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Insulinothérapie
PERSPECTIVE
Des observations similaires ont inci-
té les principaux organismes à
recommander le maintien des
niveaux de glucose dans la plage
normale le plus longtemps
possible afin de bien maîtriser le
diabète à long terme. Ainsi, l’ACD
recommande un taux d’A1C
≤7,0 % aux patients atteints de
diabète de type 1 ou 2. L’édition de
2008 des directives de pratique
clinique de l’ACD, 2008 Clinical
Practice Guidelines (désignées dans
cet article comme les «Directives»),
indiquent de plus qu’il peut s’avérer
approprié de cibler un taux d’A1C
de 6,5 % en vue de réduire encore
plus le risque de néphropathie chez
certains patients – à condition que
cela n’accroisse pas le risque
d’hypoglycémie ou de mortalité.
En effet, le taux de glucose plas-
matique, tant à jeun que postpran-
dial, de même que le niveau
d’hémoglobine glyquée, contri-
buent aux complications du diabè-
te de type 2.
C’est pourquoi les médecins
doivent connaître tous les taux de
glycémie, y compris ceux obtenus
par autosurveillance des taux de
glucose et d’A1C, en vue de mieux
évaluer à quel point le patient
maîtrise sa glycémie. Habituel-
lement, on conseille aux profes-
sionnels de la santé de régulari-
ser l’hyperglycémie d’abord à
l’aide d’un ensemble de mesures
d’hygiène de vie et d’antidia-
bétiques oraux (ADO). Avec le
temps, cependant, la maîtrise
glycémique chez les patients
atteints du diabète de type 2 se
détériore presque inévitablement
par suite de la résistance croissan-
te à l’insuline et de la baisse
d’activité des cellules bêta du
pancréas. Il devient alors indispen-
sable de recourir à l’insuline exogène
chez la plupart de ces patients.
DIAGNOSTIC
On diagnostique le diabète de
façon fiable grâce à l’analyse de la
glycémie à jeun, parce qu’un taux
de 7,0 g/L mmol/L à jeun corres-
pond de plus près au taux de
glucose sanguin de 11,1 g/L
mmol/L, mesuré au moyen de
l’épreuve d’hyperglycémie provo-
quée par voie orale (HPO), deux
heures après l’ingestion de 75 g de
glucose. Les médecins peuvent
considérer comme prédiabétiques
leurs patients présentant une
hyperglycémie modérée à jeun
(HMJ) ou une intolérance au gluco-
se, vu que ces états rendent plus
probable le développement d’un
diabète dans l’avenir. Les patients
sans facteurs de risque pour le
diabète de type 2 devraient se
soumettre à un dépistage tous les
3 ans à partir de l’âge de 40 ans.
Les patients présentant des
facteurs de risque, que ce soit
l’HMJ, l’intolérance au glucose, ou
les deux, devraient subir un dépis-
tage deux fois plus souvent ou
plus tôt dans leur vie, soit par le
dosage de la glycémie à jeun ou
l’HPO. L’objectif du présent bulle-
tin est d’explorer le recours à
l’insuline, soit seule, soit combi-
née à une gestion du mode de
vie, avec ou sans antidiabétiques
oraux (ADO). Dans cet esprit, on
abordera très peu la question des
ADO de première intention, sauf
pour dire que l’ACD recommande
aux médecins de passer aux ADO,
la metformine surtout, si les
patients n’atteignent pas les cibles
glycémiques dans les deux à trois
mois après avoir modifié leur régi-
me alimentaire et leur mode de
vie. De surcroît, le traitement basé
sur les ADO doit être complété
par d’autres catégories d’ADO, de
manière à atteindre les cibles d’A1C
dans les 6 à 12 mois.
Toutefois, pour les patients
présentant au départ des taux de
glucose très élevés (A1C ≥9,0 %),
les médecins devraient envisager
une stratégie combinant plusieurs
ADO comme mesure immédiate,
ou opter pour l’insuline. Le débat
se poursuit quant à savoir quel est
le meilleur antihyperglycémiant –
insuline comprise – à administrer
au départ. Étant donné que le
diagnostic du diabète de type 2
n’arrive souvent qu’après des
années, quand les patients présen-
tent déjà des complications, il est
important que le traitement puis-
se être modifié rapidement. Il est
raisonnable de suggérer que les
patients avec des niveaux élevés de
glucose et d’A1C reçoivent de
l’insuline dès le départ en vue
d’atteindre rapidement les cibles
glycémiques et de réduire
l’intervalle où les niveaux glycé-
miques élevés vont continuer à
abîmer les organes sensibles.
Enfin, à mesure que reculent
les niveaux d’A1C, il devient plus
important de maîtriser le glucose
postprandial en vue de réduire
encore davantage l’A1C et, une fois
que les niveaux approchent la
normale, il faut examiner l’effet du
traitement sur les taux de glucose
postprandial (voir tableau I).
TRAITEMENT
Comme la thérapie insulinique est
souvent essentielle pour atteindre les
cibles glycémiques, il est primordial
d’avoir une connaissance pratique
des diverses insulines. Il y a consen-
sus quant à la supériorité des insu-
lines analogues pour optimiser la
maîtrise du diabète, parce qu’elles
imitent mieux l’action physiologique
de l’insuline endogène que l’insuline
humaine. Avec les analogues, les
effets au début du traitement et leur
durée sont plus faciles à prévoir
qu’avec les formules plus anciennes
de l’insuline humaine. Les analogues
à action rapide, comme l’insuline
aspart (Novo-Rapid), l’insuline lispro
(Humalog) et l’insuline glulisine
(Apidra), commencent à agir 10 à 15
minutes après l’injection et l’action
s’étend sur 3 à 5 heures.
PERSPECTIVE
Le Canada compte aujourd’hui
trop peu d’endocrinologues qui se
spécialisent dans le traitement du
diabète pour gérer correctement
le nombre croissant de patients
atteints du diabète de type 2. C’est
pourquoi les omnipraticiens et les
médecins de famille doivent bien
se documenter pour s’assurer que
les patients reçoivent les traite-
ments adéquats. (Le gouverne-
ment de l’Ontario encourage les
omnipraticiens et les médecins de
famille à traiter les patients atteints
du diabète de type 2, ce qui consti-
tue une motivation pour nous à
prendre en charge cette maladie et
à bien le faire.) Mais attention: il
s’agit de cas complexes où les
patients présentent des comorbidi-
tés, comme l’hypertension et la
dyslipidémie, et, à mesure que
progresse la maladie, des compli-
cations propres au diabète, comme
la neuropathie, les maladies
vasculaires, la rétinopathie et le
dysfonctionnement rénal.
Il est impératif que nous
sachions comment gérer au mieux
l’hyperglycémie, compte tenu des
caractéristiques de chaque patient.
Heureusement, en 2008, l’ACD a
découpé la documentation figu-
rant dans ses Directives en
modules faciles à consulter.
Ces Directives sont indispen-
sables pour les médecins de pre-
mière ligne, parce qu’elles visent à
nous faire mieux comprendre la
complexité du diabète de type 2,
l’importance de bien gérer
l’hyperglycémie, les divers élé-
ments du mode de vie qui vont
de pair avec les interventions
pharmacologiques et la nécessité
d’engager les patients eux-mêmes
car, sans leur participation, il sera
impossible de bien maîtriser le
diabète.
DIAGNOSTIC
Les Directives indiquent claire-
ment qu’une glycémie à jeun
≥7,0 mmol/L constitue un
diagnostic de diabète de type 2
qui exige d’amorcer le traite-
ment au plus vite. Aujourd’hui,
on s’occupe aussi davantage des
patients considérés prédiabé-
tiques, parce que l’évolution de
la maladie peut être corrigée à ce
stade. Ainsi, les patients présen-
tant une glycémie à jeun de 5,6 à
6,0 mmol/L devraient être tes-
tés plus souvent que ceux dont
la glycémie à jeun est normale
(< 5,6 mmol/L).
Les patients présentant ces taux
de glycémie à jeun ainsi qu’un ou
plusieurs facteurs de risque de dia-
bète de type 2, de même que ceux
dont la glycémie à jeun atteint 6,1
à 6,9 mmol/L, devraient passer
l'épreuve d'hyperglycémie provo-
quée par voie orale (HPO) à 75 g.
Selon les deux valeurs – glycémie
à jeun et deux heures après
l’épreuve –, les patients présentent
l’un des portraits suivants: intolé-
rance au glucose uniquement
(glycémie à jeun < 6,1 mmol/L
et valeur à la 2eheure de 7,8 à
11,0 mmol/L); hyperglycémie
modérée à jeun uniquement (gly-
cémie à jeun de 6,1 à 6,9 mmol/L
et valeur à la 2eheure < 7,8 mmol/L);
ou les deux (glycémie à jeun de
6,1 à 6,9 mmol/L et valeur à la
2eheure de 7,8 à 11,0 mmol/L).
Ces trois catégories de résultats
révèlent ce qu’on appelle l’état
prédiabétique. D’après les Direc-
tives, les personnes présentant
soit une intolérance au glucose,
soit une hyperglycémie modé-
rée à jeun devraient adhérer à un
programme structuré de change-
ment de style de vie, prévoyant
une perte de poids modérée et une
activité physique régulière.
La metformine ou un inhibiteur
de l’alphaglucosidase peuvent
aussi être envisagés chez les
patients ayant une intolérance au
glucose. Dans les cas d’intolérance
au glucose ou d’hyperglycémie
modérée à jeun, ou les deux, le
traitement par la thiazolidinedione
peut, là aussi, être envisagé en
l’absence de maladie cardiovascu-
laire sous-jacente déclarée.
TRAITEMENT
Pour les patients affichant un taux
d’A1C < 9 %, les Directives recom-
mandent d’amorcer à la fois les
changements de mode de vie et la
prise d’ADO pour atteindre le taux
cible d’A1C en 6 à 12 mois. Si
cette cible n’est pas atteinte, il faut
alors passer à l’insuline. Les
Directives s’avèrent très utiles pour
suggérer des changements quant
au type d’insuline ou au moment
opportun de l’administrer quand
les cibles glycémiques ne sont pas
atteintes.
La plupart des médecins amor-
cent le traitement par l’insuline
intermédiaire ou basale et passent
ensuite aux formules prémélan-
gées après avoir déterminé le
nombre d’unités dont le patient a
besoin pour atteindre un taux cible
d’A1C < 7 %. Par exemple, quand
on combine l’insuline prémélan-
gée aux ADO, les Directives
suggèrent de 5 à 10 unités comme
dose de départ, administrées une
ou deux fois par jour, avant le
petit-déjeuner et/ou avant le repas
du soir. Si l’insuline prémélangée
est prise avant le petit-déjeuner, le
taux de glucose devrait atteindre
de 4,0 à 7,0 mmol/L avant le repas
du soir, et si la prise a lieu avant
le repas du soir, on devrait obte-
nir les mêmes valeurs pour la
glycémie à jeun.
Le point de vue du généraliste