N° 101 lundi 30 juin 2008
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temps. Il y eut le temps des experts, puis celui du
débat, et vous avez prouvé que la coproduction se
concilie fort bien avec le bicamérisme. Je remercie
Gérard Larcher pour avoir mené nos discussions avec
tant d'énergie, d'habileté et de bonne humeur.
Il y a maintenant le troisième temps, celui de la
décision : après l'examen de 1 600 amendements,
deux semaines de débats et huit nuits passées dans
l'hémicycle, les députés ont voté ce projet de loi à une
très large majorité, après l’avoir considérablement
enrichi puisque le nombre d'articles a presque triplé !
Cela rend plus nécessaire que jamais votre examen
car je suis persuadée que, contrairement à l'adage, le
mieux peut être l'ami du bien. Je compte sur la
sagesse et la rigueur auxquelles vous nous avez
habitués pour améliorer ce texte autant que possible,
au service de la croissance, de l'emploi et du pouvoir
d'achat. Le Gouvernement apprécie que vous ayez
créé pour l'occasion une commission spéciale,
réunissant des sensibilités et des expertises variées,
et que vous ayez mené depuis le 26 mars pas moins
de 93 auditions ! Je sais quelle énergie les trois
rapporteurs y ont consacré. Cela permettra d'améliorer
notre texte et d'accélérer son application puisque vous
proposez d'intégrer directement certains projets
d'ordonnance sous la forme d'amendements.
Et il y aura demain le quatrième temps, celui de la
mise en œuvre -ce que les députés, avec le sens de la
formule que nous leur connaissons, ont appelé, en
cette période de festival de Cannes, une
postproduction. Pour que la future loi rencontre l'écho
qu'elle mérite et soit pleinement appliquée, je propose
de mettre en place des instances de suivi où les
parlementaires auront toute leur place. De plus, je
m'engage à ce que la plupart, sinon la totalité, des
décrets soient pris avant la fin de l'année : cette loi
devra être opérationnelle au 1er janvier 2009.
Aujourd'hui, je pourrais résumer notre projet en
quelques chiffres : 30 mesures ; au moins 0,3 % de
croissance en plus chaque année à partir de 2009, soit
approximativement 6 milliards d’euros de richesses
supplémentaires pour la France ; et 50 000 emplois
supplémentaires par an ; pour un coût de 450 millions.
J'aimerais vous présenter les quatre grands titres
de notre projet de loi : encourager les entrepreneurs,
relancer la concurrence, renforcer l'attractivité de notre
économie et améliorer son financement. Le titre I
concerne toutes les étapes de la vie de l'entrepreneur :
la création, le fonctionnement et la transmission de
l'entreprise. Cinq mesures phares sont prévues pour la
création d'entreprise. La première est la création d’un
statut de l'auto-entrepreneur. Un tiers des Français et
deux tiers des jeunes se disent prêts à créer un jour
leur propre entreprise et ils n'ont pas attendu que le
Gouvernement les y encourage pour passer à l'acte
puisque 140 000 entreprises ont été créées depuis le
début de l'année, soit 10 % de plus que l'année
dernière sur la même période. II existe donc une
véritable demande sociale à laquelle répond le statut
de l'entrepreneur individuel, en simplifiant les
démarches et en allégeant la fiscalité. La loi supprime
toute obligation d'immatriculation pour les petites
activités indépendantes. De plus, bénéficiant d’un
régime fiscal incitatif, chaque entrepreneur individuel
pourra s'acquitter en une fois de ses impôts et
cotisations sociales à des taux forfaitaires en payant
en tout et pour tout 13 % pour les activités de
commerce ou 23 % pour les activités de services. Ce
statut simple, fiscalement avantageux, peut fournir le
même tremplin à tous ceux qui veulent entreprendre
que celui mis en place pour les associations par la loi
de 1901. Vous avez sans doute reçu en cadeau
d’Hervé Novelli un spécimen du « kit de l'auto-
entrepreneur ». (On déplore, à gauche comme à
droite, de n’en avoir point bénéficié)
Mme Isabelle Debré. – C’était réservé aux
rapporteurs !
Mme Nicole Bricq. – On a reçu une mallette avec
une cravate ! (Rires)
Mme Christine Lagarde, ministre. – M. Novelli se
fera un plaisir de l’envoyer à ceux qui ne l’ont pas
encore reçu. La version définitive de ce kit, si vous
votez ce texte, sera largement diffusée auprès du
grand public. L'Assemblée nationale a tout d'abord
relevé le seuil de la micro-entreprise à 80 000 euros
pour les activités commerciales et à 32 000 euros pour
les activités de service, et les a indexées pour l'avenir
sur l'évolution du barème de l'impôt sur le revenu.
D'autre part, les députés nous ont autorisés à étendre
sans délai la fiducie aux personnes physiques, et en
particulier aux commerçants et aux artisans qui n'ont
pas créé de société. Je me réjouis également que
votre commission des lois ait encore imaginé de
nouvelles mesures de simplification du statut de
l'entrepreneur individuel.
Deuxième mesure : renforcer la protection du
patrimoine personnel de l'entrepreneur :
l'insaisissabilité, qui existe déjà pour la résidence
principale, est élargie à tous ses biens fonciers non
affectés à l'usage professionnel. Quelles que soient
ses difficultés financières, l'entrepreneur individuel
conserve ses biens immobiliers.
Troisième mesure : faciliter l'utilisation du local
d'habitation comme local professionnel en supprimant
l'obligation d'autorisation préfectorale pour les rez-de-
chaussée. L'Assemblée nationale avait souhaité
substituer la responsabilité du maire à celle du préfet :
peut-être faudrait-il aller plus loin et supprimer
totalement le régime d'autorisation ?
Quatrième mesure : créer un cadre fiscal favorable
aux sociétés en amorçage en permettant aux petites
sociétés de capitaux d'opter pour le régime des
sociétés de personnes. Ainsi, l'entrepreneur pourra
imputer d'éventuelles premières pertes sur son impôt
sur le revenu.