Radiothérapie du cancer de la prostate localisé dossier thématique Protocole GETUG/AFU 06 Radiothérapie conformationnelle curative du cancer de la prostate localisé (N0, N) : étude de phase III multicentrique de l’apport sur la survie sans évolution biologique ou clinique d’une augmentation de dose de 15 % (80 Gy versus 70 Gy) Promoteur : FNLCC - Unicancer Coordonnateurs : Véronique Beckendorf (centre Alexis-Vautrin, Nancy) Pierre Bey (institut Curie, Paris) Objectif principal : survie sans récidive biologique ou clinique Méthodologie : essai ouvert de phase III, multicentrique, randomisé en 2 groupes parallèles comparant sans autre traitement associé un bras radiothérapie 80 Gy à un bras radiothérapie 70 Gy Schéma thérapeutique du protocole Adénocarcinome de la prostate T2, T3a, PSA < 50 ng/ml T1b, T1c avec PSA ≥ 10 ng/ml ou avec Gleason ≥ 7 Espérance de vie > 10 ans N0 si risque ganglionnaire < 10 % pN0 si risque ganglionnaire ≥ 10 % Randomisation Bras témoin : RT 3D Prostate : 70 Gy Vésicules séminales : 46 Gy Bras expérimental : RT 3D Prostate : 80 Gy Vésicules séminales : 46 Gy Suivi 5 ans : contrôle clinique et biologique Suivi à vie : survie, toxicité 112 Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 Protocole GETUG/AFU 06 Rationnel de l’essai Le contrôle biologique par des doses conventionnelles de radiothérapie s’était avéré insuffisant, ce qui a justifié les études d’escalade de doses permises par l’avènement de la radiothérapie conformationnelle (RT 3D). Une relation dose/effet avait été suggérée par des études rétrospectives et prospectives (1, 2). Dans ces études, le gain potentiel en contrôle biologique était de l’ordre de 10 à 20 % dans les groupes à bon pronostic et à pronostic intermédiaire (3-6). L’étude n’a inclus ni les patients ayant un très bon pronostic, en raison du risque majoré d’effets indésirables, ni les patients avec un pronostic très défavorable, qui bénéficient clairement d’une hormonothérapie longue (7). Étude GETUG/AFU 06 Objectif principal L’objectif principal de l’essai était d’améliorer de 55 % à 70 % le taux de rémission clinique et biologique à 5 ans selon les critères de Phoenix (nadir du PSA + 2 ng/ml). Objectifs secondaires Comparer entre les 2 bras ✓ la toxicité aiguë et tardive (SOMA lent, RTOG) ✓ la qualité de vie (QLQ C30, PR25) ✓ la survie globale, la survie sans métastase, la survie spécifique Critères d’inclusion ✓ Âge < 75 ans ✓ Espérance de vie > 10 ans (définie par un score de comorbidités de Charlson ≤ 2) ✓ Stade T1b à T3a N0 M0 • avec au moins 1 facteur de risque intermédiaire (T > 1, score de Gleason > 6, PSA > 10 ng/ml) ✓ Pas plus de 1 facteur de haut risque, avec un PSA initial < 50 ng/ml ✓ Lymphadénectomie en cas de risque d’envahissement ganglionnaire > 10 % ✓ N- si curage Déroulement de l’étude Trois cent six patients ont été randomisés entre les mois de septembre 1999 et février 2002 dans 17 centres. La radiothérapie conformationnelle était délivrée en 2 phases, sans modulation d’intensité. Dans un premier temps, tous les patients ont reçu 46 Gy en 5 fractions hebdomadaires de 2 Gy, le volume cible incluant la prostate et les vésicules séminales avec une marge de 10 mm (5 mm en postérieur). Dans un second temps, ils ont été randomisés pour recevoir 24 Gy ou 34 Gy dans le volume de la prostate uniquement, avec les mêmes marges. Un contrôle de qualité des dossiers a permis la réalisation homogène des traitements. La dose moyenne reçue par la prostate a été de 69 ± 1,8 Gy dans le bras témoin, et de 78,5 ± 1 Gy dans le bras expérimental. Aucune hormonothérapie n’était autorisée. Tableau. Effets de la dose sur le contrôle biologique et clinique et sur les principaux effets indésirables dans les essais randomisés publiés. n Doses (Gy) Suivi (ans) Rémission biologique (%) Toxicités rectales grade > 1 (%) Toxicités urinaires grade > 1 (%) MD Anderson (11) 315 70 78 8 59 78 (p = 0,004) 13 26 (p = 0,013) 8 13 (NS) PROG 95-09 (12) 393 70,2 79,2 10 68 82,6 (p < 0,001) 13 25 (NS) 24 29 (NS) MRC RT01 (9) 843 64 74 5 60 71 (p = 0,001) 24 33 (p = 0,005) 8 11 (NS) NKI (10) 664 68 78 7 47 54 (p = 0,04) 25 35 (p = 0,04) 40 41 (NS) GETUG 06 (8) 306 70 80 5 68 76,5 (p = 0,09) 14 19 (NS) 10 17 (p = 0,046) Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 113 Radiothérapie du cancer de la prostate localisé dossier thématique Résultats Les premiers résultats ont été publiés en 2011 (8). Avec un suivi médian de 61 mois, le taux de rechute biochimique telle que définie par les critères de Phoenix (nadir du PSA + 2 ng/ml) était de 39 % pour le bras 70 Gy versus 28 % dans le bras 80 Gy (p = 0,09). Toutefois, avec la définition de la rechute biologique en cours lors de la réalisation du protocole (3 élévations successives du PSA), la différence en faveur du bras 80 Gy est significative, la réduction du risque allant de 39 à 28 % (p = 0,036). L’analyse en sous-groupes a montré une supériorité de la dose élevée pour le contrôle biologique dans le groupe présentant un PSA initial > 15 ng/ml. La différence est plus ténue pour les patients de bon pronostic. Sur le plan de la tolérance, les toxicités rectales de grade 2 et plus étaient de 14 % et de 19,5 % respectivement à 70 Gy et à 80 Gy (p = 0,22), les toxicités urinaires étant de 10 % et de 17,5 % (p = 0,046). Discussion Cette étude de radiothérapie seule, sur une population sélectionnée, trouve des résultats concordant avec ceux des autres essais randomisés publiés jusqu'à présent et montre qu’il est possible d’obtenir environ 10 % supplémentaires de rémission clinique et biologique en augmentant la dose (8, 9-12). L’excellent taux de survie dans les 2 bras nécessitera un long suivi pour déterminer si le contrôle biologique a un impact sur la survie des patients (12). Une méta-analyse menée en 2009 confirme le bénéfice sur la survie sans récidive biologique, l’odds-ratio étant de 0,60 (p < 0,0001) et sans impact sur la mortalité (13). La publication attendue de l’essai RTOG-0126, conduit par J. Michalski et comportant 1 520 patients inclus, complétera les informations sur la survie sans récidive biologique, sans évolution métastatique, et peut-être sur la survie spécifique et globale. Dans l’essai GETUG/AFU 06, l’augmentation de dose entraîne un excès modeste et non significatif de toxicité rectale, ainsi qu'une augmentation assez nette de la toxicité urinaire. Des contraintes étaient imposées pour les histogrammes doses-volumes sur la paroi rectale et la paroi vésicale. La protection du rectum telle qu’elle était prévue dans le protocole a permis de limiter l’impact digestif, à la différence de ce qui est advenu dans les autres essais publiés. L’analyse des 100 p = 0,09 80 Survie (%) 60 40 20 70 Gy (n = 153) 80 Gy (n = 153) 0 0 12 24 36 48 60 Mois Figure. Survie sans rechute clinique ni biologique comparant 70 Gy et 80 Gy (critères de Phoenix). 114 Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 Protocole GETUG/AFU 06 données suggère une relation dose/effet sur les conséquences urinaires conduisant à éviter que 25 % de la paroi vésicale reçoivent plus de 65 Gy. L’amélioration des techniques se poursuit, notamment avec les outils de modulation d’intensité pour la dosimétrie inverse et, potentiellement, avec les systèmes de contrôle de positionnement pour la réduction des marges. Perspectives La place de l’hormonothérapie en association avec les doses élevées a été explorée par plusieurs essais, dont aucun n’est assez mature pour autoriser à conclure. Les résultats très préliminaires de l’essai GETUG/AFU 14, qui évaluait l’apport de l’hormonothérapie pendant 4 mois, paraissent encourageants vis-à-vis du contrôle biologique, mais ils ne seront confirmés que dans plusieurs années (14). L’apport de l’augmentation de dose pour le groupe de prosnostic défavorable qui bénéficie d’une hormonothérapie longue est en cours d’évaluation dans le cadre de l’étude GETUG/ AFU 18. Les données de l’essai GETUG/AFU 14 seront actualisées à plus de 10 ans en 2013. D’ores et déjà, les données techniques et cliniques ont pu être utilisées pour des études complémentaires, seules ou groupées avec d’autres séries homogènes comparables : analyses complémentaires sur les facteurs de risque de rechute ou de toxicité (15-17). ■ Références 1. Leibel SA, Zelefsky MJ, Kutcher GJ et al. The biological basis 7. Bolla M, Gonzalez D, Warde P et al. Improved survival in 13. Viani GA, Stefano EJ, Afonso SL. Higher-than-conventional and clinical application of three-dimensional conformal external beam radiation therapy in carcinoma of the prostate. Semin Oncol 1994;21:580-97. patients with locally advanced prostate cancer treated with radiotherapy and goserelin. N Engl J Med 1997;337:295-300. radiation doses in localized prostate cancer treatment: a metaanalysis of randomized, controlled trials. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009;74:1405-18. 2. Zietman AL, Coen JJ, Dallow KC et al. The treatment of pros- localized prostate cancer: 5-year results of GETUG 06 randomized trial. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011;80:1056-63. tate cancer by conventional radiation therapy: an analysis of long-term outcome. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1995;32:287-92. 3. Pollack A, Zagars GK. External beam radiotherapy dose 8. Beckendorf V, Guerif S, Le Prisé E et al. 70 Gy versus 80 Gy in 9. Dearnaley DP, Sydes MR, Graham JD et al. Escalated-dose 14. Dubray BM, Beckendorf V, Guerif S et al. Does shortterm androgen depletion add to high-dose radiotherapy (80 Gy) in localized intermediate-risk prostate cancer? Intermediary analysis of GETUG 14 randomized trial (EU-20503/ NCT00104741). J Clin Oncol 2011;29(Suppl.):4521. response of prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1997;39:1011-8. versus standard-dose conformal radiotherapy in prostate cancer: first results from the MRC RT01 randomised controlled trial. Lancet Oncol 2007;8:475-87. 4. Hanks GR, Hanlon AL, Schultheiss TE et al. Dose escalation 10. Al-Mamgani A, Van Putten WL, Heemsbergen WD et al. with 3D conformal treatment: five-year outcomes, treatment optimization, and future directions. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1998;41:501-10. Update of Dutch multicenter dose-escalation trial of radiotherapy for localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;72:980-8. tives des expressions de HIF-1 alpha, HIF-2 alpha et CA IX par les adénocarcinomes de la prostate traités par irradiation exclusive. Étude ancillaire du protocole GETUG 06. Cancer radiothérapie 2007;11:414. 5. Zelefsky MJ, Leibel SA, Gaudin PB et al. Dose escalation 11. Kuban DA, Tucker SL, Dong L et al. Long-term results of the 16. Gnep K, Zhu J, Chira C et al. Identification et compa- with three-dimensional conformal radiation therapy affects the outcome in prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1998;41:491-500. M. D. Anderson randomized dose-escalation trial for prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008;70:67-74. raison de modèles prédictifs de toxicité rectale et vésicale en cas d’irradiation prostatique. Cancer radiothérapie 2011; 15:565. 6. Bey P, Carrie C, Beckendorf V et al. Dose escalation with comparing conventional-dose with high-dose conformal radiation therapy in early-stage adenocarcinoma of the prostate: longterm results from proton radiation oncology group/American college of radiology 95-09. J Clin Oncol 2010;28:1106-11. 3D-CRT in prostate cancer: French study of dose escalation with conformal 3D radiotherapy in prostate cancer-preliminary results. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2000;48:513-7. 12. Zietman AL, Bae K, Slater JD et al. Randomized trial 15. Simon JM, Comperat E, Beckendorf V et al. Valeurs prédic- 17. Ospina JD, Zhu J et al. Random forest are strong competitors of published NTCP models for rectal and bladder toxicity prediction. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012, in press (54th ASTRO annual Meeting). Les articles publiés dans “Correspondances en Onco-Urologie” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © mai 2010 - Edimark SAS Imprimé en France - Axiom Graphic SAS - 95830 Cormeilles-en-Vexin Dépôt légal : à parution Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 115 Radiothérapie du cancer de la prostate localisé dossier thématique Protocole GETUG/AFU 14 Étude randomisée et multicentrique évaluant l’efficacité d’une hormonothérapie courte préalable et concomitante à une radiothérapie conformationnelle exclusive à visée curative pour un cancer localisé à la prostate de pronostic intermédiaire Promoteur : Unicancer Coordonnateur : Bernard Dubray (centre Henri-Becquerel, Rouen) Objectif principal : taux de survie sans progression clinique ou biologique à 5 ans Méthodologie : essai de phase III, avec bénéfice individuel direct, randomisé, ouvert et multicentrique comparant le bras 1 au bras 2 Schéma thérapeutique du protocole Radiothérapie (80 Gy) GETUG 14 R Radiothérapie (80 Gy) + hormonothérapie (4 mois) Étude GETUG/AFU 14 ✓ Bras 1 : radiothérapie exclusive ✓ Bras 2 : radiothérapie + hormonothérapie préalable Objectif principal et concomitante L’objectif principal de l’essai était de tester l’intérêt d’une hormonothérapie courte par blocage androgénique complet de 4 mois chez des patients recevant une radiothérapie externe à la dose de 80 Gy. Objectifs secondaires Pour cela, la probabilité de survie en rémission clinique ou biologique à 5 ans dans les 2 groupes de traitement a été comparée. 116 Comparer entre les 2 bras ✓ la survie globale ✓ la toxicité aiguë et tardive ✓ la qualité de vie Évaluer la valeur et le délai d’obtention du nadir du taux de PSA pour le bras radiothérapie exclusive. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 Protocole GETUG/AFU 14 450 450 400 378 patients inclus 350 300 250 200 150 100 50 Juillet Septembre Novembre Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre Janvier Mars Mai Juillet Septembre Novembre Janvier Mars Mai Juillet 0 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Figure. GETUG-AFU 14 : courbe des inclusions. Critères d’inclusion Déroulement du traitement ✓ Âge < 77 ans ✓ Espérance de vie ≥ 10 ans ✓ État général (ECOG) = 0 ou 1 ✓ Cancer localisé à la prostate histologiquement prouvé ✓ Absence de métastase (M0) ✓ Absence d’envahissement ganglionnaire (N0, N–) ✓ Cancer de groupe pronostique intermédiaire ✓ Stade clinique ≥ T2a et < T3a (classification TNM Bras 1 (standard) : radiothérapie conformationnelle délivrant au moins 76 Gy dans 95 % du PTV2 sans dépasser 76 Gy dans le rectum (dose maximale) ; modulation de l’intensité des faisceaux autorisée. 1997) ou T1b-T1c avec PSA ≥ 10 ng/ml (normale à 4 ng/ml) [si normale N ≠ 4 ng/ml, PSA ≥ 2,5 N] ou T1b-T1c avec score de Gleason ≥ 7 ✓ PSA < 30 ng/ml (normale à 4 ng/ml) ✓ Révision du score de Gleason avant inclusion si T1c, PSA < 10 ng/ml et Gleason ≥ 7 Bras 2 (expérimental) : radiothérapie identique, hormono thérapie commencée 2 mois avant la radiothérapie et poursuivie pendant un délai total de 4 mois : ✓ pamoate de triptoréline en 1 injection intramusculaire à 3 mg toutes les 4 semaines ; ✓ flutamide en 1 comprimé à 250 mg × 3/j, tous les jours (antiandrogène). ■ Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 117 Radiothérapie du cancer de la prostate localisé dossier thématique Protocole GETUG/AFU 18 Étude de phase III comparant une irradiation à la dose de 80 Gy à une irradiation de 70 Gy dans les cancers de la prostate du groupe défavorable en association avec une hormonothérapie longue Promoteur : Unicancer Coordonnateur : Pr Christophe Hennequin (hôpital Saint-Louis, Paris) Méthodologie : essai ouvert de phase III, multicentrique, randomisé, comprenant 2 groupes parallèles et comparant un bras radiothérapie 80 Gy versus un bras radiothérapie 70 Gy en association avec une hormonothérapie longue (agonistes de la LHRH pendant 3 ans maximum) dans les cancers de la prostate du groupe défavorable ; la radiothérapie sera réalisée par la technique conformationnelle incluant ou non l’IMRT Schéma thérapeutique du protocole • Adénocarcinome de la prostate du groupe défavorable • T3/T4 • ou score de Gleason ≥ 8 • ou taux de PSA sérique > 20 ng/ml ✓ Bras A. Radiothérapie 70 Gy + hormonothérapie Irradiation du pelvis et des vésicules séminales à la dose de 46 Gy par fractions de 2 Gy, en 5 séances par semaine, avec une surimpression du volume prostatique en irradiation externe (conformationnelle ou par IMRT) à la dose de 80 Gy. Critères d’inclusion/exclusion respectés Randomisation Bras A Traitement standard • Radiothérapie pelvienne : 46 Gy • Volume prostatique : 70 Gy • Hormonothérapie par agonistes de la LHRH : 3 ans Bras B Traitement expérimental • Radiothérapie pelvienne : 46 Gy • Volume prostatique : 80 Gy • Hormonothérapie par agonistes de la LHRH : 3 ans ✓ Bras B. Radiothérapie 80 Gy + hormonothérapie Irradiation du pelvis et des vésicules séminales à la dose de 46 Gy et de la prostate (conformationnelle ou par IMRT) à la dose de 70 Gy, par fractions de 2 Gy, en 5 séances par semaine. Une hormonothérapie par agoniste de la LHRH d’une durée maximale de 3 ans sera administrée à tous les patients quel que soit le bras de traitement. Tous les patients inclus dans le protocole et n’ayant aucune hormonothérapie seront traités de préférence par goséréline (1 injection tous les 3 mois). Surveillance : clinique et taux de PSA tous les 6 mois 118 Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 Protocole GETUG/AFU 18 Rationnel de l’essai Étude GETUG/AFU 18 La prise en charge des patients du groupe défavorable a fait l’objet de plusieurs essais randomisés qui ont conduit aux conclusions suivantes. Objectif principal Évaluer l’impact d’une augmentation de dose de 10 Gy sur la survie sans progression clinique ou biochimique à 5 ans. ✓ L’association hormonothérapie longue et radio- Objectifs secondaires Évaluer ✓ la survie globale et spécifique ✓ les toxicités aiguës et tardives des différentes modalités (conformationnelle ou IMRT) ✓ les toxicités de cette augmentation de dose en association avec l’hormonothérapie ✓ la qualité de vie (questionnaires sur la qualité de vie C30 + PR25) thérapie fait mieux que la radiothérapie seule ou que l’association hormonothérapie courte et radiothérapie. Les essais de l’EORTC et du RTOG ont permis d’asseoir la combinaison de ces 2 traitements, avec un gain de survie de près de 15 % à 10 ans (1, 2). Par ailleurs, il semble que l’hormonothérapie courte (6 mois) soit moins efficace qu’une hormonothérapie prolongée (2 ou 3 ans) [3, 4], en particulier pour les patients avec un score de Gleason de 8 ou plus. ✓ L’association hormonothérapie + radiothérapie donne de meilleurs résultats que l’hormonothérapie seule. Plusieurs essais randomisés (5, 6) montrent désormais que la survie globale ou la survie sans récidive clinique sont meilleures lorsqu’un traitement local est associé à l’hormonothérapie, confirmant le bien-fondé de l’association. Comment améliorer les résultats de cette association ? Plusieurs pistes sont ouvertes : ✓ améliorer l’hormonothérapie, peut-être avec les nouveaux agents (abiratérone, MDV3100, etc.) : les essais sont en cours d’élaboration ; ✓ adjoindre une chimiothérapie néo-adjuvante : aucun bénéfice n’a jusqu’ici été démontré ; l’essai le plus mature est le GETUG 12, dont le recul est encore faible (5 ans). D’autres essais impliquant le cabazitaxel devraient débuter prochainement ; ✓ optimiser la radiothérapie et, en particulier, augmenter la dose d’irradiation au niveau prostatique. Tous les essais précédemment cités délivraient une dose de 70 Gy au niveau prostatique. Plusieurs essais randomisés ont démontré un effet-dose de l’irradiation, mais ils ne comportaient pas une hormonothérapie longue. L’effet-dose de l’irradiation persiste-t-il en cas d’hormonothérapie prolongée ? C’est la question posée par le GETUG 18. Des données rétrospectives laissent espérer une différence de survie sans récidive biologique de l’ordre de 10 à 15 % à 5 ans. Critères d’inclusion ✓ Adénocarcinome de la prostate prouvé histologiquement ✓ Adénocarcinome du groupe défavorable défini par au moins 1 des facteurs suivants • un stade clinique T3 ou T4 • un score de Gleason de 8 ou plus • un taux de PSA sérique compris entre 20 ng/ml et 100 ng/ml ✓ Patient pN0 en cas de curage ganglionnaire réalisé avant la mise sous hormonothérapie ✓ Absence d’adénopathie pelvienne de plus de 15 mm sur le scanner ou l’IRM ✓ Absence de métastase osseuse ✓ Traitement hormonal débutant au plus tard le jour de la radiothérapie et au plus tôt 6 mois avant l’irradiation ✓ Absence de radiothérapie pelvienne préalable ✓ Absence de traitement chirurgical, à l’exception d’une résection transurétrale réalisée depuis au moins 3 mois ✓ Âge compris entre 18 et 80 ans ✓ Performance status ECOG inférieur ou égal à 1 ✓ Espérance de vie supérieure à 5 ans ✓ Affiliation à un régime de sécurité sociale ✓ Patient ayant reçu l’information et ayant signé un consentement éclairé Déroulement de l’étude Le protocole GETUG/AFU 18 a débuté en avril 2009. Son recrutement actuel dépasse les prévisions du calendrier, et l’objectif de 500 patients inclus devrait pouvoir être atteint à la fin de l’année 2012. Les résultats définitifs ne sont cependant pas attendus avant 2015. ■ Références 1. Bolla M, Van Tienhoven G, Warde P et al. External irradiation with or without longterm androgen suppression for prostate cancer with high metastatic risk: 10-year results of an EORTC randomised study. Lancet Oncol 2010;11(11): 1066-73. 2. Pilepich MV, Winter K , Lawton CA et al. Androgen suppression adjuvant to definitive radiotherapy in prostate carcinoma: long-term results of phase III RTOG 85-31. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005; 61(5):1285-90. 3. Bolla M, de Reijke TM, Van Tienhoven G et al. Duration of androgen suppression in the treatment of prostate cancer. N Engl J Med 2009;360(24): 2516-27. 4. Horwitz EM, Bae K, Hanks GE et al. Ten-year follow-up of radiation therapy oncology group protocol 92-02: a phase III trial of the duration of elective androgen deprivation in locally advanced prostate cancer. J Clin Oncol 2008;26(15):2497-504. 5. W i d m a r k A , K l e p p O, Solberg A et al. Endocrine treatment, with or without radiotherapy, in locally advanced prostate cancer (SPCG-7/ SFUO-3): an open randomised phase III trial. Lancet 2009; 373(9660):301-8. 6. Warde P, Mason M, Ding K et al. Combined androgen d e p r i va t i o n t h e ra py a n d radiation therapy for locally advanced prostate cancer: a randomised, phase 3 trial. Lancet 2011;378(9809):2104-11. L’auteur déclare avoir des liens d'intérêts avec Astellas, Astra-Zeneca, Ipsen et Takeda. Correspondances en Onco-Urologie - Vol. III - no 3 - juillet-août-septembre 2012 119