation
quotidienne
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http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/34_010131.htm
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- 30 jeunes adultes indépendants,
vivant dans le Sud Ouest, surtout en région bordelaise, et en région nantaise.
Notre étude s’articule autour deux axes :
- L’analyse de magazines et brochures de vulgarisation spécialisés et non spécialisés, ciblés
en termes de catégorie d’âge du lectorat et l’étude d’articles de la presse quotidienne.
- Des enquêtes de type qualitatif (entretiens semi-directifs, pouvant durer plusieurs heures,
réalisés par les chercheurs au domicile des personnes sélectionnées, entièrement enregistrés
décryptés et analysés) auprès de personnes choisies en fonction de leur âge, genre, situation
socioprofessionnelle, lieu de résidence, etc., afin d’évaluer l’impact, la compréhension et les
interactions entre les différents discours.
Soulignons d’emblée que des difficultés sont apparues lorsqu’il s’est agi de rencontrer
certaines catégories de consommateurs, notamment des mangeurs qui ne voient pas l'intérêt
de consacrer du temps à évoquer leurs pratiques alimentaires ou bien culpabilisent et refusent
de parler de leurs façons de se nourrir qu’ils jugent incorrectes.
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Ils furent toutefois une petite
minorité.
2- Méthodologie
Notre travail se situe donc dans une perspective anthropologique qui, par définition,
tient compte du contexte social, économique, historique et de la dimension symbolique. Le
matériau privilégié est l’enquête ethnographique de terrain. Les entretiens réalisés en face à
face permettent d’établir une relation de confiance et ainsi d’obtenir des informations de
première main. La spécificité de cette approche tient dans la micro-observation qui permet
d’obtenir des informations très fines : la relation interpersonnelle qui s’instaure, l’observation
des individus dans leur propre contexte (domicile, membres de la famille), l’observation des
objets et des manières de faire, qui sont autant d’éléments permettant d’accéder à une
compréhension à la fois globale et subtile.
Ainsi pour le sujet qui nous concerne, ce type d’étude qualitative, en apportant des
informations auxquelles une étude chiffrée et statistique ne permet pas d’accéder, s’avère être
complémentaire des études quantitatives déjà menées.
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Une approche ethno-méthodologique permet de contourner les difficultés
d’interprétation d’enquêtes par questionnaires ou sondage téléphonique, par exemple, qui
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De même n'avons-nous pas cherché à rencontrer en particulier des personnes en situation de précarité -ce
public n'étant pas ciblé par l'INPES dans sa campagne féculents.
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En effet Les enquêtes INCA (de l’AFSSA) et Baromètre Nutrition Santé (INPES) s’appuient sur des données
déclaratives de fréquence et des enquêtes quantitatives. Elles permettent essentiellement une mise en exergue des
tendances de consommations
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