
220
Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 5, septembre-octobre 2007
thématique
Dossier
lation sensorielle initiale, suivie par
une cascade d’activation de neuro-
médiateurs responsable d’une libé-
ration de GMPc et d’une ouverture
des canaux calciques des muscles
lisses caverneux. Le flux sanguin
se fait ensuite vers les corps caver-
neux, aboutissant à la turgescence
puis, secondairement, à un blocage
du retour veineux conduisant à
l’érection.
Orientation étiologique
L’identification des mécanismes
physiopathologiques responsables
des troubles érectiles est une étape
fondamentale qui guidera secondai-
rement la stratégie thérapeutique.
La neuropathie contribue de façon
claire à la physiopathologie de la
dysérection chez le sujet diabétique.
Le mécanisme implique la dégra-
dation des nerfs pelviens et géni-
taux périphériques et autonomes
impliqués dans la transmission de
l’information nerveuse faisant suite
à la stimulation sensorielle. La
concentration des neuromédiateurs
et leurs effets sur les récepteurs
caverneux sont diminués, avec pour
conséquence un mauvais contrôle de
l’ouverture des canaux calciques et
donc de l’érection.
Il est cependant primordial de
rappeler que la dysérection est le
plus souvent, sinon toujours, d’ori-
gine multifactorielle, ce qui justifie
de rechercher systématiquement
l’existence de facteurs étiologiques
associés à la neuropathie :
L’artériopathie peut engendrer
ou aggraver la dysérection par diffé-
rents niveaux d’atteinte.
Les lésions des artères de moyen et
gros calibres, par leur localisation
(carrefour aortobifémoral, artères
iliaques, artères honteuses internes),
peuvent entraîner des sténoses limi-
tant le remplissage complet des corps
caverneux et le blocage veineux qui
s’ensuit. La dysérection est dans ce
contexte souvent sévère, et le traite-
ment passe impérativement par un
geste de revascularisation lorsque
✓
celui-ci est réalisable. La microcir-
culation pénienne peut également
être affectée. Cette atteinte des
petites artères génère habituellement
une dysérection plus partielle mais
échappe à toute possibilité de revas-
cularisation. Le traitement passe par
un contrôle le plus strict possible de
l’équilibre glycémique et des facteurs
de risque cardiovasculaire, associé
aux injections intracaverneuses tant
que celles-ci restent efficaces ;
Facteurs iatrogènes : plusieurs
médicaments peuvent influencer la
fonction érectile, soit d’une façon
directe, soit d’une façon générale.
Les plus fréquemment rencontrés
sont les bêtabloquants, les psycho-
tropes (antidépresseurs, anxiolyti-
ques, sédatifs), certaines chimiothé-
rapies, les agonistes de la LH-RH et
les antiandrogènes ;
Facteurs psychogènes : le bilan
d’une dysérection passe systémati-
quement par une évaluation psycho-
logique et sexologique. Ce facteur
aggravant est très fréquemment pré-
sent et doit être pris en compte. Les
symptômes principaux sont la perte
de confiance en soi et l’anxiété de
performance. Ces troubles peuvent
facilement conduire à la dépression
et sont souvent responsables d’une
plus grande instabilité glycémique.
Les difficultés conjugales doivent
également être mises en évidence
lors de l’évaluation initiale ;
Facteurs hormonaux : toutes les
causes d’hypogonadisme peuvent
affecter la fonction érectile ;
Autres facteurs : la fibrose des
corps caverneux (maladie de Lapey-
ronie), l’alcoolisme, les chirurgies
prostatiques.
Comment explorer les
troubles de l’érection du sujet
diabétique ?
L’interrogatoire est la première étape
de l’évaluation. Il apprécie l’impor-
tance de la dysérection (déclenche-
ment, rigidité, durée), la persistance
ou non d’érections spontanées
nocturnes (et au réveil), le contexte
✓
✓
✓
✓
psychologique général. L’examen
clinique doit comporter : un examen
neurologique des membres infé-
rieurs et éventuellement du périné,
une palpation et une auscultation
des artères périphériques, un examen
des organes génitaux externes, la
recherche d’autre signes d’hypo-
gonadisme (gynécomastie, pilosité,
morphotype). Sur le plan hormonal,
un dosage de la testostérone totale et
éventuellement, dans un deuxième
temps, de la testostérone biodispo-
nible, des gonadotrophines et de
la prolactine fait partie du bilan de
première intention. Une évaluation
sexologique doit compléter le bilan
clinique, ainsi qu’un avis urolo-
gique, en particulier en cas d’aspect
de fibrose caverneuse.
En fonction du contexte et de l’orien-
tation clinique initiale, différents
examens complémentaires peuvent
être demandés : électromyographie
(EMG) périnéale, écho-doppler des
artères péniennes avec test par injec-
tion intracaverneuse de prostaglan-
dine. Évoquant une participation
neurologique, l’examen clinique
retrouve fréquemment des signes de
neuropathie périphérique (réflexe
ostéo-tendineux abolis, hypoes-
thésie distale). Les réflexes génitaux
(bulbocaverneux et anobulbaire) et
la sensibilité périnéoscrotale peuvent
également être altérés. L’EMG péri-
néale n’est pas systématique et n’est
réservée qu’à des situations de doute
clinique persistant en l’absence de
cause évidente retrouvée lors de
l’évaluation initiale. En fonction des
données cliniques, un test pharma-
cologique utilisant les inhibiteurs de
la phosphodiestérase 5 (IPDE5) est
souvent utilisé pour évaluer la réac-
tivité de la cascade proérectile.
Prise en charge thérapeutique
de la dysérection
Avant d’aborder le recours aux trai-
tements spécifiques, il est impératif
de rappeler que la qualité du contrôle
glycémique et de la maîtrise des
facteurs de risque associés représente