tion des résistances vasculaires pulmo-
naires. Les mécanismes principaux de ces
modifications circulatoires sont les varia-
tions hormonales et le développement de
la circulation utéro-placentaire. De plus,
la consommation d’oxygène au repos
s’accroît progressivement au cours de la
grossesse pour atteindre un pic d’environ
30 % supérieur à la valeur de base près
du terme.
Pendant le travail, les contractions uté-
rines s’accompagnent d’une augmenta-
tion du débit cardiaque d’environ 25 %,
du volume d’éjection systolique d’envi-
ron 35 % et de la pression artérielle d’en-
viron 10 %.
Un cœur transplanté de fonction normale,
sans maladie coronaire, peut assurer
ces modifications hémodynamiques. La
dénervation diminue l’amplitude de la
variation de la fréquence cardiaque.
Chez les patientes non transplantées souf-
frant de cardiopathie, plusieurs facteurs
prédictifs ont été associés à la survenue
d’événements cardiaques pendant la
grossesse. Ainsi, un événement cardiaque
(poussée d’insuffisance cardiaque, acci-
dent vasculaire cérébral) préalable à la
grossesse, une insuffisance cardiaque
stade III ou IV de la NYHA, une cyanose,
un obstacle à l’éjection du ventricule
gauche ou un rétrécissement mitral et une
dysfonction systolique ventriculaire
gauche définie par une fraction d’éjection
inférieure à 40 % sont des facteurs de
risque de survenue d’un œdème pulmo-
naire, d’une arythmie soutenue, d’un
décès cardiaque ou d’un accident vascu-
laire cérébral pendant la grossesse (3). Il
semble légitime de retenir les mêmes fac-
teurs de risque pour les patientes trans-
plantées. Dans la littérature, il n’a pas été
décrit jusqu’à présent de poussée d’in-
suffisance cardiaque, de syndrome coro-
naire aigu ni de décès au cours d’une
grossesse chez une transplantée.
Le problème cardiovasculaire le plus fré-
quemment rencontré est l’hypertension
artérielle maternelle. Sa prévalence se
situe entre 40 et 50 % (4, 5). Il est le plus
souvent impossible, à la lecture des
articles, de savoir s’il s’agit de la majo-
ration d’une hypertension chronique
préalable à la transplantation ou d’une
hypertension induite par la grossesse.
Néanmoins, 10 à 20 % des patientes ont
un tableau de prééclampsie. Là encore, il
existe des difficultés diagnostiques
puisque la protéinurie et les œdèmes peu-
vent être antérieurs à la grossesse. Le trai-
tement antihypertenseur fait appel préfé-
rentiellement aux antagonistes calciques,
aux alphabloquants et, éventuellement,
aux bêtabloquants. Les diurétiques ne
sont prescrits qu’en cas de rétention
hydrosodée authentifiée. Les inhibiteurs
de l’enzyme de conversion de l’angio-
tensine sont formellement contre-indi-
qués en raison du risque de malformation
fœtale. Certains centres utilisent volon-
tiers de faibles doses d’aspirine pour la
prévention de la prééclampsie (6).
Risques immunologiques
Dans la plupart des séries rapportées, les
patientes reçoivent un traitement immu-
nosuppresseur comprenant de la ciclo-
sporine en association ou non avec des
corticostéroïdes et de l’azathioprine (4).
Récemment, quelques cas de grossesses
sous tacrolimus ont été publiés. Chez les
transplantées rénales, l’incidence du rejet
aigu n’est pas plus élevée chez les
femmes enceintes que chez celles qui ne
le sont pas. Dans le National Transplan-
tation Pregnancy Registry de l’université
Thomas Jefferson de Philadelphie (4),
21 % des grossesses ont donné lieu à un
épisode de rejet aigu, alors que le délai
moyen entre la transplantation et la
conception est de presque quatre ans. La
surveillance des rejets par échocardio-
graphie doit ainsi être effectuée réguliè-
rement. En cas de forte suspicion de rejet,
il est possible de faire une biopsie endo-
myocardique guidée par l’échocardio-
graphie.
Ces rejets sont traités par des corticosté-
roïdes. Les rejets au cours de la grossesse
peuvent être favorisés par une diminution
de la concentration résiduelle de ciclo-
sporine liée à l’hémodilution. Si le trai-
tement immunosuppresseur est diminué
pendant la grossesse, il est souhaitable de
revenir au traitement antérieur après l’ac-
couchement, car il existe de réels risques
d’épisodes de rejet. Dans le registre de
Philadelphie, parmi les 29 patientes,
6 sont décédées au cours du suivi, toutes
plus de deux ans après l’accouchement.
Deux sont décédées de rejet aigu.
Risques infectieux
Les infections rapportées au cours des
grossesses sont des infections gynécolo-
giques et urinaires, mais aussi des infec-
tions pulmonaires et des voies aériennes
supérieures. Il s’agit d’infections bacté-
riennes, virales et fongiques. Une asep-
sie stricte est nécessaire lors des examens
gynécologiques et, en particulier, lors du
travail et de l’accouchement. Une anti-
bioprophylaxie est indiquée pour les exa-
mens invasifs et les procédures chirurgi-
cales comme les césariennes.
Ainsi, les grossesses chez les transplan-
tées cardiaques doivent être considérées
comme des grossesses à risque, même si
elles sont généralement bien tolérées. Il
est habituel de les déconseiller pendant
la première année après la transplanta-
tion, puisque c’est la période où le risque
de rejet aigu et d’infection est le plus
important. D’un autre côté, il est souhai-
table de les programmer lorsque la fonc-
tion du greffon est stable et adéquate.
COMPLICATIONS FŒTALES
ET NÉONATALES
La fréquence des avortements spontanés
chez les transplantées cardiaques est com-
parable à celle observée dans la popula-
tion générale, à savoir de l’ordre de 15 à
20 % (4, 5). Elle semble dépendre plus de
l’état général et de la situation cardiovas-
culaire de la patiente que du délai sépa-
rant la conception de la transplantation.
Pathologies de la grossesse
Les deux anomalies de la grossesse les
plus fréquentes sont l’accouchement pré-
maturé et le retard de croissance in utero.
Dans le registre de Philadelphie, 40 %
des patientes ont accouché avant la
37esemaine, et 40 % des nouveau-nés
pesaient moins de 2 500 g à la naissance.
En revanche, on ne rapporte pas de mal-
formation fœtale ni de mort fœtale in
Le Courrier de la Transplantation - Volume III - no3 - juillet-août-sept. 2003
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