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d’un accident vasculaire cérébral athéroma-
teux après 50 ans, ou embolique d’origine car-
diaque, voire hémorragique à tout âge, du fait
d’une malformation vasculaire.
Avec l’hémiplégie, la paraplégie est encore à l’ori-
gine de cette opinion générale dévalorisante de
la neurologie, car, là encore, il y a invalidité sé-
vère, définitive, pour une cause qui peut frapper
brutalement des sujets jeunes en pleine santé,
par exemple après accident de la voie publique
et fracture du rachis.
Les malades qui ont des difficultés de communi-
cation sont nombreux : l’aphasie plus ou moins
sévère accompagne l’hémiplégie droite. Elle peut
aussi se manifester avec des troubles de la mé-
moire, voire du comportement dans le cadre de
la maladie d’Alzheimer et d’encéphalopathies de
toutes origines.
Les troubles sensitifs et sensoriels sont les mani-
festations fréquentes de maladies telles que la
sclérose en plaques : paresthésies rarement dou-
loureuses, diplopie, cécité monoculaire, vertiges
et déséquilibre sont transitoires au début, mais
on connaît le risque d’installation de troubles
permanents et sévères de la marche.
Enfin, si les services de neurochirurgie ne sont
plus le lieu des gestes opératoires aux consé-
quences graves, ils sont encore le lieu d’accueil
des traumatisés crâniens sévères avec coma pro-
longé évoluant vers la dépendance définitive.
Malades lourds, malades chroniques, malades
dépendants, malades que peu de traitements per-
mettent de soigner, voici un bien sombre tableau,
qui pourrait être celui de la médecine du
XIXesiècle. Ces malades existent encore aujour-
d’hui, même s’ils sont moins nombreux, du fait
des progrès qui ont été réalisés.
Or, il y a toujours eu, et il y a encore, des soi-
gnants de tous ordres pour les prendre en charge
en acceptant la pénibilité de certaines situations,
pour les aider, et certainement les aimer.
La prise en charge des soins
et la thérapeutique
Il est de l’expérience de chacun de nous, méde-
cins neurologues, rééducateurs fonctionnels, in-
firmières, kinésithérapeutes, orthophonistes et
psychologues, de voir des patients sévèrement
affectés de troubles moteurs ou du langage lut-
ter avec nous et participer pendant de longues
semaines au travail de réadaptation. Et nous sa-
vons alors que ces patients qui, pour des obser-
vateurs extérieurs, demeurent “des invalides”,
ont retrouvé cependant les moyens d’une vie
personnelle : l’hémiplégique qui se tient debout
et remarche, le paraplégique qui “se débrouille”
en fauteuil roulant, l’aphasique qui retrouve des
possibilités de communication, ont, à leurs yeux
mêmes, obtenu le moyen d’une réinsertion fa-
miliale, souvent aussi sociale.
Savoir cela, c’est aussi pour les soignants com-
prendre que les gestes astreignants, dits “de nur-
sing”, ne sont pas seulement des gestes de confort
physique pour les malades, mais les moyens de
passer un cap et de bien préparer l’avenir : pré-
venir les escarres, pallier les conséquences des
troubles du contrôle sphinctérien et de ceux de
la déglutition, éviter les postures qui exposent à
des rétractions tendineuses, exigent d’immenses
efforts et une attention sans cesse renouvelée.
À côté de ces patients, il y a heureusement de
plus en plus de malades que l’on guérit, et
d’autres pour lesquels un trouble mineur, voire
fugitif, est le moment de gestes préventifs d’un
nouvel épisode plus grave.
La pathologie vasculaire cérébrale bénéficie des
progrès de l’imagerie et de ceux de la neurochi-
rurgie, et des thérapeutiques médicales.
L’IRM permet la visualisation anatomique pré-
cise des malformations vasculaires ; celles-ci
peuvent alors être soit obstruées par sonde intra-
artérielle, soit faire l’objet d’une exérèse chirur-
gicale dans de bonnes conditions. Les troubles
circulatoires de nature ischémique bénéficient
en urgence également de l’imagerie, permettant
de fixer les indications des anticoagulants, voire
des fibrinolytiques, préparant ou non une chi-
rurgie des artères cervicales différée de quelques
jours. Des centres d’urgences cérébrovasculaires
se créent dans les hôpitaux parce qu’il est dé-
montré que les soins qui y sont assurés évitent
ou réduisent les déficits séquellaires.
Les tumeurs cérébrales malignes, astrocytomes
et glioblastomes, la SEP, le Parkinson, ne relè-
vent pas d’un traitement salvateur décisif. Ce-
pendant, combien leur pronostic est aujourd’hui
meilleur : ainsi, avant les corticoïdes, on estimait
que seuls 30 % des patients atteints de SEP
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neurologie
©P.Garo-Phanie